tag:blogger.com,1999:blog-47753906444710556212024-03-18T06:08:38.228-07:00Archives Louis-Ferdinand CélineUnknownnoreply@blogger.comBlogger165125tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-52863085437639560112024-03-18T06:07:00.000-07:002024-03-18T06:07:48.277-07:00Céline, père de Zemmour et Soros I : socialo-pacifiste dans Rivarol du 13 mars 2024<p><span style="color: #1652cb;"><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b>Céline, père de Zemmour et Soros I : socialo-pacifiste</b></span></span></p><p><span style="color: #1652cb;"><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEir02DL97XSGPdjF3SanQvkvLfMpIOeOIdrGNM6vjL24wdeB3XM8vCiVZ-RbMor5eOVJKEKgZTgmJz9tjdk7PWsVqd9r2VwO786VzmuzwCAGP0axEheXCbU9WPBg7zefxFFk5RToRDvCNupPpWxj7_RtZS6ztS0Qzq0TJAypLZp4hMqhcfxajck_yT8gGga/s1182/Ce%CC%81line%20socialo-pacifiste%20RIVAROL%203605%20du%2013%20mars%202024.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="730" data-original-width="1182" height="397" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEir02DL97XSGPdjF3SanQvkvLfMpIOeOIdrGNM6vjL24wdeB3XM8vCiVZ-RbMor5eOVJKEKgZTgmJz9tjdk7PWsVqd9r2VwO786VzmuzwCAGP0axEheXCbU9WPBg7zefxFFk5RToRDvCNupPpWxj7_RtZS6ztS0Qzq0TJAypLZp4hMqhcfxajck_yT8gGga/w640-h397/Ce%CC%81line%20socialo-pacifiste%20RIVAROL%203605%20du%2013%20mars%202024.jpg" width="640" /></a></span></div><span style="color: #d20a11; font-family: Helvetica; font-size: 14px;">_____________</span><p></p>
<p style="color: #d20a11; font-family: Helvetica; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 20px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">par</p>
<p style="color: #d20a11; font-family: Helvetica; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 20px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">Hannibal </span>_____________</p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Longtemps j’ai cru Céline antisémite sérieux. Certaines apparences m’inspiraient cette erreur. Plus que son oeuvre, sa vie, ses lettres, sa Deuxième Guerre mondiale. Un exemple : visitant l’exposition sur les juifs et la France en septembre 1941 au palais Berlitz, il proteste auprès de son organisateur, le capitaine Sézille, parce que ses pamphlets, Bagatelles pour un massacre et L’école des cadavres, ne s’y trouvent pas exposés. Pendant la guerre, il assiste à des déjeuners (celui de mars 1942 organisé par l’association des journalistes antijuifs pour le cinquantenaire de la Libre Parole d’Edouard Drumont) ou dîners, souvent en présence d’autorités allemandes, comme le 29 octobre 1942, où il tient à se présenter en « anti-juif de la première heure ». C’est la posture qu’il prend dans la trentaine de lettres politiques adressées en quatre ans à des journaux tels que Je suis partout ou le Pilori, où il pose en grand manitou de l’antisémitisme face aux convertis et ralliés de la onzième heure. Et en contempteur de Vichy, ses curés, ses trusts, sa risible révolution nationale, entièrement soumise au « roi juif ». Sans doute se fait-il plus rare dans la presse à partir de 1943, mais il maintient dans Le cri du peuple en mars de cette année-là son opinion sur Doriot : « C’est un homme. Il faut travailler, militer avec Doriot ». Il est encore plus net dans ses lettres privées. A son amie Karen Marie Jansen, il écrit le 29 juin 1941 : « J’espère que ces Russes et leurs juifs vont être écrasés » et à Ivan-M Sicard qu’il « aurait aimé partir avec Doriot là-bas ». Au directeur de la Gerbe, il écrit : « Vous allez me trouver maniaque, cher Châteaubriant, mais que de juiveries dans votre journal » ! A Lucien Rebatet, il préconise de demander aux “antisémites” leur « bulletin de naissance de 4 générations ». Motif : « Nulle clique plus noyautée de juifs et juivisants anxieux ». Dans sa conversation, il n’est pas moins clair. Il n’omet jamais de dire de Pierre Laval que c’est un « youpin typique », « nègre et juif ». Il est vrai qu’il a du juif une conception extensive puisqu’il soupçonne Racine (l’homme de Bérénice et d’Esther) de l’être, et qu’il traite un médecin communiste avec qui il s’est querellé de juif, alors qu’il ne l’est pas : le confrère lui intente un procès en diffamation, qu’il gagnera. Bien qu’il af<span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">fiche souvent sa haine, réelle, des “</span>Boches”, cette obsession le rapproche de leur Führer, comme il l’explique à L’Appel en décembre 1941 : « Au fond, il n’y a que le chancelier Hitler pour parler des juifs […] C’est le côté que l’on aime le moins, le seul au fond que l’on redoute, chez le chancelier Hitler, de toute évidence. C’est celui que j’aime le plus. Je l’écrivais déjà en 1937, sous Blum ». Dans une foule de textes publics ou privés datés de 1937 à 1944, il soulignera la nécessité du racisme (« tout le reste est diversion, babillage, escroquerie (genre AF) »). Témoin cette lettre au journaliste radical-socialiste et <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">pacifiste Alain Laubreaux, avec qui il s’était </span>brouillé : « Raison de race doit surpasser raison d’Etat. Aucune explication à fournir. C’est bien simple. Racisme fanatique total ou la mort ! Et quelle mort ! On nous attend ! Que l’esprit mangouste nous anime, nous <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">enfièvre ! </span>» L’image ne fait aucun doute. Le cobra royal, le roi juif, est l’ennemi mortel de la mangouste : un moment d’inattention et elle est morte, elle doit mettre toute son énergie à tuer pour survivre. </span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 13px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Quand on gratte un peu, pourtant, les choses deviennent moins claires. Céline a dit à Robert Poulet, qui l’a consigné dans Mon ami Bardamu<span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">, qu’il se défiait de toute politique de</span>puis que son père l’avait « étourdi de grands discours au moment de l’Affaire Dreyfus ». Il a expliqué à Emmanuel Berl que son « père ne vendait plus rien passage Choiseul […] alors il disait que c’était la faute aux jésuites et aux juifs. Crois-tu qu’il était con ». Ce sont des paroles, rapportées par d’autres. Ce père avait choisi un voisin juif, Abraham Lévy, pour dé<span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">clarer à la mairie son fils Louis-Ferdinand. Et </span>Céline n’a exprimé aucune opinion antisémite avant Bagatelles pour un massacre, ne s’inscrivant entre les deux guerres à aucun mouvement antisémite de près ou de loin. En 1933, il signait même un appel prenant la défense de trois Bulgares réfugiés en Allemagne depuis dix ans, qui avaient été arrêtés comme beaucoup d’« autres étrangers, israélites ou citoyens allemands réputés hostiles au nouveau régime ». Et quand le médecin juif Walter Strauss lui écrivit en 1938 pour lui dire qu’il quittait l’Allemagne à cause des persécutions nazies, il lui répondit : « Je viens de publier un livre abominablement antisémite, je vous l’envoie. Je suis ici l’ennemi n° 1 des juifs. Je sais combien vous êtes dévoué à l’oeuvre palestinienne, la seule supportable de la part des Juifs à l’heure actuelle, mais il me semble que là aussi vous éprouvez quelques déconvenues ? Vous me direz tout cela. N’oubliez pas de me faire signe dès votre arrivée. La persécution aryenne existe aussi — J’ai été chassé, et dans quelles conditions infâmes ! de mon emploi au dispensaire de Clichy, où j’étais médecin depuis 12 ans, à la suite de mon livre. Le directeur est un juif lituanien — naturalisé depuis 10 ans — Ichok, d’Ozok, Isaak et 12 médecins juifs se sont immédiatement installés. — Il y a en France vous le voyez un nazisme à l’envers ». Et Céline se considère comme un juif à l’envers, paria persécuté — thème après-guerre de nombreuses variations. Les choses deviendront encore moins claires alors. Dans une lettre adressée le 26 <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">novembre 1949 du Danemark au ministre </span>de la Justice, Daniel Mayer, juif, socialiste, membre de la Ligue des droits de l’homme, il essaie de « faire comprendre à la justice française qu’(il n’est) ni traître ni antisémite » <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">afin que le parquet abandonne toute poursuite </span>contre lui et qu’il puisse rentrer en France. Il y écrit notamment « je n’attendais rien moi d’Hitler », oubliant qu’il approuvait le Führer pour sa politique antijuive et sollicité de son administration un ausweis <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">afin de passer au Danemark. Cela pourrait être un reniement de </span>façade visant à régler ses affaires judiciaires. Mais non. Céline est vraiment passé à autre chose. Il écrit à Jean-Gabriel Daragnès le 23 septembre 1949 : « Vive les juifs ! Vive les nègres ! Vive les papous ! Et vive la lune ! Moi je suis sur les gradins — Que les autres se déchirent étripent dilacèrent, entre-bouffent ! » <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">En 1947, il écrivait, toujours du Danemark, </span>à Ercole Pirazzoli, le beau-père de Lucette : « Pour revenir, il faut que j’entreprenne un long travail de raccommodage avec les juifs… cela est possible mais il faut que j’établisse <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">les contacts politiques habiles et efficaces… </span>Dénoncer l’antisémitisme… que l’antisémitisme n’a plus aujourd’hui aucun sens… ». Il se disait alors « <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">pas fier </span>» de la réédition de ses pamphlets pendant la guerre, qu’il mettait sur le compte de son éditeur, Denoël. Tout en soutenant que l’on exagérait la portée de ces livres d’humeur, il interdit de son vivant toute nouvelle réédition, et sa veuve maintint l’interdiction après sa mort. Selon Jean Hérold-Paquis, déjà quand il était à Sigmaringen pendant quelques mois de 1944 et 1945, « Céline, le dieu des antisémites […] <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">le “prophète”, “l’évangile” </span>[…] désavouait l’auteur » de ses pamphlets. Ces livres, « il les méprisait, il les repoussait du pied ». Or ils n’en avaient pas moins été écrits et lus. Cela inspira à Pierre-Antoine Cousteau une ironie sévère : « Personne ne soupçonnait que Louis-Ferdinand Céline n’était PAS antisémite. On avait même tendance à le considérer — les gens sont si méchants ! — comme le pape de l’antisémitisme. Cette illusion était si répandue que lorsque sonna l’heure des catastrophes et des options, des tas de jeunes Français qui avaient lu Bagatelles pour un massacre et L’école des cadavres — mais qui les avaient mal lus, bien sûr — qui avaient eu la stupidité — le Maître Céline dirait : la connerie de les prendre au sérieux, se trouvèrent automatiquement embarqués dans une <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">aventure qui finit mal. Certains de ces jeunes </span>imbéciles allèrent trépasser, vêtus de feldgrau, sur le front de l’Est. D’autres furent transformés en écumoires aux aubes mélodieuses de la Libération. D’autres que j’ai connus traînèrent dans les Maisons de Repos et de Rééducation de la République les plus belles années de leur vie. C’était bien fait pour eux. Ils <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">avaient lu Céline avec un sens critique insuffi</span>sant, sans interpréter les textes, sans chercher la vérité entre les lignes ». Le pasteur Löchen, ami de Copenhague, assurait que Céline lui <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">aurait confié au Danemark ses remords pour </span>ce qu’étaient devenus ses lecteurs.</span></p>
<p style="color: #d20a11; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 13px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Quoi qu’il en soit, il s’est déclaré successivement antisémite et non antisémite : il semble utile, pour jauger sa responsabilité de polémiste et sa sincérité, de voir ce qu’il entendait par là. Autrement dit, pourquoi s’estil dit et voulu antisémite ? Premier point, on commence à savoir, même parmi les Conspiracy Watchers les plus obtus, que Bagatelles pour un massacre, publié en 1937, n’a pas pour objet de prôner le massacre des juifs, mais de mettre en garde la France et l’Europe contre la réédition du massacre de 1914-18 que Céline, lucide sur ce point, voyait venir. C’était avant tout un soldat de la Grande Guerre, patriote, blessé, décoré, désabusé, accroché comme beaucoup d’autres, à gauche plus qu’à droite, à la paix quoi <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">qu’il en coûte. Son pacifisme lui soufflait de </span>s’entendre avec l’Allemagne ennemie, et lui inspire son antisémitisme, il l’écrit en public et en privé, cela n’est pas un argument tardivement inventé pour se dédouaner comme l’écrit un P.-A. Taguieff. A peine remis physiquement, le cavalier Destouches, républicain de progrès, condamne dans une lettre à Simone Saintu la guerre qui lui “répugne”, « régression pénible dans la marche au progrès ». C’est pourquoi il apprécie Henri Barbusse et son livre célèbre, Le feu. Le 13 février 1941, il posera cette question qu’il présente comme capitale : « Les juifs sont-ils responsables de la guerre ou non ? Répondez-nous donc noir sur blanc, chers écrivains acrobates ». Tel était l’argument principal de Bagatelles pour un massacre : ceux qui veulent la guerre, « c’est les Juifs de Londres, de Washington et de Moscou […] <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">C’est “l’intelligence service”</span>… C’est les descendants de Zaharoff. C’est pas d’autres intérêts ». Et chaque fois que le Gaulois regimbe, « on nous rappelle.. de haut lieu, brutalement, au garde-à-vous… Qu’on est de la viande d’abattoir […] Je veux pas faire la guerre pour Hitler, moi je le dis, mais je veux pas la faire contre lui, pour les Juifs… On a beau me balader à bloc, c’est bien les Juifs et eux seulement, qui nous poussent aux mitrailleuses ». L’effroi qu’il éprouve en tant que chair à canon aryenne s’est quintessencié en haine pure, toujours dans Bagatelles : « Poussant les choses à tout extrême, pas l’habitude de biaiser, je le dis tout franc, comme je le pense, je préfèrerais douze Hitler plutôt qu’un Blum omnipotent. Hitler encore je pourrais le comprendre, tandis que Blum c’est inutile, ça sera toujours le pire ennemi, la haine à mort, absolue ». Alors, pour que la « guerre juive » n’arrive pas, il est impitoyable : « S’il faut un veau dans l’aventure, qu’on saigne les Juifs ! C’est mon avis ! Si je les paume avec leurs charades en train de me pousser sur les lignes, je les buterai tous et sans férir jusqu’au dernier ».Cette fureur poétique convient mal au sujet, Céline s’en aperçut puisqu’il écrivit en 1947 à Albert Paraz : « J’en voulais aux juifs de nous lancer dans une guerre perdue d’avance. Je n’ai jamais désiré la mort du Juif ou des Juifs. Je voulais simplement qu’ils freinent leur hystérie et ne nous poussent pas à l’abattoir ». Dont acte. Mais cette espèce de <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">regret confirme qu’il tenait toujours les juifs </span>pour responsables de la guerre et que c’était le premier moteur de son antisémitisme. <span style="color: #d20a11; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">l </span>Le deuxième fut son radicalisme de gauche, sa haine du capitalisme, des gros et des trusts. Son socialisme, même s’il n’aime pas le mot. Les classes sociales sont primordiales pour lui, il l’écrit à son pote Albert Milon en 1920 : « Il y a foutrement plus de différence entre un bourgeois français et un pauvre Gaulois qu’entre un riche français et un bourgeois teuton ». Cela le rend brutal, comme il l’explique à Claude Jamet en 1944 dans Germinal : « On ne renversera le communisme qu’en le dépassant, en en faisant plus. […] Contre le communisme, je ne vois rien que la Révolution, mais alors, là, pardon ! La vraie ! Surcommuniste ! […] L’égalitarisme ou la mort ! […] Fermeture <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">de la Bourse définitive ! Nationalisation des </span>banques, des mines, des assurances, de l’in<span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">dustrie, des grands magasins ! Kolkhozifica</span>tion de l’agriculture française à partir de tant d’hectares Et ça ira ! Mais oui, faut revenir à Gracchus Babeuf, Buonarroti. Les grands ancêtres ! La conjuration des égaux ! » Cette haine de l’argent se déverse sur les “gros” <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">juifs ploutocrates. Il suffit de lire quelques </span>épigraphes placées en tête de chapitres de Bagatelles : « Considérés comme nation, les Juifs sont par excellence les exploiteurs du travail des autres hommes <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">» (Bakounine). </span>Ou : « Le monde entier est gouverné par 300 israélites que je connais » (Walter Rathenau, industriel juif et ministre allemand assassiné entre les deux guerres par un commando <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">où figurait notamment l’écrivain d’extrême </span>droite antinazi Ernst Von Salomon). Et Céline développe, à propos de l’URSS et de ceux qui la décrivent après leur voyage. « Ils évitent l’essentiel, ils n’en parlent jamais du juif. Le Juif est tabou dans tous les livres qu’on nous présente […] La seule chose grave à l’heure actuelle, pour un grand <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">homme, savant, écrivain, cinéaste, financier, </span>industriel, politique (mais alors la chose gravissime) c’est de se mettre mal avec les Juifs .— Les Juifs sont nos maîtres — ici, làbas, en Russie, en Angleterre, partout ! […] Le Juif est le roi de l’or de la Banque et de </span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">la Justice… Par homme de paille ou carrément. Il possède tout… Presse… Théâtre… Radio… Chambre… Sénat… Police… » C’est pourquoi Vichy le dégoûte avec ses patrons « bien bondieusards, bien bourgeois, qui sont plus vaches que les youtres ». Il l’explique à Ivan-Maurice Sicard le 21 novembre 1941 dans l’Emancipation nationale : « Moi, je refuse de prendre le fric dans la poche des Juifs pour le mettre dans celle des bourgeois aryens dolichocéphales. Je ne marche pas, non et non : à bas les Juifs, à la porte les métèques. Bravo ! Archi bravo… Et puis après, et les autres, des fois plus dangereux que les Juifs, qu’est-ce qu’on en fait ? » Il m’intéresse moins de savoir si Céline <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">eut raison de se dire antisémite puis d’affir</span>mer ne plus l’être, que d’observer ce qu’il a mis derrière ces mots, pourquoi il l’a fait, et quelle descendance surprenante il a portée. </span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 13px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Pour conclure cette première partie, les deux premières racines de l’antisémitisme de Céline (avec aussi, l’approbation de Barbarossa le rappelle, l’anti-communisme : on en observera d’autres dans la seconde partie de cette étude) se conjuguent dans un <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">anti-capitalisme pacifiste de gauche, qui se cristallise à la fin de l’entre-deux-guerres, en </span>1937. Contrairement à ce qu’il a prétendu, Céline n’était pas un « antisémite de la première heure », mais la défaite l’a convaincu que ses pamphlets étaient prophétiques, il en <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">a profité pour tirer de son antisémitisme une </span>sorte d’autorité morale dans la presse parisienne — même s’il en refusa tout avantage <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">matériel, bien sûr, et tout bénéfice politique </span>auprès de l’armée d’occupation. S’il a pu être hitlérien, il resta toujours anti-allemand, <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">on n’en tient jamais suffisamment compte.</span></span></p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-29678541081122207112024-03-18T01:17:00.000-07:002024-03-18T01:17:57.842-07:00Digression et inédit autour d'une contraction de La Vie et l’œuvre de Philippe Ignace Semmelweis<div style="text-align: left;"><span style="color: #262626; font-family: courier;">Dr. Louis Destouches,</span><i style="color: #262626; font-family: courier;"> La Vie et l’œuvre de Philippe Ignace Semmelweis (1818-1865), </i><span style="color: #262626; font-family: courier;">thèse de médecine, Rennes, Francis-Simon imprimeur, décembre 1924. Une contraction paraît sous le titre “Les derniers jours de Semmelweis”, </span><i style="color: #262626; font-family: courier;">La Presse médicale</i><span style="color: #262626; font-family: courier;">, no 51 du 25 juin 1924.</span></div><div style="text-align: left;"><span style="color: #262626; font-family: courier;"><br /></span></div><div style="text-align: left;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzvYgVIjF8EYWsKlGEu0FLMQwsgyXlzPCDpSYoyCljbUMBIlfrIvBxfIg9QXgS0PN_Psd0Sq4GeSgOFDaJi4PkeGbDxbKAUBWHkEdISqbVaPVNbNDZuHkVaUrR5p29iVOLWgT_IJQI4yfKkNop8tPz2h7WOacznxZik3v6AXuXXr0yvgDYgTKKIuLbCpvj/s2447/The%CC%80se%20Semmelweis%20e%CC%81dition%20originale%201924.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2447" data-original-width="1605" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzvYgVIjF8EYWsKlGEu0FLMQwsgyXlzPCDpSYoyCljbUMBIlfrIvBxfIg9QXgS0PN_Psd0Sq4GeSgOFDaJi4PkeGbDxbKAUBWHkEdISqbVaPVNbNDZuHkVaUrR5p29iVOLWgT_IJQI4yfKkNop8tPz2h7WOacznxZik3v6AXuXXr0yvgDYgTKKIuLbCpvj/w421-h640/The%CC%80se%20Semmelweis%20e%CC%81dition%20originale%201924.jpg" width="421" /></a></div><br /></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: helvetica;"><b>Sommaire :</b> Scandale littéraire : Louis-Ferdinand Céline censuré par <i>La Presse Médicale</i> – « On a les maîtres qu'on mérite. »:Un inédit de Céline dans <i>Le Bulletin célinien</i> n° 367 d’octobre 2014 – <i>Les Derniers jours de Semmelweis </i>dans <i>La Presse médicale </i>du 25 juin 1924,<i> </i>contraction de la thèse de Louis Destouches – Remarques sur <i>Les derniers jours de Semmelweis</i> par Tiberius de Gyory, p</span><span style="font-family: helvetica;">rofesseur à l'Université de Budapest.</span></div><div style="text-align: left;"><span style="color: #262626; font-family: courier;"><br /></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia; font-size: large;"><b>Scandale littéraire : Louis-Ferdinand Céline censuré par <i>La Presse Médicale</i></b></span></div>
<div style="text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: arial;"><b>Le futur docteur Destouches alors âgé de 30 ans venait de soutenir sa thèse à Rennes le 1er mai 1924. Sur demande du comité scientifique de <i>La presse médicale</i>, il rédigea un résumé de sa thèse qui fut corrigé et modifié à plusieurs reprises sur demande de la revue et qui sera finalement publié le 25 juin 1924 à destinations des médecins abonnés. Il s’agit donc à part entière d’un travail original de Céline qui écrivit pour l’occasion un nouveau texte inédit.</b></span></div>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 17px;"><span style="font-family: verdana;">C’est un beau scoop suisse : Dans <i>La Tribune de Genève</i>, Antoine Grosjean révèle qu’un citoyen de Genève a découvert un inédit du Dr Destouches. </span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 17px;"><span style="font-family: verdana;">Extraits : « Ce ne sont que quelques feuillets, mais pour les inconditionnels de Céline, la découverte d’un texte inédit de leur auteur fétiche est toujours excitante. Ces pages signées par l’auteur du <i>Voyage au bout de la nuit</i> ont été trouvées à Genève, un peu par hasard, dans les archives de la Société des Nations (SDN), l’ancêtre de l’ONU. </span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">On doit cette trouvaille à Alexandre Junod, juriste et écrivain genevois de 35<span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;"> </span>ans. Elle a été publiée en octobre, sous le titre <i>On a les maîtres qu’on mérite</i>, dans le mensuel belge consacré à Céline, <i>Le Bulletin célinien </i>n° 367 (voir ci-après)»</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><b>Hommage à Semmelweis</b> </span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">L’inédit retrouvé est le début d’un article écrit en 1924 pour la revue <i>La Presse Médicale</i> et intitulé “<i>La Vie, Pasteur, Semmelweis et la Mort</i>”. Il est signé Louis Destouches. Agé de trente ans, jeune diplômé de médecine, le futur Céline travaille alors depuis peu à la section d’hygiène de la SDN, à Genève, où il vivra jusqu’en 1927. Son texte est un hommage à Louis Pasteur et à Ignace Semmelweis, un médecin hygiéniste hongrois du XIXe siècle. Semmelweis auquel Destouches vient de consacrer sa formidable thèse de doctorat en médecine (disponible avec une préface de Sollers chez Gallimard).</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">« La Presse Médicale publie cet article en juin 1924, mais en le tronquant du premier tiers, jugé trop philosophique et pas assez médical, écrit <i>La Tribune</i>. Ce sont justement ces quelques pages mises de côté, et restées inconnues depuis, qui font aujourd’hui le bonheur des céliniens. Huit ans avant le <i>Voyage</i>, on y découvre déjà les thèmes de l’œuvre future: l’absurdité de l’existence, la désillusion, l’horreur de la guerre, la défiance aux hommes de pouvoir (..). Le ton est donné, même si le style rabelaisien qui fera le succès de Céline, sa «petite musique» comme il se plaisait à le dire, n’est pas encore à son sommet. »</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><b>Jean-Yves NAU</b></span></p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 17px;"><br /></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9QF2cK3rmMyPbvjPVzePDFrlBjq7fxaFSc57crkkpZsvOdEwAkZO33SI8Ca9YE3TsNouRmk-dEELHOQrlyW3jpMaw2ah3Gh9CL-Lp0QAVbCCQp0Rmhwl6fSljwXBpQGnY0-Cp1e5tNxE3Z49xIzHP5MhA52-AQn2xWMt_w7ipKqcSNzwiES4kAqx4vji4/s2459/On%20a%20les%20mai%CC%82tres%20Page%20du%20BC%20567.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="2459" data-original-width="1588" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9QF2cK3rmMyPbvjPVzePDFrlBjq7fxaFSc57crkkpZsvOdEwAkZO33SI8Ca9YE3TsNouRmk-dEELHOQrlyW3jpMaw2ah3Gh9CL-Lp0QAVbCCQp0Rmhwl6fSljwXBpQGnY0-Cp1e5tNxE3Z49xIzHP5MhA52-AQn2xWMt_w7ipKqcSNzwiES4kAqx4vji4/w414-h640/On%20a%20les%20mai%CC%82tres%20Page%20du%20BC%20567.jpg" width="414" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="caret-color: rgb(10, 10, 12); color: #0a0a0c; text-align: left;"><span style="font-family: courier;">Un inédit de Céline dans <i>Le Bulletin célinien</i> n° 367 d’octobre 2014</span></span></td></tr></tbody></table><br /><p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 17px;"><br /></p>
<p style="color: #0a0a0c; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 20px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;"><b>« </b></span><b style="font-family: Georgia; font-size: 22.5px;">On a les maîtres qu'on mérite. </b><span style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;"><b>»</b></span></p><p style="color: #0a0a0c; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;"><b><br /></b></span></p><p style="color: #0a0a0c; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b><span style="font-family: georgia; font-size: large;">Un inédit de Céline dans <i>Le Bulletin célinien</i> n° 367 d’octobre 2014</span></b></p>
<p style="color: #0a0a0c; font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 20px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b>Partie caviardée de <i>Les derniers jours de Semmelweis</i> dans <i>La Presse médicale</i> du 25 juin 1924</b></p>
<p style="color: #0a0a0c; font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 22.5px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p>
<p style="color: #0a0a0c; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"><b>Avril 1924, Paris. Grâce au professeur Selskar Gunn, représentant la Fondation Rockefeller en Europe, le docteur Louis Destouches rencontre Ludwik Rajchman qui dirige depuis trois ans la Section d'hygiène à la Société des Nations, à Genève. Cette entrevue aboutit à l'engagement de Destouches après que Rajchman l'eut vivement recommandé auprès d'Eric Drummond, secrétaire général de la S.D.N. Le 14 mai, Louis Destouches envoie à Rajchman une contraction de sa thèse : </b></span></p>
<p style="color: #0a0a0c; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"><b>« Cher Directeur et Confrère, Voici un article pour la " Presse médicale » qui résume bien ce que je pense à tous égards et tourne autour des sujets que nous avons effleuré au cours de notre entrevue de Paris. J'ai cru qu'il vous serait agréable, conjointement à ma thèse, de mieux connaîre l'esprit d'un collaborateur éventuel. » (1)</b></span></p>
<p style="color: #0a0a0c; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"><b>Ce texte, que Céline a intitulé « La Vie, Pasteur, Semmelweis et la Mort » sera publié, le 25 juin 1924, par <i>La Presse médicale</i> sous le titre « Les Derniers jours de Semmelweis ». Mais la première partie de ce texte, soit un tiers, sera caviardé par la revue qui l'a jugée sans doute trop empreinte de considérations philosophiques. </b></span></p><p style="color: #0a0a0c; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"><b>C'est cette partie inédite que nous reproduisons ici, grâce à Alexandre Junod qui a retrouvé ce document à Genève dans les archives de la S.D.N.</b></span></p>
<p style="color: #0a0a0c; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 17px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>
<p style="color: #0a0a0c; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">La Vie passe. . <span style="color: #535353;">. </span>elle est passée <span style="color: #232327;">! </span>Elle a fait vibrer, pleurer et puis maudire des milliers et des millions d'hommes, elle a répandu sur tous les chemins du monde ses siècles, ses fortunes lumineuses, ses écrasantes injustices, quelques noms qui restent, quelques pensées, des meurtres et puis encore des guerres, toujours des guerres.</span></p>
<p style="color: #0a0a0c; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Où va donc cette houle frémissante, absurde, dont le sang gicle de tous les côtés? Nous n'en savons pas tant. .. et, d'ailleurs, nous comprenons si peu de choses ! nous avons si peu de temps pour voir ! Faut-il encore comprendre ? Dormir, manger, rechercher le plaisir suprême et divin qui dure moins d'une seconde, voilà qui nous hante !</span></p>
<p style="color: #0a0a0c; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Deux ou trois idées n'est-ce pas suffisant après tout pour la durée de notre vie, cette promenade indécise au bord du précipice !</span></p>
<p style="color: #0a0a0c; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>
<p style="color: #0a0a0c; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Quant au reste, à ces <span style="color: #232327;">inquiétudes </span>lointaines, infiniment souples, dont on voudrait parfois connaître la substance ce sont soucis pour philosophes, hommes sans action, à peine des hommes. Que disent-ils ceux-ci dont l'illusion est de méditer ? Ont-ils découvert une raison aux enthousiasmes mouvants de la vie ? Oui, de temps en temps, entre deux guerres mais la pensée humaine n'est après tout qu'une larme perdue dans la mer ! À quoi cela peut-il servir de penser ! Pour la plupart d'entre nous c'est si pénible rien que vivre. N'est-ce pas assez de vieillir encore et puis de mourir dans la douleur <span style="color: #0c0b0e;">au bout de toutes les déchéances ? Dans ce pauvre drame individuel dont chacun de nos jours est un acte (2) plus sombre, il semble pourtant que devraient s'épuiser toutes nos énergies, et cependant encore autour de notre destin si minime et si frêle se déroulent cent autres, mille autres tragédies bien plus impérieuses et devant lesquelles nous ne sommes que de minuscules utilités. Les grandes vicissitudes, les formidables étapes de la famille humaine n'ont pas encore reçu de noms, elles se déroulent impétueuses et souvent méconnues dans les profondeurs de la vie (3). Elles durent des secondes ou des siècles, une catastrophe énorme les annonce ou bien cela finit dans un geste futile que chacun aussitôt répète autour de nous dans la forme d'une robe, dans la puérilité d'un chapeau nouveau. D'autres grands courants humains ne paraissent avoir aucun but, aucune couleur, ils passent terrifiants dans les ténèbres de nous-mêmes, à travers d'autres êtres aussi, visibles ou invisibles, jusqu'à celui qui naîtra bientôt, dans ce monde ou bien dans un autre, et dont l'ordre conduira nos espérances et nos jeunesses vers de nouvelles fantaisies douces ou monstrueuses selon le choix des divinités mystérieuses. </span></span></p>
<p style="color: #0c0b0e; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>
<p style="color: #0c0b0e; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Devant elles nos futiles égoïsmes s'effritent et nous leur dédions la prière de nos douleurs, de nos joies la plus intime substance de nos meilleures années. Quand notre jeunesse a fait ce qu'elle devait pour alimenter les forges divines du monde nous sommes vieux et nous n'avons plus qu'à mourir.</span></p>
<p style="color: #0c0b0e; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>
<p style="color: #0c0b0e; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Parfois dans le frémissement d'une émotion trop vive dans l'ombre du chagrin, à l'issue d'une joie intense et brève ou dans la désespérance d'une douleur trop longue la simplicité de notre être se retrouve un instant, un écho nous parvient furtif, étonnant, de la vie <span style="color: #272728;">intérieure </span>de cette communion des mondes, et la vérité passe d'une étoile vers l'autre sur le chemin de notre destinée.</span></p>
<p style="color: #0c0b0e; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Troublés, nous le sommes alors, intensément et puis le temps nous porte plus loin, nous nous laissons oublier, redoutant en secret le mystère de nous mêmes. Dans le calme hypocrite et banal où s'estompent les jours après les années rien ne se passe en somme que nos petits actes qui s'inscrivent sans joies dans la trame des temps.</span></p>
<p style="color: #0c0b0e; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Et cette inconscience nous donne un bonheur relatif, nous berce, dans ce silence se font, se défont, se heurtent et puis se précisent enfin les immenses élans de notre race, et sa mouvante continuité se déroulent </span><span style="caret-color: rgb(16, 15, 18); color: #100f12; font-family: verdana;">(</span><i style="caret-color: rgb(16, 15, 18); color: #100f12; font-family: verdana;">sic</i><span style="caret-color: rgb(16, 15, 18); color: #100f12; font-family: verdana;">)</span><span style="font-family: verdana;"> par l'incessant et passif labeur de nos vies innombrables. C'est dans la futilité de tous nos gestes différents un peu chaque matin de ce qu'ils étaient la veille que s'insinuent dans l'univers les ordres de notre espèce, c'est par ces petites impulsions, ces modifications légères, incompréhensibles de nos habitudes qu'on nous conduit dociles et sacrifiés, enthousiastes souvent vers ces combats immenses dont nous ignorons et le sens et l'issue.</span></p>
<p style="color: #0c0b0e; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Il faut bien l'avouer l'aveugle indécis qu'on guide sur la route est plus libre que nous, car lui tout au moins a le droit de refuser quelques aspects du monde. Voir c'est être trompé, nos regards et nos <span style="color: #272728;">sens </span>sont accablés par l’éblouissante magie des illusions innombrables, nous leur donnons tout ce que nous possédons de généreux et de chaud dans ce monde hostile, nos corps après notre idéal, et même la haine de nos insuffisances et même le mensonge de ce que nous ne possédons pas.</span></p>
<p style="color: #0c0b0e; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Bien que les lueurs de nos timides analyses nous fassent entrevoir la grande duperie de notre existence nous sommes voués sans retour à ces puissances inimaginables. Il faut vénérer tout ce qui nous dépasse, on ne raisonne pas avec l'univers. On ne pense guère qu'avec ce qu'on peut nommer. Le Mystère? c'est <span style="color: #0b0b0e;">tout ce qui surpasse le plus grand d'entre nous, presque tout ! Aussi la plupart des mots immenses s'achèvent dans l'infini </span><span style="color: #232324;">: </span><span style="color: #0b0b0e;">Religion </span><span style="color: #383739;">... </span><span style="color: #0b0b0e;">Beauté </span><span style="color: #232324;">... </span><span style="color: #0b0b0e;">Guerre </span><span style="color: #555555;">... </span><span style="color: #0b0b0e;">Justice ... Bonheur ... autant de miracles ! Notre jugement quand il veut s'élever jusqu'au Sublime revient sur lui-même, ridicule, n'ayant étreint que le vide.</span></span></p>
<p style="color: #0b0b0e; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Combien parmi nous ont mission d'éclairer un destin défini de la Race, combien ? La masse des humains fait ce qu'elle peut en attendant. En attendant quoi ? En attendant rien. </span></p>
<p style="color: #0b0b0e; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Attendre est la grande, l'unique aventure dans l'existence de la plupart des nôtres, la différence la plus profonde, la seule après tout (ce] qui existe entre la vie et la Mort, c'est qu'un mort n'attend plus rien, il sait. Nous ne savons pas encore, nous attendons. Heureusement pour nous distraire on a faim, et puis on [n'] a plus faim, ça change, on mange du pain, de l'amour, ou d'autres choses issues de cent besoins qui sont nés par l'ingéniosité des hommes, cet ennui de nos âmes. Pendant qu'on mange de ceci ou de cela, une étoile se détache du ciel et fond dans l'ombre mais une autre vient à naître par l'effet d'un rayon de lune et sa lumière tombe tout droit dans un trou du néant bientôt rempli, par un million d'années, mais pendant que je déjeune un colloïde (<span style="color: #232324;">4) </span>erratique se précipite dans une rage infinitésimale et brise dans la profondeur de mon rein gauche la membrane impondérable d'une cellule vers la base d'un </span><span style="caret-color: rgb(16, 15, 18); color: #100f12; font-family: verdana;">(</span><i style="caret-color: rgb(16, 15, 18); color: #100f12; font-family: verdana;">sic</i><span style="caret-color: rgb(16, 15, 18); color: #100f12; font-family: verdana;">)</span><span style="font-family: verdana;"> tubuli contorti (5)<span style="color: #232324;">. </span>C'est décidé l'urine dans mon sang va saturer ma vie et j'en mourrai dans deux ans et trois mois jour pour jour. Ma conscience n'en sait rien mais quelque chose en moi est averti, au cinéma demain je ne m'amuserai pas autant que d'habitude, et pourtant je suis moins doué que le chien d'en face qui voit l'âme de son maître s'évader par la fenêtre fermée et pleure de toutes les forces de son effrayante sincérité. Une puce sur son dos saute cent fois sa hauteur. Ainsi passe la vie, en nous, pour nous, pour d'autres qui me voient peut être sans que je les voie et qui demain seront plus existants ou plus morts que moi-même. Rien ne marche, tout boîte et tout continue cependant dans les chaos du monde ou le destin des hommes n'est pas encore fixé. Doivent-ils disparaître bientôt sous les coups d'une mort qu'ils prodiguent ou doivent-ils se guérir de leur cruauté sans issue, et s'ils s'en guérissent pourront-ils faire autrement que de supprimer la Mort à son tour ? Car après tout c'est peut-être à ce dilemme terminal qu'aboutissent toutes les passions, tous les progrès, toutes les absurdités apparentes de notre Histoire, plus haut que la rivalité du capital et du travail, plus loin que l'amour et l'argent, plus profondément que la guerre et la paix, c'est entre la vie et la mort de leur espèce que se joue le destin de la race humaine sur la terre.</span></p>
<p style="color: #0b0b0e; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana; font-style: normal;">Le grand, le véritable but de l'humanité maligne et attentive que nous sommes, pourquoi ne serait-il pas le triomphe absolu de la Vie ? Mourir est peut-être plus encore que l'instinct, le propre des bêtes. N'est-ce là qu'une audace dénuée de bons </span><span style="caret-color: rgb(16, 15, 18); color: #100f12; font-family: verdana;">(</span><i style="caret-color: rgb(16, 15, 18); color: #100f12; font-family: verdana;">sic</i><span style="caret-color: rgb(16, 15, 18); color: #100f12; font-family: verdana;">)</span><span style="font-family: verdana; font-style: normal;"> sens ? Peut-être mais enfin chaque jour n'est-il point riche d'une nouvelle puissance et d'un nouveau danger entre les mains des hommes ? Force de Vie ? Force de mort ? Chaque progrès inévitablement présente ces deux faces. Elles s'accumulent devant nous, autour de nous ces questions terribles que nous n'avons pas encore résolues. Nous n'avons pas encore choisi entre nos deux destins mais bientôt il faudra bien qu'on se décide, car le jour n'est pas loin où nous seront </span><span style="caret-color: rgb(16, 15, 18); color: #100f12; font-family: verdana;">(</span><i style="caret-color: rgb(16, 15, 18); color: #100f12; font-family: verdana;">sic</i><span style="caret-color: rgb(16, 15, 18); color: #100f12; font-family: verdana;">)</span><span style="font-family: verdana; font-style: normal;"> seuls avec la Mort sur les routes du Monde. Déjà quand à présent nous butons de fatigue avant qu'à genoux nous tombions pour la dernière fois la main qui nous attire et nous épouvante n'est pas celle d'un ange, nous le savons, c'est la sienne. Notre tristesse n'est pas neuve. Au gré des peuples et des temps n'a-t-on pas vu tous les aspects de la <span style="color: #100f12;">grande tragédie biologique, tantôt c'est </span></span><span style="color: #252427; font-family: verdana; font-style: normal;">l'acte </span><span style="color: #100f12; font-family: verdana;">coloré, la parade bruyante c'est la « conquête » et puis la chose hurleuse et carapaçonnée (<i>sic</i>), c'est </span><span style="color: #252427; font-family: verdana; font-style: normal;">« </span><span style="color: #100f12; font-family: verdana; font-style: normal;">la Guerre» ou bien la pénétrante tristesse, la plaie honteuse, l'étreinte implacable et secrète </span><span style="color: #252427; font-family: verdana; font-style: normal;">; </span><span style="color: #100f12; font-family: verdana; font-style: normal;">l'Homme est malade. Homme de souffrance, Homme de joie, après la jeunesse et le jour vient toujours la nuit. Où vont nos âmes pendant la nuit ? Vont-elles vers l'avenir plus gracieux que le présent et paré de toutes les douceurs du rêve ou bien retournent-elles vers les actes éblouissants de l'humaine tragédie, vantelles former d'autres vagues furieuses, comparables à celles qui hier encore déferlaient sur le monde. Qui sortira demain de la masse anonyme et conquise ? Attila ? Napoléon ? Quelqu'un de plus grand encore, plus cruel ? qu'importe ! S'il est désigné, nous lui obéirons et nous irons lui offrir ce que nous avons réuni de plus précieux. On ne saura jamais ce qu'il faut réunir de sublimes abnégations, de vertus admirables, d'infinis sacrifices pour tourner avec une noble brusquerie, avec ce dédain qui nous séduit jusqu'au sang une page de conquête, un verset de l’Histoire ! Qui osera demain traiter notre destinée collective avec le mépris que tous les mâles désirent, d'un large coup de sabre imprudent ! Nous applaudirons celui-là, nous hurlerons de plaisir et de crime, nous serons heureux enfin, et si le sabre ensuite s'enfonce dans notre gorge, eh bien ! nous crierons encore plus fort que souffrir n'est rien ! Ainsi sommes-nous faits jusqu'à présent. Voilà pourquoi sans doute nos maîtres furent tous les grands acteurs, les grands pourvoyeurs enthousiastes de la souffrance et de la mort. On a </span><span style="color: #252427; font-family: verdana; font-style: normal;">les </span><span style="color: #100f12; font-family: verdana; font-style: normal;">maîtres qu'on mérite.</span></p>
<p style="color: #100f12; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Pourquoi ne choisissons nous jamais ceux qui mènent le combat pour la Vie ? Ce camp-là pourtant est aussi riche en génies que celui de nos tyrans.</span></p>
<p style="color: #100f12; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Louis DESTOUCHES</span></p>
<p style="color: #100f12; font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px;"><br /></p>
<p style="color: #100f12; font-family: "Courier New"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b>Note sur le document</b></p>
<p style="color: #100f12; font-family: "Courier New"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Il s’agit d’un tapuscrit <span style="color: #252427;">sur </span>papier <span style="color: #252427;">carbone</span> de 13 pages, titré en lettres capitales<span style="color: #252427;">« </span>La Vie, Pasteur, Semmelweis et la Mort»,format in-8°,interligne simple. Les pages 1 à 4, plus les 16 premières lignes de la page 5 sont inédites. Sous le titre <span style="color: #252427;">« </span>Les Derniers jours de Semmelweis<span style="color: #3d3d3f;"> », </span>La Presse médicale reproduit, le 25 juin 1924, toute la suite de ce texte en commençant par la phrase: <span style="color: #3d3d3f;">« </span><span style="color: black;">Pourquoi, jusqu'ici, les grands bienfaiteurs de l'humanité n'ont-ils recueilli, sauf de rares exemples, qu'indifférence ou haine de leur génération, quelque notoriété tardive, beaucoup d'oubli ?</span><span style="color: #3d3d3f;">». </span>Ce texte figure notamment dans la <span style="color: #252427;">réédition </span>de Semmelweis (Gallimard, coll. « L'imaginaire» 1999) pp. 107-120. Autres différences : la partie résumant la vie de Semmelweis<span style="color: #252427;">(</span>d<span style="color: #252427;">e </span>la page 108, 21e ligne <span style="color: #252427;">à </span>la p. 111, 17 premières lignes) ne figure pas dans le tapuscrit et <span style="color: #252427;">a </span>donc été ajoutée par la suite, sans doute à la demande de la revue. En revanche, on trouve dans le tapuscrit, après la première occurrence du mot <span style="color: #3d3d3f;">« </span>Pasteur<span style="color: #3d3d3f;">» </span><span style="color: #252427;">(1re ligne d</span>e <span style="color: #252427;">la page 6 </span>du tapuscrit), la phrases suivante qui, elle, ne se trouve pas dans le texte publié <span style="color: #252427;">: </span><span style="color: #3d3d3f;">« </span>Et cela nous est une grande raison d’espérer <span style="color: #252427;">». </span>Ajoutons que nous avons parfois rétabli ici et là la ponctuation défaillante.</p>
<p style="color: #100f12; font-family: "Courier New"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">1. La lettre à Rajchman se poursuit ainsi<span style="color: #3d3d3f;">: « </span>D'ailleurs, nos élections <span style="color: #252427;">vont </span>rendre à notre pays son véritable <span style="color: #252427;">visage </span>dans le monde et à la S.D.N. une place p prépondérante dans nos affaires qu'elle n 'avait pas encore<span style="color: #252427;">»</span>.</p>
<p style="color: #100f12; font-family: "Courier New"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">La lettre est du 14 mai 1924. Le 11, les élections ont marqué le succès du <span style="color: #3d3d3f;">"Cartel </span>des gauches ». Édouard Herriot va forcer le président de la République qui s'était</p>
<p style="color: #100f12; font-family: "Courier New"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">engagé dans la campagne, le <span style="color: #3d3d3f;">« </span>social-traître <span style="color: #252427;">»</span> Millerand, à la démission. C’est la défaite de Poincarée et de sa politique, le retour de Briand et du briandisme, c’est-à-dire la recherche d’un accommodement en Europe a avec les anciens adversaires, dans l'esprit de la SDN (cf. Philippe Alméras, Célinee entre haines et passions, Pierre-Guillaume de Roux, 2011, ed. Révisée, p. 85).</p>
<p style="color: #100f12; font-family: "Courier New"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">2. Mot précédé de « sombre » biffé.</p>
<p style="color: #100f12; font-family: "Courier New"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">3. Mot précédé de « lutte », biffé.</p>
<p style="color: #100f12; font-family: "Courier New"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">4. Substance caractérisée par des sécrétions gélatineuses. <span style="color: #252427;">« </span>Cancer, tumeur colloïde ».</p>
<p style="color: #100f12; font-family: "Courier New"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">5. Les tubuli contorti <span style="color: #252427;">(tubules </span>contournés) sont situés dans la couche <span style="color: #252427;">corticale </span>du rein et jouent un rôle considérable dans le phénomène de la sécrétion urinaire.</p>
<p style="color: #100f12; font-family: "Courier New"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 16px;"><b></b><br /></p>
<p style="color: #100f12; font-family: "Courier New"; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b>Documents originaux</b></p>
<p style="color: #100f12; font-family: Courier; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">— La lettre <span style="color: #252427;">de </span>Louis Destouches à L. Rajchman<span style="color: #252427;">e est </span>reproduite <span style="color: #252427;">en </span>fac-similé <span style="color: #252427;">in </span>Théodore Deltchev Dimitrov, Louis-Ferdinand Céline (Docteur Destouches) à la Société des nations <span style="color: #252427;">(1924-</span>1927), Foyer Européen de la Culture, <span style="color: #252427;">coll. </span>Fonctionnaires internationaux – Écrivains<span style="color: #3d3d3f;">», </span>n' 1, 2001,p. 10<span style="color: #4f4e50;">.</span></p>
<p style="color: #100f12; font-family: Courier; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">—<span style="color: #252427;"> </span><span style="color: #4f4e50;">La première page </span>des « Derniers jours de Semmelweis » dans <i>La Presse médicale</i> est reproduite dans l’<i>Album Céline</i>, Gallimard, <span style="color: #252427;">coll. </span>Bibliothèque de la Pléiade,1977, p.75.</p><p style="color: #100f12; font-family: Courier; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZaUTJs3WSGdlfBByK-G7Sn1t6NqcbEv2DZzjCkbe5WiZf49SubJku0vAcnh3nn6G9Tl4-UGQ7VgYkwiTPYtdW_OAy6sdSocxz8vIC1M-qoQV-dSVnnNf0nds6yMlMgZ9sGRoyceuDsCFfXyR3siQY8wocP0QQkmQMh32B7nwOakp8H7qN2xGZcIuGtBR3/s1404/Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202024-03-09%20a%CC%80%2011.23.46.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1404" data-original-width="1058" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZaUTJs3WSGdlfBByK-G7Sn1t6NqcbEv2DZzjCkbe5WiZf49SubJku0vAcnh3nn6G9Tl4-UGQ7VgYkwiTPYtdW_OAy6sdSocxz8vIC1M-qoQV-dSVnnNf0nds6yMlMgZ9sGRoyceuDsCFfXyR3siQY8wocP0QQkmQMh32B7nwOakp8H7qN2xGZcIuGtBR3/w301-h400/Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202024-03-09%20a%CC%80%2011.23.46.png" width="301" /></a></div><br /><p style="color: #100f12; font-family: Courier; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">Les Derniers jours de Semmelweis </span></i></b></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b style="font-style: normal;"><i><span style="font-family: verdana; font-size: medium;">dans </span></i></b><b style="caret-color: rgb(10, 10, 12); color: #0a0a0c; font-family: Georgia; font-size: 20px;">La Presse médicale du 25 juin 1924</b></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b><i><span style="font-family: verdana;"><br /></span></i></b></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Soutenue le 1er mai 1924, cette thèse* a connu deux prolongements : le premier le 25 juin, avec la publication d'une contraction sous le titre : “Les Derniers jours de Semmelweis.” Plus elliptique, forcément moins nuancée, cette nouvelle version souligne nettement les intentions de l'auteur, le recul de sa relecture. Le second qu’on trouvera à la suite, ce sont les rectifications d'un spécialiste autorisé, l'éditeur hongrois de Semmelweis, Tiberius de Györy. </span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 17px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">« Pourquoi, jusqu'ici, les grands bienfaiteurs de l'humanité n'ont-ils recueilli, sauf de rares exemples, qu'indifférence ou haine de leur génération, quelque notoriété tardive, beaucoup d'oubli ? Sans doute, parce que les forces du monde qui sont passées jusqu'ici entre les mains des hommes ont une origine trop brutale pour notre race. Il est, à cet égard, d'horribles aventures. Mais, jamais, certes, l'humanité ne s'est couverte d'une honte plus précise, plus effrayante, que dans la destinée de Philippe Ignace Semmelweis, accoucheur viennois2 dont nous avons raconté la vie et l'oeuvre dans notre thèse. À ce sujet, Romain Rolland nous écrit : « Je croyais connaître la stupidité humaine et sa malfaisance, mais, décidément, elle est sans bornes. » Oui, sans bornes. Nous ne pouvons songer à reprendre ici par le détail la narration du pillage atroce de cette vie lumineuse par la meute de toutes les haines scientifiques et sociales de son époque. « La nuit du monde est illuminée de lumières divines. » En vérité, divine, en effet, fut cette vie, divine avec les simples forces d'un homme.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Il nous a tout donné, il s'est dépensé cent fois pour que nous soyons moins malheureux, plus vivants, et cent fois, les savants, les pouvoirs publics de son temps ont refusé avec une cruauté, une sottise inexpiable les dons admirables et bienfaisants de son génie. Sans doute, les forces du monde n'allaient-elles pas encore de ce côté... Il fallut pour que la Terre s'éloignât un peu de sa voie maudite l'impulsion d'un génie plus maître de ses dons que ne le fut Semmelweis, une force intellectuelle plus harmonieuse, un homme enfin dont les actes soient à la hauteur d'une imagination lumineuse : Pasteur.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyJMLYXeaH1znyzn-yZIqs1vgVVUIk4LPXKdUlgPT1w1H2zrPd7Pyr-z7Ejava6RUeqj3toNpIz9bzem2yXcLUKPJHNahPxvo_IusBtbXRnJwKT6uNL61YjNkExTdpaBUOzLk_qv_1nUe0YBt_CJpCsHHSrl8rSkDo6kCqBqjh3I2-Y7zr93D4j10Jbzgm/s1486/Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202024-03-09%20a%CC%80%2011.23.59.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1486" data-original-width="1120" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyJMLYXeaH1znyzn-yZIqs1vgVVUIk4LPXKdUlgPT1w1H2zrPd7Pyr-z7Ejava6RUeqj3toNpIz9bzem2yXcLUKPJHNahPxvo_IusBtbXRnJwKT6uNL61YjNkExTdpaBUOzLk_qv_1nUe0YBt_CJpCsHHSrl8rSkDo6kCqBqjh3I2-Y7zr93D4j10Jbzgm/w301-h400/Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202024-03-09%20a%CC%80%2011.23.59.png" width="301" /></a></div><span style="font-family: verdana;"><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>P. Semmelweis, né à Budapest en 1818, est mort dans cette même ville en 1865. Reçu docteur en médecine en 1844, maître en chirurgie en 1846, il fut l'élève de Skoda, puis de Rokitansky. Il se tourna ensuite vers l'obstétrique. Reçu docteur en obstétrique, le 10 janvier 1846, il est nommé professeur assistant de Klin le 27 février de la même année. Désormais, il va faire partie des cadres de l'Hospice général de Vienne dont le professeur Klin** dirigeait une des maternités ; l'autre maternité se trouvait placée sous la direction du professeur Bartch. Aussitôt, Semmelweis fut pris, entraîné, meurtri, dans la danse macabre qui ne s'interrompait jamais autour des deux terribles pavillons. En cette année 1846, les statistiques accusaient des séries mortuaires de 96%** chez les accouchées de Klin ; les statistiques étaient moins affreuses chez Bartch. Autour de ces drames épouvantables, tout est contradictoire, incohérent dans les théories médicales et dans les rapports des Commissions.</span><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Un fait frappe Semmelweis, c'est que chez Bartch, les femmes sont touchées exclusivement par les élèves sages-femmes alors que chez Klin elles sont touchées par les étudiants. Saisissant une occasion, Semmelweis obtient que les sages-femmes dont le stage s'accomplissait chez Bartch soient échangées avec les étudiants de Klin. La mort suit les étudiants, les statistiques de Bartch deviennent angoissantes et Bartch, affolé, renvoie les étudiants d'où ils venaient. Klin tente alors d'expliquer que ce sont les étudiants étrangers qui propagent la fièvre puerpérale ; des expulsions sont ordonnées, le nombre des étudiants passe de 42 à 20 par le départ des étrangers. À la suite de cette mesure, le taux de la mortalité s'abaisse pendant quelques semaines. D'autre part, Semmelweis observe que les femmes qui, par surprise, accouchaient dans la rue et ne venaient qu'ensuite chez Klin étaient presque toujours épargnées. Ces faits apportent dans l'esprit de Semmelweis une lueur brève mais certaine au milieu de l'obscurité où se débattent les accoucheurs. Ses travaux, ses réflexions l'amènent à proposer une mesure inouïe jusqu'à ce jour : tous les étudiants devront se laver les mains avant d'aborder une femme enceinte. Klin, déjà aigri par les remarques de Semmelweis sur la mortalité de sa clinique, refuse net ; l'assistant s'emporte et le lendemain, 20 octobre 1846, Semmelweis est brutalement révoqué. Semmelweis, chancelant sous ce coup si rude que son maître Skoda fut impuissant à parer, partit avec son ami et collègue Markusovsky pour Venise et l'Italie. C'est là qu'il apprend la mort de son grand ami, le professeur d'anatomie Kolletchka, qui venait de succomber aux suites d'une piqûre qu'il s'était faite pendant une dissection. Semmelweis fut profondément touché par cette perte et, en lisant les détails de la maladie qui avait enlevé le malheureux professeur : phlébite, lymphangite, péritonite, pleurésie, péricardite, méningite..., une clarté éblouissante s'imposa à son esprit : la notion d'identité de cette maladie avec l'infection puerpérale dont mouraient les accouchées. La conclusion s'affirma de suite : ce sont les doigts des étudiants, souillés au cours de récentes dissections, qui vont porter les fatales particules cadavériques dans tous les organes génitaux des femmes enceintes. Semmelweis a, de suite, idée de la prophylaxie : « désodoriser les mains » en les lavant dans une solution de chlorure de chaux. Le résultat ne se fait pas attendre, il est magnifique. Dans le mois suivant, à la maternité de Bartch qui a recueilli Semmelweis sur l'insistance de Skoda, la mortalité par fièvre puerpérale devient presque nulle ; elle s'abaisse pour la première fois au taux actuel des meilleures maternités du monde, 0,23 %. Il semblait qu'obstétrique et chirurgie eussent dû accueillir avec enthousiasme l'immense progrès qui leur était offert. Il n'en fut rien. À l'Hôpital général de Vienne, à peine Klin a-t-il entrevu la vérité sur la fièvre puerpérale qu'il s'acharne à étouffer cette vérité par tous les moyens, par toutes les influences dont il dispose ; il groupe contre Semmelweis toutes les jalousies, toutes les sottises, toutes les vanités. Le personnel de l'hôpital, puis les étudiants déclarent qu'ils sont las de « ces lavages malsains », au chlorure de chaux. Semmelweis ne peut plus se montrer à l'hôpital sans être couvert d'injures « aussi bien de la part des malades que des étudiants et des infirmiers ». Le scandale atteint une telle ampleur que le ministre se trouve contraint de révoquer pour la seconde fois Semmelweis, le 20 mars 1849. Hebra, à la Société médicale de Vienne, ayant essayé de défendre la découverte de Semmelweis, on le conspue, on va même jusqu'à se battre dans l'enceinte de la Société et le ministre ordonne à Semmelweis de quitter Vienne au plus vite. Celui-ci se réfugie à Budapest où il finit par trouver asile auprès de Birley. À l'étranger, l'oeuvre du génial obstétricien n'obtint pas plus de succès. Simpson, d'Édimbourg, ne comprend rien à la révolution obstétricale qui lui est annoncée par Hebra, il se dérobe ; Tilanus, d'Amsterdam, Schmitt, de Berlin, le grand Virchow ne prennent pas la peine de répondre aux lettres de Semmelweis. Scanzoni, Seyfert, de Prague, déclarent publiquement que les résultats rapportés par Semmelweis ne sont nullement conformes à ce qu'ils ont observé. Kivich, de Rottenau, vient voir par lui-même, il ne voit rien. En France, le plus célèbre accoucheur de son temps, Dubois, n'a que dédain pour les théories de Semmelweis et fait accueil glacial au jeune docteur Arneth qui vient à Paris défendre la cause de son maître Semmelweis, pauvre, malade, et dont déjà la raison vacille. Autour de la tragédie de Semmelweis, ce ne sont pas des hommes qui s'affrontent, ce sont des puissances biologiques énormes qui se combattent. Cette méchanceté infernale dont il fut la victime a la grandeur et la fatalité d'une guerre. Se peut-il que des êtres comme vous ou moi aient eu le courage d'exiler Semmelweis de la maternité de Vienne, au moment précis où il faisait la preuve de sa découverte magnifique ? Car, enfin, le professeur Widal l'a écrit : « Il a indiqué du premier coup les moyens prophylactiques que l'on doit prendre contre l'infection puerpérale avec une telle précision que l'antisepsie moderne n'a rien eu à ajouter aux règles qu'il avait prescrites. » Est-il possible que cette révélation ait été systématiquement ignorée par tous les médecins compétents de 1846 à 1876 environ ! Cela ne peut s'expliquer que par des raisons qui dépassent beaucoup la mesure humaine. Les puissances de haine se sont à ce point multipliées, farouches, monumentales, devant cette vérité bienfaisante qu'il faut songer que la volonté des hommes les mieux doués de jalousie, les plus farouchement orgueilleux ne sont, à côté d'elles, que des enfants timides ! L'enfer n'est pas qu'un mot ! le diable existe quelque part ! Ne vit-on pas en cette année 1856 ses compatriotes qui l'aimaient auparavant se tourner contre lui**, s'unir à leurs ennemis naturels, les Autrichiens, pour faire chorus contre lui et le maltraiter si complètement qu'ils achevèrent d'éteindre son génie dans un délire d'une forme épouvantable ! Et ce ne fut pas tout, voici la fin, le dernier acte où rien ne manque d'odieux et d'implacable, où tout ce qui traîne entre nous de lâche et de douloureux depuis le commencement du monde se trouve réuni pour l'écrasement d'un grand progrès. On dirait une imprudence du diable à se montrer aussi formellement.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Arneth revient de Paris où il vient d'essayer une suprême intervention auprès des grands accoucheurs de l'époque.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Échec complet. En rentrant à Budapest, Arneth, découragé, ne sut convaincre Semmelweis de ce qu'il avait vu, entendu, et surtout de l'inanité de tout effort prochain. Arneth était raisonnable, Semmelweis ne l'était plus. Estimer, prévoir, attendre surtout semblaient d'impossibles tyrannies à son esprit en déroute. Sans doute avait-il franchi déjà les sages limites de notre sens commun, cette grande tradition de nos esprits dont nous sommes tous les petits-enfants attentifs, gentiment soudés par la coutume à la chaîne de la raison qui relie, qu'on le veuille ou non, le plus génial au plus ignare d'entre nous, du premier au dernier jour de notre vie commune. D'un maillon rompu de cette lourde chaîne, Semmelweis s'était détaché... lancé dans l'incohérence. Il avait perdu sa lucidité, cette puissance des puissances, cette concentration de tout notre avenir sur un point précis de l'Univers. Hors d'elle, comment choisir dans la vie qui passe la forme du monde qui nous convient ? Comment ne pas se perdre ? Si l'homme s'est anobli parmi les animaux, n'est-ce pas parce qu'il a su découvrir à l'Univers un plus grand nombre d'aspects ? De la nature, c'est le courtisan le plus ingénieux et son bonheur instable, fluide, penché de la vie vers la mort, et son insatiable récompense. Que cette sensibilité est périlleuse ! À quel labeur de tous les instants n'est-il point condamné pour l'équilibre de cette fragile merveille !</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">À peine si dans le sommeil le plus profond son esprit connaît le repos. La paresse absolue est animale, notre structure humaine nous l'interdit. Forçats de la Pensée, voilà, tous, ce que nous sommes. Simplement ouvrir les yeux n'est-ce pas porter aussitôt le monde en équilibre sur sa tête ? Boire, parler, se divertir, rêver peut-être, n'est ce pas choisir sans trêve, entre tous les aspects du monde, ceux qui sont humains, traditionnels et puis éloigner les autres inlassablement jusqu'à la fatigue qui ne manque pas de nous surprendre à la fin de chaque journée ? Honte à celui qui ne sait pas choisir l'aspect convenable aux destinées de notre espèce ! Il est bête, il est fou. Quant à la fantaisie, à l'originalité dont notre orgueil se flatte, leurs limites, hélas ! aussi sont précises, alourdies de discipline ! Il n'y a de fantaisie permise que celle qui prend encore appui sur l'imaginaire granit du bon sens. Trop loin de cette convention, plus de raison et plus d'esprits pour vous comprendre. Semmelweis dépensait une force inutile quand il transformait tous ses cours en longs développements injurieux à l'égard de tous les professeurs d'obstétrique. Il acheva de se rendre intolérable et inefficace en allant lui-même afficher sur les murs de la ville des manifestes** dont nous citons un passage : « Père de famille, sais-tu ce que cela veut dire d'appeler au chevet de ta femme en couches un médecin ou une sage-femme ? cela signifie que tu lui fais volontairement courir des risques mortels, si facilement évitables par les méthodes, etc. » </span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Sans doute l'eût-on, dès ce moment, relevé de ses fonctions si son épuisement progressif n'avait devancé cette rigueur inutile. Bientôt, en effet, les mots qu'il prononçait n'atteignirent plus leur objet et furent le plus souvent sans portée. Son corps s'inclina dans une démarche nouvelle, saccadée ; il parut aux yeux de tous s'avancer en hésitant sur une terre inconnue... On le surprit en train de creuser dans les murs de sa chambre, à la recherche, prétendait-il, de grands secrets enfouis là par un prêtre de sa connaissance. En l'espace de quelques mois, ses traits s'incrustèrent profondément de mélancolie et son regard perdant l'appui des choses parut se perdre derrière nous. Rapidement, il devint le pantin de toutes ses facultés, autrefois si puissantes, à présent déchaînées dans l'absurde. Par le rire, par la vindicte, par la bonté, il fut possédé tour à tour, entièrement, sans ordre logique, chacun de ses sentiments agissant pour son compte, paraissant uniquement jaloux d'épuiser les forces du pauvre homme plus complètement que la frénésie précédente. Une personnalité s'écartèle aussi cruellement qu'un corps quand la folie tourne la roue de son supplice.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Ne croyez pas ces poètes qui vont se lamentant contre les rigueurs et les sujétions de la pensée ou qui maudissent tes chaînes matérielles dont s'entrave, prétendent-ils, leur essor admirable vers le ciel des purs esprits ! Bienheureux inconscients ! Prétentieux ingrats en vérité, qui ne conçoivent qu'un petit coin joli de cette absolue liberté dont ils prétendent avoir le désir ! S'ils se doutaient, les téméraires, que l'enfer commence aux portes de notre raison massive qu'ils déplorent, et contre lesquelles ils vont parfois, en révolte insensée, jusqu'à rompre leurs lyres ! S'ils savaient ! De quelle gratitude éperdue ne chanteraient-ils point la douce impuissance de nos esprits, cette heureuse prison des sens qui nous protège d'une intelligence infinie et dont notre lucidité la plus subtile n'est qu'un tout petit aperçu.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Semmelweis s'était évadé du chaud refuge de la raison, où se retranche depuis toujours la puissance énorme et fragile de notre espèce dans l'univers hostile. Il errait avec les fous, dans l'absolu, dans ces solitudes glaciales où nos passions n'éveillent plus d'échos, où notre coeur humain terrorisé, palpitant à se rompre sur la route du néant, n'est plus qu'un petit animal stupide et désorienté. En s'avançant dans ce dédale mouvant, impitoyable, de la démence, Michaelis lui apparut, sanglant, lourd de reproches ; Skoda, énorme, grossier ; Klin, furieux, accusant, blêmi par toutes les haines d'un monde infernal ; Seyfert, et puis Scanzoni... Des choses, des gens, des choses encore, des courants lourds de terreurs innommables, des formes imprécises l'entraînaient mêlé à des circonstances de son passé, parallèles, croisées, menaçantes, fondues...</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Autour de lui, le réel, le banal s'ajoutaient encore à l'absurde par un maléfice de son esprit sans limites. Les tables, la lampe, ses trois chaises, la fenêtre, tous ces objets les plus neutres, les plus usuels de sa vie courante, s'entouraient d'un halo mystérieux, d'une lumière hostile. Aucune sécurité désormais dans cette fluidité grotesque où se liquéfiaient les contours, les effets et les causes. Dans cette chambre déplacée par le fou hors de l'espace et du temps, revinrent encore les visiteurs fantastiques. Après chacun d'eux, il reprenait la controverse d'autrefois ; il argumentait, longuement, logiquement parfois et souvent bien après leur départ. Mais, presque toujours, ces hallucinations se terminaient dans la violence. Il y en avait trop de ces ombres ricaneuses et</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">menteuses autour de son lit, trop pour qu'il les vît toutes, bien en face. Ne les entendait-il pas comploter derrière son dos, ennemies fourbes ? Et sa frénésie s'étranglait quand elles s'enfuyaient devant lui, bien souvent il s'échappait à leur suite dans l'escalier en les poursuivant et jusque dans la rue. Cette phase de sa détresse mentale dura jusqu'en avril 1856. À ce moment, les hallucinations dont il était terrorisé cessèrent tout d'un coup. Ce ne fut qu'une amélioration trompeuse de son état, à peine un répit, pendant lequel, cependant, la surveillance dont il était l'objet se relâcha. On lui laissa même faire quelques promenades dans la ville. Il s'en allait par des rues chaudes et presque toujours sans chapeau. Tout le monde savait son malheur et chacun s'effaçait pour lui donner libre passage... C'est pendant cette accalmie que la Faculté décida de lui donner un remplaçant. Ses collègues, en délégation, et, d'ailleurs, avec beaucoup de ménagements, lui firent agréer cette mesure universitaire. Il fut entendu, au surplus, qu'il garderait le titre de professeur « en disponibilité ». Sans peine, il parut adopter cette conclusion, mais, dans le même après-midi, il fut possédé par une crise démentielle d'une intensité sans précédent. Vers deux heures, on le vit dévaler à travers les rues, poursuivi par la meute de ses ennemis fictifs. C'est en hurlant, débraillé, qu'il parvint de la sorte jusqu'aux amphithéâtres d'anatomie de la Faculté.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Un cadavre était là, sur le marbre, au milieu du cours, pour une démonstration. Semmelweis s'emparant d'un scalpel franchit le cercle des élèves, bousculant plusieurs chaises, s'approche du marbre, incise la peau du cadavre et taille dans les tissus putrides avant qu'on ait pu l'empêcher, au hasard de ses impulsions, détachant les muscles par lambeaux qu'il projette au loin. Il accompagne ses manoeuvres d'exclamations et de phrases sans suite... Les étudiants l'ont reconnu, mais son attitude est si menaçante que personne n'ose l'interrompre... Il ne sait plus. Il reprend son scalpel et fouille avec ses doigts en même temps qu'avec la lame une cavité cadavérique suintante d'humeurs. Par un geste plus saccadé que les autres, il se coupe profondément. Sa blessure saigne. Il crie. Il menace. On le désarme. On l'entoure. Mais il est trop tard...</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Comme Kolletchka naguère, il vient de s'infecter mortellement**. Skoda**, prévenu de ce suprême malheur, prit aussitôt le chemin de Budapest. Mais à peine était-il arrivé qu'il s'en retournait déjà, emmenant Semmelweis avec lui. Que de souffrances au cours de ce long voyage en diligence ! Quelle épreuve pour ce vieillard et le pauvre Semmelweis, blessé, délirant, dangereux peut-être ! À quelles espérances s'attachaient-ils encore pour courir le risque d'une aventure aussi désespérée ? Peut-être Skoda forma-t-il un instant le projet d'une intervention chirurgicale ?... Mais il ne s'y arrêta point, car en arrivant à Vienne, dans la matinée du 22 juin** 1865, Semmelweis fut conduit directement à l'asile d'aliénés. Sa chambre, qu'on peut encore visiter, aujourd'hui, est située à l'extrémité d'un long couloir, dans l'asile gauche des bâtiments. Il mourut là, le 16** août 1865, dans la quarante-septième année de son âge, à l'issue d'une agonie de trois semaines. Son vieux maître gravit avec lui ces dernières marches, les plus saccagées de la vie. À Skoda, cette triste maison était familière. Naguère, il en avait été l'un des médecins, lorsque éloigné de l'Hôpital général par mesure disciplinaire. Ceci s'était passé tout au début de sa carrière, en 1826, à l'époque où Klin (le même, hélas !), dont lui aussi avait été l'assistant, le fit reléguer dans cet asile d'aliénés, sous le prétexte qu'il « fatiguait les malades par des percussions trop fréquentes ». Au cours de ces trois semaines, il évoqua sans doute l'harmonie étrange des troubles coïncidences. Peut-être aussi sa mémoire en garda-t-elle le secret trop douloureux pour son coeur ? Ainsi que le bonheur, la vengeance n'est jamais complète et cependant toujours si lourde qu'on est surpris. Vingt fois, le soir descendit dans cette chambre avant que la mort n'emportât celui dont elle avait reçu l'affront précis, inoubliable. C'était à peine un homme qu'elle allait reprendre, une forme délirante, corrompue, dont les contours allaient s'effaçant sous une purulence progressive. D'ailleurs, quelle victoire peut-elle attendre, la mort, dans ce lieu le plus déchu du monde ? Quelqu'un lui dispute-t-il ces larves humaines, ces étrangers sournois, ces torves sourires qui rôdent tout le long du néant, sur les chemins de l'asile ?</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Prison pour instincts, asile des fous, prenne qui veut ces détraqués hurlants, geignards, hâtifs ! L'homme finit où le fou commence, l'animal est plus haut et le dernier des serpents frétille au moins comme son père. Semmelweis était encore plus bas que tout cela, impuissant parmi les fous, et plus pourri qu'un mort. Les progrès de l'infection furent assez lents, assez minutieux pour qu'aucune bataille ne lui fût épargnée sur la route du repos. Lymphangite... péritonite... pleurésie... Quand ce fut le tour de la méningite, il entra dans une sorte de verbiage incessant, dans une réminiscence interminable, au cours de laquelle sa tête brisée parut se vider en longues phrases mortes. Ce n'était plus cette infernale reconstitution de sa vie sur un plan de délire dont il avait été, à Budapest, l'acteur tyrannisé aux premiers temps de sa folie. Dans la fièvre étaient consumées toutes ses énergies tragiques. Il ne tenait plus aux vivants que par l'élan formidable de son passé. Le 16 août, au matin, la mort le saisit à la gorge. Il étouffa. Des senteurs putrides envahirent la chambre. Vraiment, il était temps qu'il s'en allât. Mais, il s'acharna dans notre monde aussi longtemps qu'on le peut avec un cerveau impossible sur un corps en lambeaux. Il paraissait évanoui, perdu dans l'ombre quand une dernière révolte, tout près de la fin, lui rendit la lumière et la douleur. Soudain, il se dressa sur son lit. On dut le recoucher « Non, non... », hurla-t-il plusieurs fois. Il semble qu'il n'y eût au fond de cet être aucune indulgence pour le sort commun, pour la mort, et rien de possible en lui qu'une foi immense dans la vie. On l'entendit appeler encore « Skoda !..., Skoda ! » qu'il n'avait pas reconnu. Il entra dans la paix vers 7 heures du soir.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3b6qVu5lhf0iI9rOBlSb8-rdCRakJhD5yaNpVWNTcYqAGWvqwOCYDF6uHtMlH_nA_yU1nhf3gmLxRDf1zouPCVvZijKwgdHqFAIkjOhGwAsvR46B_J80_u6NZOjYS-1gEexQv7a2rG2BuOFe1RqOExfncZYddE24Z8Ncwe02VDDMdFhZsuybrznF4nCLu/s1410/Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202024-03-09%20a%CC%80%2011.24.14.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1410" data-original-width="1108" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3b6qVu5lhf0iI9rOBlSb8-rdCRakJhD5yaNpVWNTcYqAGWvqwOCYDF6uHtMlH_nA_yU1nhf3gmLxRDf1zouPCVvZijKwgdHqFAIkjOhGwAsvR46B_J80_u6NZOjYS-1gEexQv7a2rG2BuOFe1RqOExfncZYddE24Z8Ncwe02VDDMdFhZsuybrznF4nCLu/w314-h400/Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202024-03-09%20a%CC%80%2011.24.14.png" width="314" /></a></div><br /><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Dans l'effroyable dénouement de ce martyre, dans la perfection même de cette coalition douloureuse, il ne peut pas y avoir que l'effet de nos petites volontés. Nous n'avons pas ce génie dans le mal, on doit l'espérer. Les âges de l'humanité s'accomplissent sans doute avec une majesté cruelle et redoutable, mais ils s'en vont vers la lumière. L'âge de la vie doit venir après les siècles de la mort. Ce que Semmelweis n'a pu réussir parce qu'il n'était pas assez concis et plus passionné que puissant, Pasteur, reprenant le même flambeau, a vaincu les ténèbres et rempli la tâche écrasante pour un autre. Il y a donc toutes les raisons d'espérer que les temps plus heureux sont proches de notre horizon. La brutalité, par ses excès, à mille signes, semblant toucher à la fin de son règne. Avec elle finira sans doute la suprématie dans les affaires du monde dont ils ont perdu la maîtrise. Temps farouches du passé, temps guerriers, temps fragiles au fond comme tout ce qui est masculin. Aussi longtemps que la force physique permit tous les exploits, tant que le muscle fut l'instrument même de la puissance, la virilité resta la base de nos sociétés mais, aujourd'hui, la force physique, c'est peu de chose. Demain ce ne sera plus rien, demain l'audace bruyante, vite épuisée, ne sera plus d'aucun prix, il faudra pour être vraiment fort respecter la vie, et c'est, en réalité, le propre des médecins et surtout la qualité majeure des femmes qui anticipent dans le monde actuel les destinées de l'avenir. Le génie mâle, en vérité, a réalisé d'admirables constructions logiques et mécaniques, mais n'a-t-il pas détruit bien plus encore dans le domaine de l'idéal et ne menace-t-il pas de détruire aussi son propre royaume de la matière ? C'est une triste infirmité de sa verve féroce, de son génie impur qui ne peut se passer de conquêtes bruyantes, de panache et de feu. Regardez autour de nous, aujourd'hui, sur tous les points du globe, l'idole mâle est au dessous de sa tâche. Il s'implore lui-même et ne peut plus... Il a trop détruit. On commence à ne plus croire à son ingéniosité, il se prend à douter de lui-même. À force de secouer ses plumes, de les trouver admirables, il s'était cru tout permis ; demain il sera ridicule. Alors les femmes, patientes, plus subtiles, moins logiques, plus mystiques, en somme plus vivantes, sortiront du silence et nous conduiront à leur tour avec plus de bonheur, peut-être, sur un autre chemin. Nous les suivrons, rétifs seulement pour la forme, dociles, au fond, car nous savons bien que nous n'avons plus rien à dire et que notre système d'hostilité est sans issue. M. le professeur Chauffard en nous faisant l'honneur d'argumenter notre thèse remarquait avec beaucoup de justesse qu'à l'origine de chaque découverte, il y avait toujours deux ou trois martyrs. Ne se peut-il pas que tous les crimes, toutes les hideurs, les inqualifiables cruautés des mondes actuels et passés soient aussi des martyrs qui se trouvent au seuil de la plus grande découverte que feront jamais les hommes : la vie.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b><span style="font-family: verdana;"><span style="font-style: normal; font-variant-caps: normal;">Louis </span>DESTOUCHES</span></b></p><div><br /></div>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b>Remarques sur <i>Les derniers jours de Semmelweis</i> </b></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b>par</b></span><span style="font-family: georgia; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal;"><b> Tiberius de Gyory</b></span></p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 17px;"><br /></p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-style: normal;">Les médecins hongrois ont lu avec grand intérêt et beaucoup de plaisir l'article de Monsieur Destouches intitulé « Les Derniers jours de Semmelweis », dans le no 51 de <i>La Presse Médicale</i>. Cet article reflète une profonde sympathie et une haute estime envers notre grand martyr médical hongrois. Il contient néanmoins quelques petites erreurs de dates et de faits que je demande la permission de rectifier, au double titre de biographe et d'éditeur des œuvres complètes de Semmelweis. Je le ferai d'autant plus facilement que je puis renvoyer les lecteurs de </span><i>La Presse Médicale</i><span style="font-style: normal;"> au no 92 de l'année 1906 de </span><i>La Presse Médicale</i> contenant des lignes éloquentes tracées par l'illustre professeur Pinard.</p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">D'abord : Semmelweis n'était pas « accoucheur viennois ». Ce grand médecin n'était ni Autrichien, ni Allemand, il était Hongrois , car, d'après des preuves authentiques – dit justement M. Pinard – « ses ancêtres étaient déjà citoyens hongrois au XVIIe siècle ». </p><p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Son séjour à Vienne était d'une durée relativement brève.</p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">« Les séries mortuaires de 96 % chez Klin » (rectification : Klein), c'est une énorme exagération. La vérité – comme l'a dit, du reste, M. Pinard – est que « la mortalité atteignit le chiffre de 16 et de 31 pour 100 ». Il faut se contenter de ces horribles chiffres. </p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">On doit corriger aussi la grande erreur « que les compatriotes de Semmelweis aimaient auparavant se tourner contre lui ». C'est le contraire ! Semmelweis dit lui-même dans sa lettre, ajoutée à un</p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">exemplaire d'hommage de son grand ouvrage, à l'Académie hongroise, qu'il était forcé de l'écrire « non en langue hongroise, car personne dans ma patrie ne repoussait jamais mes enseignements, mais en allemand, la langue des pays où je voulais me faire écouter ».</p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">M. Destouches écrit ensuite que Semmelweis « acheva de se rendre intolérable en allant lui-même afficher sur les murs de la ville des manifestes » dont il cite un passage. C'est une double erreur.</p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Semmelweis n'affichait jamais rien et le passage, mot à mot, se trouve simplement à la fin de sa lettre publique à tous les professeurs d'obstétricie de l'année 1862.</p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Il faut aussi modifier tout ce qui a trait aux derniers jours de Semmelweis. </p><p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Toute la scène autour du cadavre est de pure imagination. La vérité est que Semmelweis apporta avec lui dans la maison des aliénés une petite blessure presque indécouverte provenant de la table d'opération et dont la conséquence fut la fièvre de résorption, la pyoémie, le même mal contre lequel il avait combattu toute sa vie.</p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Il faudrait rectifier aussi les dates des jours et des événements. Ce n'est pas dans les derniers jours de juillet 1865 que sa détresse mentale se manifesta ; elle apparut subitement, à la façon d'une</p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">surprise, au courant d'une séance de la Faculté médicale de l'Université de Budapest. Semmelweis se leva et commença à lire le formulaire du serment des sages-femmes. Jusqu'à ce moment-là on ne remarquait chez Semmelweis autre chose qu'une irritation de son système nerveux, mais qui n'exigeait pas de le rendre « l'objet d'une surveillance ». Ce furent ses confrères hongrois qui l'ont conduit le 31 juillet (et non : « 22 juin ») à la maison des aliénés à Vienne.</p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Skoda n'a pas « pris le chemin de Budapest » et en conséquence il ne conduisait pas Semmelweis par le triste voyage pour Vienne, où il mourut le 13 (pas : « le 16 ») août.</p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Voilà mes rectifications. </p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Tout de même, malgré ces quelques erreurs qui se font facilement effacer, l'article de M. Destouches est écrit d'une façon si noble et si chaude que nous, Hongrois, somme pleins de reconnaissance pour son beau travail, avec lequel il a rafraîchi la mémoire de notre grand compatriote Semmelweis.</p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b>Tiberius DE GYORY</b>,</p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Professeur à l'Université de Budapest.</p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 17px;"><br /></p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Rappelons qu'au moment du Congrès international de Médecine qui se tint à Budapest, l'éminent doyen de la Faculté de Médecine de Paris, M. Landouzy, vint déposer, au nom de la Médecine française, une couronne de fleurs aux pieds de la statue de Semmelweis à Budapest. Le professeur Pinard, dans une chaude improvisation, proclama les services rendus par l'illustre Hongrois à la Science et à l'Humanité.</p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 17px;"><br /></p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">* Dont le choix avait été inspiré, au témoignage de sa fille Édith, par le professeur Athanase Follet. Selon elle, l'époque comme le milieu familial des Follet-Morvan offrait de nombreux exemples de décès en suite de couches.</p>
<p style="font-family: Verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">** Par cet astérisque nous désignons les principaux points discutés ou réfutés par de Györy (voir p. 120-122).</p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-67414060249207509652024-03-09T03:49:00.000-08:002024-03-09T04:54:25.514-08:00Posture et biographie : Semmelweis de L.-F. Céline par Jérôme Meizoz<h2 style="text-align: left;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium;"><b>Posture et biographie : <br /></b></span><div style="text-align: left;"><span style="font-family: Verdana; font-size: medium;"><b><i>Semmelweis</i> de L.-F. Céline</b></span></div></h2><div style="text-align: left;"><i><span style="font-family: Verdana;">par Jérôme</span><span style="font-family: Verdana;"> Meizoz, Université de Lausanne, avril 2007</span></i></div>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">La posture de l’écrivain-citoyen, qui en appelle au profane (le public) pour légitimer sa prise de position bien au-delà du milieu littéraire, comprend un certain nombre de traits récurrents de Voltaire (L’Affaire Calas, 1762) à Zola ( «J’accuse», 1898) puis de Barbusse à Nizan et enfin Sartre. De même la posture du génie malheureux, chez les Romantiques, a-t-elle des ancrages très anciens dans l’imaginaire social européen.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">La posture de l’indigence vertueuse, adoptée par Jean-Jacques Rousseau dans divers textes, aura un immense succès mimétique après la Révolution française, jusqu’à Jules Vallès, Péguy ou Céline. Cette posture ne se comprend qu’en référence à deux discours sociaux antérieurs : le discours chrétien de la sancta paupertas d’une part, et le discours philosophique, qui exalte en Socrate ou Diogène des penseurs rejetant honneurs et fortune afin d’énoncer des vérités pénibles à entendre. […] </span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxkcH4_EiCwhseaBgE46udNKiV3OwlhtkQM_JezUomDNY9rrXOH5QgFu2bLJ6M-6Q8sYtsJmjtD9Aw2FzwZLe3-jH57Y2gQkKU-eIegoqOtbECliqniar7i-5VrU3sRj-DT3GkgayY5CRvGIt5mNDzrFh6ieBb4mtQbPQiCaRWTCuPR0zAKBj_MTe8B9UF/s1258/De%20Ce%CC%81line%20a%CC%80%20Semmelweis%20Michel%20Deveaux%20Couv.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1030" data-original-width="1258" height="525" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxkcH4_EiCwhseaBgE46udNKiV3OwlhtkQM_JezUomDNY9rrXOH5QgFu2bLJ6M-6Q8sYtsJmjtD9Aw2FzwZLe3-jH57Y2gQkKU-eIegoqOtbECliqniar7i-5VrU3sRj-DT3GkgayY5CRvGIt5mNDzrFh6ieBb4mtQbPQiCaRWTCuPR0zAKBj_MTe8B9UF/w640-h525/De%20Ce%CC%81line%20a%CC%80%20Semmelweis%20Michel%20Deveaux%20Couv.jpg" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;">De Céline (histoire d'une thèse) <br />à Semmelweis (histoire d'une œuvre)<br />par Michel Deveaux, l'harmattan, 2015</span></td><td class="tr-caption"><br /></td><td class="tr-caption"></td></tr></tbody></table><br /><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b><span style="font-family: verdana;">Champ littéraire, posture et poétique</span></b></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">C’est dans le champ artistique concerné, et selon ses enjeux du moment, que la posture qui s’y exprime fait pleinement sens. La posture d’un auteur s’exerce en général en relation avec d’autres (par imitation, opposition, parodie, etc.) : Céline et plus tard Annie Ernaux ou l’auteur de romans noirs Jean-Bernard Pouy raillent en des termes très voisins la posture d’observateur esthète de Marcel (qu’ils identifient à Proust), lorsqu’il décrit le français populaire de Françoise; Sartre démonte la posture d’énonciation omnisciente, le point de vue de Dieu, dans les romans de Mauriac. Ce que font apparaître ces exemples, c’est qu’une posture s’articule à une poétique, soit à une esthétique littéraire. Dans l’image de soi qu’il propose, un auteur engage sa conception de l’écriture : le médecin des pauvres Céline défend une littérature du dévoilement physiologique qui ose dire les vérités cachées par l’hypocrisie sociale. Autrement dit, la figure de l’orateur, sa manière de prendre la parole, les ressources rhétoriques, stylistiques ou génériques qu’il mobilise sont à penser d’un même tenant comme une façon d’imposer un ton inséparable de contenus discursifs. L’ethos, comme dimension verbale de la posture, constitue le masque formel qui embraye une position énonciative et la réfère à un espace social d’intelligibilité. […]</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">La lecture de <i>Semmelweis</i> de Louis-Ferdinand Céline sera l’occasion d’examiner le rôle de la posture auctoriale dans l’élaboration du discours biographique.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b><span style="font-family: verdana;">Semmelweis de 1924 à 1999 : réélaborations éditoriales</span></b></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Signalons d’abord le statut éditorial étrange de cet ouvrage, dont on peut résumer ainsi le périple :</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: left;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvfcwEEe189SWVrtujYl1JCU4PrqKWQl50uMvP6b4crYja50Mg0w0oClAe8PUp3RFB5MoF3qmGpJcGydvHyWl5aiVGL8c4kxhcuWQWyiNj6dcQw4BNQ8Q5AYCY8mbRor93TDcUuXzA1Yo813oYUWkLgYz3Q9ypuJpMMlTBhsZRoUeHOdlPDYysoi35tR0x/s1404/Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202024-03-09%20a%CC%80%2011.23.46.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1404" data-original-width="1058" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvfcwEEe189SWVrtujYl1JCU4PrqKWQl50uMvP6b4crYja50Mg0w0oClAe8PUp3RFB5MoF3qmGpJcGydvHyWl5aiVGL8c4kxhcuWQWyiNj6dcQw4BNQ8Q5AYCY8mbRor93TDcUuXzA1Yo813oYUWkLgYz3Q9ypuJpMMlTBhsZRoUeHOdlPDYysoi35tR0x/w482-h640/Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202024-03-09%20a%CC%80%2011.23.46.png" width="482" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;"><i style="text-align: left;">Les derniers jours de Semmelweis <br />dans</i><span style="text-align: left;"> </span><i style="text-align: left;">La Presse médicale </i><span style="text-align: left;">no. 51 du mercredi 25 juin 1924</span></span></td></tr></tbody></table><span style="font-family: verdana;"><br /></span><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">— Dr. Louis Destouches, </span><i style="font-family: verdana;">La Vie et l’œuvre de Philippe Ignace Semmelweis (1818-1865</i><span style="font-family: verdana;">), thèse de médecine, Rennes, Francis-Simon imprimeur, décembre 1924. Une contraction paraît sous le titre «</span><i style="font-family: verdana;">Les derniers jours de Semmelweis</i><span style="font-family: verdana;">», </span><i style="font-family: verdana;">La Presse médicale</i><span style="font-family: verdana;">, no. 51 du mercredi 25 juin 1924.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">— [Louis Destouches, [titre inconnu], manuscrit refusé en juillet 1928 aux éditions de la NRF, Paris</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">— Louis-Ferdinand Céline, <i>Mea culpa</i> suivi de <i>La Vie et l’œuvre de Semmelweis</i>, Paris, Denoël & Steele, décembre 1936.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">— Louis-Ferdinand Céline, <i>Semmelweis (1818-1865)</i>, Paris, Gallimard, 1952.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">— Louis-Ferdinand Céline, <i>La Vie et l’œuvre de Semmelweis (1818-1865)</i>, in Œuvres éditées par Jean A. Ducourneau, Paris, Balland, 1966, t. 1.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">— Louis-Ferdinand Céline, <i>La Vie et l’œuvre de Semmelweis (1818-1865)</i>, Cahiers Céline 3, Paris, Gallimard, 1977. Texte original annoté et préfacé par Henri Godard et Jean-Pierre Dauphin.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">— Louis-Ferdinand Céline, <i>Semmelweis</i>, Paris, Gallimard, « L’Imaginaire », 1999. Texte original annoté de l’édition de 1977, avec une préface de l’écrivain Philippe Sollers.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Soutenu le 1er mai 1924 comme thèse de médecine de la Faculté de Paris, <i>La Vie et l’œuvre de Philippe Ignace Semmelweis (1818-1865)</i> du Dr Louis Destouches est publié à compte d’auteur en décembre 1924 à Rennes, mais nullement diffusé hors du cercle académique. Rappelons que Louis Destouches a fait œuvre d’hygiéniste, depuis sa «Note» (1925) sur la médecine chez Ford jusqu’à ses réflexions sur la santé des chômeurs (1933) et sa participation, sous l’Occupation (notamment en mai 1941 puis février 1942), à des cercles médicaux eugénistes, où s’expriment les thèses d’Alexis Carrel ou Georges Montandon. En mars 1942 enfin, Céline se rend à Berlin dans le cadre de la collaboration médicale initiée avec les Nazis. Il y rencontre des médecins et des dirigeants SS. Voir Philippe Roussin, op. cit., 2005, pp. 537-556.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: left;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgE440eNWngp8RMeLQg4647HlzUAtJA0zDKchFaT0BJnbsWP6Azluv57wNoToz_Q-ZTuxE6GhMncFzmTBVYiPq16XCkZf-WITRZ4b2dgqkFpWFQd2Qayhosn7MpzQtucMC_ZOiDs-264KBz7dmVbjAK_tdwO4GyWQ-j-BN2J-RgZ2C-sxIg7IYuon-cjFFi/s899/COUV%20Destouches%20the%CC%80se%20Semmelweis%201er%20mai%201924.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="899" data-original-width="572" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgE440eNWngp8RMeLQg4647HlzUAtJA0zDKchFaT0BJnbsWP6Azluv57wNoToz_Q-ZTuxE6GhMncFzmTBVYiPq16XCkZf-WITRZ4b2dgqkFpWFQd2Qayhosn7MpzQtucMC_ZOiDs-264KBz7dmVbjAK_tdwO4GyWQ-j-BN2J-RgZ2C-sxIg7IYuon-cjFFi/w408-h640/COUV%20Destouches%20the%CC%80se%20Semmelweis%201er%20mai%201924.jpg" width="408" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: left;"><span style="font-family: courier;">Thèse de doctorat de Louis Destouches</span></td></tr></tbody></table><span style="font-family: verdana;"><br /></span><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Le sujet de cette thèse aurait été inspiré par le professeur Athanase Follet, beau-père de Destouches et lui-même membre du jury : : il s’agissait de récapituler le parcours scientifique de ce médecin hongrois, promoteur malheureux de l’asepsie. Semmelweis eut l’intuition des causes microbiennes de la fièvre puerpérale, mortelle jusqu’à la révolution pasteurienne, mais il ne put faire reconnaître la pertinence de son travail de son vivant et mourut prématurément, dans une grand détresse. L’ouvrage fait l’objet d’une contraction à l’usage des pairs, «</span><i style="font-family: verdana;">Les derniers jours de Semmelweis</i><span style="font-family: verdana;">», dans </span><i style="font-family: verdana;">La Presse médicale</i><span style="font-family: verdana;">. Destouches le propose en juillet 1928 aux éditions de la NRF qui le refusent. Le 28 décembre 1936, Denoël l’édite à peine retouché, sous le titre abrégé de </span><i style="font-family: verdana;">La Vie et l’œuvre de Semmelweis</i><span style="font-family: verdana;">, à la suite de </span><i style="font-family: verdana;">Mea culpa</i><span style="font-family: verdana;">. Publié cette fois sous le nom de Louis-Ferdinand Céline, annexé et désormais intégré à l’œuvre littéraire déjà reconnue, cet essai biographique renforce la posture que Céline a imposée dès 1932 au public, celle du médecin-qui-écrit. Réédité en 1952 par Gallimard dans la collection blanche sous le titre encore abrégé de </span><i style="font-family: verdana;">Semmelweis (1818-1865)</i><span style="font-family: verdana;">, il fait désormais pleinement partie de l’œuvre littéraire et se voit donc inclus dans les </span><i style="font-family: verdana;">Œuvres</i><span style="font-family: verdana;"> préparées par Jean A. Ducourneau en 19667. En 1977, le troisième volume des «Cahiers Céline» en redonne le texte et le titre original à l’usage des spécialistes, avec une annotation d’Henri Godard et Jean-Pierre Dauphin. Enfin, le texte annoté de cette édition accède en 1999 à la collection de poche «L’Imaginaire », sous le titre désormais dépouillé de </span><i style="font-family: verdana;">Semmelweis</i><span style="font-family: verdana;">, avec une préface de l’écrivain Philippe Sollers. Rachetant soixante-dix ans plus tard le refus initial des éditions de la NRF, celui-ci relit sur un mode littéraire «cette drôle de “Thèse” dans le style épique» comme l’acte de naissance d’un écrivain (Jean A. Ducourneau ne disait pas autre chose en 1966). Ultime étape de la re-littérarisation d’une thèse de médecine : le corpus que constitue «L’Imaginaire» et l’horizon de la collection donnent à lire </span><i style="font-family: verdana;">Semmelweis</i><span style="font-family: verdana;"> comme une œuvre à part entière de Céline, au même titre que ses romans. Quatre éditeurs et six éditions, sous quatre titres différents, ont parachevé sa mue bibliographique. On l’a dit, très peu de retouches ont été apportées au détail du texte académique de 1924 en vue de sa transfiguration littéraire dès octobre 1936. </span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi-o3l7qheE9gt_GIFIlVCEJxI0nb9cng4NBeWzoDhwSWFQ6scdqxan0fJ-QR6Dm1TUVWi0YwFujCaGsENmGK4Ex638mLupawvzU8nRkaCJyrRC0ONcFYTR7GGrGmIrfG3mcHb7MYjKt0ZT_ypVXcfK_pkcWOZxX9uk4zl_1mEYA3IijCm9Jlb6TeibUfB/s562/Semmelweis%20kindbettfiebers%20Couv.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="562" data-original-width="400" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi-o3l7qheE9gt_GIFIlVCEJxI0nb9cng4NBeWzoDhwSWFQ6scdqxan0fJ-QR6Dm1TUVWi0YwFujCaGsENmGK4Ex638mLupawvzU8nRkaCJyrRC0ONcFYTR7GGrGmIrfG3mcHb7MYjKt0ZT_ypVXcfK_pkcWOZxX9uk4zl_1mEYA3IijCm9Jlb6TeibUfB/w456-h640/Semmelweis%20kindbettfiebers%20Couv.jpg" width="456" /></a></div><br /><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Céline n’a pas même corrigé les importantes rectifications factuelles proposées dès 1925 par le professeur Györy.</span><span style="font-family: verdana;"> </span><span style="font-family: verdana;">Professeur à l’université de Budapest et éditeur des </span><i style="font-family: verdana;">Œuvres complètes</i><span style="font-family: verdana;"> de Semmelweis, Tiberius de Györy envoie en 1925 à </span><i style="font-family: verdana;">La presse médicale</i><span style="font-family: verdana;"> quelques «Remarques» sur le texte de Destouches. Louant «notre grand martyr médical hongrois» et le travail de Destouches, il corrige plusieurs dates et chiffres (les taux d’infection) erronés. Il signale que plusieurs éléments du récit sont de «pure imagination», ainsi la scène de l’affichage des thèses sur les murs de la ville ou celle du scalpel mortel. Voir ses «Remarques» citées dans </span><i style="font-family: verdana;">Semmelweis</i><span style="font-family: verdana;">, Gallimard, «L’Imaginaire» 1999, p. 121.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Relevons toutefois trois modifications importantes dont l’impact pragmatique semble majeur, et qui engagent une re-programmation de la lecture. Premièrement, Céline supprime la préface de 1924, défense et illustration de la corporation médicale, pour une nouvelle préface nettement plus crépusculaire. Entre temps, dans l’incipit de <i>Mort à crédit</i> (mai 1936) le médecin Ferdinand annonçait la couleur : «Je n’ai pas toujours pratiqué la médecine, cette merde». Donner l’ouvrage à la suite du premier pamphlet antisémite et anticommuniste, <i>Mea culpa</i>, invite à une lecture politique que confirme la préface de 1936. Ce récit «nous démontre le danger de vouloir trop de bien aux hommes» (édition de 1936, p. 15), argumentaire misanthrope selon quoi tout bienfaiteur de l’humanité est immédiatement voué aux gémonies. Deuxièmement, Céline supprime l’épigraphe de Romain Rolland, «La Nuit du Monde est illuminée de lumières divines» (p. 97). Discrètement, il rejette celui qui fut, avec Barbusse, une de ses admirations pacifistes dans les années 1920. Rolland s’est rapproché des communistes, et l’énoncé cité promet un espoir historique auquel Céline n’adhère plus. Troisièmement enfin, le sous-titre final «Conclusion» (p. 100) n’a plus cours dans l’édition de 1936, atténuant ainsi la mise en forme académique propre à l’exercice de thèse.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px;"><br /></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: left;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdD5Mcm5e-Q55MY18uG_XJm5fddE3H8kjaARAQNzGrhiwdZMAHwsiXZqv1NnGPr-tS1YopM-xt2jfuPjqzSCzt6GgfQw7uHnSg-AwxI7gOWdXk5-89x3ZudF5uQeDPHiOXqzpaklXs_LaYj8L_CgASkdkkrKk1RK9HWnQ05eLogRclwlaBnOC_UMjjb-U9/s1384/Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202024-03-09%20a%CC%80%2012.16.43.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="982" data-original-width="1384" height="454" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdD5Mcm5e-Q55MY18uG_XJm5fddE3H8kjaARAQNzGrhiwdZMAHwsiXZqv1NnGPr-tS1YopM-xt2jfuPjqzSCzt6GgfQw7uHnSg-AwxI7gOWdXk5-89x3ZudF5uQeDPHiOXqzpaklXs_LaYj8L_CgASkdkkrKk1RK9HWnQ05eLogRclwlaBnOC_UMjjb-U9/w640-h454/Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202024-03-09%20a%CC%80%2012.16.43.png" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><div style="text-align: center;"><span style="background-color: white; caret-color: rgb(118, 118, 118); color: #767676; font-family: courier;">En 2013, l’Unesco inscrit les découvertes de Semmelweis </span></div><span style="background-color: white; caret-color: rgb(118, 118, 118); color: #767676;"><div style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;">au Patrimoine mondial de l’humanité.</span></div></span></td></tr></tbody></table><b><span style="font-family: verdana;"><br /></span></b><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px;"><b><span style="font-family: verdana;">Thèse, éloge, hagiographie, légende ?</span></b></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Le public originel de la thèse de 1924 est académique et scientifique, et l’exercice doit s’accorder aux règles de l’institution. Avec succès, semble-t-il, puisque, malgré des examens universitaires laborieux, Destouches obtient une médaille de bronze pour sa thèse le 22 janvier 1925. Le modèle générique sous-jacent s’adosse lui aussi à l’institution : c’est l’éloge académique, genre factuel qui connut un grand succès au XVIIIe siècle et se pratique encore de nos jours dans les académies12. Lors de cet exercice, le membre d’une académie récapitule en un exposé biographique les mérites et découvertes d’un grand prédécesseur. Fontenelle, par exemple, publia dès 1708 plus de soixante-neuf éloges de savants, parmi lesquels Newton et Leibniz. Ce genre épidictique au style élevé, solennel et sublime, répond à deux visées principales : synthétiser les principaux acquis d’une pensée scientifique et les inscrire dans la mémoire de l’institution. Tout aussi codé que l’éloge funèbre, demeurant toutefois en deçà du panégyrique, l’éloge académique recourt aux éléments biographiques pour affirmer la grandeur des idées et leur insertion dans les circonstances d’une vie. Au cœur de ce canevas générique et de son contrat factuel, deux procédés relèvent des genres fictionnels : d’abord, la narration dramatisée d’épisodes fictifs, comme celui des affiches placardées en ville par un Semmelweis devenu fou (p. 93), ou la scène de la blessure infligée durant la dissection (pp. 96-97). Dès 1925, en réponse à la contraction de la thèse parue dans La Presse médicale, le professeur Tiberius de Györy avait pourtant déclaré ces épisodes «de pure imagination» (p. 121). Mais en 1936 Céline se moque bien de ces rectifications. La précision historique et scientifique ne semble plus intéresser l’écrivain désormais reconnu dont l’ouvrage reparaît chez Denoël : une visée littéraire a pris le dessus. Second procédé d’ordre fictionnel, l’intertextualité hagiographique de <i>La Vie et l’œuvre de Semmelweis</i>. Bien que chronologique, le récit ne propose pas l’exposé systématique d’un parcours scientifique et de ses résultats, mais plutôt une mise en scène dramatisée et téléologique de moments cruciaux où se révèle la valeur exceptionnelle du médecin.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Une posture très voisine de celle attribuée à Semmelweis a cours chez Céline dès l’échec de <i>Mort à crédit</i>. Il se présente comme un homme seul, méprisé comme le médecin hongrois par le «troupeau passif» (p. 60). Cette posture devient peu à peu, après 1936 et a fortiori après 1944 et le long procès pour collaboration avec les nazis, celle de l’«intouchable» ou du «paria pourri», selon le lexique hindouiste. Isolé, rejeté pour avoir dit aux hommes des vérités désagréables, il tire de cette mise à l’écart l’indice même de sa valeur : la posture de l’écrivain maudit plonge ses racines très anciennes dans un répertoire mythique que Pascal Brissette a décrit avec précision (2005). Cette posture de bouc émissaire apparaît dès les entretiens accordés lors de la sortie très controversée de <i>Mort à crédit</i>. Elle ne fait que de se diversifier et se radicaliser après la victoire alliée dès 1944 : «Dans le fond, dit-il, j’ai une position idéale, solitaire, abandonné, brimé, que je fasse ce que je voudrai, je ne peux pas descendre plus bas.»16 «[…] depuis 1932 j’ai encore aggravé mon cas, je suis devenu, en plus de violeur, traître, génocide, homme des neiges… l’homme dont il ne faut même pas parler !» Tout se passe comme si Céline cherchait à occuper cette «position idéale simultanément élective et tragique. Tout au long de sa trajectoire d’écrivain, une telle posture se consolide peu à peu. Retraçons rapidement la mise en scène du discours de vérité propre au médecin-qui-écrit Céline : dès 1932, il se présente au public comme médecin qui écrit, et reçoit les journalistes à son dispensaire, en habit de praticien (Roussin 2005). Peu à peu s’impose, par contraste avec les écrivains lettrés du champ littéraire, une posture de médecin des pauvres, qui par son savoir scientifique et son expérience du terrain le plus défavorisé, possède un savoir sur l’humain qui le rend capable d’annoncer des vérités crues ou désagréables. Cette posture d’autorité se double d’une image de soi comme d’un être accablé par sa tâche, insomniaque, soucieux, et désespéré des hommes et de leurs maux. Céline a souvent déclaré qu’il avait une «vocation» pour la médecine, non pour la littérature. Comme le médecin, l’écrivain paye de son sang le travail de dissection qui est le sien, afin de présenter une image des misères de l’homme.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">L’autorité à dire les vérités désagréables va de pair avec une conception de l’histoire qui relève du sous-genre de «l’histoire secrète» : cette catégorie désigne des ouvrages qui prétendent lever le voile sur un événement pétrifié par sa version officielle, et dont l’historien nous découvre soudain la face cachée. Dans <i>Semmelweis</i>, le biographe prétend par deux fois à l’histoire secrète : «Si l’on pouvait écrire l’histoire mystérieuse des véritables événements humains, quel moment sensible, quel moment périlleux que ce voyage !» (p. 89) «Mais on n’explique pas tout avec des faits, des idées et des mots. Il y a, en plus, tout ce qu’on ne sait pas et tout ce qu’on ne saura jamais.» (p. 101) Sa révélation tient à ce qu’il a compris les «puissances biologiques énormes» (p. 111) qui gouvernent en fait le monde humain. Céline se présente comme condamné à raconter le monde tel qu’il est, dans sa «nuit» et sous sa face cachée ; et à demeurer ainsi incompris, voir haï de tous. Désireux de dire aux humains quelques vérités cruelles sur eux-mêmes, Ferdinand de <i>Mort à crédit</i> (1936) ne craint pas de provoquer ainsi leur «J’aime mieux raconter des histoires. J’en raconterai de telles qu’ils reviendront, exprès, pour me tuer, des quatre coins du monde. Alors ce sera fini et je serai bien content.». Céline ajoute en exergue à <i>Mea culpa</i> (décembre 1936) le même appel : «Il me manque encore quelques haines. Je suis certain qu’elles existent.» L’image du «guérisseur souffrant» ainsi que divers autres motifs de la vertu évoquent la figure christique de celui qui porte les maux du monde. Céline fut fasciné par Semmelweis dont il disait encore en 1949 qu’il avait été son «idéal». Il se passionnera pour la vie de Cavendish («C’était un grand homme !») que lui raconte Milton Hindus : ce savant anglais méconnu de son vivant a vu ses cahiers reconnus de manière posthume. Cette posture d’incompris se radicalisera dès 1936 avec la série des quatre pamphlets (1936, 1937, 1938, 1941), puis dans les romans du réprouvé, après la Seconde Guerre mondiale.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4KWOnHxm5t3ucRDVwq84DuAxQHp4CnYNU48R4C9wcsfM-hbkhVCwyfN1XjCInl0F8eqImbBkoR_JoK2Tt-EpLtMqhkQ8hGJVWfzMcldqXIfotJRAvqZuPKm_Ls58Rdbt5cNct3x_Fn7xcNT-SfMefSch-emQjYkK27uNtWdDXquQu_p9aJAo8hcsK87ld/s475/Semmelweis%20de%20Celine%20L'Imaginaire%20Couv.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="475" data-original-width="312" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4KWOnHxm5t3ucRDVwq84DuAxQHp4CnYNU48R4C9wcsfM-hbkhVCwyfN1XjCInl0F8eqImbBkoR_JoK2Tt-EpLtMqhkQ8hGJVWfzMcldqXIfotJRAvqZuPKm_Ls58Rdbt5cNct3x_Fn7xcNT-SfMefSch-emQjYkK27uNtWdDXquQu_p9aJAo8hcsK87ld/w420-h640/Semmelweis%20de%20Celine%20L'Imaginaire%20Couv.jpg" width="420" /></a></div><br /><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b><span style="font-family: verdana;">Conclusion</span></b></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Semmelweis incarne aux yeux de Destouches-Céline la vérité bafouée et l’«enthousiasme sacré» (p. 38) meurtris par la bassesse humaine. «Saint homme» plus que «grand homme», d’ailleurs : sa grandeur n’ayant pas été perçue, seule sa souffrance atteste en creux de l’aveuglement général. Ce schème n’est autre que celui, religieux, du martyr (de la science, en l’occurrence). Il reprend plusieurs éléments topiques de la geste du créateur souffrant, telle qu’elle s’est déployée dans le grand public, en France notamment, autour de Rimbaud et de Van Gogh : «Dans l’effroyable dénouement de ce martyre, dans la perfection même de cette coalition douloureuse, il ne peut pas y avoir que l’effet de nos petites volontés.» La clausule de la thèse prend d’ailleurs la forme d’un bref paragraphe consacré aux «martyrs» de la science (deux occurrences, p. 120) qui résume l’ensemble de la visée pathétique de ce récit. Dans les dernières pages, l’allusion se fait ouvertement christique : «Il nous a tout donné, il s’est dépensé cent fois pour que nous soyons moins malheureux, plus vivants, et cent fois, les savants, les pouvoirs publics de son temps ont refusé avec une cruauté, une sottise inexpiable les dons admirables et bienfaisants de son génie.»</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">À la lecture de <i>Semmelweis</i>, on ne manquera pas de constater la banalité relative du discours biographique mobilisé par Destouches, qui doit l’essentiel aux topiques de la tradition et au discours social contemporain. Ce qui a retenu notre attention dans la constitution d’une posture d’écrivain, c’est la «relation biographique» qui se noue entre Destouches et Semmelweis. En effet, la biographie est aussi le «récit d’un lien» entre le biographe et son sujet, qui en dit long sur les deux termes du dialogue. C’est peu dire que Céline se projette, en écrivain incompris, dans la figure de Semmelweis. Avant même d’entreprendre son œuvre de romancier, il construit Semmelweis comme un personnage romanesque, à partir des échappées fictionnelles que l’on sait. Ce faisant, Céline arbore une posture qui gouverne l’ensemble de ses interactions dans le champ littéraire et peut rendre compte de la perception paranoïde qu’il se fait de la critique et du public : rançon d’une solitude qui s’affirme implicitement, à travers son double Semmelweis, comme une exception propre au «génie». En transférant éditorialement Semmelweis dans un corpus littéraire, en 1936, Céline s’attribue la même prophétie auto-réalisatrice que celle qu’il a faite pour son personnage : comme Semmelweis, je resterai incompris de mon vivant et persécuté par les hommes. Il est un autre médecin-écrivain auquel Céline s’identifie : Rabelais, comme en témoigne l’article «Rabelais, il a raté son coup !» (1957). Mais en ce cas, c’est moins la vie de Rabelais que ses choix linguistiques, ce rapport inventif à une langue française en pleine mutation, qui lui servira de modèle et de légitime caution, sans pour autant renoncer au mythe du «ratage» comme signe du génie.</span></p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-81461642500818624482024-03-05T03:08:00.000-08:002024-03-05T03:08:40.667-08:00Louis, Destouches, potard<p><span style="font-family: Arial;"><b><span style="font-size: large;">Médicaments et publicités par Éric Mazet </span></b></span></p><p><span style="font-family: Arial;"><b><span style="font-size: large;">dans <i>Le Bulletin célinien</i> n° 2 du 2e trimestre 1982</span></b></span></p>
<p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><i>« Plus que jamais Je colporte mes petites astuces de potards en potards"</i><span style="font-style: normal;">,</span></p>
<p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">écrlt Céline en 1933 alors qu’il devient un monstre sacré du monde littéraire. Recherche amusée ou âpreté mesquine ?</p>
<p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Au laboratoire de la Biothérapie, le docteur Destouches rédige en 1931 un rapport publicitaire sur le dentifrice Sanogyl, sautant de l’ironie à I'effusi.on. L’étude pharmaceutique étant peu rémunératrice, le médecin se lance dans la création de médicaments. Il invente pour Ie laboratoire Gallier, en 1933, la basedowine contre les règles douloureuses.</p><p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLNuR5A_U208goAM5t1HMMmMgiC5AujTYkZyPw8YvdfWGwnRnyksu3i4qbJ2RAMGo6oxOYb3OTwuZ-aLtGmQ4hltaqsA-tFGTLEILMThQjpyUa30sfZL3zJC6ib_sTZOY4jo7nojRSNxDeQY3gpZCTuAglA56CG4SIMcFQSGTxB0smeBzfGm6pVv7YrvOp/s2377/Basedowine.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2377" data-original-width="1694" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLNuR5A_U208goAM5t1HMMmMgiC5AujTYkZyPw8YvdfWGwnRnyksu3i4qbJ2RAMGo6oxOYb3OTwuZ-aLtGmQ4hltaqsA-tFGTLEILMThQjpyUa30sfZL3zJC6ib_sTZOY4jo7nojRSNxDeQY3gpZCTuAglA56CG4SIMcFQSGTxB0smeBzfGm6pVv7YrvOp/w456-h640/Basedowine.jpg" width="456" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div>
<p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Henri Mahé fait Ie dessin publicitaire d'une poupée tricolore. Les troubles de l’équilibre ovarien ne doivent pas affecter le patriotisme de la natalité. Le produit s'est vendu jusqu’en 19?1 et fit l’objet d’autres réclames. La vignette de J. Duché exhalte Ia candeur. La notice est, elle, du docteur Destouches.</p><p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Dans <i>La Brinquebale avec Céline</i>, Henri Mahé reproduit une lettre de son ami qui mentionne la Kidoline comme un autre de ses remèdes. Nous en avons retrouvé la présentation du laboratoire Gallier : huile adréanilée contre le corsa du nourrisson et les accès de faux croup. </p><p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjM7Xy1K7ZUWYREPdRXB-N171qdch9WiftQbiocqlvS0JN3Kv6sHXfFopIDOS9-ZJZLtWeArgK_oJ7r3lb55EibNYrVQ0NZNEIF-vaNbZ8v3y5PB1_jrMFmyIEvpyBcOfTXZUMue5hN5wITaqtVpz8ghzYbY6ZsRUAQc6kXs2FEytfigtPOq5-13lpVaso5/s2226/Kidoline.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2226" data-original-width="1666" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjM7Xy1K7ZUWYREPdRXB-N171qdch9WiftQbiocqlvS0JN3Kv6sHXfFopIDOS9-ZJZLtWeArgK_oJ7r3lb55EibNYrVQ0NZNEIF-vaNbZ8v3y5PB1_jrMFmyIEvpyBcOfTXZUMue5hN5wITaqtVpz8ghzYbY6ZsRUAQc6kXs2FEytfigtPOq5-13lpVaso5/w478-h640/Kidoline.jpg" width="478" /></a></div><p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Henri Mahé évoquait encore "les gouttes Nlcan, contre Ia toux” comme une création du docteur Destouches. De son exil danois, en 1949, Céline confiait au peintre : «Ah tu fais bien de me parler de Ia Delbiase, Si je connais ! […] cette farce a rapporté des fortunes à Mr Delbe de l’académie de Médecine […] À ce propos, entre cent autres histoires du genre, je suis inventeur moi aussi de 2 produits moins charlatanesques. La Basedowlne Gallier. Mr Gallier pharmacien, Place du Président Mithouard, et Ies comprimés Nican, Laboratoires Cantin à Palaiseau. Propriétaire, Mme Vve Arnold. Mr Gallier me doit blen à peu près un million à l'heure actuelle et Mme Vve Arnold itou.".</p>
<p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Aux céliniens de fouiller dans les prospectus des foires aux vieux papiers.".</p><p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1mPpc5nH7qnsG-euZA3hVefuxwKFtTMgFVlQ2bwG9_dkLsRXMNiCo0msNiIDcFOuyCWz_WikiaqWSBbhw3UXc4Wczc0Fnk-yC5esniSeRLQ_TA9TLvTwpOg_EA3nDKkUGGbDFFDBmaeZfbT2VWqd5sRunb41LdGOihEVpSH_tGRZvr3jZ5efQ2N6WXeSw/s1134/Famille%20Marguerite,Marguerite,%20sa%20me%CC%80re%20qui%20n'a%20plus%20que%20de%20modestes%20revenus,%20%20Ce%CC%81line%20lui%20fera%20reverser%20jusqu'a%CC%80%20sa%20mort,%20en%201945,%20les%20royalties%20qu'il%20%20touchait%20pour%20l'invention%20de%20la%20Basedowine%20.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1077" data-original-width="1134" height="608" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1mPpc5nH7qnsG-euZA3hVefuxwKFtTMgFVlQ2bwG9_dkLsRXMNiCo0msNiIDcFOuyCWz_WikiaqWSBbhw3UXc4Wczc0Fnk-yC5esniSeRLQ_TA9TLvTwpOg_EA3nDKkUGGbDFFDBmaeZfbT2VWqd5sRunb41LdGOihEVpSH_tGRZvr3jZ5efQ2N6WXeSw/w640-h608/Famille%20Marguerite,Marguerite,%20sa%20me%CC%80re%20qui%20n'a%20plus%20que%20de%20modestes%20revenus,%20%20Ce%CC%81line%20lui%20fera%20reverser%20jusqu'a%CC%80%20sa%20mort,%20en%201945,%20les%20royalties%20qu'il%20%20touchait%20pour%20l'invention%20de%20la%20Basedowine%20.jpg" width="640" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div>
<p style="background-color: white; color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-kerning: none;"><b>Autres sources :</b></span></p><p style="background-color: white; color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-kerning: none;"><b><br /></b></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmQ49pP-1iYLBV_1qyqOedkg_DQeSf63mcrh-YQYj6D0rtM33XdNkZva1sOO__0imJmnAvahyAWAGKGlxf7NN2kqs2yPxiaMFUB5KGI_KaqLq2VKcLHcTYd8weGYI2JWlCKFFyKu0Jp8gweKXc9em6fXazW5XU9k2zXPckCOXIDXSFVwT-JQkpWaTvRQEN/s1477/Me%CC%81decine%20Basedowine%20flacon%20et%20boi%CC%82te.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="1477" data-original-width="1134" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmQ49pP-1iYLBV_1qyqOedkg_DQeSf63mcrh-YQYj6D0rtM33XdNkZva1sOO__0imJmnAvahyAWAGKGlxf7NN2kqs2yPxiaMFUB5KGI_KaqLq2VKcLHcTYd8weGYI2JWlCKFFyKu0Jp8gweKXc9em6fXazW5XU9k2zXPckCOXIDXSFVwT-JQkpWaTvRQEN/w492-h640/Me%CC%81decine%20Basedowine%20flacon%20et%20boi%CC%82te.jpg" width="492" /></a></div><p style="color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="background-color: white; font-kerning: none;"><br /></span></p><p style="color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="background-color: white; font-kerning: none;">Moins connu est un autre travail du Dr Destouches-Céline : menant une carrière en « dents de scie » qui va de l'exercice médical privé aux dispensaires d'hygiène sociale, puis à la collaboration « alimentaire » aux industries pharmaceutiques, il met au point et présente au public une spécialité, la Basedowine, ainsi composée :</span></p>
<p style="color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="background-color: white; font-kerning: none;">poudre d'ovaires : 0,075</span></p>
<p style="color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="background-color: white; font-kerning: none;">extrait thyroïdien : 0,05</span></p>
<p style="color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="background-color: white; font-kerning: none;">monobromo isovalerylurie : 0,15</span></p>
<p style="color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="background-color: white; font-kerning: none;">extrait acéto-soluble d'hormone ovarienne : 0,01(pour un comprimé).</span></p>
<p style="color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="background-color: white; font-kerning: none;">Le produit est enregistré au Laboratoire National de contrôle des médicaments en 1933 sous le n° 343-4 et commercialisé par les Laboratoires R. Gallier, 1 bis, place du Président-Mithouard, Paris VIIe. Il restera en vente jusqu'en 1971.</span></p>
<p style="color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="background-color: white; font-kerning: none;">Selon son auteur, la Basedowine est efficace contre le Basedow fruste et léger, le nervosisme thyroïdo-ovarien, si fréquent dans la population féminine des villes et des campagnes, les règles douloureuses ou irrégulières, la ménopause naturelle ou artificielle. Un bel encart reproduit dans les <i>Cahiers Céline</i> traduit très fidèlement et très agréablement cette notion d'équilibre retrouvé.</span></p>
<p style="color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="background-color: white; font-kerning: none;">En 1925, Céline-Destouche avait publié chez Doin un ouvrage sur <i>La quinine en thérapeutique</i> qui fut traduit en espagnol, en italien et en portugais.</span></p>
<p style="color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="background-color: white; font-kerning: none;">De l'exercice classique de la profession à ses incursions dans la médecine sociale et à ses travaux cités ici, on devine que Céline, plus que médecin, se voulait chercheur. Deux communications de lui à l'Académie des Sciences sur Convoluta Roscoffensis (1920) et Galleria Mellonella (1921) ont été ainsi jugées par le Pr André Lwolff : « L'une et l'autre publications portent témoignage d'une certaine hâte et d'une naïveté non moins certaine dans la pensée et dans l'expression. L'ensemble correspond assez bien à cette image du chercheur que l'écrivain, sans ménagements, tracera dans le <i>Voyage</i> et qui, paradoxalement, est sa propre image... Nul ne regrettera qu'il ait sacrifié le métier de chercheur à celui d'écrivain. Sa contribution à la science eût difficilement pu égaler en valeur et en originalité son apport aux lettres, qui est considérable ». (<i>Figaro littéraire</i>, 7-13 avril 1969). </span></p>
<p style="color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="background-color: white; font-kerning: none;">J'ai eu le bonheur de rencontrer une dame très âgée, d'une mémoire et d'une intelligence remarquables, qui, femme du chirurgien-chef de l'hôpital de Saint-Denis, eut le privilège de rencontrer le Dr Destouche : elle garde de lui le souvenir d'un être courtois, doté d'une facilité d'élocution hors du commun et dégageant une « aura » extraordinaire.</span></p>
<p style="color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="background-color: white; font-kerning: none;">Peut-être n'était-il pas inutile de rappeler l'incursion que ce littérateur de choc fit dans le domaine pharmaceutique.</span></p>
<p style="color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="background-color: white; font-kerning: none;">Lucie COIGNERAI-DEVILLERS.</span></p>
<p style="background-color: white; color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-kerning: none;">Dans <i>Revue d’Histoire de la pharmacie</i></span></p>
<p style="background-color: white; color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 21px;"><span style="font-kerning: none;"></span><br /></p>
<p style="background-color: white; color: #0d0d0d; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-kerning: none;"><b>Louis-Ferdinand CÉLINE et la quinine par Colette Dehalle (2020)</b></span></p>
<p style="color: #060606; font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="background-color: white; font-kerning: none;">https://youtu.be/dcZe3BpA2m4?si=wjFauiiYzBD0uywm</span></p><div><span style="background-color: white; font-kerning: none;"><br /></span></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-65156546861078711472024-02-24T04:23:00.000-08:002024-02-24T04:23:15.598-08:00 Céline danse… Les entrechats de Céline… Dans La gazette de Drouot n° 8 du 23 février 2024<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b><span style="font-family: verdana; font-size: large;">Céline danse…</span></b></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"><span style="font-family: verdana;">Par Sylvain Alliod, rédacteur en chef</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 22px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKHlqY7UXOEi1ZbS4meuonh1CLsPYGoa_wsexykdb6OLXbRPOEYyo84wHj6kr4g7Cderbpm1a039e2mAAzsNgNU1v-hgaCKh0DNTmznPvftM43SG83jX52s6ywTEwxPj4C5lJZro7Ealp-ny2Z4WIj1uWRgAJSKtiXn_3n6Fu3_DRTTRhC1WVRhNq-Ej24/s2262/gazette%20de%20Drouot%20n%C2%B0%208%20du%2023%20fe%CC%81vrier%202024%20Entrechats%2002_Page_1.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2262" data-original-width="1812" height="261" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKHlqY7UXOEi1ZbS4meuonh1CLsPYGoa_wsexykdb6OLXbRPOEYyo84wHj6kr4g7Cderbpm1a039e2mAAzsNgNU1v-hgaCKh0DNTmznPvftM43SG83jX52s6ywTEwxPj4C5lJZro7Ealp-ny2Z4WIj1uWRgAJSKtiXn_3n6Fu3_DRTTRhC1WVRhNq-Ej24/w208-h261/gazette%20de%20Drouot%20n%C2%B0%208%20du%2023%20fe%CC%81vrier%202024%20Entrechats%2002_Page_1.jpg" width="208" /></a>Les ventes aux enchères sont souvent l’occasion de rencontres fortuites. Ainsi de Louis Ferdinand Destouches, plus connu sous le nom de Céline, géant de la littérature du XXe siècle mais personnalité hautement controversée en raison de ses positions politiques et de son antisémitisme notoire. Qui savait, en dehors du cercle des célinophiles convaincus, que l’impitoyable auteur du <i>Voyage au bout de la nuit</i> avait écrit des arguments de ballets, hélas publiés la première fois dans le très polémique <i>Bagatelles pour un massacre</i> ?</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Les adjudications nous l’apprennent, à travers les diverses éditions adjugées bien sûr, mais aussi des illustrations d’Éliane Bonabel pour <i>La Naissance d’une fée</i>…</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKHlqY7UXOEi1ZbS4meuonh1CLsPYGoa_wsexykdb6OLXbRPOEYyo84wHj6kr4g7Cderbpm1a039e2mAAzsNgNU1v-hgaCKh0DNTmznPvftM43SG83jX52s6ywTEwxPj4C5lJZro7Ealp-ny2Z4WIj1uWRgAJSKtiXn_3n6Fu3_DRTTRhC1WVRhNq-Ej24/s2262/gazette%20de%20Drouot%20n%C2%B0%208%20du%2023%20fe%CC%81vrier%202024%20Entrechats%2002_Page_1.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIQ7jBwVG7PxSG7YTptqdRGi4awVniIFe7ZaO88POcYM2p8U66u7i8aJBxKNDPQRIdNTpqcG0NT-_D_DP_j7Ee_gaVchOf3LDHrGw7TdzfDcmfZr1KSeo1rBl7xZkzYAc5MXGE7i-QhKT5jSFG3xM7hcUcTGHihIygckrw4-FOYT68Hhp73v3LO-1FnUUS/s2262/gazette%20de%20Drouot%20n%C2%B0%208%20du%2023%20fe%CC%81vrier%202024%20Entrechats%2002_Page_2.jpg" imageanchor="1" style="font-family: verdana; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2262" data-original-width="1812" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIQ7jBwVG7PxSG7YTptqdRGi4awVniIFe7ZaO88POcYM2p8U66u7i8aJBxKNDPQRIdNTpqcG0NT-_D_DP_j7Ee_gaVchOf3LDHrGw7TdzfDcmfZr1KSeo1rBl7xZkzYAc5MXGE7i-QhKT5jSFG3xM7hcUcTGHihIygckrw4-FOYT68Hhp73v3LO-1FnUUS/w320-h400/gazette%20de%20Drouot%20n%C2%B0%208%20du%2023%20fe%CC%81vrier%202024%20Entrechats%2002_Page_2.jpg" width="320" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYx2d7rnsSBMQ0a53RXH9wH69dGX6jbatBx_IYSImqeLvvKvzzmPdiqtULQVhyfTJ8POvpDQtqYjENhzxESSQd6N210oMZc-xRI7HceQMddYtxkcQtzH8wDpJXn1_LvTklTRN9pdvNFxi1lfwEYhDjIHgbw_dw0QVCUGuVd0ek2i7mVH3eyPU6zCJXvDF-/s2262/gazette%20de%20Drouot%20n%C2%B0%208%20du%2023%20fe%CC%81vrier%202024%20Entrechats%2002_Page_3.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; display: inline !important; font-family: verdana; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2262" data-original-width="1812" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYx2d7rnsSBMQ0a53RXH9wH69dGX6jbatBx_IYSImqeLvvKvzzmPdiqtULQVhyfTJ8POvpDQtqYjENhzxESSQd6N210oMZc-xRI7HceQMddYtxkcQtzH8wDpJXn1_LvTklTRN9pdvNFxi1lfwEYhDjIHgbw_dw0QVCUGuVd0ek2i7mVH3eyPU6zCJXvDF-/w256-h320/gazette%20de%20Drouot%20n%C2%B0%208%20du%2023%20fe%CC%81vrier%202024%20Entrechats%2002_Page_3.jpg" width="256" /></a></div><span style="font-family: verdana;"><br />26 . . . . . BIBLIOPHILIE</span><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Des illustrations d’Éliane Bonabel sont l’occasion de rappeler que Céline a aussi composé des arguments de ballets</span></p><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana; font-size: large;"><b>Les entrechats de Céline </b></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Par Bertrand Galimard Flavigny</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">À l’exception des célinophiles, peu de lecteurs savent que l’auteur du <i>Voyage au bout de la nuit </i>a aussi composé des arguments de ballets. Destinées à l’un d’eux, treize illustrations d’Éliane Bonabel viennent le rappeler, mais sans musique.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-ARZK77vNWIyDUmjmb2whj_ULashSBExkva7BXJsEOY2FPVke65jET23Xx9aOA_WCZcYeLXdGPbE0QRnDZhVq9ozb4HoxiSg-LySqdU2sajMbACmBj9zEkfoArKRn5Gr7mG33Cwn0-rSRIGx63Ny7qQ_F_PYlp4ZkqltIGd5vU14NKxktMUCqJkYgWRsY/s2262/gazette%20de%20Drouot%20n%C2%B0%208%20du%2023%20fe%CC%81vrier%202024%20Entrechats%2002_Page_4.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2262" data-original-width="1812" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-ARZK77vNWIyDUmjmb2whj_ULashSBExkva7BXJsEOY2FPVke65jET23Xx9aOA_WCZcYeLXdGPbE0QRnDZhVq9ozb4HoxiSg-LySqdU2sajMbACmBj9zEkfoArKRn5Gr7mG33Cwn0-rSRIGx63Ny7qQ_F_PYlp4ZkqltIGd5vU14NKxktMUCqJkYgWRsY/w320-h400/gazette%20de%20Drouot%20n%C2%B0%208%20du%2023%20fe%CC%81vrier%202024%20Entrechats%2002_Page_4.jpg" width="320" /></a></div><br /><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Une image incongrue vient à l’esprit en songeant à Louis-Ferdinand Céline baguenaudant dans un paysage féerique. « Quand [il] rencontre les dieux et revisite la mythologie, quand il met en scène son imaginaire, on assiste à un spectacle total où l’amour, la jalousie, les sons et les lumières se mêlent en une sarabande extravagante d’invention et de drôlerie », explique le critique belge Marc Laudelout. Céline n’est, en effet, jamais loin de la scène. À propos du dieu Mars, il écrivait : « En musique formidable, il rémoule, rémoule... Je vous roule tous dans la farine ! Voilà son invective finale. » Et pourtant, dans <i>Bagatelles pour un massacre</i> – dont un exemplaire broché de l’édition originale (Denoël, 1937, in-8°), l’un des 33 sur hollande Van Gelder, a été adjugé 2750 €, à Drouot, le 16 novembre 2023 par Ader –, on découvre trois arguments de ballets : <i>La Naissance d’une fée</i>, le plus connu, puis <i>Voyou Paul. Brave Virginie</i> et <i>Van Bagaden</i>, qui clôturent ce pamphlet antisémite. Ces trois textes ont été republiés par Gallimard en 1959 dans <i>Ballets sans musique, sans personne, sans rien</i>, qui évitait la réédition de <i>Bagatelles</i>… Un exemplaire de l’édition originale de ces pièces, ornée de treize illustrations d’Éliane Bonabel – dont une en couverture (reprise sur le titre) et douze hors texte –, celui-là de presse, sur vélin blanc enrichi d’un ex-dono autographe de Céline sur la garde (« Meudon à Duverger L. Ferdinand»), a été vendu 1 200 €, à Drouot, il y a dix ans par Magnin Wedry.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Le photographe Pierre Duverger avait laissé plusieurs portraits de l’écrivain et des souvenirs. On y a joint une lettre qui lui est adressée, signée «Destouches» (de la main de Lucie Almansor, l’épouse de Céline) : «Toutes ces photos sont admirables. Je ne veux m’en dessaisir avant d’avoir qq copies !»</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Selon l’expert Christian Galantaris, l’adresse sur l’enveloppe semble avoir été écrite par Louis-Ferdinand lui-même. Les rééditions ajouteront d’autres textes à ce corpus, à savoir <i>Secrets dans l’île </i>et <i>Progrès</i> (Paris, de France, 1978). Quelques exemplaires de cette seconde pièce de Céline ont été imprimés sur vélin Phénix de Ruysscher. </span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgl2QGUgVEu_QuG2YoykvWxUmnfesoRVBHNDMv5Uta8xkbJHSNK69BuGrR0po58KKYGdemyTpZlK8KpBWuJix74vgTYAN0aFs8omG7lsPQzStaKeLwSkZyaElEC6z2dCOSAFi0J2RW_OMWOOiivje-ZdHfGb_oS53Nv8i5zGlz_E9RlKeDcWMvDnljtqOvT/s2262/gazette%20de%20Drouot%20n%C2%B0%208%20du%2023%20fe%CC%81vrier%202024%20Entrechats%2002_Page_5.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2262" data-original-width="1812" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgl2QGUgVEu_QuG2YoykvWxUmnfesoRVBHNDMv5Uta8xkbJHSNK69BuGrR0po58KKYGdemyTpZlK8KpBWuJix74vgTYAN0aFs8omG7lsPQzStaKeLwSkZyaElEC6z2dCOSAFi0J2RW_OMWOOiivje-ZdHfGb_oS53Nv8i5zGlz_E9RlKeDcWMvDnljtqOvT/w512-h640/gazette%20de%20Drouot%20n%C2%B0%208%20du%2023%20fe%CC%81vrier%202024%20Entrechats%2002_Page_5.jpg" width="512" /></a></div><br /><span style="font-family: verdana;"><br /></span><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 22px;"><b><span style="font-family: verdana;">Des ballets restés à l’état d’arguments</span></b></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 22px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Les célinomaniaques étaient ravis ! Le 25 janvier dernier, 40 planches in-folio présentant des projets de costumes par Éliane Bonabel – datés de 1936 –, pour les personnages principaux du ballet en huit tableaux <i>La Naissance d’une fée</i>, ornaient le catalogue de ventes de livres de l’opérateur Tessier & Sarrou et Associés, assisté par Éric Fosse, lui-même l'étant par Alix de Heaulme. Cet ensemble présenté en vrac a été adjugé pour 4864 €.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Éliane Bonabel, nièce et fille adoptive de Charles Bonabel, ami intime du Dr Destouches, avait rencontré celui-ci lorsqu’il soignait sa mère. C’est ainsi que le médecin-écrivain lui demanda d’illustrer ses ballets. Elle donna aussi vingt dessins pour le <i>Voyage au bout de la nuit</i> (éditions de la Pince à linge, 1998), dont un exemplaire a été vendu 150 € le 1er juillet 2021 par la maison Alde. Cette dessinatrice est aujourd’hui davantage connue comme décoratrice-étalagiste et, grâce à ses mannequins miniatures, comme ambassadrice de la mode française. Céline avait refusé un premier projet d’illustrations par Roger Wild, qui ne l’avait pas satisfait.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitcIFxSPEFrl3IZXFhYJxkQEUPQLKt3e0m0-cN4RBg1gio5VYuBSndAvLW1OO5eYNXPXxoksOc20gL09hUyDLCUckt3ec9Txyw9fyh9ET81JIHb4Lcn1LiWdr1R92JvIWX4XR_5m3nNjtOBz949yF7_V7VIEcp7_X_mtmTE4Yug60SsA2Ch0fIJj3-H584/s1417/%20Illustration%20de%20livres%20Roger%20Wild%20pour%20Voyage%20Anne%CC%81e%20Ce%CC%81line%202015.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1058" data-original-width="1417" height="297" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitcIFxSPEFrl3IZXFhYJxkQEUPQLKt3e0m0-cN4RBg1gio5VYuBSndAvLW1OO5eYNXPXxoksOc20gL09hUyDLCUckt3ec9Txyw9fyh9ET81JIHb4Lcn1LiWdr1R92JvIWX4XR_5m3nNjtOBz949yF7_V7VIEcp7_X_mtmTE4Yug60SsA2Ch0fIJj3-H584/w400-h297/%20Illustration%20de%20livres%20Roger%20Wild%20pour%20Voyage%20Anne%CC%81e%20Ce%CC%81line%202015.jpg" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;">Projet d'llustration de Roger Wild pour <i>Voyage au bout de la nuit</i></span></td></tr></tbody></table><b></b></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b><b><span style="font-family: verdana;"><br /></span></b></b></p><b><span style="font-family: verdana;"><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBpr4GJrnCwPKaD-HtCI_sNU-Ihcef780V0zQVZ0nOHrC7I_XS59S1mwtXoF94VnwxdCUO1-wptxOPn6Nz1l8E6CGlQjjtOnp60rqMcixUG6Nn8FLBKWYvr-LjQncM4s2xJj_E2ofRtpSh7NDhO0Qt9c2SyPxC2fKqloxB-wynv8wr3oXbouJvOr8KzQiK/s3492/Bonabel%20Couv.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3492" data-original-width="2496" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBpr4GJrnCwPKaD-HtCI_sNU-Ihcef780V0zQVZ0nOHrC7I_XS59S1mwtXoF94VnwxdCUO1-wptxOPn6Nz1l8E6CGlQjjtOnp60rqMcixUG6Nn8FLBKWYvr-LjQncM4s2xJj_E2ofRtpSh7NDhO0Qt9c2SyPxC2fKqloxB-wynv8wr3oXbouJvOr8KzQiK/w286-h400/Bonabel%20Couv.jpg" width="286" /></a></b></div><b><span style="font-family: verdana;"><br /></span></b><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b><span style="font-family: verdana;"><br /></span></b></p>À son grand regret, aucun des ballets écrits par Céline ne fut porté à la scène</span></b><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 22px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Deux autres arguments de ballets ont été publiés isolément : <i>Foudres et flèches. Ballet mythologique </i>(Paris, Charles de Jonquières éditeur, s. d. [1948], in-12), orné de dix bandeaux et dix culs-de-lampe dans le texte. Il en a été tiré 1 021 exemplaires ; l’un des 925 sur vélin d’Artois des Papeteries de Ruysscher, relié par M. F. Jordan en maroquin beige, au décor mosaïqué de chagrin de différentes couleurs sous étui, a été cédé pour 240 €, à Drouot le 10 mai 2023, par Ferri & Associés.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Cet ouvrage est le premier à avoir été publié après le retour de Céline du Danemark. Il a été suivi par <i>Scandale aux abysses</i>. Argument de dessin animé (Paris, Chambriand, 1950, in-8°), illustré de compositions de Pierre-Marie Renet, dont quatre hors texte en couleurs. Un des 320 exemplaires de tête sur vélin chiffon d’Annonay, broché, en partie non coupé, a été adjugé 234 € à Drouot, le 5 octobre 2023, par la maison Daguerre, assistée par Ludovic Miran du cabinet Leprince. </span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Céline, créateur de ballets ? Il en était fier. « Autant mes livres, mon dieu, je les trouve pas mal, mais les ballets, je les trouve très bien », déclarait-il sur un ton gouailleur, dans un entretien accordé à Georges Conchon en 1958. Mais, à son grand désappointement, aucun d’entre eux ne fut, malgré de nombreuses tentatives, exploité sur scène. Dans <i>Le Bulletin célinien</i>, Marc Laudelout a révélé que «l’écrivain avait prié une danseuse russe de proposer <i>Voyou Paul. Brave Virginie</i> au théâtre royal de la Monnaie, à Bruxelles. En vain, une fois encore…</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2KzWrH3ZUIvJixbP2tgw_uUi3nE7sBCjoTaGuWy4ZKjH9KrOne90GJqAlCcgAR99KxSMr3OsgZwmy_gafu2MVlOFMSB-6T-hFnhyphenhyphenVTYhX8DaiFK7PudxYJXL91To1gKfbPRY8YztC94YXKT_Vy8B9FlklMz53jERaTDjBo979jyu03uUFBIDAMSqkQyYi/s1000/Citation%20Lili%20contre%20tous%20je%20vois%20mal%20lucette%20danseuse.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="934" data-original-width="1000" height="516" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2KzWrH3ZUIvJixbP2tgw_uUi3nE7sBCjoTaGuWy4ZKjH9KrOne90GJqAlCcgAR99KxSMr3OsgZwmy_gafu2MVlOFMSB-6T-hFnhyphenhyphenVTYhX8DaiFK7PudxYJXL91To1gKfbPRY8YztC94YXKT_Vy8B9FlklMz53jERaTDjBo979jyu03uUFBIDAMSqkQyYi/w555-h516/Citation%20Lili%20contre%20tous%20je%20vois%20mal%20lucette%20danseuse.jpg" width="555" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;">Lucette Almanzor (à Ła barre au centre), <br />élève de Blanche d'Alessandri.</span></td></tr></tbody></table><b></b></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b><b><span style="font-family: verdana;"><br /></span></b></b></p><b><span style="font-family: verdana;">On n’imagine pas que le père de Mort à crédit puisse danser autrement qu’avec des mots.</span></b><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 22px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">L’origine de cette nouvelle inspiration trouve sans doute sa source dans sa liaison avec la danseuse Lucie Almansor, dite Lucette, sa future femme. <i>La Naissance d’une fée</i>, écrit entre 1935 et 1937, mêle le divin et le fantastique, déjà présents dans <i>La Volonté du roi Krogold</i>, insérée dans <i>Mort à crédit</i> quelques mois auparavant. Un exemplaire de l’édition originale (Paris, Denoël et Steele, [1936], in-8°), broché sous chemise et étui cartonnés modernes, a été vendu 812 €, le 16 novembre 2023, par Ader. </span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Toujours est-il que les célinophiles retrouvent dans cette «féerie» deux des obsessions de leur écrivain fétiche : le voyeurisme et la danse.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 22px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">LA GAZETTE DROUOT N° 8 DU 23 FÉVRIER 2024</span></p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-20953172701001869932024-01-23T02:55:00.000-08:002024-01-23T02:55:00.430-08:00Céline, le maudit devant Paris sa ville interdite (France Dimanche 504 semaine du 19 au 25 avril 1956)<p><span style="font-family: georgia; font-size: large;"><b>Céline, le maudit, devant Paris sa ville interdite </b></span></p><p><span style="font-family: courier; font-size: x-small;">Article paru dans <i>France Dimanche</i> 504, semaine du 19 au 25 avril 1956</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimQV4ATTSs2S0StZikuzmksBPB66PUi9T1zGPRaO6RQrjyEpTRu-lMXXPrz3UOCEGmD8mMvASdNfqJugk2umgq5bJJXru9Uq1zPUWZz3hLid_vUp4uKlFXbQ-HX90b_gIn6YEw9oCi1DQzmonT4RcZgDnA-9sXkee4SNGfRrGECeUG1jZq9gatYgdGMWkz/s1701/France%20Dimanche%20504%20semaine%20du%2019%20au%2025%20avril%201956%20ce%CC%81line%20le%20maudit%20devant%20Paris%20sa%20ville%20interdite%20Une.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1701" data-original-width="1219" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimQV4ATTSs2S0StZikuzmksBPB66PUi9T1zGPRaO6RQrjyEpTRu-lMXXPrz3UOCEGmD8mMvASdNfqJugk2umgq5bJJXru9Uq1zPUWZz3hLid_vUp4uKlFXbQ-HX90b_gIn6YEw9oCi1DQzmonT4RcZgDnA-9sXkee4SNGfRrGECeUG1jZq9gatYgdGMWkz/w285-h400/France%20Dimanche%20504%20semaine%20du%2019%20au%2025%20avril%201956%20ce%CC%81line%20le%20maudit%20devant%20Paris%20sa%20ville%20interdite%20Une.jpg" width="285" /></a></div><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">— je suis pour l’ordre, moi, monsieur. On me dit « Ben Youssef roi de France » ? Parfait. Je crie « Vive Ben Youssef ! » Le lendemain, ce n’est plus Ben Youssef, c’est Bourguiba ? Encore mieux : « Vive Bourguiba ! » Une semaine plus tard, c’est Béhanzin ? Allons-y ! Vive Béhanzin !</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9T-KFHwpUuTyZdO5PHYg0OA_zMY9AWfX5yWpGWpjkW9Jj9A0UoI3yBx8ujf1bjBCPx3bWUOFIpH-jC7-xWh6C1yBk9ASjURIFSyV8kc7boMawXIlqdp4hwgnzeQz0g0-MDuitlpbDAsebTk0KxXTjNPOVQuDFv9MAlujZYwKBJDoOWC_cKd9xSHZJBVPa/s1559/France%20Dimanche%20504%20semaine%20du%2019%20au%2025%20avril%201956%20ce%CC%81line%20le%20maudit%20devant%20Paris%20sa%20ville%20interdite%20Une,%20gros%20plan.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1297" data-original-width="1559" height="331" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9T-KFHwpUuTyZdO5PHYg0OA_zMY9AWfX5yWpGWpjkW9Jj9A0UoI3yBx8ujf1bjBCPx3bWUOFIpH-jC7-xWh6C1yBk9ASjURIFSyV8kc7boMawXIlqdp4hwgnzeQz0g0-MDuitlpbDAsebTk0KxXTjNPOVQuDFv9MAlujZYwKBJDoOWC_cKd9xSHZJBVPa/w400-h331/France%20Dimanche%20504%20semaine%20du%2019%20au%2025%20avril%201956%20ce%CC%81line%20le%20maudit%20devant%20Paris%20sa%20ville%20interdite%20Une,%20gros%20plan.jpg" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td></tr></tbody></table><span style="font-family: verdana;">Sa voix, brusquement, s’est cassée.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">— Les Français ? Ils ne veulent plus travailler. Ils bouffent, ils boivent, ils boivent, ils bouffent. Moi, je mange du pain noir, des nouilles, je bois de l’eau et je travaille. Ce que je veux ? Écrire mes livres et qu’on me f… enfin la paix. Ce que je cherche dans mes livres ? Une petite musique française, du Couperin ou du Rameau.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 14px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">— On m’a tout pris, monsieur… one’a mis à zéro. </span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Et il fredonne l’air d’une goualante dont il a écrit paroles et musique. Le second couplet dit : « Mais la question qui me tracasse - Est-ce que tu seras plus dégueulasse - Mort que vivant ?… »</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNxC86Zv7377rfxpxsNvGlLX7O8ze5STzsXWmPTVG2EF_spxid9po8EdKrS6rcmKHpJG4ZWILRxjYpuebWPXV40-eppzl64H5xm0fkANcdnAjcll84IRj8b9SS6IqghjnM8YNncnNSO58fx1SCxeS61dUKpYiSnQdeiWKthrshU8EV0xvxW5OTi4WFh2U0/s1744/France%20Dimanche%20504%20semaine%20du%2019%20au%2025%20avril%201956%20ce%CC%81line%20le%20maudit%20devant%20Paris%20sa%20ville%20interdite%20page%20interne%20entie%CC%80re.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1744" data-original-width="1276" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNxC86Zv7377rfxpxsNvGlLX7O8ze5STzsXWmPTVG2EF_spxid9po8EdKrS6rcmKHpJG4ZWILRxjYpuebWPXV40-eppzl64H5xm0fkANcdnAjcll84IRj8b9SS6IqghjnM8YNncnNSO58fx1SCxeS61dUKpYiSnQdeiWKthrshU8EV0xvxW5OTi4WFh2U0/w467-h640/France%20Dimanche%20504%20semaine%20du%2019%20au%2025%20avril%201956%20ce%CC%81line%20le%20maudit%20devant%20Paris%20sa%20ville%20interdite%20page%20interne%20entie%CC%80re.jpg" width="467" /></a></div><span style="font-family: verdana;"><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>Il est né à Courbevoie, Seine.</span><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">— je suis un indigène, dit-il, un “fellegh” de la banlieue. </span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">— Mon père, il, était comme ça, dit Céline, Il fait toujours placé les tourments moraux bien au-dessus des tourments physiques… Bien plus respectables !… Essentiels ! C’était comme ça chez les Romains et c’est comme ça qu’il comprenait, lui, toutes les épreuves de l’existence… D’accord avec sa conscience… Envers et quand même ! Au sein des pires calamités… Pas de compromis ! Pas de faux-fuyants ! C’était sa loi ! La raison d’être ! Conscience pour moi ! Ma conscience ! Il le hurlait sur tous les tons… quand je mettais les doigts dans mon nez… si je renversais la salière. Il ouvrait la fenêtre exprès pour que tout le passage se régale… </span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 14px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Céline a parlé longuement, il porte soudain ses deux mains à sa tête : « J’ai mal, dit-il. Je ne dors plus. J’ai de la peine à travailler quand ma tête me fait souffrir. Pour faire quelque chose, il ne faut penser qu’à cela. L’homme, comme force, ce n’est jamais qu’un seizième de cheval-vapeur. Moi, avec mon âge et ma trépanation, je n’en suis guère qu’un trente-deuxième… »</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwgo0gprvtWoJTbieZgxibK_poje4ewrrrzRLRD9YjoTR4xHfpZzlGn3skS1Bx3EOV8c_aBkvbs_TrU_AcWdwE8S7eHlHDNWMnBemNFrrJxFF2i0v_4VbuGcBeXcgemr2DzSm6-MWqspJCg_aazPPOL82rAdL3nC5K436I4bWqMLO9JbLtynW1LfmKBKhm/s1899/France%20Dimanche%20504%20semaine%20du%2019%20au%2025%20avril%201956%20ce%CC%81line%20le%20maudit%20devant%20Paris%20sa%20ville%20interdite%20page%20interne%2001.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1143" data-original-width="1899" height="384" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwgo0gprvtWoJTbieZgxibK_poje4ewrrrzRLRD9YjoTR4xHfpZzlGn3skS1Bx3EOV8c_aBkvbs_TrU_AcWdwE8S7eHlHDNWMnBemNFrrJxFF2i0v_4VbuGcBeXcgemr2DzSm6-MWqspJCg_aazPPOL82rAdL3nC5K436I4bWqMLO9JbLtynW1LfmKBKhm/w640-h384/France%20Dimanche%20504%20semaine%20du%2019%20au%2025%20avril%201956%20ce%CC%81line%20le%20maudit%20devant%20Paris%20sa%20ville%20interdite%20page%20interne%2001.jpg" width="640" /></a></td></tr></tbody></table></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: center;"><span style="font-family: courier;">(Céline montre Paris au loin depuis sa terrasse de Meudon)</span></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"><span style="font-family: courier;">C’est ça, Paris, cette ville terrible et merveilleuse, inhumaine, lourde et légère. Je vais crever. Quand je mourrai, savez-vous quel sera mon mot de fin ? «Ah ! Les hommes, comme ils étaient lourds !…»</span></p></td></tr></tbody></table><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div style="text-align: center;"><br /></div><span style="font-family: verdana;"><div style="text-align: left;">En 1917, quand il est à peu près guéri, ce n’est pas encore à la littérature qu’il pense. Il part au Cameroun. Dans le <i>Voyage au bout de la nuit</i>, il a raconté son voyage et décrit son bateau.</div></span><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"><span style="font-family: verdana;">« Il était si vieux ce bateau qu’on lui avait enlevé jusqu’à sa plaque en cuivre, sur le pont supérieur, où se trouvait autrefois inscrite l’année de sa naissance ; elle remontait si loin sa naissance qu’elle aurait incité les passagers à la crainte et aussi à la rigolade… […] Il ne devait tenir sur ces eaux tièdes que grâce à sa peinture. Tant de couches accumulées par pelures avaient fini par lui constituer une sorte de seconde coque à l’<i>Amiral Bragueton </i>à la manière d’un oignon. »</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 14px; text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"><span style="font-family: verdana;">— On m’a mis en prison pour avoir livré la ligne Maginot, la rade de Toulon, l’armée en campagne, dit Céline aujourd’hui…</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlUQGzd5vjTejSiTsz-3lC3QtZfCKwJXHw7yCQaSwrnV-txUsIOTe5XmZqL7P689ZOgzCLIl0pHmXlIsc49UnYXnNiS0wpr0VcpxAZfIm_X3Shi6LfO0saKZmc7Zy10oM9WYOo1uCEIpLWCiPwDloajy4pjkqB7nweQNSWKyjlrH0fOwWI1gvt9hyphenhyphenAn41O/s1616/Voila%CC%80%20ce%20qu'est%20devenu%20le%20premier%20e%CC%81crivain%20franc%CC%A7ais%20d'avant-guerre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1346" data-original-width="1616" height="534" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlUQGzd5vjTejSiTsz-3lC3QtZfCKwJXHw7yCQaSwrnV-txUsIOTe5XmZqL7P689ZOgzCLIl0pHmXlIsc49UnYXnNiS0wpr0VcpxAZfIm_X3Shi6LfO0saKZmc7Zy10oM9WYOo1uCEIpLWCiPwDloajy4pjkqB7nweQNSWKyjlrH0fOwWI1gvt9hyphenhyphenAn41O/w640-h534/Voila%CC%80%20ce%20qu'est%20devenu%20le%20premier%20e%CC%81crivain%20franc%CC%A7ais%20d'avant-guerre.jpg" width="640" /></a></td></tr></tbody></table></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody><tr><td class="tr-caption"><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: courier;">« On me dit : “ Vous n’avez rien publié depuis 1932 ! ” </span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: courier;">Et <i>Mort à crédit</i>, et <i>Casse-pipe</i>, alors ? Et <i>Féerie pour une autre fois</i>, et <i>Normance</i> ? » </span></p></td></tr></tbody></table><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"></p><div style="text-align: center;"><br /></div><span style="font-family: verdana;"><div style="text-align: left;">— Mon vœu le plus cher, dit Céline, ce serait d’entrer à la maison de retraite de Nanterre et, chaque jour, de partir en autobus pour aller visiter le Musée de la Marine…</div></span><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 14px; text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"><span style="font-family: verdana;">Il est vieux. Il est fatigué.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"><span style="font-family: verdana;">— J’ai le monde entier contre moi. On m’étouffe. On m’a tout volé…</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 14px; text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"><span style="font-family: verdana;">— À 62 ans, dit Céline, je n’ai pas le droit à la retraite. La littérature actuelle, qu’est-ce que c’est ? De la rémoulade. Ce que je cherche c’est l’émotion, encore, toujours, la petite musique française. </span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"><span style="font-family: verdana;">Il s’est levé : « Mon dernier bout de chance, voyez-vous, c’est de les raconter, mes rêveries, mes balivernes, et que l’on me paye assez, juste assez pour survivre, pour payer mon eau et mon gaz, à tous les deux, moi et ma femme… »</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"><span style="font-family: courier;"><b>Gérard Jarlot</b></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"><span style="font-family: courier;"><b>Photos de Bernard Andrieux</b></span></p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-36194950159273431372024-01-19T23:07:00.000-08:002024-01-23T05:21:44.490-08:00 dans Plume Magazine, n°65 du juillet-août-septembre 2013<p><span style="font-size: large;"><b style="font-family: georgia;"><span style="background-color: #f2f2f2; text-align: justify;">Nord, l</span></b><span style="font-family: georgia;"><b><span style="background-color: #f2f2f2; text-align: justify;">e « <i>plus beau livre de Céline depuis</i> Voyage au bout de la nuit » </span></b></span></span><b style="font-family: georgia;"><span style="font-size: large;"><span style="background-color: #f2f2f2; text-align: justify;">selon </span><span style="background-color: #f2f2f2; text-align: justify;">Roger Nimier </span><span style="background-color: #f2f2f2; text-align: justify;">est aussi l'ultime roman publié du vivant de Céline.</span></span></b></p>
<p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 10.8px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 12px;"><span style="font-kerning: none;"></span><br /></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9LapxoBFDkyHZGt_R4A7WO89rUBrGxe5aJMzUaOUAKIqsap3DRADBH4s_7XsCBNvZlPzgUK1bAKPrvoqe0WOaSJhvqf-jijptyiyAnH2Wls8zsw2KVO6it_Cjc8sopSrWKjZaIOTnWqlKvhyphenhyphenXO16TXz8xPNSD_Uj7Kz5kNH-n0cSofQZKf1nL-cGd5dDX/s430/Dos+et+premier+plat+de+la+reliure+du+manuscrit+relie%CC%81+de+NORD+-+Coll.+prive%CC%81e.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="430" data-original-width="415" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9LapxoBFDkyHZGt_R4A7WO89rUBrGxe5aJMzUaOUAKIqsap3DRADBH4s_7XsCBNvZlPzgUK1bAKPrvoqe0WOaSJhvqf-jijptyiyAnH2Wls8zsw2KVO6it_Cjc8sopSrWKjZaIOTnWqlKvhyphenhyphenXO16TXz8xPNSD_Uj7Kz5kNH-n0cSofQZKf1nL-cGd5dDX/w386-h400/Dos+et+premier+plat+de+la+reliure+du+manuscrit+relie%CC%81+de+NORD+-+Coll.+prive%CC%81e.jpg" width="386" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><table cellpadding="0" cellspacing="0" style="background-color: white; border-color: rgb(234, 234, 234); border-style: solid; border-width: 1.1px; margin: 0px 13.2px 6.6px 0px; padding: 5px;"><tbody><tr><td style="width: 616px;" valign="middle"><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: center;"><span style="background-color: #f2f2f2; font-family: courier; font-kerning: none; font-size: x-small;">Dos et premier plat de la reliure du manuscrit de <i>Nord</i>, avec la signature "Docteur Destouches"</span></p><div><span style="background-color: #f2f2f2; font-kerning: none;"><br /></span></div></td></tr></tbody></table></td></tr></tbody></table>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="background-color: #f2f2f2; font-kerning: none;"><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;">Cinquante-trois ans après sa sortie en librairie, redécouvrons la petite et grande histoire du manuscrit de <i>Nord</i>, qui fut, d'après Roger Nimier, le «<i>plus beau livre de Céline depuis</i> Voyage au bout de la nuit». Ultime roman publié du vivant de Céline, ce texte unique en son genre a fait date parmi les bibliophiles et les amateurs de documents autographes.</span></b></span></p>
<p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 13px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;"></span><br /></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="background-color: #f2f2f2; font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">On a tout dit au sujet de Céline. On s'est bien évidemment indigné - le mot est à la mode - de ses coups de gueule mémorable, de ses invectives légendaires, de sa misanthropie, de sa paranoïa et de sa méfiance maladive envers son prochain. On a dénoncé haut et fort tout ce que lui-même ne prenait pas la peine de cacher. Louis-Ferdinand Céline était un cas à part parmi les écrivains. Polémiste à ses heures, ce franc-tireur n'avait ni langue ni plume dans sa poche lorsqu'il fallait déboulonner quelques idées reçues. Sa verve pamphlétaire, son lyrisme au vitriol et inappétence manifeste au politiquement correct n'ont pas facilité, loin de là, son éventuel retour en grâce...</span></span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">Certains, comme Léon Trotsky, se félicitèrent d'abord de son indifférence à l'académisme ; d'autres, comme Paul Nizan, virent dans <i>Voyage au bout de la nuit</i> un pied de nez plutôt réussi « <i style="font-style: normal;">aux romans des petits chiens savants</i> », mais beaucoup comme Marcel Jouhandeau, André Malraux ou Roger Ikor (pour ne citer qu'eux) ne savaient comment traiter cet objet littéraire non identifié... Antisémitisme, Céline l'était assurément, mais il était aussi anticapitaliste, antimilitariste, anticlérical, antibourgeois, anticommuniste, anticolonialiste, anticonformiste, antisocial, antiparlementaire, en un mot, anti-tout ce que l'on voudra... Récidiviste en son âme et conscience, Céline n'était pas non plus un homme à se taire ou à se laisser bâillonner par le premier venu. Du coup, on a eu un peu trop tendance à reléguer le phénomène célinien à un négativisme absolu et à oublier que son oeuvre ne serait pas ce qu'elle est, sans l'incroyable vitalité de ses phrases, sans ce souffle qui réanime une langue jusqu'alors un peu moribonde. Car Céline, on ne le dira jamais assez, était – comme Rabelais le fut aussi en son temps – autant médecin qu'écrivain. Il avait l'oeil d'un clinicien. Rien ne l'arrêtait dans ses voyages au bout de l'enfer et rien, bien évidemment, n'était passé sous silence dans ses autopsies sans ordonnance. De la première à la dernière page, Céline décortiquait, analysait, auscultait la condition humaine sous tous ses angles. Quitte à forcer le trait, quitte à jouer les Cassandre, quitte à extrapoler plus qu'il n'en fallait, Céline semblait éprouver un malin plaisir à se lancer dans les plus sombres diagnostics et à faire cavalier seul. Si nul n'écrivait comme lui, c'est qu'il n'écrivait comme personne. Et s'il aimait autant les points de suspension, c'est que l'idée du point final lui était totalement étrangère. Même après guerre, alors qu'il avait tout perdu et qu'il n'était plus que l'ombre de lui-même, il n'était pas en panne d'inspiration. En 1957, il venait même de déclarer à son ami Roger Nimier qu'il avait hâte de boucler sa « trilogie allemande ». Inauguré avec <i style="font-style: normal;">D'un château l'autre</i>, ce vaste projet qu'il entendait poursuivre avec Nord, sonnerait le dernier round d'une vie bien remplie. En attendant, il lui faudra écrire près de 2500 pages pour ne garder que 1565 feuillets... Un travail monumental, fait de lectures et de relectures, de rectificatifs, de corrections et d'ajustements de dernière minute, dont ce marathonien de l'écriture se disait coutumier. Cette fois, cependant, le défi était de taille. En « <i style="font-style: normal;">coloriste des mots</i> », Céline pressentait l'ampleur de sa tâche. S'il n'avait rien à prouver à son lecteur, son lecteur, lui, l'attendait toujours au tournant. C'était ainsi. Céline, même au bout du rouleau, serait toujours Céline. Il ne laisserait jamais personne indifférent.</span></span></p>
<p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 13px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;"></span><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="1008" data-original-width="1600" height="403" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSYX2GGx7i_TsMGhUDH1oWXY114yX2NIFFu1oXVdBpw9MWm-Y3uzcLqgX3MsYg0kaq0LJ7AAhKz1VzLTrNqRLl-zqdljkHmHiE1QsXgE-pV54Bv8wJ8mS4cNbpaGROn1JysCBPsrrAb0Tb3ZNqGf3vn5cLm0uBTl6KY-pn-Z_Tn51pB2IJChJmFaTYiA-c/w640-h403/NORD%201%20et%202.jpg" width="640" /></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" style="background-color: white; border-color: rgb(234, 234, 234); border-style: solid; border-width: 1.1px; margin: 0px 0px 6.6px; padding: 5px;">
<tbody>
<tr>
<td style="width: 997.6px;" valign="middle">
<p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 13.2px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: center;"><br /></p>
</td>
</tr>
<tr>
<td style="width: 997.6px;" valign="middle">
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: center;"><span style="background-color: #f2f2f2; font-family: courier; font-kerning: none; font-size: x-small;">Pages d'un chapitre manuscrit de <i>Nord</i> écrit entre 1957 et 1959.</span></p></td></tr></tbody></table><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana;"><b style="background-color: #f2f2f2;">D'un manuscrit l'autre</b><span style="font-kerning: none;"></span></span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">En 1959, Céline n'a plus que deux ans à vivre. Après-guerre, il s'est retiré à Meudon, route des Gardes, où il s'est installé avec sa compagne, la danseuse Lucette Almanzor, et avec ses chiens, ses chats, ses perruches et ses perroquets. Céline a toujours aimé la vie de bohème. Où qu'il aille, à Paris, à Clichy, à Londres, au Cameroun, en Allemagne ou au Danemark, Céline est un bourlingueur né. Toujours sur le départ, toujours prêt à plier bagage, il s'est habitué très tôt à se contenter de l'essentiel et à n'emporter avec lui que le strict nécessaire, en l'occurrence des liasses de feuillets qu'il se plaît à accrocher chez lui avec de grosses pinces à linge. Histoire de ne pas perdre de vue le travail accompli et de ne pas interrompre l'écriture en cours. Car, sous ses airs clochardisants, Céline est bien plus organisé qu'il n'y paraît. À Meudon, il s'est même réservé le rez-de-chaussée de sa nouvelle maison afin d'y aménager son atelier d'écriture. Un espace où comme l'observe Henri Godard, tout a été parfaitement pensé : « <i>Céline, de son bureau en façade, avait la vue sur Paris par la haute fenêtre située sur la gauche. Sur la vaste table de travail presque carrée recouverte d'un tissu jusqu'au sol, il pouvait disposer, outre les feuillets sur lesquels il était en train d'écrire autant de versions antérieures qu'il voulait en consulter.</i> »(1) C'est sans doute sur ce même bureau que, le 27 janvier 1959, il s'apprête à répondre à l'un de ses amis de la dernière heure, Roger Nimier, l'un des rares habitués de la NRF à oser lui rendre visite. « <i>Si la NRF vous laisse une seconde pour penser à moi, voulez-vous songer à la Pléiade. </i>[...] <i>Je ne lâcherai pas mon prochain ours qu'ils ne m'y aient fait paraître... Et qu'il avance mon prochain ours ! qu'il est terminé qu'il me reste à le pourlécher pendant encore quelques mois... 2600 pages.</i> » L'ours en question n'est autre que le manuscrit autographe de <i>Nord</i>, un document exceptionnel qui comme la plupart des textes de Céline, fera l'objet d'innombrables refontes. Pour Féerie pour une autre fois, Céline avait peaufiné son texte à partir du dactylogramme que sa fidèle correctrice et secrétaire, Marie Canavaggia, avait réalisé pour lui. Pour <i>Nord</i>, ce sera plus compliqué. Des maux de têtes et des vertiges incessants lui font craindre le pire... Aura t-il seulement la force d'achever son oeuvre ? Rien n'est moins sûr. Lucette qui le voit sans cesse consulter sa montre, ne l'a jamais connu aussi anxieux. Et les rares intimes qui lui rendent encore visite, ne peuvent que constater l'état de surmenage et de délabrement physique dans lequel il se trouve. En l'espace d'un an, pas moins de 5000 mots seront remplacés de la main même de Céline. Sans compter les paragraphes que l'auteur a déplacés au gré des circonstances et supprimés de la version définitive... Cette fois, Céline n'hésite pas à réécrire entièrement des passages entiers de son texte (voir notre encadré), à édulcorer les expressions trop excessives à ses yeux et à apporter plus de précisions à ses formulations de départ. En dernière lecture, l'adjectif « <i>rigolo</i> » devient ainsi « <i>amusant</i> », tandis que les « <i>sadiques</i> » se voient remplacés par des « <i>monstres</i> » tout aussi bien attentionnés... Au fil des relectures, le hameau de « <i>Porcville</i> » est d'abord rebaptisé « <i>Petteville</i> » puis « <i>Niaquouéville</i> » pour être finalement cité sous le seul nom de « <i>Marcouville</i> ». Si certains rectificatifs peuvent prêter à sourire, Céline sait néanmoins où il va, car, comme l'explique Henri Godard, ce qu'il appelle « <i>polir son texte</i> », consiste surtout à multiplier les effets de surprise de façon à ce que son texte vive « <i>en faisant vivre au lecteur ces émotions dans son présent</i> »(2) Autrement dit, </span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="background-color: #f2f2f2; font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">c'est avant tout sur le rythme, sur l'oralité de ses phrases et sur la scansion des mots, que se porte l'attention de Céline, rejoignant, en ce sens, ce qu'il a dit naguère à son ami Robert Carlier : « <i>Je n'envoie pas de message au monde, moi, non ! Je me saoule pas de mots, ni de porto, ni des flatteries de la jeunesse. Je cogite pas pour la planète... Je suis qu'un petit inventeur, et que d'un petit truc qui passera pardi ! Comme le reste ! Ce que j'ai inventé, je viens de l'écrire dans la Nouvellerevuefrançaise (en un seul mot s'il vous plaît) : j'ai inventé l'émotion dans le langage écrit... </i>» Et, comme il le dit lui-même, ce n'est pas une mince affaire...</span></span></p>
<p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 13.2px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px; text-align: center;"><span style="font-kerning: none;"></span><br /></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifWqxf1ABDO5HfX25NPW2qJTErbLl5QJf6KxgdOik9eR29GcofJdRhHKxb4fEbmaCyomw59ZH0NbMQSoiHO-0O_6EbRz69JvLN8Q6KfGrwk1qw7TfV4SkE2N3uut4V4-4y0Bh7tHnNcZ7EpiuqBw1cvsaaxWVOO8ityoXc64ofjUBzqopa_GG6c_yCsMFL/s1016/Premiere+page+de+la+version+finale+du+manuscrit+de+NORD.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="668" data-original-width="1016" height="420" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifWqxf1ABDO5HfX25NPW2qJTErbLl5QJf6KxgdOik9eR29GcofJdRhHKxb4fEbmaCyomw59ZH0NbMQSoiHO-0O_6EbRz69JvLN8Q6KfGrwk1qw7TfV4SkE2N3uut4V4-4y0Bh7tHnNcZ7EpiuqBw1cvsaaxWVOO8ityoXc64ofjUBzqopa_GG6c_yCsMFL/w640-h420/Premiere+page+de+la+version+finale+du+manuscrit+de+NORD.jpg" width="640" /></a></div><p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 13.2px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"><b style="font-family: verdana; font-size: 13px; text-align: justify;"><br /></b></p><p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 13.2px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: left;"><b style="font-family: verdana; font-size: 13px; text-align: justify;">Chronique d'une débâcle annoncée</b><span style="background-color: #f2f2f2; font-family: verdana; font-size: 13px; text-align: justify;"> </span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">En attendant, le manuscrit de <i>Nord</i> prend forme. Céline y relate sa fuite à Baden-Baden, à Berlin, puis à Zorhnof, en présence de ses trois compagnons d'infortune : Lucette Almanzor, l'acteur Le Vigan (dit « La Vigue ») et l'inénarrable chat Bébert. Il y décrit une Europe à feu et à sang, des paysages dévastés par les bombardements et une « <i>Allemagne de la débâcle comme Dante visitait les cercles de son enfer.</i> » Il y dépeint l'effondrement du Reich et l'étrange déconfiture dans laquelle sombrent les armées d'Occupation. Et il déclare haut et fort qu'il est avant tout chroniqueur, qu'il en a fini avec le roman et qu'en sa qualité de médecin, il ne se lasse pas d'ausculter le genre humain. Au passage, les « <i>alcooleux</i> », les « <i>demi-bistrotes</i> », les « <i>cul-de-jatte gâteux</i> », les « <i>sergents manchots</i> », les « <i>colonels congestionnés</i> », les « <i>bouseux prisonniers</i> », les « <i>conseillers hépatites</i> », les « <i>semi-lettons</i> », les « <i>râpeux boutiquiers</i> », les « <i>morphinomanes</i> », les « <i>rombières défaillantes et cardiaques</i> », les « <i>boches et les bochesses</i> », les « <i>gredins et gredines</i> » de tous horizons en prennent bien évidemment pour leur grade. Fidèle à lui-même, Céline n'épargne rien ni personne. À ce rythme, il risque bel et bien de s'épuiser à la tâche, car depuis que sa main droite est à moitié paralysée (3), il lui est quasiment impossible d'avoir une écriture soignée. C'est donc sur de simples feuilles volantes qu'il note à la va-vite et au stylo-bille bleu les phrases qui lui viennent à l'esprit. En d'autres circonstances, il lui est arrivé de réécrire jusqu'à 7 fois certains de ses manuscrits (ce fut notamment le cas pour <i>Voyage au bout de la nuit</i>). Cette fois, le temps presse. Céline sait qu'il s'est lancé dans une ultime course contre la montre. Au final, il ne restera que 1565 pages sur les 2500 pages d'origine. En quelques mois, Céline a fait subir à son premier jet une sévère cure d'amaigrissement. Une prouesse dont il n'est pas peu fier. D'ailleurs, il se déclare plutôt « <i>satisfait d'avoir bien payé pour avoir un sujet et un style</i> ». Il l'a dit et redit. Un style n'a pas de prix. Selon lui, un grand écrivain est dans l'obligation de « <i>mettre ses tripes sur la table</i> » et doit, tôt ou tard, payer la rançon de la gloire. Lorsque le manuscrit de <i>Nord</i> est enfin mis au net, Céline est à bout de forces et presque à bout d'arguments lorsqu'il relate à Roger Nimier son passage en coup de vent aux éditions Gallimard. « <i>Très discrètement et des plus rapides nous avons été Marie, moi, à la NRF, ce matin, porter l'ours à Festy. </i>[...] <i>Nous n'allions pas vous déranger ! Vu une minute Mme Laigle entre deux portes ! Mais ne voulez-vous avoir la bonté de rédiger le petit digest coutumier de la fin ? </i>»(4) Quinze jours plus tard, toujours pas de nouvelles de Gallimard. Dans un second courrier à Roger Nimier, Céline ne cache plus son angoisse. « <i>J'ai peur de l'avenir Roger... L'impression, vite !</i> » <i>Nord</i> paraît finalement au mois de juin 1960. Tirée à 14000 exemplaires, son édition originale remporte d'emblée tous les suffrages. « <i>Tout, de votre génie lyrique et de votre art scrupuleux, me paraît revenu</i> » lui écrit Henri Mondor. Si Céline se réjouit de cet accueil, il n'en est pas moins aux abois. Comme à son habitude, il craint de manquer d'argent et songe à vendre le manuscrit de <i>Nord</i> à un collectionneur. Or, Renée Cosima, la femme de Gwenn-Aël Bolloré, accompagne souvent sa fille aux cours de danse de Lucette Almanzor. Le futur acquéreur semble tout désigné... Il faudra tout l'entregent de Roger Nimier pour que les deux intéressés parviennent à s'entendre. En juin 1960, Renée Cosima Bolloré devient officiellement la propriétaire du manuscrit de <i>Nord</i>. En guise de remerciement, Céline signe sur la dernière page cet envoi autographe: </span></span></p><p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">« <i>Hommage à Renée Cosima Bolloré </i>[sic]<i> maman d'Anne Meudon 6 juin 60 </i></span></span></p><p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;"><i>LF Céline.</i> » </span></span></p><p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">Un an plus tard, les exemplaires de <i>Nord</i> seront retirés des librairies à la suite d'une plainte en diffamation de Mme Asta S., une Allemande qui se reconnaît dans le personnage d'Isis. Un épilogue dont Céline ne prendra pas connaissance, puisqu'il meurt le 1er juillet 1961 d'une rupture d'anévrisme. En 1970, Gwenn-Aël Bolloré fait relier par Mercher le dernier voyage de Louis-Ferdinand Céline. Sur le maroquin vert janséniste, des quatre volumes, in-4 (270x205 mm), on peut lire en lettres d'or un fragment de la mention vétérinaire qui figurait, dans <i>Nord</i>, dans le passeport du chat Bébert : « <i>Docteur Destouches, 4 rue Girardon, ne nous a semblé atteint d'aucune affection transmissible.</i> »(5) À bon entendeur, salut ! Après tout... le lecteur lambda n'est pas censé partager, cinq sur cinq, les idées de Céline.<b> </b></span></span></p>
<p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 13.2px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;"></span><br /></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="background-color: #f2f2f2; font-kerning: none;"><span style="font-family: times;"><b>Valère-Marie MARCHAND</b><i> </i></span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="background-color: #f2f2f2; font-kerning: none;"><span style="font-family: times;"><i>Plume</i> <i>Magazine</i>, n°65, juillet-août-septembre 2013</span></span></p><p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 13.2px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;"></span></p><p style="font-family: Arial; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 13.2px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px; text-align: justify;"><b style="font-family: courier; font-size: 13px;">Notes</b><span style="background-color: #f2f2f2; font-family: courier; font-size: 13px;"> </span><span style="font-kerning: none;"></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 13px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="background-color: #f2f2f2; font-kerning: none;"><span style="font-family: courier;">1 – Passage extrait de <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: none; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;"><i>Céline</i></span> d'Henri Godard, Éd. Gallimard, 2011, p. 483.</span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 13px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="background-color: #f2f2f2; font-kerning: none;"><span style="font-family: courier;">2 – C’est la formule qu'emploie Henri Godard dans <span style="font-feature-settings: normal; font-kerning: none; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;"><i>Céline</i></span>, Éd. Gallimard, 2011.</span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 13px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="background-color: #f2f2f2; font-kerning: none;"><span style="font-family: courier;">3 – C'est une séquelle de la guerre de 1914.</span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 13px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="background-color: #f2f2f2; font-kerning: none;"><span style="font-family: courier;">4 – Lettre du 23 décembre 1959, extraite des <i>Lettres</i> de Céline, édition établie par Henri Godard et Jean-Paul Louis, Éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 2010.</span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 13px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="background-color: #f2f2f2; font-kerning: none;"><span style="font-family: courier;">5 – La formule originale qu'on peut lire dans le manuscrit de <i>Nord</i> était la suivante : «<i>Le chat dit Bébert, propriétaire Docteur Destouches, 4 rue Girardon, ne nous a semblé atteint d'aucune affection transmissible</i>» (pp. 122 et 123). En tronquant cette phrase, Gwenn-Aël Bolloré adresse un autre message au lecteur.</span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHF0ddyHMR8QqxazqTkw_sEYbT95UwXIym9UZl_RlWprddZxO66SJYLnI1uQrBAOEDPGEOA95bFWxl2Z1nwJYGVsSy-1DBeedVOk321U55v-KzldF36ZH32OW-wPJ3ONqlf5fSXQvzwzUrFz1vE57XHzSQGiZUS-m_E5PoJb1exnES5Ayy3j9H_t2lXd58/s430/Dos+et+premier+plat+de+la+reliure+du+manuscrit+relie%CC%81+de+NORD+-+Coll.+prive%CC%81e.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="430" data-original-width="415" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHF0ddyHMR8QqxazqTkw_sEYbT95UwXIym9UZl_RlWprddZxO66SJYLnI1uQrBAOEDPGEOA95bFWxl2Z1nwJYGVsSy-1DBeedVOk321U55v-KzldF36ZH32OW-wPJ3ONqlf5fSXQvzwzUrFz1vE57XHzSQGiZUS-m_E5PoJb1exnES5Ayy3j9H_t2lXd58/s320/Dos+et+premier+plat+de+la+reliure+du+manuscrit+relie%CC%81+de+NORD+-+Coll.+prive%CC%81e.jpg" width="309" /></a></div><br />Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-62371293634049145382024-01-17T05:17:00.000-08:002024-01-17T05:17:56.033-08:00Critique de Contre Céline par Éric Mazet (Le Bulletin célinien n° 176, mai 1997)<p><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><i> </i><span style="background-color: #f2f2f2; font-style: italic;">Un zappeur à zapper </span><span style="background-color: #f2f2f2;">par Éric Mazet</span></span></b></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: right;"><span style="font-family: trebuchet;"><b>« <i>Je suis assez d’avis qu’une œuvre se défend toute seule et qu’elle résiste aux critiques </i></b></span></p><p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: right;"><span style="font-family: trebuchet;"><b><i>et aux dénigrements si elle est humaine par conséquent émouvante et lyrique » </i>(Jehan Rictus, <i>Lettres à Annie</i>, 15 oct 1911</b></span><span style="font-family: helvetica;">)</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;"><br /></span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;">Quand il fait si beau temps dehors, s’asseoir, écrire, pour répondre à quel nain de jardin ? Céline se défend bien tout seul. Les lecteurs du <i>Bulletin célinien</i> ont lu, liront bien d’autres phillipiques. Reste à écrire pour le jeune professeur que la première lecture de <i>Rigodon</i> désorienta et qui crut comprendre pourquoi en lisant le <i>Contre Céline</i> de Martin. Lui dire qu’il y a mieux à lire que ce pamphlet d’arrière combat. Que le <i>Céline Scandale</i> de Godard est plus sérieux et profond. <i>Contre Céline*,</i> c’est rétrograde. C’est déjà mieux que du Bounan**, moins bien que du Crapez***. Martin fait son Kaminski****, fait le malin, fait ce qu’il peut, mais ce n’est pas sérieux. La trilogie allemande de Céline en Pléiade date de 1974, et Martin a mis vingt-trois ans pour s’en offusquer. <i>Rigodon</i> est pour lui aussi “raciste et fachiste” que <i>Bagatelles</i>. Les chercheurs, thésards, critiques seraient envoûtés par une petite musique dont les seules paroles seraient le refrain du racisme biologique. Les amateurs ou passionnés de Céline seraient donc tous des racistes inconscients ou déclarés. On zappe dans les citations, on soupçonne le lecteur, on l’accuse de noirceur, on le menace d’élimination. Gilles Tordjman a osé l’écrire, dans <i>Les Inrockuptibles</i>, après la lecture du Bounan. C’est le rockeur qui défie Beethoven, le taggeur qui insulte Picasso. La sous-culture a ses autodafés où elle se consume la première.</span></p><p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;"><br /></span></p><p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj26nbiw2sD8rUQgTab2NQyFMb6k8llz9OxRVtXWZLRd3CMdXwYiTXBD79P-O5jS9JYADckE2A6EqUgXHgCM-cU1C_Bh1zj8_-5gOrEd8RSelgyKNOVc8W9HVn-xv13tK98LNNWMrGNutVz3dUsE8GzUUPk6icnzUJC0xoHvTAVUcpTanJ4hvpEv9WfWVh1/s1701/Contre%20Ce%CC%81line%20et%20autres%20antis%2002.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1133" data-original-width="1701" height="422" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj26nbiw2sD8rUQgTab2NQyFMb6k8llz9OxRVtXWZLRd3CMdXwYiTXBD79P-O5jS9JYADckE2A6EqUgXHgCM-cU1C_Bh1zj8_-5gOrEd8RSelgyKNOVc8W9HVn-xv13tK98LNNWMrGNutVz3dUsE8GzUUPk6icnzUJC0xoHvTAVUcpTanJ4hvpEv9WfWVh1/w640-h422/Contre%20Ce%CC%81line%20et%20autres%20antis%2002.jpg" width="640" /></a></div><span style="font-family: helvetica;"><p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;"><br /></span></p>Jean-Pierre Martin est déjà plus malin. Au nom de Robert Antelme, de Primo Levi et de Charlotte Delbo, il s’en prend à Julia Kristeva, Philippe Murray, Stéphane Zagdansky, et à tous les admirateurs de l’écrivain qui oublieraient à la lecture de </span><i style="font-family: helvetica;">Voyage</i><span style="font-family: helvetica;">, </span><i style="font-family: helvetica;">Bagatelles</i><span style="font-family: helvetica;"> ou </span><i style="font-family: helvetica;">Rigodon</i><span style="font-family: helvetica;"> les atrocités commises dans les camps nazis. C’est la technique du collage chère aux surréalistes: superposer des images en créant un rapport ludique. Martin aime Henri Michaux, lui a consacré un livre. Moi aussi j’ai aimé Plume, ce frère cocasse et fragile, ses astuces, avatars et blessures, au temps où les jeux intellectuels suffisaient à mon plaisir. A vingt ans et quelques, j’ai tout lu, tout aimé de Michaux, y compris ses écrits sur les drogues, sans pour autant verser dans la toxicomanie. Et puis j’ai rencontré un autre malheureux, Ferdinand Bardamu, un gaillard non moins drôle, plus humain et souffrant, qui, lui, parlait du mal de vivre, avec émotion, en médecin, sans jouer sur les mots. Et j’ai tout lu, tout aimé de Céline, y compris les pamphlets politiques, sans pour autant verser dans sa véhémence, épouser ses emportements. Michaux a-t-il poussé à la drogue, à la mort, certains de ses lecteurs, à décrire les effets de la drogue ? La question demeure sans réponse. L’écrivain est-il responsable de tous lecteurs qui se réclament de lui? On ne saura pas davantage si Céline poussa des lecteurs à la violence, au nom de ses écrits politiques, lui qui écrivait pour qu’il n’y ait pas de Seconde guerre, qu’il n’y ait ni massacres ni cadavres.</span><p></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;"><br /></span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;">C’est une chance que de pouvoir apprécier des écrivains aussi différents, opposés dans leurs idées politiques que Céline ou Genet , Rictus et Hugo, Voltaire et Rousseau. Faut-il être catholique, intégriste, pour ouvrir le <i>Journal</i> de Bloy ? Faut-il bouffer de la mescaline et du nicobion pour se lancer dans <i>Les Grandes Épreuves</i> de Michaux ? Faut-il être enragé, hébertien, hitlérien, anarchiste pour écouter les grandes orgues de Céline? Ou au contraire être sourd pour n’entendre au fond de sa musique que l’horrible orchestration de Treblinka, et non la danse macabre de tout notre vingtième siècle? Martin n’aime pas le Céline des pamphlets politiques. C’est son droit. Mais ne voir en Céline qu’un écrivain politique et passer à côté du message esthétique, ou c’est ne pas savoir lire ou faire preuve de mauvaise foi. C’est surfer d’une citation l’autre, zapper d’un chapitre à l’autre. Faire du plus grand écrivain du siècle l’auteur d’un feuilleton politique. Martin se présente habillé d’humanités, déclare Céline anti-humaniste, donc n’aime pas Céline, et soupçonne tout célinien de crime contre l’humanité. C’est logique et c’est con: c’est idéologique. Martin en crève de voir honorer Céline en papier bible, de lui voir consacrer quatre volumes en Pléiade.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;">On aurait pu croire qu’en cette fin de XXe siècle les fins lettrés seraient devenus plus sages, moins fanatiques, moins lourds, plus nuancés, plus libres. Il n’en n’est rien. La critique marxiste pèse toujours autant, colle toujours autant d’étiquettes, de brassards infamants, a toujours la même lecture sélective, morale, politique. Certains continuent à ne lire en Zola que le réalisme, passant à côté des passages lyriques ou comiques, d’autres à ne lire en Sade que le pornocrate en évitant le libertaire, chez Baudelaire l’opiomane en oubliant le mystique. Marcel Aymé a dénoncé “l’homo rationalis” dans <i>Le Confort intellectuel</i>, le lecteur prisonnier de ses livres d’Histoire, des théories philosophiques, des idéologies politiques et sociales, incapable de tout lyrisme, inapte à toute émotion. Martin me rappelle les catholiques qui ne peuvent rire avec Voltaire, les athées qui ne veulent pas lire Léon Bloy, les machos que Genet fait vomir, les rationalistes qui méprisent Baudelaire, les républicains qui rejettent Chateaubriand, les égalitaires qui traitent Nietzsche de facho. Martin rejoint Jean Madiran, le directeur du journal <i>Présent</i>, qui déclarait hier : «Ce n’est pas la lecture de Céline qui ranimera en France l’esprit de sacrifice, l’honneur de servir, l’amour de la patrie, la foi en Dieu». Même sac d’avoine !</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;"><br /></span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;">Tenter de “remonter le Niagara des conneries à la nage” comme Céline en dissuadait Paraz? La première page de Martin contient déjà trois erreurs. Détails pour un non-célinien comme Martin, mais significatifs de sa mauvaise foi. Martin voit Céline “au début de l’année 1960”, “déjà presque béatifié” (p.9). C’est oublier la conspiration du silence dans une grande partie de la presse à l’encontre de Céline, les diffamations constantes sur une prétendue accointance avec Vichy, le mépris avec lequel on le réduisait dans les manuels scolaires dans la catégorie “écrivain populiste, ordurier et antisémite”… Jacques Darribehaude, se présente à Céline comme un “pur sang aryen” d’après Martin : Darribehaude, natif du sud-ouest, plutôt “narbonnoïde”, et engagé volontaire dans les Forces françaises libres à 17 ans ! Bigre ! Martin eut-il autant de titres de gloire pour railler ce “jeune disciple” ?... Il n’eut certainement jamais autant de liberté d’esprit que Darribehaude... Céline aujourd’hui “objet d’un culte intégriste et dévot” ? Martin n’a pas dû lire les Actes des colloques céliniens publiés depuis 1975 par la Société des études céliniennes. Nulle dévotion, nul fanatisme. Bien au contraire. Prudence, critique. Y furent applaudis bien des Willy Szafran, et des Alice Kaplan qui ne ménageaient pas Céline. Philippe Alméras participa à quatre colloques avec succès. Il y a de tout chez les céliniens. Que Martin se rassure. La plupart des thésards céliniens éprouvent une forte aversion pour l’auteur de <i>Voyage</i>, se déclarent carrément hostiles en préambule, et n’étudient sa littérature qu’avec beaucoup de précautions. Certains n’avoueront jamais leur honteuse jouissance à l’écoute de la fameuse musique. Mais tous reconnaissent que, ”malgré sa bêtise, malgré sa laideur”, le monstre était un génie.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;"><br /></span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;">Point de nuances chez notre Martin. Aucune ambivalence. Des remarques juxtaposées, des citations superposées, dont le fil conducteur est le dénigrement. Page 11, Martin prétend avoir remarqué qu’ “au fil des livres, la bonté ostentatoire du médecin des pauvres se répartit avec constance” : “les enfants, les animaux, le petit chat, les petits vieux”. C’est ne pas avoir lu <i>Semmelweis, Voyage, Mort à crédit</i> où déjà les enfants malades, les chevaux comme les chiens, les vieux souffrants, tiennent une place privilégiée. Mais Céline, après guerre, chercherait à occulter “sa méchanceté” (p.12), et Martin retrouve cette compassion pour les êtres faibles chez les électeurs de Le Pen ! Faut-il éclater de rire devant une telle mauvaise foi ou tomber les bras devant de tels rapprochements? Martin prend ses lecteurs pour des ânes. Baudelaire, qui aimait les chats et les vieilles, et qui se méfiait du commerce américain, écrivait-il pour les lepénistes qui seraient bien coupables d’aimer lire ses poèmes? Si tous les supporters de Le Pen appréciaient le génie lyrique et comique de Céline, ce seraient des électeurs bien différents des autres politicards de gauche et de droite. ou <i>D’un château l’autre,<span style="color: #6dabd2;"> </span></i><i>Rigodon</i> sont tout de même plus libérateurs que <i>Télérama</i> ou <i>Libération</i>. A moins de préférer la politique à la littérature, la prose journalistique à la poésie lyrique.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;">Martin voulait écrire un essai sur l’oralité dans le roman français du XXe siècle. Au lieu de débuter par le grand initiateur, il commença par les épigones. Plus rien ne nous étonne quand on sait que Martin compare Sarraute et Duras, Queneau et Pinget, dans leur apport de l’oralité dans la prose romanesque (p.16), à la langue de Céline qui cherche plus l’émotion poétique naturelle que la simple transcription du langage parlé. Encore un petit professeur qui confond le langage oral et la langue émotive. Céline ne se sert du langage parlé que pour exprimer le langage intérieur de l’homme. Rien a voir avec les vannes de bistrot ou les jeux intellectuels. Comparer les exercices de style d’un Michaux ou d’un Perec, au lyrisme de <i>Voyage au bout de la nuit</i>, c’est n’avoir pas compris grand chose au génie de Céline, surtout quand on n’a vu dans ce roman qu’un “romantisme noir” (p.17), et qu’on passe à côté de son génie comique que tous les grands lecteurs de l’époque avaient salué. Martin nous dit que le <i>Voyage</i> l’a “envoûté”. Ce n’est pas une excuse pour faire de Céline le “gourou” d’une secte brune, et de ses autres œuvres des châteaux à désenvoûter.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;">M. Martin a un gourou: c’est Philippe Alméras. Il l’avoue, page 19, le coucou ! Car Martin ne dit rien de plus qu’Alméras. C’est du condensé en moins bien: sans inédits, superficiel, et plus brouillon. En dépit de la basse continue du “racisme biologique” qu’il entendait au fond de toutes les musiques céliniennes et qui le rendait sourd aux airs plus élevés et entraînants, Alméras, tout de même, a joui pendant quelques trente ans de la musique célinienne, y compris dans ses plus obscures et profondes abysses, même si le jeu du procureur l’amusait plus que celui d’admirateur. Ce n’est pas le cas de Martin qui préfère Claude Simon, Nathalie Sarraute et Georges Perec à Céline, leur “littérature qui ne racole pas” , leur “voyage qui emporte loin des ascendances petites-bourgeoises antisémites et racistes” (p.20). C’est avoir une lecture quelque peu réductrice du <i>Voyage</i> et du reste, une lecture qui sent le discours de parti politique. C’est braire contre Céline à la manière de Gorki qui, dès 1934, devant les écrivains communistes, dénonçait Bardamu comme petit bourgeois, fasciste et décadent. Faut-il rappeler à Martin que l’idéologie qui prêcha la “lutte des classes”, qui déporta en Sibérie les malheureux qui n’avaient d’autre tort que d'être nés “petits bourgeois”, fit plus de morts au siècle dernier que toute autre idéologie ? Ce que les Martin ne pardonnent pas à Céline, c’est que ses livres ridiculisent toutes les idéologies, aussi bien la démocrate que la fasciste, la franc-maçonne que la communiste. Céline ne plaçait pas dans la politique le remède à la souffrance des hommes, mais dans l’humilité esthétique, la musique personnelle, le théâtre intime, la poésie de l’âme.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;"><br /></span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;">De la révolution célinienne qu’il considère tout de même comme une «innovation remarquable», Martin ne voit qu'«une impasse du roman», «une défaite de la littérature» (p.21). On a déjà dû dire cela de Beethoven, de Rimbaud, de Cézanne. «La voix de Céline (...) symbolise les lamentables errements d’une voix d’écrivain qui se prend au mot, qui se dit porteuse d’une vérité, qui s’identifie à une voix incarnée»(p.22). On a déjà dû dire cela de Rousseau, de Chateaubriand, de Hugo... Mais Martin d’essayer de définir le genre littéraire du roman, alors que c’est le genre le plus libre de forme qui soit, pour en exclure Céline et interdire à son oeuvre toute comparaison au poème en la limitant au genre du pamphlet. Le professeur Martin en est resté aux étiquettes pour écoliers en mal de définitions. Et de s’en prendre à Henri Godard qui avait souligné “le plurivocalisme” des romans où des personnages – comme Clodovitz dans <i>Guignol’s band</i> par son caractère sympathique – échappent en pleine Occupation allemande à ce que certains attendaient après les pamphlets d’avant-guerre.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;"><i>Professeur Y</i> comme Professeur “youpin” subodore Martin qui ne manque pas d’idées de suite (p.15). Il aurait pu aller plus loin. Le nom de résistant de cet imaginaire gallimardeux anonyme est “colonel Réséda”. Comme le réséda qu’Aragon oppose à la rose ? Plutôt le “réséda des teinturiers” ou “l’herbe-aux-juifs”? Mais cette malice dans le titre même d’<i>Entretiens</i> renoue avec les idées esthétiques exposées dans <i>Bagatelles pour un massacre</i> et non avec les idées politiques que Céline assimile à “la colère” au début de ces mêmes <i>Entretiens</i>. Quand Céline s’en prend à Racine en le traitant de Juif, ce n’est pas du racisme biologique, mais une métaphore esthétique: c’est rejeter un sentimentalisme factice au nom d’une émotion plus profonde et vitale. Et l’ Y peut se comprendre également comme une référence à la culture gréco-latine, celle des sorbonagres, ceux qui jouent du “yo-yo” en littérature, ceux auxquels le “professeur X” eût suggéré “xénophile”, ou le “professeur Z” eût évoqué un “zélote”.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;">Dans la série monotone des allusions malveillantes, Martin appelle “fuite en Allemagne”(p.27), le refus de Céline d’être assassiné par un commando obscur en juin 44, et la tentative de gagner Copenhague où il avait des amis et de l’argent. Que Céline évoque Le Vigan, Cousteau et Laval dans sa trilogie allemande, c’est “au mépris du lecteur des années 90” pour Martin, les jeunes gens d’aujourd’hui “n’étant pas familiers des milieux de la collaboration”. Faut-il être familier de l’entourage de Froissart ou de Joinville pour goûter leurs chroniques, avoir vécu en Chine pour lire <span style="font-style: normal;"><i>Les Conquérants</i></span>, connaître les “Emanglons” pour voyager en “Grande Carabagne” ? Plus d’un jeune lecteur des années 65 a découvert <span style="font-style: normal;"><i>D’un château l’autre</i></span> sans avoir entendu parler de Sigmaringen, sans savoir qui était Rebatet, sans avoir entendu parler de von Raumnitz. Même si les connaissances historiques peuvent doubler le plaisir, le génie lyrique et comique de Céline ne tient pas à l’Histoire, mais à ce qu’il en fait un monde fabuleux. On se demande ce que Martin peut apprécier dans Swift, à moins qu’il ne croie à l’existence des Lilliputiens. C’est “l’interprétation de l’Histoire” qui fait peur à Martin (p.41). Sans doute pour lui n’y a t-il qu’une seule Histoire, la sienne et celle des siens. Mais Voltaire dans <i>Candide</i> interprète lui aussi l’Histoire, et Chateaubriand dans ses <span style="font-style: normal;"><i>Mémoires</i></span>, et Michelet, et tant d’illustres écrivains et historiens, dont nous n’épousons pas forcément toutes les idées. Alors, pourquoi ce reproche à Céline qui est un conteur. On ne demande pas au conteur de l’exactitude, mais un ton, un verbe, une magie...</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;">Parce qu’à partir de <i>L’Église</i>, pour Martin, toute l’oeuvre de Céline est raciste. Pas au sens esthétique, historique, dans l’esprit d’Elie Faure. Mais seulement au sens biologique et politique, comme l’a répété Alméras, ce que personne ne contestera, mais ce qui est par trop simplificateur. Pour Martin, Céline n’est qu’un écrivain “engagé” dans la pire des idéologies. C’est n’avoir pas compris que toute l’oeuvre de Céline, depuis <i>Semmelweis</i>, jusqu’à <i>Bagatelles</i> et <i>Rigodon</i>, dénonce justement toutes les idéologies. Mais d’ après Martin, Céline lui-même déclare que <i>Rigodon</i> est un livre “engagé” (p.44), une dernière salve noire d’idéologie et exhibe comme preuve absolue la phrase où l’écrivain déclare : “<i>791 pages... ouf ! ... assez ?... voyez-vous ! j ’étais “engagé” bel et bien... il s’agissait d’en finir...</i>” Martin ne connaît qu’un seul engagement, celui de la politique. A la page 923 de l’édition sur papier bible qui irrite tant notre Martin, chaque lecteur pourra constater que l’engagement dont parle ici Céline est celui qui le lie, non pas à Hitler ou Pétain, mais par contrat à son éditeur, à Achille Brottin, donc à Gallimard, pour terminer son livre et honorer les sommes avancées.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;">L’exactitude des citations n’embarrasse pas Martin pour lequel Céline n’a jamais d’idées sur les peines et les joies, sur l’alchimique individuation des hommes au cours de leur existence, sur la vie et la mort. “Céline a-t-il vraiment des idées” s’interroge faussement Martin, répondant aussitôt qu’« il n’en eut jamais qu’une : le racisme biologique » (p.62). C’est déjà réduire l’œuvre aux seuls pamphlets politiques, et dans ceux-ci ôter les chapitres sur la Russie, la littérature, l’éducation, les ballets. Mieux ! Pour Martin, que les anachronies n’embarrassent pas, ces « pamphlets nazis préfiguraient la solution finale » (p.58). À la soutenance de thèse de Tettamanzi sur les pamphlets, Serge Klarsfeld, pourtant peu enclin à une indulgence complice, avait reconnu que les pamphlets, dans leur expression, n’étaient jamais homicides. Au mépris de toute honnêteté, au mépris du lecteur néophyte, Martin, lui va jusqu’à prétendre que Céline a écrit qu’il fallait “saigner le juif” (p. 112), ne donnant aucune référence à cette insoutenable, inexcusable injonction homicide.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;">Était-ce dans <i>Les Beaux Draps</i>, pamphlet datant de février 41, des premiers discours de Pétain sur la collaboration et d’ avant la rupture du pacte germano-soviétique? Dans <i>L’Ecole des cadavres</i>, datant de 1938, des accords de Munich ? Dans <i>Bagatelles pour un massacre</i>, le pamphlet dirigé contre le Front populaire, mais que tant d’images atroces ont rendu peu lisible aujourd’hui? Je cherche et trouve dans cet ouvrage composé en 1937 dans la colère d’un pacifiste refusant une seconde guerre, page 319, cette hypothèse extrême, désespérée, ultime, en réponse à la question piège de Gustin Sabayot: “<i>- Alors tu veux tuer tous les Juifs? </i>“ - “<i>Je trouve qu’ils hésitent pas beaucoup quand il s’agit de leurs ambitions (10 millions rien qu’en Russie)... S’il faut des veaux dans l’Aventure, qu’on saigne les Juifs! Si je les paume avec leurs charades, en train de me pousser sur les lignes, je les buterai tous et sans férir et jusqu’au dernier! C’est la réciproque de l’Homme</i>”. D’une hypothèse exécrée, maudite, dénoncée dans tout le livre, Martin fait une injonction, un joyeux projet, un souhait abject. C’est aussi malhonnête que de lire à l’envers le titre de ce pamphlet pacifiste.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;">Sous le gouvernement de Léon Blum, en plein triomphe d’une révolution, celle de l’alliance des socialistes et des communistes, Céline s’en était pris aux bellicistes anglais et américains, à certains intellectuels, commerçants ou idéologues qui poussaient à un conflit européen contre le fascisme pour le triomphe du capitalisme ou du communisme et non pour sauver les Juifs allemands auxquels les gouvernements français, américains et anglais avaient toujours refusé leur aide avant-guerre. En s’en prenant au triomphe de Blum, Céline s’en était pris à une gauche qui promettait le Paradis en s’acheminant vers la guerre en comptant sur l’alliance de la Soviétie où les droits de l’homme n’étaient guère plus respectés qu’en Hitlerie. Qu’ils fussent de la rive gauche ou droite du Rhin, Céline voulut alerter les anciens de 14 pour qu’ils ne s’affrontent pas une deuxième fois, à se gazer dans les tranchées avant de signer la paix, et d’écrire des centaines de livres sur les atrocités de la guerre. Céline prévoyait la défaite de la France, où tous seraient perdants, et dont les grands vainqueurs seraient les Russes et les Chinois. L’historien amateur ou militant, donneur de leçons qui se pose en martyr ou en saint, peut condamner l’ angoisse d’une génération, et ne juger l’Histoire qu’à sa ligne d’arrivée, dans les fanfares de ses victoires, cinquante ans après la bataille. Martin est de ceux-là.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;"><br /></span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;">On revient avec lui à ces procès de moralité qu’on pouvait croire dépassés depuis belle lurette. Doit-on célébrer Voltaire pour son engagement lors de l’Affaire Callas, l’exclure du Panthéon pour son antisémitisme, ou doit-on simplement admirer son génie d’écrivain ? Si Dreyfus avait été coupable, le génie de Zola en serait-il moins grand, à cause de <i>J’accuse</i> ? Les Belges devraient-ils nier le génie de Baudelaire pour les avoir agressés avec tant de violence? Dois-je trouver détestable les poèmes d’Aragon parce qu’il a fait l’éloge de Staline et qu’on pourrait retrouver dans sa poésie l’éloge du communisme ? Comparer Salman Rushdie à Céline est inepte. Céline était un homme seul. Sans parti derrière, ni devant, sans lobby. Avant comme après <i>Bagatelles</i>. Jean Prévost et René Lalou, Emile Henriot, dès le <i>Voyage</i> dénièrent tout génie à Céline, de même dès <i>Mort à crédit</i> Beauvoir, Léautaud, Brasillach. Exactement comme Martin aujourd’hui.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;">Il y a de tout chez les céliniens: des personnes raffinées, des gens peu cultivés, des Juifs, des pas juifs, des anarchistes, des vrais, des faux, des partisans de la Résistance, des égarés de la Collaboration, des nostalgiques de Staline et des fourvoyés d’Hitler; des gens très simples qui y trouvent un langage, une poésie, un comique, une philosophie; des jeunes et des vieux “qui se la jouent et qui s’y croient” en alimentant leur paranoïa honteuse; des thésardes qui s’offusquent au seul nom du <i>Bulletin célinien</i> et parlent de Céline comme d’une partouze à confesse; des carriéristes qui s’étiquettent et se brassardent, des sorbonnards qui se signent ou se croisent, des esprits libres de toute idéologie, de sinistres cons de tous les partis.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px; text-align: justify;"><span style="font-family: helvetica;"><br /></span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: helvetica;">J’ignore tout de Martin. Sauf qu’il préfère le “je” ouvert de Montaigne au “je” terroriste de Céline, et qu’on se demande ce qu’il pense du “je” de Voltaire, du “je” de Chateaubriand, du “je” de Rimbaud. J’ignore tout du “je” de Martin, sauf qu’il n’a rien compris à la loi du lyrisme, puisqu’il reproche à Céline d’abuser d’un “je” terroriste (p.66) ! Martin connaît bien peu la biographie de Céline puisqu’il traite Céline de paranoïaque (p.68), oubliant que Céline, dès le 3 octobre 1936, dès <i>Mort à crédit</i>, était menacé de mort dans <i>Le Merle blanc</i>. J’ignore tout de Martin (p.70), sauf qu’il s’encolère aujourd’hui sur “le massacre de trois cents Algériens à Paris en 1961”. Il aurait pu avoir une pensée pour les civils français tués le 26 mars 1962 à Alger, au Plateau des Glières, par des soldats arabes aux ordres d’officiers français. Mais Martin a une colère sélective. Sarajevo ou Siegmaringen lui évoquent le nom de tristes camps nazis, Budapest ou Katyn ne lui rappellent aucun goulag soviétique. Martin manie le marteau piqueur à défaut du marteau-faucille: lecture étroite, sélective, bornée, malhonnête. Obsédé par sa propre idéologie, Martin ne voit chez Céline que de l’idéologie. Rien d’autre. Céline pour lui est un politicien, et non un écrivain. Il ne peut donc le mettre sur le même plan que Rabelais, Proust et Kafka, oubliant que Rabelais a pris position pour le gallicanisme, Proust pour Dreyfus, et Kafka contre les procès truqués, et que ce serait réduire leur génie que de les lire seulement sous un angle politique. </span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: helvetica;">Martin préfère les écrits de Primo Levi, pour son “savoir existentiel”, à l’œuvre de Céline (p.77). J’ai lu <i>Si c’est un homme</i> que Primo Levi publia en janvier 1947 au retour du camp de Auschwitz où il fut interné en 1944 . Comparer Céline à Levi, c’est comparer Villon à Camus. Ce sont deux planètes différentes. Levi se veut objectif, impartial, scrupuleux. Il témoigne sans colère sur l’horreur d’un camp, se veut parfois poétique même et humoristique, dénonce la mécanique d’une idéologie, l’atrocité d’un système, la mort-vie d’hommes sans noms devenus matricules. C’est un témoignage. Céline est écrivain lyrique, en rupture de toutes conventions, qui lance un pamphlet volontairement énorme, féroce, contre le Front Populaire, avec <i>Bagatelles</i>, ou contre la guerre, le capitalisme, la misère avec<i>Voyage</i>, pour que les hommes de la classe 14 ne redeviennent pas des matricules en 40, pour qu’ils ne soient pas gazés dans les tranchées ou ensevelis dans la boue des Flandres. Levi s’adresse au raisonnement et à la sensibilité, Céline vise l’émotion et la poésie. Levi décrit les conséquences ultimes de la guerre dans un camp, l’esclavage absolu, où les maîtres délèguent leur pouvoir absolu à des valets. Céline veut dénoncer les responsables de la guerre, les maîtres occultes, ou se lance dans la fresque d’un pays en flammes et sous les bombes. Deux genres, deux tons, deux buts différents.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: helvetica;">Notons au passage que Levi , même s’ il en fait des Élus, des saints et des martyrs, s’en prend à un moment, comme Céline, aux “prominents juifs”, “intouchables, haïssables, tyranniques” qui ont pouvoir sur les autres esclaves: “Les prominents juifs constituent un phénomène aussi triste que révélateur. Les souffrances passées, présentes et ataviques s’unissent en eux à la tradition et au culte de la xénophobie pour en faire des monstres asociaux et dénués de toute sensibilité” (Éditions Pocket, p.97). Chez Céline, point d’Elus. Après tout Céline a écrit pour ceux que Levi et les “prominents” appellent “les musulmans”, c’est à dire les faibles, les inadaptés, “les non-hommes en qui l’étincelle divine s’est éteinte” (p.96). Céline n’a jamais fait l’apologie du plus fort. Martin se garde bien de citer <i>L’Hommage à Zola</i> où Céline dénonce tous les états totalitaires.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px;"><span style="font-family: helvetica;"><br /></span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: helvetica;">Dans son appendice à <i>Si c’est un homme</i>, qui date de 1976, Levi est net dans son engagement politique: “<i>Les camps soviétiques n’en demeurent pas moins de déplorables exemples d’illégalité et d’inhumanité. Ils n’ont rien à voir avec le socialisme soviétique; sans doute faut-il y voir une subsistance barbare de l’absolutisme tsariste, dont les gouvernements soviétiques n’ont pas su ou pas voulu se libérer. Quand on lit les </i>Souvenirs de la maison des morts<i>, écrits par Dostoïevski en 1862, on y reconnaît sans peine, dans ses grandes lignes, l’univers concentrationnaire décrit cent ans plus tard par Soljenitsyne. Mais il est possible, facile même, d’imaginer un socialisme sans camps, comme il a du reste été réalisé dans plusieurs endroits du monde. Un nazisme sans Léger n’est pas concevable</i>” (p. 203). Opinion partisane que des millions de Russes ne partagent pas. Entre un camp soviétique et un camp allemand, Céline ne faisait pas différence. Sans doute pour cela, Céline ne fut conduit au cimetière de Meudon que par une petit groupe d’amis, la plupart anonymes, tandis que Primo Levi fut accompagné au cimetière par la délégation du comité central du Parti communiste.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: helvetica;">Martin adore Bach et Monk, c’est un musicologue. Joyce, Michaux, Proust, Perec, Duras, Pinget, Saraute et Simon (p.82) lui offrent de la vraie, de la pure, de la grande musique. Pas Céline ! Martin entend plus de paroles de haine que de musique dans <i>Rigodon</i> où il entend “au pire une fanfare militaire, au mieux un opéra Wagnérien - souvent un disque rayé”(p.85). Joyce en anglais, moi je veux bien, Proust, bien évidemment. Mais la musique du nouveau roman, celle de Duras, à côté de Céline, c’est du pipo chinois à deux trous. Préférer l’harmonica de Perec au grand piano de Céline, c’est préférer n’importe quel joueur de piano-bar à Thélonius Monk. Chacun ses goûts. Question d’oreille. Il y a des passages que je saute dans <i>Bagatelles</i>, et ce sont justement ceux, ai-je appris, qui ne sont pas de la main, du style même de Céline ! Mais pour Martin, la “lecture esthétique de Céline est une lecture d’allégeance et d’inféodation au système célinien”. Et il ajoute en note: “je ne parle pas ici des inconditionnels de Céline, antisémites notoires et déclarés, qui à la faveur de la réhabilitation littéraire, souhaitent une réhabilitation politique”. Martin ne donne malheureusement aucun nom. Je ne connais aucun célinien qui souhaite une réhabilitation politique de Céline, étant donné qu’il a toujours méprisé la politique, défendu l’individu contre les sectes et les clans, les partis et les lobbies. C’est le fil d’Ariane entre <i>Semmelweis, L’Eglise, Mea Culpa, Hommage à Zola</i> et la suite pour ceux qui n’auraient pas compris <i>Voyage au bout de la nuit</i>. S’il est descendu un moment dans l’arène politique, ce fut pour crier au danger, quand on offrait les spectateurs au Minotaure au nom d’ idéologies. Céline n’a jamais attendu d’un système politique quelconque le bonheur des individus.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: helvetica;">Doit-on vouer Rousseau, Hugo, Vallès, aux gémonies sous prétexte que les responsables du Goulag les donnaient à enseigner dans leurs écoles ? Faut-il être catholique et intégriste pour admirer la prose de Léon Bloy, franc-maçon et anti-curé pour apprécier les contes de Voltaire, royaliste et mystique pour lire les romans de Balzac ? Le fanatisme ordinaire du lecteur en littérature, c’est quand il assigne une mission politique à la littérature. Les franquistes ne pourraient-ils aimer Picasso, et les républicains admirer Dali ? Martin reproche aux livres de Céline d’être “fermés” , de ne pas laisser la parole au lecteur. Est-ce que Guernica est une “peinture ouverte” ou seulement une peinture communiste ? Quand je regarde Guernica de Picasso, je ne pense pas tant aux martyrs de ce village, mais à tous les malheureux qui eurent à subir un bombardement. Je ne limite pas le génie de Picasso au bombardement d’un village, aux nazis, à une date, un lieu. Picasso n’est pas le peintre du Souvenir, mais de tous les Souvenirs, sinon il n’est pas le génie que l’on dit. On peut regarder Guernica en pensant à Dresde ou Hiroshima, à tous les bombardements à venir. L’histoire ne commence pas en 1933 et ne s’achève pas en 1945. Que les avions fussent rouges ou noirs, Picasso a peint l’horreur, le malheur de tous les civils innocents. Les descriptions de bombardements dans <i>Féerie</i> ou dans la trilogie offrent au lecteur le même sentiment universel. Que les civils soient parisiens ou allemands, ce sont avant tout des victimes. </span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: helvetica;">Martin lit de travers. Son antiracisme l’aveugle au point de ne voir que racisme chez Céline, et ne ne pas comprendre que l’enjeu esthétique l’a poussé au délire politique. Le facteur noir qui culbute la bonne ne fait pas rire Martin. Il ne nous fait pas rire davantage. C’est la métaphore du verlan et du rap qui culbutent la chanson française. Quand Céline lance goguenard “<i>Mon mémorial sera au bachot</i>”, Martin traduit littéralement: “Son mémorial: aux victimes de Sigmaringen” (p.99). C’est nier contre l’évidence que dans la trilogie allemande, une fois de plus, Céline se moque de l’homo politicus à chaque page. Martin dévoile son jeu, sa bêtise, et sa haine, quand il résume sa position (p. 116) . Pour lui, défendre Céline c’est “dire “l’émotion” pour la xénophobie; le “style” pour la rhétorique du “martyr collabo”, la “petite musique” pour la vocifération”. Martin traduit le poétique et célinien “au commencement était l’émotion” par un vulgaire et actuel “chacun dit ce qu’il ressent” (p.128). C’est dire la bassesse de son niveau de lecture. Toutes distorsions accomplies, en dernier argument, Martin recourt et revient, avec autant d’insistance que d’uchronisme, à la comparaison Céline - Le Pen - Hitler (p.131) Il y avait d’autres moyens de se moquer des pirouettes, triple axels, contorsions des Kristeva, Sollers, Zagdanski. Amateur de Céline = électeur de Le Pen = nostalgique d’Hitler ! Quelle salade russe ! Amateur d’Aragon = électeur du Da Hue = nostalgique de Staline ? On n’en sortira donc jamais ?</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: helvetica;">On retourne avec Martin dans le manichéisme des Isvestia des années trente. Une marche encore plus bas quelques pages plus loin, et Martin nous dit préférer le comique de Guy Bedos à celui de Céline (p.156). Martin s’inquiète de voir Céline fêté tous les ans par un livre. Rassurons-le. Céline est beaucoup moins lu que Camus. Il n’a pas de station de métro à son nom comme le camarade Aragon, ni de lycée comme Simone Signoret, ni de rue à Meudon ou de plaque à Montmartre, et pas le moindre cul de sac à Courbevoie non plus. Céline reste un auteur maudit. Les optimistes se satisferont des scénarios et préchi-précha ronronnants. L’argot a disparu au profit du verlan. La langue française a raté une renaissance. Contre Céline ? “N’importe quoi contre Céline ! “ La phrase date de l’Occupation. Rien de très nouveau du côté de Martin.</span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 15px;"><span style="font-family: helvetica;"><br /></span></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b><span style="font-family: helvetica;">Eric MAZET</span></b></p>
<p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: helvetica;"><i>Le Bulletin célinien</i> n° 176, mai 1997</span></p><p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: helvetica;"><br /></span></p><p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: courier;">* </span><span style="font-family: courier;">Dans </span><i style="font-family: courier;">Contre Céline ou D'une gêne persistante à l'égard de la fascination exercée par Louis Destouches sur papier Bible</i><span style="font-family: courier;">, Éditions José Corti, 1997, </span><span style="font-family: courier;">Jean-Pierre Martin, ancien militant de la Gauche prolétarienne, spécialiste de Henri Michaux décrit ici un “Céline qui n'est pas celui du romantisme noir des œuvres qui l'ont fait connaître, mais l'écrivain raciste, polémiste et politique.”</span></p><p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: courier;">** En 1997, Michel Bounan publie <i>L'Art de Céline et son temps</i>, où il défend l'idée selon laquelle Louis-Ferdinand Céline était un agent provocateur déguisé en libertaire au service de l'ordre établi. Pour Bounan, l'antisémitisme de Céline, comme auparavant les P<i>rotocoles des sages de Sion</i>, est une entreprise de manipulation visant à détourner l'agitation révolutionnaire qui menace l'édifice social vers une cible neutre, les Juifs.</span></p><p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: courier;">*** Marc Crapez, politologue libéral, dans <i>La Gauche réactionnaire. Mythes de la plèbe et de la race dans le sillage des Lumières</i> (Paris, Berg International, 1997), étudie l'émergence d'un courant “social-chauviniste” de gauche qui participerait également à la crise boulangiste. Cette tradition où se rencontrent à la fois les idéaux révolutionnaires et l'antisémitisme serait illustrée au XXe siècle par Louis-Ferdinand Céline, pour ne mentionner que le plus célèbre…</span></p><p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: courier;">**** Quand Hanns-Erich Kaminski publie (Nouvelle éditions Excelsior, Paris 1938) <i>Céline en chemise brune ou le mal du présent</i>, l'auteur de <i>Voyage au bout de la nuit</i> vient de publier <i>Bagatelles pour un massacre</i>. Ce Juif allemand en exil, social-démocrate puis anarchiste, note que la longue liste de ses aversions « révèle pourtant une ligne politique nette : le nazisme. » </span></p><p style="background-color: #f2f2f2; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: courier;">Nota : Ce petit pamphlet a été réédité aux Éditions Plasma, 1977 - Éditions Champ Libre, 1983 - éditions Mille et une nuits, 1997 - Éditions Allia, 2019. L'édition </span><span style="font-family: courier;">Mille et une nuits</span><span style="font-family: courier;"> est préfacée pa</span><span style="font-family: courier;">r Jean-Pierre Martin (voir ci-dessus). « Kaminski emploie l’arme la plus redoutable de l’écrivain : la satire. En hissant Céline en personnage de fiction, cruel, imbu de lui-même, sombre et délirant, il met à jour les techniques de falsification propres à la propagande nazie.»</span></p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-33110421810949759732023-10-15T03:37:00.000-07:002023-10-15T03:37:00.659-07:00Hic et nunc ! Louis-Ferdinand Céline, Claude Gallimard et la Pléiade<p><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"> <span style="text-align: justify;">Aussi, cette Pléiade, il la veut </span><i style="text-align: justify;">hic et nunc</i><span style="text-align: justify;"> : </span></span></b></p><p><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><span style="text-align: justify;">« La Pléiade et l’édition de poche pas dans vingt ans, quand je serai mort ! non ! tout de suite ! cash ! » (24 octobre 1956).</span></span></b></p>
<p style="color: #616698; font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 16px;"><span style="font-kerning: none;"><b></b></span><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzOII1CRYuCeU_Nvp0amrK-pugMy09ms8AA-d3s6J3Sl8N29TL8WXq0zCbKa3anwUtJVvIPgtio1ObSGag3hTbe59sdDSxYZHfDFlDpDExxcSAhiXpg2VTmJMSnSfG_WdeXkwCik5kaemXl7ZzL6L_sInmZxVvV36s7z9HSFUQB08tiPzw_j9RNuzVWYtd/s1954/Hic%20et%20nunc%20!%20Louis-Ferdinand%20Ce%CC%81line,%20Claude%20Gallimard%20et%20la%20Ple%CC%81iade%20La%20lettre%20de%20la%20Ple%CC%81iade%20n%C2%B0%2041.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1954" data-original-width="1077" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzOII1CRYuCeU_Nvp0amrK-pugMy09ms8AA-d3s6J3Sl8N29TL8WXq0zCbKa3anwUtJVvIPgtio1ObSGag3hTbe59sdDSxYZHfDFlDpDExxcSAhiXpg2VTmJMSnSfG_WdeXkwCik5kaemXl7ZzL6L_sInmZxVvV36s7z9HSFUQB08tiPzw_j9RNuzVWYtd/w220-h400/Hic%20et%20nunc%20!%20Louis-Ferdinand%20Ce%CC%81line,%20Claude%20Gallimard%20et%20la%20Ple%CC%81iade%20La%20lettre%20de%20la%20Ple%CC%81iade%20n%C2%B0%2041.jpg" width="220" /></a></div><br />
<p style="color: #616698; font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-kerning: none;"><b>L'histoire de la Pléiade</b></span></p>
<p style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-kerning: none;"><i>Hic et nunc ! </i>Louis-Ferdinand Céline, Claude Gallimard et la Pléiade</span></p>
<p style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-kerning: none;"><i>La lettre de la Pléiade n° 41</i></span></p>
<p style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-kerning: none;"><i>septembre-octobre 2010</i></span></p>
<p style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-kerning: none;">Dans le prolongement de l’édition de la <i>Correspondance</i> de Céline dans la Pléiade, voici deux lettres inédites de l’auteur de <i>Mort à crédit</i> adressées à Claude Gallimard. Ces feuillets ont été retrouvés récemment dans les archives de l’éditeur, au sein d’une liasse de correspondances diverses. On y retrouve la tonalité si singulière des correspondances de Céline, et particulièrement des<i> Lettres à la NRF</i>, modèles du genre, publiées par Pascal Fouché (Gallimard, 1991), et dont un choix est proposé dans le volume de la Pléiade établi par Henri Godard et Jean-Paul Louis.</span></p>
<p style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;">L’un des grands sujets de cette correspondance, on s’en souvient, est celui de la reprise des œuvres de l’auteur dans le Livre de poche (Folio n’est créée qu’en 1971) et dans la Pléiade. La question de la Pléiade est évoquée pour la première fois par Destouches dans une lettre d’avril 1951, avant même qu’il ne signe le contrat qui le lie à Gallimard pour la réédition de ses œuvres et la publication de <i>Féérie pour une autre fois </i>(18 juillet 1951). Au vrai, il n’est pas d’auteur qui ait signifié avec autant de constance aux Gallimard son souhait de figurer dans la collection ; à partir de 1955, « sa demande est lancinante, coriace » (Sollers). Elle tourne à l’obsession. C’est que Céline craint de n’y jamais entrer s’il n’obtient pas satisfaction de son vivant. La Pléiade offre une garantie pour l’avenir. Elle lui assure que son œuvre ne tombera pas dans l’oubli, qu’elle ne sera pas effacée, étouffée, dissimulée par ceux qui trouverait intérêt à son extinction. Gide, Claudel, Malraux et Montherlant figurent déjà au catalogue de la collection ; pourquoi pas lui... juste une ligne de plus « entre Bergson [sic ] et Cervantès » ? Et Gaston Gallimard... lui aussi pourrait bien retourner sa veste au lendemain de sa disparition. Qui sait ? Aussi, cette Pléiade, il la veut <i>hic et nunc</i> : « La Pléiade et l’édition de poche pas dans vingt ans, quand je serai mort ! non ! tout de suite ! cash ! » (24 octobre 1956). On notera au passage que dans l’esprit de Céline, le poche et la Pléiade font la paire, comme s’il s’agissait de s’assurer de la sorte une double postérité par des voies parallèles. <br />
Mais Gaston temporise. Il se dégage. Aux relances innombrables de son auteur, il répond chiffres, enquêtes sur le terrain, souscriptions préalables de libraires, avis favorable du diffuseur exclusif Hachette... Céline n’est pas dupe qui reproche ses hésitations et palinodies à ce « sacré coffre-fort qui fait bla bla » : « Les vieillards, vous le savez, ont leurs manies. Les miennes sont d’être publié dans la Pléiade (Collection Schiffrin) et édité dans votre collection de poche [...] Je n’aurais de cesse, vingt fois que je vous le demande. Ne me réfutez pas que votre Conseil, etc. etc... tout alibis, comparses, employés de votre ministère [...] C’est vous la Décision. » <br />
Céline obtient pourtant gain de cause, en mettant dans la balance la signature de son contrat pour <i>Nord</i>. Roger Nimier, qui est devenu, après Jean Paulhan, son principal interlocuteur à la NRF, lui apprend en avril 1959 que la décision est prise par Gaston et Claude Gallimard de programmer ses <i>Romans</i> dans la collection. Un contrat est signé en juin. Céline jubile... mais déchante aussitôt. Car le volume, à ses yeux, tarde à paraître... Qu’attend-on à la NRF ? Quel tour pendable essaie-t-on encore de lui jouer ? Et voilà Céline qui reprend ses lamentations, harcèle le directeur de fabrication, provoque Gaston, interpelle Claude, supplie Nimier. <br />
Ces deux lettres ajoutent un couple au cortège de demandes, où se mêlent l’excès et le pathétique, la lucidité et le fantasme – mais où se manifeste ce goût de la vie par-delà la vie même, en quoi peut se définir la création littéraire. La Pléiade ne sortira des presses qu’en février 1962, sept mois après la disparition de Céline... lequel voyait juste lorsque, le 4 février 1960, il écrivait à son éditeur et, somme toute, ami : « Je risque fort d’être décédé avant d’être Pléiadé. » Mais on tiendra parole... jusqu’à donner à l’œuvre de Céline une diffusion à sa mesure : ici et maintenant, mais pour toujours.</span></p>
<p style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-feature-settings: normal; font-kerning: none; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">■</span><span style="font-kerning: none;"> À Claude Gallimard</span></p>
<p style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;">Le 3 avril 61</span></p>
<p style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;">Mon cher ami<br />
Voici le contrat signé<sup>1</sup> ; mais Dieu comme les termes sans doute très fouillés juridiquement en sont désagréables ! Il doit être possible de faire tout aussi valable et moins affreux. Que tout ceci est aux antipodes du seul esprit après tout qui compte : CRÉER...<br />
Enfin ! je me permets de vous relancer pour la Pléïade qui m’a semblée bien roupilleuse, Bernanos<sup>2</sup> diable pouvant attendre il a l’Éternité pour lui plus le Bon Dieu, moi qui n’ai ni l’un ni l’autre je trouve le temps long<sup>3</sup>.<br />
Votre fidèle ami<br />
LF Céline</span></p>
<p style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-kerning: none;">Dr L.-F. Destouches<br />
25ter, route des Gardes<br />
Meudon (S. & O.)</span></p>
<p style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-feature-settings: normal; font-kerning: none; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal;">■</span><span style="font-kerning: none;"> À Claude Gallimard</span></p>
<p style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-kerning: none;">20 4 [20 avril 1960 ou 1961]</span></p>
<p style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;">Voyez-vous bien cher ami je vois venir la Pentecôte c’est-à-dire la Toussaint, mais pas du tout ma Pléïade, dont on a tant parlé... remis... remis... Mondor<sup>4</sup> ne va pas bien, vous le savez... je ne sais quel Gallimard s’occupe de cet ouvrage mais sûr il est en voyage, en vacances, ou en comité. Qu’en pensez-vous bien cher ami ? Votre Bien attentif et dévoué<br />
LF Destouches</span></p><p style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;"><br /></span></p>
<p style="font-family: Georgia; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-kerning: none;">1. Il s’agit du contrat pour l’édition dans le Livre de poche <i>D’un château l’autre</i>, adressé par Claude Gallimard à Céline le 30 mars 1961<br />
2. Les <i>Œuvres romanesques</i> de Bernanos, mort en 1948, sont achevées d’imprimer le 19 décembre 1961.<br />
3. Céline écrivait déjà à Gaston Gallimard le 22 septembre 1960 : « J’aurais aimé à passer avant Bernanos, mort, que rien ne hâte, et Montherlant gavé de tous les honneurs... »<br />
4. Henri Mondor, chirurgien, critique et écrivain, est l’auteur de la préface du volume de la Pléiade. Il en a remis le manuscrit fin janvier 1960. Il meurt en avril 1962, quelques semaines après la sortie des presses de l’ouvrage.</span></p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-17605459551458722302023-07-26T05:22:00.007-07:002023-07-26T05:23:20.724-07:00Portraits caricaturaux du gouvernement de Vichy sous la verve démesurée de Céline par Ana Maria Alves<div style="text-align: left;"><b><span style="font-family: MyriadPro;"><span style="font-size: large;">Ana M. Alves</span> <br /></span></b><b><span style="font-family: MyriadPro;">Institut Polytechnique de Bragance, Portugal, CLLC de l’Université de Aveiro<br /></span></b><b>Dans <span style="font-family: MyriadPro; font-style: italic;">Quêtes littéraires </span><span style="font-family: MyriadPro;">no 10, 2020 </span><span style="font-family: MyriadPro;">https://doi.org/10.31743/ql.11543</span></b></div><div class="page" title="Page 1"><div class="layoutArea"><div class="column"><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><span style="font-size: 16pt; font-weight: 600;"><br /></span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia; font-size: large;"><span style="font-weight: 600;">Portraits caricaturaux du gouvernement de Vichy <br /></span><span style="font-weight: 600;">sous la verve démesurée de Céline</span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro; font-size: 10pt;"><br /></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><b><span style="font-family: MinionPro;">Je suis descendu à Sigmaringen par </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">patriotisme </span><span style="font-family: MinionPro;">pour entendre parler le français parce que je suis un musicien. (Céline, 1980, p. 157)<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Je parle de Sigmaringen, c’est un moment de l’histoire de France, (...) ça a existé et un jour on en parlera dans les écoles... (Céline, 1996, p. 937)</span></b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><b><span style="font-family: MinionPro;"><br /></span></b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><b><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkNhfjUSmCdDNnuShLzRsikbxpdR5rrUBtgGBfNbCnw2jwSlDAUsYq8yZlINgp-6uSwAIE695qgzYQ04V2UAPkookpRs4z48QaJ_PMfj3yeobBTMK1VNkJnU9k1Cd80QTTLQowTJvsSd8INh5xtp8OtCgYu4fq1IKb9M0mY4T9isYhPk3udk0-DVc2kEHq/s1390/Sigmaringen%20vu%20de%20la%20rivie%CC%80re.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1390" data-original-width="988" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkNhfjUSmCdDNnuShLzRsikbxpdR5rrUBtgGBfNbCnw2jwSlDAUsYq8yZlINgp-6uSwAIE695qgzYQ04V2UAPkookpRs4z48QaJ_PMfj3yeobBTMK1VNkJnU9k1Cd80QTTLQowTJvsSd8INh5xtp8OtCgYu4fq1IKb9M0mY4T9isYhPk3udk0-DVc2kEHq/w284-h400/Sigmaringen%20vu%20de%20la%20rivie%CC%80re.jpg" width="284" /></a></div></b></span></div><p style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">Accompagné de Lucette, Le Vigan et du matou Bébert, Céline rejoint Sigmaringen, transformée en ville-refuge du gouvernement de Vichy et de nombreux collaborateurs qui avaient suivi Pétain et Laval, arrivés depuis le mois d’août 1944. Céline débarque, dans ce lieu féérique et gigantesque, qui n’avait pas encore été réduit en cendres par les bombardements alliés, fin octobre 1944, après avoir traversé toute l’Allemagne du nord au sud, de la Prusse à la Bavière, puis au Bade-Wurtemberg, passant par les gares de Berlin, Leipzig, Fürth, Augsbourg, Ulm... La version officielle voulait que Céline s’y rende afin d’exercer la médecine auprès de toute la colonie française.</span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;">La description du domaine et de la ville, où « le régime vichyste achevait sa course dans la solitude glacée d’un palais délabré » (Azema & Wieviorka, 2004, p. 314), est faite, de façon magistrale, par Jean-Paul Cointet, dans son livre, </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Sigmaringen</span><span style="font-family: MinionPro;">, dans lequel il décrit les contours de la ville et fait un état des lieux :</span></span></p><p><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;"><i>situé en Souabe, sur le haut Danube, dans une courbe encaissée du fleuve, au cœur d’une petite ville romantique de 7 000 habitants (15 000 aujourd’hui), aux maisons peinturlurées de couleurs vives, aux nombreuses auberges traditionnelles, le château de Sigmaringen présente une masse imposante et inélégante, aux innombrables pièces et couloirs enchevêtrés. C’est un monstre biscornu, hérissé de tourelles, de lanternons et de pignons.</i> (Cointet, 2003, p. 89-90)</span></span></p><p><span style="font-family: MinionPro;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlfksBBVRrfkBmv0G3-I0N3V33YLJACYocnnbQ0oEpTnq7Ec7uGKo1I_CRDsoJv9AU0YlH0eW4V8MOqQEwgcdwqOElq_E9SC_WaAFc8HO_DI_L7VPaZghj1bhzks7WcOw8aYRopTwQ8uQZoHRgBqvnHpH4i0MkEPChcpjMqFc2VQFHIwoYrJGwAezTwAfE/s2041/Ce%CC%81line%20sort%20de%20son%20silence%20pour%20raconter%20Sigmaringen%20Paris%20Match%20N%C2%B0428%20Du%2023-06-1957%20INTRO.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1366" data-original-width="2041" height="428" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlfksBBVRrfkBmv0G3-I0N3V33YLJACYocnnbQ0oEpTnq7Ec7uGKo1I_CRDsoJv9AU0YlH0eW4V8MOqQEwgcdwqOElq_E9SC_WaAFc8HO_DI_L7VPaZghj1bhzks7WcOw8aYRopTwQ8uQZoHRgBqvnHpH4i0MkEPChcpjMqFc2VQFHIwoYrJGwAezTwAfE/w640-h428/Ce%CC%81line%20sort%20de%20son%20silence%20pour%20raconter%20Sigmaringen%20Paris%20Match%20N%C2%B0428%20Du%2023-06-1957%20INTRO.jpg" width="640" /></a><span style="text-align: left;"> </span></div><p></p></div></div></div><div class="page" title="Page 2"><div class="layoutArea"><div class="column"><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro; font-size: large;">Même si les représentations de Cointet restituent assez fidèlement cet épisode de l’histoire </span><span style="font-family: MinionPro;">de France, seules la plume et la « démesure célinienne » (Combelle, 1941, cité dans Sapiro, 1999, p. 187) illustrent scrupuleusement ce scénario dans </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">D’un château l’autre</span><span style="font-family: MinionPro;">. Sous un ton </span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;">de raillerie qui lui est caractéristique « au polylogue de la symphonie célinienne : musique, trame, dentelle... » (Kristeva, 1980, p. 160), Céline commence la description de </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Sigmaringen </span><span style="font-family: MinionPro;">tout en caricaturant une population très hostile à l’égard des réfugiés français installés en ville et au château. Antinazis et solidaires des Hohenzollern, les habitants les accusaient d’être responsables de l’exil du prince et de compromettre la paix et la sécurité du bourg. En décrivant leur vie quotidienne, Céline plante le décor de sa « chronique historique » et tourne en ridicule le village de « Siegmaringen » – au lieu de « Sigmaringen » :</span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;"><br /></span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;"><i>Peut-être pas se vanter, Siegmaringen ?... pourtant quel pittoresque séjour !... vous vous diriez en opérette... le décor parfait... vous attendez des sopranos, les ténors légers... [...] votre plateau, la scène, la ville, si jolie fignolée, rose, verte, un peu bonbon, demi-pistache, cabarets, hôtels, boutiques, biscornus pour « metteur en scène »... tout style « baroque boche » et « cheval blanc ». [...] je vous reparlerai de ce pittoresque séjour ! Pas seulement ville d’eau et tourisme... formidablement historique !... Haut-lieu !... mordez Château !... stuc, bricolage [...] <br /></i></span></span><i style="font-family: MinionPro;">super-Hollywood !... toutes les époques, depuis la fonte des neiges, l’étranglement du Danube, la mort du dragon, la victoire de Saint- Fidelis, jusqu’à Guillaume II et Goering.</i><span style="font-family: MinionPro; font-size: large;"> (Céline, 1999, p. 156-157)</span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">C’est bien d’une opérette qu’il s’agit, des derniers sursauts dérisoires du régime de Vichy. <br /></span></span><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">Céline montre qu’il n’a pas été dupe des airs d’importance que la petite colonie française a voulu se donner, en prétendant faire de Sigmaringen la capitale de la France : « alors que Pétain et Laval notamment, croient incarner la France, ils ne sont plus que des marionnettes alignées au dernier acte d’un spectacle » (Hartmann, 2006, p. 42). L’image de l’État français, esquissée par Céline, contribue « à mettre en valeur non seulement l’image d’un narrateur objectif et lucide [...] mais encore, simultanément, d’un personnage coincé par le sort, qui n’avait rien à faire là » (2006, p. 42). En effet, pour le narrateur, les jeux sont faits, le rideau tombe, la scène de l’État français est jouée :</span></span></div><p><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;"><i>À bien réfléchir, historique, Pétain, Debeney, étaient qui dirait, plus en scène... plus rien d’autre du tout à foutre en scène ! l’acte encore de l’« Empire Français » !... rideau ! </i></span></span><span style="font-family: MinionPro; font-size: large;"><i>aux Sénégalais ! l’acte suivant !...Pétain fini d’incarner !... la France a marre ! Qu’il rentre, qu’on le tue !... la page tourne !</i> (Céline, 1999, p. 193)</span></p></div></div></div><div class="page" title="Page 3"><div class="layoutArea"><div class="column"><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">La représentation que fait Céline de cette ville s’apparente à une comédie, mais elle ne <br /></span></span><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">s’éloigne cependant pas de la chronique historique qu’il prétend faire, à partir de ses </span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">« souvenirs historiques » (Céline, 1996, p. 117) qui font de lui le « chroniqueur des Grands Guignols » (p. 732). À propos de ces circonstances historiques, Henri Godard souligne que </span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">« Céline a regagné son public en faisant un sort à une période névralgique de [l’] histoire nationale en mettant en avant un rôle modeste de chroniqueur » (Godard, 1985, p. 379). À cette affirmation, il ajoute qu’« en réalité, ces évènements si haut proclamés “historiques”, il les traite sans plus de souci d’exactitude que le reste de son expérience » (p. 379). Godard achève cette réflexion en assurant que « du chroniqueur, Céline n’a ni le ferme propos de fidélité aux faits, </span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">ni le respect de l’ordre chronologique, ni l’effacement de sa personne devant la grandeur des événements auxquels il assiste » (p. 379).</span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdm9WGgJPU1bwcFHgNtpMOzyg9xgDkhdMJ-E5WtkhHsXVUWQ0dhBiXx5OugCxDFQIxVvDheI_IS04E8gxP4OIfsGWw7PADTGoPpqhsFV0bhJDNLh_2jcjMaDqgz_A08u1iFIWGLAnJpNix5S4FCu84h4K-26A1DMuitY4wvqedrpxI_DQs7_O_vYM2V4UF/s667/Lieux%20Ho%CC%82tel%20Lo%CC%88wen%20Sigmaringen.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="520" data-original-width="667" height="496" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdm9WGgJPU1bwcFHgNtpMOzyg9xgDkhdMJ-E5WtkhHsXVUWQ0dhBiXx5OugCxDFQIxVvDheI_IS04E8gxP4OIfsGWw7PADTGoPpqhsFV0bhJDNLh_2jcjMaDqgz_A08u1iFIWGLAnJpNix5S4FCu84h4K-26A1DMuitY4wvqedrpxI_DQs7_O_vYM2V4UF/w640-h496/Lieux%20Ho%CC%82tel%20Lo%CC%88wen%20Sigmaringen.jpg" width="640" /></a></div></span></div><p><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">Au sujet de cette reconstitution de l’histoire, Hannah Arendt est d’avis que</span></span></p><p><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;"><i>le but de ces reconstructions variées et d’ailleurs variables était toujours de dénoncer l’histoire officielle comme une farce, de mettre au jour une sphère d’influences secrètes dont la réalité historique visible, vérifiable et connue n’était qu’une façade explicitement plantée pour tromper le peuple.</i> (Arendt, 1973, p. 81)</span></span></p><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">Ainsi, entre l’humour, « le dégoût et le rire, l’apocalypse et le carnaval » (Kristeva, 1980, <br /></span></span><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">p. 161), le narrateur renforce le statut que les Allemands avaient attribué à cette colonie française :</span></span></div><p><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;"><i>la Chancellerie du Grand Reich avait trouvé pour les Français de Sigmaringen une certaine façon d’exister, ni absolument fictive, ni absolument réelle, qui sans engager l’avenir, tenait tout de même compte du passé... statut fictif, « mi-quarantaine mi-opérette » [...] finalement nous étions reconnus à titre précaire-exceptionnel « réfugiés en enclave française » à condition de...de...tout de même en enclave française !</i> (Céline, 1999, p. 333-334)</span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglEINZuEy_bVmFMRuu0WESUP_WVXC1LqIKVLxNyTyIg_GwudVT7YfAYMsPFaLwfF-95ISBQuyAjJuCwvckmfOsya4DHCPcNdt24Vy4Y8_pTJ6ST4Ax8X6Y6DZsMEEE8uveIbvt1Do8ATG8RXpn78_630qQohO0HREJDuZEFua0CESevowl-PvBEVzQF3-l/s1404/Jean%20Effel%20Jours%20sans%20Alboches%20Ce%CC%81line%20a%CC%80%20Sigmaringen%20Petites%20annonces%20Caricature.jpg" imageanchor="1" style="font-family: MinionPro; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="1142" data-original-width="1404" height="517" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglEINZuEy_bVmFMRuu0WESUP_WVXC1LqIKVLxNyTyIg_GwudVT7YfAYMsPFaLwfF-95ISBQuyAjJuCwvckmfOsya4DHCPcNdt24Vy4Y8_pTJ6ST4Ax8X6Y6DZsMEEE8uveIbvt1Do8ATG8RXpn78_630qQohO0HREJDuZEFua0CESevowl-PvBEVzQF3-l/w640-h517/Jean%20Effel%20Jours%20sans%20Alboches%20Ce%CC%81line%20a%CC%80%20Sigmaringen%20Petites%20annonces%20Caricature.jpg" width="640" /></a></div><p></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;">Sous un ton de moquerie, de détails « comiques, risibles ou grotesques » (Mikoff, 1999, p. 209), auxquels il nous a habitué, Céline nous présente certains portraits caricaturaux des habitants de cette enclave. Les réfugiés miliciens, collaborateurs et leurs familles sont installés dans différents endroits de la ville, non loin du château, qu’ils nomment « l’Olympe ». Dans cette demeure, au septième étage, dans les appartements du prince on retrouve le maréchal, sa femme et le docteur Ménétrel, médecin et conseiller du maréchal qui sera, très tôt, écarté de Sigmaringen par les Allemands, jugeant qu’il dissuadait Pétain de la collaboration souhaitée comme y fait référence Henri Godard dans la notice </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">D’un château l’autre </span><span style="font-family: MinionPro;">(Céline, 1996, p. 982).</span></span></p></div></div><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">Le Maréchal Pétain, ou bien l’« Incarneur total » (Céline, 1999, p. 192), comme le baptise Céline, est d’emblée condamné au début du récit : « Merde !... ils ont bien fait de le buter !... Verdun, patati et patata !... je l’ai connu [...] à Siegmaringen, je sais ce que je cause » (p. 28).</span></span></p></div></div></div><div class="page" title="Page 4"><div class="layoutArea"><div class="column"><div style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;">Céline met également en scène dans </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">D’un château l’autre </span><span style="font-family: MinionPro;">Pierre Laval, ancien Président du Conseil vichyste, hébergé au sixième étage, avec son épouse. Par le biais du mode satirique, il apparaît à deux reprises dans la gare de Sigmaringen et dans l’appartement qui lui a été attribué au château. Céline commence par faire un tableau flatteur de son attitude, lorsqu’il se retrouve mêlé à une scène de cohue à la gare : « il était brave... il haïssait les violences... Laval était le conciliant né... le Conciliateur !... et patriote !... et pacifiste !... moi qui voit que des bouchers partout !... lui pas ! pas !... pas ! » (Céline, 1999, p. 254). Cet enthousiaste portrait est rapidement privé de son ardeur et de sa grâce lorsque dans un entretien avec l’ancien Président du Conseil, auquel se joindra l’ex-ministre Jean Bichelonne, « l’un des rares avec qui Céline sympathisera et qui avait été chargé à Vichy du secrétariat d’État à la Propagande » <br /></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;">(Vitoux, 1988, p. 420), Laval commence une longue plaidoirie qui ne permet aucune intervention au narrateur de </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">D’un château l’autre</span><span style="font-family: MinionPro;">. N’acceptant pas son rôle de simple auditeur, ce dernier se sent tenté d’ébaucher quelques réflexions railleuses à son sujet, accentuant l’arrogance du personnage et faisant des commentaires racistes à son égard :</span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;"><br /></span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: MinionPro;">il en savait bien plus que moi !... bien sûr !... il en savait bien plus que tout le monde... en <br /></span></i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: MinionPro;">tout !... et sur tout ! Bicot, avec sa mèche d’ébène, il lui manquait que le fez crasseux... il était </span></i></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: MinionPro;">le vrai bicot de III</span><span style="font-family: MinionPro; vertical-align: 3pt;">e </span></i><span style="font-family: MinionPro;"><i>qui parle à tous les voyageurs, qui sait mieux que tous ceux qui sont là ce qu’ils devraient faire.</i> (Céline, 1999, p. 352)</span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;"><i>Il me tolérait comme auditeur ! pas commentateur !... Je rengaine donc mes compliments...[...] <br /></i></span></span><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;"><i>je connaissais sa plaidoirie... dix... vingt fois il me l’avait servie !... [...] je connaissais toutes les variantes, feintes, objections, appels pathétiques... [...] que lui Laval, pas à confondre ! que lui, avait la France dans le sang !... qu’il faudrait bien qu’ils l’avouent, gnomes imbéciles.</i> (p. 351)</span></span></div><p><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">Soulé par les paroles d’un si long discours, le narrateur parvient à engager le dialogue. Cependant, le ton, déjà en phase de transformation, passe au stade des injures. Dans cette scène, le narrateur met en évidence le physique de gitan de Laval. De son côté, l’ancien Président lui rappelle les propos racistes qu’il a tenus à son égard :</span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Il m’attendait au détour... il m’envoie sa botte ! « Vous êtes d’accord avec un juif ? » Ça y est !... le mot ! Le mot juif !... c’était fatal qu’il m’en parle ! la vache il attendait le monde ! Il prend l’offensive... « Vous m’avez bien traité de juif, n’est-ce pas Docteur ? » Oui, je le sais !... pas que vous ! </span><span style="font-family: MinionPro;">Je suis partout<i> </i></span><span style="font-family: MinionPro;"><i>aussi ! – Eux, pas tout à fait, Monsieur le Président !</i> (p. 354)</span></span></p></div></div><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;">À propos de cet extrait, Christine Sautermeister affirme qu’il « apparaît comme un règlement de comptes de Laval, le narrateur maintient ses dires tout en se distanciant du journal vichyssois </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Je suis partout</span><span style="font-family: MinionPro;">, accusé de complaisance vis à vis de Laval » (Sautermeister, 2002, p. 307). Sautermeister ajoute, à ce sujet, que nous sommes en présence d’un « Céline critique vis à vis de Vichy mais qui affiche son propre racisme. L’écrivain contre-attaque, se plaignant d’être à Sigmaringen par sa faute. Il accuse Laval de ne pas avoir tenté, comme il le fit pour “la bande”, de le “caser ailleurs” » (Céline, 1999, p. 355). Il en profite pour lui faire sentir son mécontentement :</span></span></p></div></div></div><div class="page" title="Page 5"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;"><i>Je prends la moutarde ! merde ! ces airs « de ne pas savoir » ! Je sais ce que je dis !... il serait bien content, bicot torve, que je paye pour la bande ! Que j’écope pour la compagnie ! Fripouilles, connivents, triple-jeux ! L’addition pour ma cerise !</i> (p. 355)</span></span></p><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">Après la présentation caricaturale de Laval, un autre personnage entre en scène ; il s’agit de Jean Bichelonne, ancien ministre de l’industrie qui n’échappe pas, lui non plus, à l’œil vif du narrateur, qui le présente comme celui qui avait « la plus grosse tête, pas seulement qu’il était champion de Polytechnique et des Mines... Histoire ! Géotechnie !... pardon !... un vrai cybernétique tout seul ! » (Céline, 1999, p. 157). Il s’agit, d’après le narrateur, d’un <br /></span></span><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">« spermatozoïde monstre » (p. 357) au vu de son « énorme tronche » (p. 357), de sa </span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">« formidable tronche » (p. 159). Comme le souligne Anne Henry, la description de ce </span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">« polytechnicien surdoué dépassé par l’évènement » (1994, p. 234) est, bien évidemment, marquée par une exagération bien célinienne.</span></span></div><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;">Au-delà de ces « privilégiés » de la Collaboration, aperçus par Céline à Sigmaringen, l’auteur expose les conditions de vie des simples réfugiés, des « vilains » dépossédés de leurs biens, de leurs illusions. Céline introduit, à nouveau, dans le récit qu’il fait de son expérience à l’intérieur de ce village bavarois, un thème qui lui est cher et qui consiste, selon ce que nous décrit Henri Godard dans la notice de </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">D’un château l’autre</span><span style="font-family: MinionPro;">, dans </span></span><span style="font-family: MinionPro;">la division de l’humanité [...] entre riches et pauvres ; les premiers mangent, boivent et jouissent, et prêchent aux seconds, qui travaillent et meurent de faim, toutes les vertus d’abstinence et de résignation. Sigmaringen semble d’abord évoqué pour illustrer cette division : d’un côté les « gâtés du château », nourris, lavés et chauffés, de même que les curés du </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Fidelis </span><span style="font-family: MinionPro;">; de l’autre « les ports galeux ». (Céline, 1996, p. 968)</span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;">Ces derniers sont entassés dans la petite ville, que ce soit dans la gare, où ils attendent un hypothétique train, soit dans un logement, dans l’une des auberges bondées comme le Bären ou le Löwen où vivent Céline, Lucette et Bébert au premier étage, chambre 11. Les femmes et les enfants des miliciens sont internés dans le camp que Céline désigne comme </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Cissen, </span><span style="font-family: MinionPro;">mais qui est, en réalité, le camp de </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Biessen</span><span style="font-family: MinionPro;">, qui ressemble à un camp de concentration. Ils y survivent dans des conditions déplorables, </span><span style="font-family: MinionPro;">au milieu d’une grande insalubrité où ils ont « vraiment très crevé de faim » (Céline, 1996, p. 160).</span></span></p></div></div></div><div class="page" title="Page 6"><div class="layoutArea"><div class="column"><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">Alors que le rationnement est très strict pour les réfugiés qui sont parqués hors du château, à l’intérieur de l’immense bâtisse, au contraire, la nourriture est abondante. Pétain, par exemple, dispose de « seize cartes » d’alimentation qu’il garde de façon égoïste.<br /></span></span><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">Céline démystifie cruellement son prestige et marque l’inégalité redoublée face à ceux qui doivent presque quémander un peu de pain. Il profite également de cette inégalité pour souligner non seulement son inimitié envers Pétain, mais surtout pour ridiculiser les thèmes de la Révolution Nationale : « Famille, Travail, Patrie ? Merde !... [...] je l’ai connu avec ses seize cartes à Siegmaringen, ... » (p. 28).</span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;">Tourmenté par les problèmes de ravitaillement, Céline achetait au marché noir. Outre cette obsession pour les provisions, il souffrait d’un délire de persécution se trouvant partout une foule d’ennemis imaginaires, constamment à l’affût des moindres indices de machinations dressées contre lui. Lucien Rebatet, qui était également réfugié à Sigmaringen et qui a fréquenté Céline au quotidien jusqu’au départ de celui-ci en mars 1945, affirme que ces traits d’obsession et de persécution auraient pu devenir intolérables. Toutefois, lorsqu’il était en milieu français, écarté de ces problèmes, il retrouvait sa fougue et sa gaieté, il amusait son auditoire. <br /></span></span><span style="font-family: MinionPro;">Dans </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">D'un Céline l'autre</span><span style="font-family: MinionPro;">, Lucien Rebatet, qui faisait partie de son petit cercle, raconte quelques moments de détente :</span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><br /></span></div><div style="text-align: left;"><i style="font-family: MinionPro;">satisfait de sa manœuvre, de nos rires, il s’engageait dans un monologue inouï, la mort, la guerre, <br /></i><i style="font-family: MinionPro;">les armes, les peuples, les continents, les tyrans, les nègres, les jaunes, les intestins, le vagin, </i></div><div style="text-align: left;"><i style="font-family: MinionPro;">la cervelle, les Cathares, Pline l’ancien, Jésus-Christ. La tragédie ambiante pressait son génie </i></div><div style="text-align: left;"><i style="font-family: MinionPro;">comme une vendange. Le cru célinien jaillissait de tous côtés. Nous étions à la source de son art.</i><span style="font-family: MinionPro; font-size: large;"> (Rebatet, 1963, p. 52)</span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro; font-size: large;"><br /></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">Céline n’épargnait pas ses remarques sarcastiques aux Allemands : il leur en voulait d’avoir perdu la guerre. Cependant, les hôtes allemands se montraient très tolérants à son égard, car <br /></span></span><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">ils admiraient le grand écrivain. Lucien Rebatet raconte un dîner auquel assistaient de hautes personnalités :</span></span></div><p style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;"><i>De nombreuses autorités militaires et administratives du « Gau » s’étaient fait inviter, friandes d’un régal d’esprit parisien. Il y avait même un général, la « Ritterkreuz au coup ». Céline, qui ne buvait pas une goutte de vin, entama un parallèle opiniâtre entre le sort des « Friquets », qui avaient trouvé le moyen de se faire battre, mais pour rentrer bientôt chez eux, bons citoyens et bons soldats, consciences nettes, ne devant des comptes à personne, ayant accompli leur devoir patriotique, et celui des « collabos » français qui perdaient tout dans ce tour de cons, biens, honneur et vie. Alors lui, Céline, ne voyait plus ce qui pourrait l’empêcher de proclamer que l’uniforme allemand, il l’avait toujours eu à la caille, et qu’il n’avait tout de même jamais été assez lourd pour se figurer que sous </i></span><span style="font-family: MinionPro;"><i>un pareil signe de collaboration ne serait pas un maléfice atroce. Mais les hauts militaires avaient décidé de trouver la plaisanterie excellente... </i>(p. 53)</span></span></p></div></div></div><div class="page" title="Page 7"><div class="layoutArea"><div class="column"><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">Le peuple allemand est, aux yeux de Céline, à l’image de ses lieux de vie : lourd, triste et ridicule. En outre, les Allemands se divisent globalement en deux groupes : les nazis, froids, efficaces et courtois, mais animés d’un délire sanguinaire, et les antinazis, souvent des nobles prussiens, parfois amicaux. Quelques-uns sont hostiles à Céline, telle la doctoresse de Sigmaringen qui refuse de l’aider à soigner un malade français. </span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">À son tour, Céline, ne leur fait pas confiance : </span></span><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;"><i>« les fritz sont sournois perfides !... vous pouvez vous attendre à tout ! regardez d’abord les music-halls, tous les prestidigitateurs sont boches ! [...] ils sont à se méfier terrible !...»</i> (Céline, 1999, p. 185).</span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;">Après les remarques esquissées sur les allemands, le narrateur </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">D’un château l’autre </span><span style="font-family: MinionPro;">décrit des évènements, qui sont purement imaginaires, comme la promenade de Pétain au bord du Danube, les émeutes devant le château et dans la gare, ou encore le dîner chez Abetz, ambassadeur d’Allemagne à Paris sous l’Occupation, qui prendra, dans le récit de Céline, le nom de « limogé Abetz [celui qui] donnait encore et malgré tout, tantôt ici tantôt là, des sortes de “surprise-partys” » (Céline, 1999, p. 333). Chargé à Sigmaringen de veiller à l’installation des réfugiés, Abetz a reçu « la mission de persuader Pétain et Laval de renoncer à leur passivité. Trois mois lui avaient été accordés par Ribbentrop pour atteindre son but. Ayant échoué, il fut révoqué [...] et remplacé par un nouvel ambassadeur, von Reinebeck » (p. 982). Pris de délire nazi, Otto Abetz est décrit comme un illuminé dont le plus grand « projet auquel il tient » (p. 339) est la célébration de « sa grande œuvre, [...] la plus colossale statue, Charlemagne en bronze, en haut de l’avenue de la Défense ! » (p. 339), « la très grande symbolisation que toute l’Europe attendait ! » (p. 340). C’est alors que Céline met en scène une dispute entre Abetz et l’écrivain français, Alphonse de Châteaubriant, sur le choix d’ « une Ode » (p. 340) qui devrait être jouée lors de l’inauguration de cette « formidable statue, dix fois plus grosse, large, haute, que la “Liberté” de New York! » (p. 343). Déconcerté par les propositions de Abetz, qu’il traite <br /></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;">de « peigne-cul » (p. 344), Châteaubriant explose « regarde la table... attrape une soucoupe... et vlang ! Y envoie !... et encore une autre !... et une assiette !...et un plat !... c’est la fête foraine ! [...] partout ! Et encore ! C’est du jeu de massacre ! » (p. 344).</span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;">Au sujet de ce portrait caricatural de Abetz, nous aimerions mettre en avant l’analyse proposée par Marie Hartmann qui défend que Céline « raille l’élaboration d’un passé mythique servant de prétexte aux destructions présentes » (Hartmann, 2006, p. 121). Encore une fois, pour justifier son dessein, Céline utilise l’injure, l’irréel. Comme le précise Karl Epting, cette rencontre « n’a [...] jamais pu avoir lieu, ne serait-ce que parce que Abetz n’a presque jamais franchi le seuil du château » (Epting, 1963, p. 57). <br /></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;">Epting ajoute même que Abetz lui a confié, peu avant sa mort, « combien certaines réalités intérieures de cette époque étaient devenues transparentes </span><span style="font-family: MinionPro;">dans cette scène, par le grotesque même des situations et des personnages, y inclus sa propre personne » (p. 57).</span></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;"><br /></span></span></div></div></div></div><div class="page" title="Page 8"><div class="layoutArea"><div class="column"><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">Au terme de cette analyse, et comme le défend Eric Mazet, « tout en n’ayant cessé d’arracher <br /></span></span><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">les masques de ses contemporains, de mettre à nu sa chair et ses nerfs, Céline aura été un fantastique comédien de sa propre existence et le formidable créateur de personnages de comédie » (Mazet, 1993, p. 211). De la sorte, nous pouvons affirmer qu’afin de donner plus de force littéraire à son récit,</span></span></div><p><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;"><i>Céline soumet chaque événement à la technique de la transposition, du « rendu émotif ». Il déforme les évènements au même degré qu’il déforme la langue, et dans le même souci «d’impressionnisme». C’est pourquoi on le trouve menteur, hypocrite, bas, etc. En faisant déjà dans les écrits intimes ce qu’il fera dans ses romans, il ne met pas de frontières entre son existence et son écriture.</i> (Céline, 1980, p. 190-191)</span></span></p><p><span style="font-family: MinionPro;"><span style="font-size: medium;">Comme le souligne si bien François Gibault, Céline « reste fidèle à sa technique de transposition qui consistait à ne jamais se contenter du mal et à rechercher toujours le pire » (1981, p. 289). Il nous semble que sur l’univers célinien pèse « le glaive invisible d’un jugement » (Kristeva, 1980, p. 162). Glaive, qui « n’est peut-être même pas une instance mais une distance : [...] un détachement qui f[ait] exister l’horreur et en même temps nous en écart[e] » (p. 162). Glaive qui « nous saisi[t] d’effroi, et de cette frayeur même font du langage une plume, fuyante, perçante, une dentelle, voltige, éclat de rire et note de mort » (p. 162).</span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MinionPro;">« Il faut être plus qu’un petit peu mort », comme l’affirme d’ailleurs Céline dans les </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Entretiens au professeur Y</span><span style="font-family: MinionPro;">, « pour être vraiment rigolo ! Voilà ! Il faut qu’on vous ait détaché » (Céline, 1993, p. 519). Idée qu’il développe dans une lettre à Milton Hindus, datée du 31 mars 1948 : « Je suis “détaché”, sérieux, classique dans mon délire – constructif – par-là peut-être je me rapproche des grands – c’est tout... » (Hindus, 1969, p. 186). Ce délire célinien avait déjà été caractérisé par Combelle lors- qu’il affirmait en 1941 : « la démesure célinienne veut que le lecteur ait bon estomac et bon esprit. Son génie touche esprit et corps. C’est pourquoi il est sain en dépit de sa boue » (Combelle, 1941, cité dans Sapiro, 1999, p. 187). Dans </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Féerie pour une autre fois I</span><span style="font-family: MinionPro;">, Céline renforcera cette posture délirante qui définit son « identité littéraire » (Roussin, 2005, p. 24) et que l’on retrouvera dans toute son œuvre : « J’ai des visions ? ... j’ai l’ouïe fantasque ? [...] c’est manière de rire ! pas plus ! [...] j’ai le rire naturel... de l’embellie dans la vacherie... c’est pas tout le monde...! [...] le texte vous vexe ? ça vous regarde ! » (Céline, 1993, p. 27).</span></span></p></div></div></div><div class="page" title="Page 9"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: MyriadPro; font-size: 13pt; font-weight: 600;">RÉFÉRENCES</span></p><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;">Arendt, H. (1973). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Les Origines du totalitarisme, Sur l’antisémitisme</span><span style="font-family: MinionPro;">. Paris : Calmann-Lévy. </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;">Azema, J. P. et Wieviorka, O. (2004). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Vichy 1940-1944</span><span style="font-family: MinionPro;">. Paris : Perrin.<br />Céline, L. F. (1980). Lettres à Albert Paraz, 1947-1957. J.-P. Louis (éd.). </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;">Dans </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Cahiers Céline </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">6. </span><span style="font-family: MinionPro;">Paris : Gallimard.<br />Céline, L. F. (1993). <br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Céline, L. F. (1993). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Féerie pour une autre fois I et II, Entretiens avec le professeur Y, </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Romans </span><span style="font-family: MinionPro;">t. IV. H. Godard (éd.). Paris : Gallimard.<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Céline, L. F. (1996). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">D’un château l’autre</span><span style="font-family: MinionPro;">, </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Nord, Rigodon</span><span style="font-family: MinionPro;">. </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Romans</span><span style="font-family: MinionPro;">, t. II. H. Godard (éd.). Paris : </span><span style="font-family: MinionPro;">Gallimard.<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Céline, L. F. (1999). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">D’un château l’autre</span><span style="font-family: MinionPro;">. Paris : Gallimard.<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Cointet, J.-P. (2003). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Sigmaringen, une France en Allemagne (sept. 1944-avril 1945). </span><span style="font-family: MinionPro;">Paris : Perrin.<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Epting, K. (1963). Céline ne nous aimait pas. Dans </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Cahiers de L ’Herne</span><span style="font-family: MinionPro;">, no 3 (p. 56-</span><span style="font-family: MinionPro;">59). Paris.<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Gibault, F. (1981). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Céline III, Cavalier de l’Apocalypse, 1944-1961. </span><span style="font-family: MinionPro;">Paris : Mercure de France. Godard, H. (1985). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Poétique de Céline</span><span style="font-family: MinionPro;">. Paris : Gallimard.<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Hartmann, M. (2006). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">L’envers de l’histoire contemporaine. Étude de la « trilogie allemande »<br /></span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">de Louis-Ferdinand Céline</span><span style="font-family: MinionPro;">. Paris : Société des études céliniennes et Marie Hartmann.</span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;">Henry, A. (1994). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Céline écrivain</span><span style="font-family: MinionPro;">. Paris : L’Harmattan.<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Hindus, M. (1969). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">L. F. Céline tel que je l’ai vu</span><span style="font-family: MinionPro;">. Paris : L’Herne.<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Kristeva, J. (1980). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Pouvoirs de l’horreur</span><span style="font-family: MinionPro;">. Paris : Seuil.<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Mazet, E. (1993). D’un masque l’autre. </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">L’Année Céline 1993</span><span style="font-family: MinionPro;">, 211-222. <br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Mikoff, I. (1999). L’illusion comique célinienne. </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro;">Dans </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Classicisme de Céline</span><span style="font-family: MinionPro;">. Actes du dou</span><span style="font-family: MinionPro;">zième Colloque international Louis-Ferdinand Céline, Abbaye d’Ardenne, July 3-5, 1998</span><span style="font-family: MinionPro;">(p. 209-226). Paris : Société d’études céliniennes.<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Rebatet, L. (1963). D’un Céline l’autre. Dans </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Cahiers de L ’Herne</span><span style="font-family: MinionPro;">, no 3 (p. 42-55). </span><span style="font-family: MinionPro;">Paris.<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Roussin, P. (2005). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Misère de la littérature, terreur de l’histoire. Céline et la littérature </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">contem</span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">poraine</span><span style="font-family: MinionPro;">. Paris : Gallimard.<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Rousso, H. (1984). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Pétain et la fin de la collaboration, Sigmaringen 1944-1945</span><span style="font-family: MinionPro;">. Bruxelles :<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Complexe.<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Sapiro, G. (1</span><span style="font-family: MinionPro;">999). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">La guerre des écrivains (1940-1953)</span><span style="font-family: MinionPro;">. Paris : Fayard.<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Sautermeister, C. (2002). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">Céline Vociférant ou l’art de l’injure</span><span style="font-family: MinionPro;">. Paris : Société des études céli</span><span style="font-family: MinionPro;">niennes.<br /></span><span style="font-family: MinionPro;">Vitoux, F. (1988). </span><span style="font-family: MinionPro; font-style: italic;">La vie de Céline</span><span style="font-family: MinionPro;">. Paris : Bernard Grasset.</span></div><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MyriadPro;">R É S U M É : </span><span style="font-family: MinionPro;">Dans ses trois romans, communément désignés comme trilogie allemande, Céline évoque le récit de son périlleux exode en Allemagne, de 1944 à 1945, puis au Danemark de 1945 à 1951. Notre propos n’est pas de reprendre tout ce périple, mais de nous attarder sur son séjour à Sigmaringen où presque toutes les figures marquantes de la Collaboration sont dépeintes et caricaturées par Céline sur un ton de mépris qui lui est exclusif et marque sa singularité exceptionnelle. Nous en retiendrons </span><span style="font-family: MinionPro;">quelques exemples pour montrer comment l’écrivain amplifie les traits de ses personnages, pour donner plus de vigueur à ses descriptions. Céline brosse leurs portraits, en accentuant leurs caractères ou bien en leur prêtant, parfois, des attitudes ridicules. Par des détails hilariants, burlesques, comiques, Céline parvient à caricaturer certaines personnalités du gouvernement de Vichy dans une atmosphère où se mêlent absurdité, chaos, décadence.</span></span></p></div></div></div><div class="page" title="Page 10"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: MinionPro; font-size: 11pt; font-weight: 700;">Mots-clés : </span><span style="font-family: MinionPro; font-size: 11pt;">Céline, Sigmaringen, caricature, comique, grotesque, démesure</span></p><p><span style="font-family: MyriadPro; font-weight: 600;"><span style="font-size: medium;">Caricatural portraits of the Vichy government under Céline’s inordinate verve</span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: MyriadPro;">A B S T R A C T : </span><span style="font-family: MinionPro;">In his three novels, commonly referred to as the German trilogy, Céline evokes the story of his dangerous exodus to Germany, from 1944 to 1945, then to Denmark from 1945 to 1951. Our purpose is not to take the whole journey back, but to dwell on his stay in Sigmaringen where almost all the outstanding figures of the Collaboration are depicted and caricatured by Céline in a tone of contempt particular of him and of his exceptional singularity. We will use a few examples to show how the writer amplifies his characters’ features, to strengthen his descriptions. Céline paints their portraits, exaggerating their characteristics or, sometimes, endowing them with ridiculous attitudes. By hilarious, burlesque, comical details, Céline manages to caricature certain figures of the Vichy government in an atmosphere where absurdity, chaos and decadence mingle.</span></span></p><p><span style="font-family: MinionPro; font-size: 11pt; font-weight: 700;">Keywords: </span><span style="font-family: MinionPro; font-size: 11pt;">Céline, Sigmaringen, caricature, comic, grotesque, excess</span></p></div></div></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-71497604066422726472023-06-02T06:59:00.002-07:002023-06-02T07:04:00.048-07:00Une visite à Gen Paul, exposition à Bruxelles, galerie de la Béraudière<p><span style="background-color: white; color: #060606;"><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b>Ce mercredi 5 avril 2023, Monsieur de la Béraudière avait invité les membres de la Société des Lecteurs de Céline (SLC) à visiter sa galerie où il a réuni une trentaine des plus belles œuvres de Gen Paul. La petite délégation parisienne a été chaleureusement reçue par nos amis bruxellois qui avaient organisé la journée. Merci à Luc, Marc et Marc pour cette magnifique journée pour laquelle ils avaient aussi prévu du soleil…</b></span></span></p><p><span style="background-color: white; color: #060606;"><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b></b></span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgE0FNLymjYhaPPFniodUJRaeb4mEkZPVIXAn-KhRZz6OSP_AWz1_DdRIrE8hUwaZq-dNA-P24-sNyHlfuM-XtaxMcltwVF9gQRAlfuPnOa9kuR_bYT4NhCYq26l0XYHVz7bbFRGWGidEHWTW3nynBJdjr4RRFT4FKYJB-EuWwFX6iXuXFvHiShAGFhUA/s2448/IMG_3847.jpeg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="2448" data-original-width="2448" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgE0FNLymjYhaPPFniodUJRaeb4mEkZPVIXAn-KhRZz6OSP_AWz1_DdRIrE8hUwaZq-dNA-P24-sNyHlfuM-XtaxMcltwVF9gQRAlfuPnOa9kuR_bYT4NhCYq26l0XYHVz7bbFRGWGidEHWTW3nynBJdjr4RRFT4FKYJB-EuWwFX6iXuXFvHiShAGFhUA/w400-h400/IMG_3847.jpeg" width="400" /></a></td></tr></tbody></table><p></p><div style="text-align: center;"><span style="background-color: white; color: #060606; font-family: courier;"><span style="font-size: medium;"><b> </b></span></span><b style="color: #060606; font-family: courier;">Gen Paul à la Galerie de Béraudière, </b></div><p><span style="background-color: white; color: #060606;"><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b></b></span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier; text-align: left;"><div style="text-align: center;"><b style="color: #060606;">Rue Jacques Jordaens, 6 à 1000 Bruxelles</b></div></span></td></tr></tbody></table><div style="text-align: left;"><div style="text-align: center;"><b style="color: #060606; font-family: georgia; text-align: left;"><br /></b></div><div style="text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8rgycBOGtdyCHCjeoGxfbPR2U8Q8pLGiCS-CxRLwwv7hq22BnJcmxuzXdlp3qBtQyiJL1HA2LacS6G4ImBKQTmmZTk-XHCQcsa_qSL827a-fs5LGsEiH9DHwpT0vUqBI69aZZ00uOEKeiHNy-Wea1-Q7L5qONZr9s0OVABECWnSik4kP0ZA64T7qHtw/s1417/La%20de%CC%81le%CC%81gation%20parisienne%20e%CC%81tait%20compose%CC%81e%20de%20d%E2%80%99Alain%20Corte%CC%81%20u,%20Ge%CC%81rard%20Silmo%20v,%20%20%20Fabrice%20Malfet%20w,%20%20Ramon%20Creixams%20x%20et%20Christian%20Mouquet%20(hors%20photo).%20Ici%20rec%CC%A7us%20a%CC%80%20la%20gare%20de%20Bruxelles%20%20par%20nos%20hotes%20belges.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1075" data-original-width="1417" height="304" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8rgycBOGtdyCHCjeoGxfbPR2U8Q8pLGiCS-CxRLwwv7hq22BnJcmxuzXdlp3qBtQyiJL1HA2LacS6G4ImBKQTmmZTk-XHCQcsa_qSL827a-fs5LGsEiH9DHwpT0vUqBI69aZZ00uOEKeiHNy-Wea1-Q7L5qONZr9s0OVABECWnSik4kP0ZA64T7qHtw/w400-h304/La%20de%CC%81le%CC%81gation%20parisienne%20e%CC%81tait%20compose%CC%81e%20de%20d%E2%80%99Alain%20Corte%CC%81%20u,%20Ge%CC%81rard%20Silmo%20v,%20%20%20Fabrice%20Malfet%20w,%20%20Ramon%20Creixams%20x%20et%20Christian%20Mouquet%20(hors%20photo).%20Ici%20rec%CC%A7us%20a%CC%80%20la%20gare%20de%20Bruxelles%20%20par%20nos%20hotes%20belges.jpg" width="400" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTl_XKEt3bK0yO0yzp76SXZ2Bbxxd2kVudS7hjVGo-CI3qMYmkere_DCyIFiwyWjscCopTAtB4oNvjA6qSSUlIiJkJ4taoeSpalN9NdQ0e6GdYy9Qvs-PABDU7V_0sKrfvu9vDSng8Bb2kJ4VyofyiHLFMunRrwKM8nLsoJwx1oWIGb4N5rh-d3uE32w/s1417/De%CC%81jeuner%20avec%20Alain%20Corte%CC%81,%20Marc%20Hanrez,%20CHM,%20Fabrice%20Malfet%20et%20Ge%CC%81rard%20Silmo.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1056" data-original-width="1417" height="296" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTl_XKEt3bK0yO0yzp76SXZ2Bbxxd2kVudS7hjVGo-CI3qMYmkere_DCyIFiwyWjscCopTAtB4oNvjA6qSSUlIiJkJ4taoeSpalN9NdQ0e6GdYy9Qvs-PABDU7V_0sKrfvu9vDSng8Bb2kJ4VyofyiHLFMunRrwKM8nLsoJwx1oWIGb4N5rh-d3uE32w/w400-h296/De%CC%81jeuner%20avec%20Alain%20Corte%CC%81,%20Marc%20Hanrez,%20CHM,%20Fabrice%20Malfet%20et%20Ge%CC%81rard%20Silmo.jpg" width="400" /></a></div><b style="color: #060606; font-family: georgia; text-align: left;"><br /></b></div><br /><div style="text-align: center;"><b style="color: #060606; font-family: georgia; text-align: left;">En fin de visite, Gérard Silmo, trésorier de notre SLC et grand connaisseur du peintre nous a régalé d'une conférence dans laquelle l'érudition rimait avec humour… En voici le texte rétabli à partir de ses notes.</b></div><div style="text-align: center;"><b style="color: #060606; font-family: georgia; text-align: left;"><br /></b></div><div style="text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtfan82Q2-WTWCqC5gHQepeFuZCOlPwPzFihjBLY9FGnZtNKU0xYo3ZzHB88NAraZ-mCQXHZsRfssdG-xt-GdIY0gDPovo7U32ctnlsWW6ILQdHtJes_us0T0GPQ7aP1H1bKeYU7o3PETIs4cUkL4quzITj6T9R7QY5Vx-cDk3hUYzgzUxg5f-tGXDPA/s1559/Ge%CC%81rard%20Silmo%20pendant%20sa%20confe%CC%81rence%20tre%CC%80s%20suivie%20dans%20la%20magnifique%20de%CC%81cor%20de%20la%20galerie%20de%20la%20Ribaudie%CC%80re%20a%CC%80%20Bruxelles,%20le%20mercredi%205%20avril%202023.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1261" data-original-width="1559" height="323" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtfan82Q2-WTWCqC5gHQepeFuZCOlPwPzFihjBLY9FGnZtNKU0xYo3ZzHB88NAraZ-mCQXHZsRfssdG-xt-GdIY0gDPovo7U32ctnlsWW6ILQdHtJes_us0T0GPQ7aP1H1bKeYU7o3PETIs4cUkL4quzITj6T9R7QY5Vx-cDk3hUYzgzUxg5f-tGXDPA/w400-h323/Ge%CC%81rard%20Silmo%20pendant%20sa%20confe%CC%81rence%20tre%CC%80s%20suivie%20dans%20la%20magnifique%20de%CC%81cor%20de%20la%20galerie%20de%20la%20Ribaudie%CC%80re%20a%CC%80%20Bruxelles,%20le%20mercredi%205%20avril%202023.jpg" width="400" /></a></div><br /><b style="color: #060606; font-family: georgia; text-align: left;"><br /></b></div></div><div><span style="font-family: verdana;">Me Maurice Rheims, qui en 40 ans de marteau a vu passer plusieurs dizaines de milliers de tableaux, a dit parlant des huiles des années 1920 </span><span style="font-family: verdana;">: « les peintures de Gen Paul de cette période comptent parmi les meilleures du siècle ». Ce sont</span><span style="font-family: verdana;">celles réunis ici par Jacques de la Béraudière que nous remercions chaleureusement pour son invitation.</span></div><div><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtwI5IL-WzMngTXFaxzoPeLEsF72_HFLdwl8qe7bB7RmTxk8Z0_W_DCvhEYgyNpt3rTL7hPeVUr0_vfLFTFKIrCvobeASEm4E5bNaryNTkps0Hz8Nv-dxYG2q6KMgDTl-D0iMKL5WhzCHy4BdPFXxuocYS4LbxbsJAn0ObZZVsF9taIcyZqb2olOk19Q/s1417/Ge%CC%81rard%20Silmo%20dans%20le%20salon%20ou%CC%80%20aura%20lieu%20la%20confe%CC%81rence.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1063" data-original-width="1417" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtwI5IL-WzMngTXFaxzoPeLEsF72_HFLdwl8qe7bB7RmTxk8Z0_W_DCvhEYgyNpt3rTL7hPeVUr0_vfLFTFKIrCvobeASEm4E5bNaryNTkps0Hz8Nv-dxYG2q6KMgDTl-D0iMKL5WhzCHy4BdPFXxuocYS4LbxbsJAn0ObZZVsF9taIcyZqb2olOk19Q/w400-h300/Ge%CC%81rard%20Silmo%20dans%20le%20salon%20ou%CC%80%20aura%20lieu%20la%20confe%CC%81rence.jpg" width="400" /></a></div><br /><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><b>ITINERAIRE DE L'ARTISTE</b></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Eugène Paul est né en 1895 dans un milieu modeste. Mère brodeuse, père plombier le jour, musicien de cabaret la nuit. C'est un pur montmartrois né rue Lepic, au 96. </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana; text-align: left;">Petite parenthèse, rappelons que le docteur Destouches, abandonnant Clichy, viendra habiter, en 1929, au 98 de la même rue. </span></div></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjebu2bk-PBOTMhbpu3UDV90OA6OniedWgoVkgvpO8QKrZSLc_numQ6uYVQ_2LnbBjhqaGGKoDIgEM0-sJu8zjKWMO_x6fxrSk9E4Y4bq-Yvbg7ptulwySzfCfKmr2mZiDcmggYnk7pY8DfcH16kqwXhTNsBbyVtHA3ahHU90uG_oIBAXPF-1wCVnTuHg/s1417/Ramon%20Creixams%20de%20Herrera%20devant%20le%20portrait%20de%20son%20pe%CC%80re.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="1226" data-original-width="1417" height="345" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjebu2bk-PBOTMhbpu3UDV90OA6OniedWgoVkgvpO8QKrZSLc_numQ6uYVQ_2LnbBjhqaGGKoDIgEM0-sJu8zjKWMO_x6fxrSk9E4Y4bq-Yvbg7ptulwySzfCfKmr2mZiDcmggYnk7pY8DfcH16kqwXhTNsBbyVtHA3ahHU90uG_oIBAXPF-1wCVnTuHg/w400-h345/Ramon%20Creixams%20de%20Herrera%20devant%20le%20portrait%20de%20son%20pe%CC%80re.jpg" width="400" /></a></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Et c’est à ce même 98 que naquit notre ami Ramon, ici présent. Son père était le peintre Pedro Creixams, ami de Gen Paul, et sa mère Nana de Herrera, danseuse portraiturée par Tamara de Lempicka et utilisée par Dransy, puis, à partir de photos, silhouette pour la publicité des cigarettes Gitanes. Il a bien connu Gen et répondra tout à l'heure à vos questions, tout comme Alain Corté qui a mille anecdotes à vous conter sur son ami, le Gen Paul des dernières années. Et je n'oublie pas notre ami le galériste Fabrice Malfet, autre spécialiste du peintre.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEAPlHkINU-oEUH77v-gH9P9gt0xaSCdduMxqEwROHy5msS_p1GZ_KCsyrdooGgBqzXSMh5vwPGinT9QeuXnMPL_a_TBOqXFO4942H_IloAlvrVlOToY8wLSCLL9plTeie_lpKlsdrQy1oHLTtdWkgEHX6t0kfalGzjwDqHbnmbtzJ7wF4icC-3ssZTA/s1559/Fabrice%20Malfet,%20antiquaire%20spe%CC%81cialiste%20de%20Gen%20Paul,%20%20Marc%20Laudelout,%20directeur%20du%20Bulletin%20ce%CC%81linien%20et%20%20Luc%20Vandenheede,%20co-organisateur%20de%20la%20re%CC%81union,%20%20devant%20L%E2%80%99e%CC%81tal%20de%20poissons%20(1925-1929).jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1118" data-original-width="1559" height="286" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEAPlHkINU-oEUH77v-gH9P9gt0xaSCdduMxqEwROHy5msS_p1GZ_KCsyrdooGgBqzXSMh5vwPGinT9QeuXnMPL_a_TBOqXFO4942H_IloAlvrVlOToY8wLSCLL9plTeie_lpKlsdrQy1oHLTtdWkgEHX6t0kfalGzjwDqHbnmbtzJ7wF4icC-3ssZTA/w400-h286/Fabrice%20Malfet,%20antiquaire%20spe%CC%81cialiste%20de%20Gen%20Paul,%20%20Marc%20Laudelout,%20directeur%20du%20Bulletin%20ce%CC%81linien%20et%20%20Luc%20Vandenheede,%20co-organisateur%20de%20la%20re%CC%81union,%20%20devant%20L%E2%80%99e%CC%81tal%20de%20poissons%20(1925-1929).jpg" width="400" /></a></div><span style="font-family: verdana;"><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>Avant de refermer la parenthèse, je signale que le biographe de Gen Paul, Jacques Lambert, est aussi celui de Nana de Herrera (Fauves éditions).</span><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Eugène Paul est autodidacte, mais il possède des dons certains pour le dessin, la peinture et aussi la gravure où là il bénéficia et assimila rapidement les techniques enseignées par Eugène Delâtre (surtout celles de l'aquatinte et de la taille-douce). Il signait d'ailleurs Paul Trelade (Delâtre en verlan) ses premières gravures.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYoQb-NX1Xe43DchW-Ltuc-XXJzW2TdSdNQJ3L10Eo3gETO0Qhem-oDK8WW9L7tin7QE7L_hsZVatBIG0X1D1sD8iBOIExY97Yx79grFzKZoc0cQUdaAxkw3hfW7CDgjjLj-6tELymz0Qiazt6jdFhYIv4Fu1d1tU93r07KENTIyozrV5tE1EiLxclvA/s1498/Gen%20Paul%20en%20soldat.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="872" data-original-width="1498" height="231" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYoQb-NX1Xe43DchW-Ltuc-XXJzW2TdSdNQJ3L10Eo3gETO0Qhem-oDK8WW9L7tin7QE7L_hsZVatBIG0X1D1sD8iBOIExY97Yx79grFzKZoc0cQUdaAxkw3hfW7CDgjjLj-6tELymz0Qiazt6jdFhYIv4Fu1d1tU93r07KENTIyozrV5tE1EiLxclvA/w400-h231/Gen%20Paul%20en%20soldat.png" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;">Gen Paul en soldat</span></td></tr></tbody></table><br /><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Au cours de la Grande guerre, il fut blessé et amputé une première fois d'un orteil au pied droit, puis en 1915, – le 16 juin à l'âge de 20 ans – de la jambe droite, 25 cm au-dessus du genou.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Le retour à la vie civile est très difficile. Il s'adonne aux drogues et surtout à l'alcool pour diminuer ses souffrances, ce qui aurait stimulé son processus de création (comme celle d’Utrillo, son voisin montmartrois). Il se consacre alors totalement à la peinture, encouragé dit-il, par Juan Gris un des locataires du Bateau-Lavoir qui lui offre pinceaux et tubes de couleurs, et aussi par Elisée Maclet qui lui aurait vendu son premier tableau.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Les membres du jury du Salon d'Automne sélectionne son travail et l'expose en 1920. La même année, il commence à voyager en France ; puis en Espagne à partir de 1922, et il effectue en 1924 un premier voyage à New-York. 9 autres suivront, le dernier en 1968 à l'âge de 73 ans.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">A chacun de ses voyages madrilènes, il se rend au Prado et s'arrête longuement devant les Gréco, Vélasquez et surtout les Goya. A propos des grands musées, Gen Paul disait : «Un peintre, s'il ne craint pas de recevoir des coups de pied au cul quand il va dans un musée, ce n'est pas un peintre, et je suis sûr que Picasso lui-même avait le trac d'entrer au Prado«.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">En juin 1928, le grand marchand Bing organise, dans sa galerie de la rue de la Boétie à Paris, une exposition collective réunissant – excusez du peu – Braque, Picasso, Rouault, Soutine et Gen Paul !</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiL5h9BvvZ5AEjfOObqhHg5E-WcGarejizLE939RACxR7MDN3J_5ToJdDVWT-_rP6p2rsXFNVtoMVrfm3JPKppMqkdeS1M-4oGtF3EPoB32XAS9yPORO8Krhvt-YRS99K0bhlWWN9jfosDupEfPfEvjTeAyWfNsGwsh96lhbS3Prakxr8pdO4bRytGEdA/s1289/Gen%20Paul%20dans%20L'%20Atalante%20de%20Jean%20Vigo%20(1934).jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="742" data-original-width="1289" height="229" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiL5h9BvvZ5AEjfOObqhHg5E-WcGarejizLE939RACxR7MDN3J_5ToJdDVWT-_rP6p2rsXFNVtoMVrfm3JPKppMqkdeS1M-4oGtF3EPoB32XAS9yPORO8Krhvt-YRS99K0bhlWWN9jfosDupEfPfEvjTeAyWfNsGwsh96lhbS3Prakxr8pdO4bRytGEdA/w400-h229/Gen%20Paul%20dans%20L'%20Atalante%20de%20Jean%20Vigo%20(1934).jpg" width="400" /></a></div><span style="font-family: verdana;"><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>Sa prodigieuse période créatrice que nous voyons ici cesse en 1929. Sur le retour d'un épuisant voyage dans le sud algérien, il attrape un paratyphus. Donnant des signes de confusion mentale, il parvient, non sans difficulté, à rallier Madrid où il est hospitalisé en urgence, atteint de delirium tremens. Sauvé in-extrémis par les médecins, veillé par son célèbre confrère Ignacio Zuloaga, raccompagné à Paris par Fernande, sa première épouse accourue à son chevet, Eugène mettra plusieurs mois à se rétablir.</span><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Un homme va réussir à lui faire changer ses habitudes alimentaires très arrosées, c'est le Dr Destouches. Nous en reparlerons.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoll6HAs0cpdb_EV4CwByRt7qpQcgSu0ncpn_mYixarexQM1ZckQsvaYt6bPVsulY17G90-0T7AlE66j0WdpoHzuiOsp3WU2-V4ljWk9Ho3-MoPZcJZa5h9xp1OTvsFEAFLx33iOaH1AAwUz1FWbySPci4gIOZlkLDumkuePC0Ctn8GG6M-4mWSUrXrQ/s1728/Ce%CC%81line%20et%20Gen%20Paul%20en%20goguette%20peint%20par%20ce%20dernier.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="884" data-original-width="1728" height="204" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoll6HAs0cpdb_EV4CwByRt7qpQcgSu0ncpn_mYixarexQM1ZckQsvaYt6bPVsulY17G90-0T7AlE66j0WdpoHzuiOsp3WU2-V4ljWk9Ho3-MoPZcJZa5h9xp1OTvsFEAFLx33iOaH1AAwUz1FWbySPci4gIOZlkLDumkuePC0Ctn8GG6M-4mWSUrXrQ/w400-h204/Ce%CC%81line%20et%20Gen%20Paul%20en%20goguette%20peint%20par%20ce%20dernier.png" width="400" /></a></div><span style="font-family: verdana;"><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>Deux ans après la parution de </span><i style="font-family: verdana;">Mort à crédit</i><span style="font-family: verdana;">, il en illustre une édition de luxe en composant 164 gouaches dont 15 en pleine page, et comme vous le savez, au printemps 1942 il réalise 15 dessins pour </span><i style="font-family: verdana;">Voyage</i><span style="font-family: verdana;"> et 16 pour M</span><i style="font-family: verdana;">ort</i><span style="font-family: verdana;">, à la demande de Robert Denoël, dans un style s'adaptant parfaitement aux deux textes.</span><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Devenu veuf en 1929, il épouse en secondes noces Gabrielle Abet, une jeune audoise de 20 ans (il en a 50). Ses témoins seront Jean Perrot et Marcel Aymé.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Juillet 1948 : le voyage de noces se déroule aux Etats-Unis, d'abord New-York bien sûr, puis la Louisiane où Gen entraîne Gaby dans les clubs de jazz. Les goûts du peintre sont éclectiques car il apprécie aussi les préludes de Liszt ; de même qu’en littérature ses grands hommes sont aussi bien Molière ou La Fontaine que Mac Orlan ou Alphonse Boudard.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Côté cœur, par contre, l'orage gronde déjà et dès le retour de leur voyage de noces, le couple se sépare. </span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Officiellement divorcée en 1949, Gabrielle vit à Limoux, tout en s'autorisant des visites chez son ex-mari. Et, au début de l'année 1953, elle lui annonce être enceinte. Un fils naît en septembre, non à Paris, non à Limoux, mais à Genève !</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Gen financera, de manière exclusive, l'éducation de l'enfant qu’il verra peu puisqu’il vivait dans l’Aude. Il le couvrira de cadeaux, lui offrira voyages, automobile etc. Devenu radiologue à St Laurent-sur-Var, le docteur Gen Paul junior se détachera totalement de l'œuvre artistique de son «géniteur », dont il était pourtant l’ayant droit.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgfvru2qJyDu9smETXimh9jhgQIUINIU4770B4v3Rg8-Q4Cbzhql1JXRim5w3GYGCiqaIE4vqD6JsgyWuh8Q9LrLDP-6Zars5glA-j-frnpfoasSpwd1CNPRxw2IHD3rcSidJgVPnNC5iCkckGOPlS1dvzqInkRkqzsJ-Rvm_1bo4wWAnsGWvopEgoPQ/s2510/Toile%20Gen%20Paul%20_3879%20Pour%20l'ami%20Hensel%20n.d..jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2275" data-original-width="2510" height="363" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgfvru2qJyDu9smETXimh9jhgQIUINIU4770B4v3Rg8-Q4Cbzhql1JXRim5w3GYGCiqaIE4vqD6JsgyWuh8Q9LrLDP-6Zars5glA-j-frnpfoasSpwd1CNPRxw2IHD3rcSidJgVPnNC5iCkckGOPlS1dvzqInkRkqzsJ-Rvm_1bo4wWAnsGWvopEgoPQ/w400-h363/Toile%20Gen%20Paul%20_3879%20Pour%20l'ami%20Hensel%20n.d..jpg" width="400" /></a></div><br /><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">La production de ce dernier s'écoule toujours aisément, même si l'artiste ne veut se lier à aucun marchand – seule exception avant-guerre avec Georges Bernheim pour un contrat d’un an et demi. Ses expositions dans les galeries rencontrent le succès, notamment chez Drouant et David en octobre 52, Ferrero à partir de 53, Chalom en 1973. Il ne lui reste plus alors que 2 ans à vivre.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Fatigué, Gen Paul ne descend plus à l'atelier. Il ne bouge guère de son petit appartement, continuant néanmoins à dessiner ou à lithographier chaque jour, croquant instantanément les vedettes passant à la télévision.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEii846oq7xIOe-9zVIAoyGP2K4_AXH1dHDoSec9QZVfnBpVwcOftQYzaZGCL5AkzkL1FH3DX76J4KSmTgIpV2mSX6lrYtYcXph-Wg_aH1XEHb0NCeSOhbZ-osxzL8oU0FbH-wX4_iwG4gEdqEJV208klSUgL_jQiV1gUvy-5LiiTwuzovwMKym6gGw4zg/s2268/Gen%20Paul%20a%CC%80%20la%20Te%CC%81le%CC%81.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1144" data-original-width="2268" height="201" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEii846oq7xIOe-9zVIAoyGP2K4_AXH1dHDoSec9QZVfnBpVwcOftQYzaZGCL5AkzkL1FH3DX76J4KSmTgIpV2mSX6lrYtYcXph-Wg_aH1XEHb0NCeSOhbZ-osxzL8oU0FbH-wX4_iwG4gEdqEJV208klSUgL_jQiV1gUvy-5LiiTwuzovwMKym6gGw4zg/w400-h201/Gen%20Paul%20a%CC%80%20la%20Te%CC%81le%CC%81.jpg" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;">Gen Paul à la télé</span></td></tr></tbody></table><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Mars 1975 : il est opéré d'un cancer bien trop avancé pour être guéri et décède le 30 avril. Malgré une jambe en moins, malgré les drogues, l'alcool, le tabac, les bagarres, etc., le bonhomme aura vécu 80 ans en laissant à la postérité quelques grands chefs-d'œuvre de la peinture du XXe siècle.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><b><i>Quelle était l'originalité de sa peinture ?</i></b></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Avant d'acquérir le style qu'on lui connaît, le jeune Eugène Paul s'est cherché, travaillant à la manière de… Son premier commanditaire, Mathot, lui demandait d’ailleurs de peindre dans le goût de Monticelli, de Lautrec, de Lebourg, ce qu'il parvenait à faire sans difficulté, et cela se vendait. Mais, dès 1921-22, il autonomise sa facture, on sent alors sa nouvelle liberté de touche, surtout dans ses œuvres sur papier (aquarelles, gouaches, pastels).</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhunZEC5z_iGb3d4_f0KgyYjteVeB64Np9JSDviBTHIkmleBdugdcIFIjPthMQ-1xNDT-hbaZ-QDEz7tQC8bd3rW90FBnts5mdYKApKnxX8BYr5d5SMRSNDDnzQP1DXhM3P7PQ0sKawl6UebqaDtd3zmHpmue0KBChsJfF9k3u1fD8vUfs1Be6klfAIFg/s2321/Toile%20Gen%20Paul%20_3872%20Coeur%20d'amour,%20Java%20c.%201927.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2321" data-original-width="1632" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhunZEC5z_iGb3d4_f0KgyYjteVeB64Np9JSDviBTHIkmleBdugdcIFIjPthMQ-1xNDT-hbaZ-QDEz7tQC8bd3rW90FBnts5mdYKApKnxX8BYr5d5SMRSNDDnzQP1DXhM3P7PQ0sKawl6UebqaDtd3zmHpmue0KBChsJfF9k3u1fD8vUfs1Be6klfAIFg/w280-h400/Toile%20Gen%20Paul%20_3872%20Coeur%20d'amour,%20Java%20c.%201927.jpg" width="280" /></a></div><span style="font-family: verdana;"><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>La grande période genpaulienne couvrira six années, de 1924 à 1929. Des critiques ont prétendu - à mon avis avec raison – qu'il a anticipé les recherches des expressionnistes abstraits américains, bien qu'il soit toujours resté dans la figuration. Cela en raison de cette calligraphie gestuelle, ce langage explosif des couleurs parfois travaillées en haute pâte, cette propre création plastique qui précède l'action painting d'un bon quart de siècle, car les premières “women” de Willem de Kooning n'apparaissent qu'en 1948, les Motherwell les plus approchants qu'en 1955, ceux d'Arhile Gorky un peu avant. L'esprit genpaulien est un peu moins flagrant chez Tobey, ou Kline ou Pollock, mais l'influence du Français est indéniable chez les lyriques étatsuniens de l'après guerre.</span><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWQPFZo8UEs8ediPx7uiLGj02nMwQMrmgmr0JQcC38JXDIKn3WHVhEXVYrl8VrGphsjvYwKux34i8lol0iVE11eDMYw45A_MUrlQIhKLhY6SArR_VcSmeZGVGutnCuwt6MsQf3sKzHJzqCmzWTDA37SyJfjpMGCMucMYCAdcyiapDYb9tXYvjhgkvVfQ/s2448/Toile%20Gen%20Paul%20_3863%20La%20partie%20d'e%CC%81checs%201928.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2448" data-original-width="1842" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWQPFZo8UEs8ediPx7uiLGj02nMwQMrmgmr0JQcC38JXDIKn3WHVhEXVYrl8VrGphsjvYwKux34i8lol0iVE11eDMYw45A_MUrlQIhKLhY6SArR_VcSmeZGVGutnCuwt6MsQf3sKzHJzqCmzWTDA37SyJfjpMGCMucMYCAdcyiapDYb9tXYvjhgkvVfQ/w301-h400/Toile%20Gen%20Paul%20_3863%20La%20partie%20d'e%CC%81checs%201928.jpg" width="301" /></a></div><br /><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Alors évidemment si l'on veut parler de similitude, la période soutinienne de Céret date de 1919 à 22, mais je crois, et Alain Corté ici présent sera à même de le confirmer puisqu'il fut un témoin direct des réactions de Gen Paul, qu'il ne fallait pas prononcer le nom de Soutine devant le Montmartrois !</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Or, la loi du marché est implacable car un zéro, au moins, sépare les cotes des deux peintres.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Des critiques ont usé de néologismes pour définir la technique de Gen Paul. Guy Vignoht, par exemple, parle de “sauvagisme” pictural lorsqu'il peint musiciens, clowns, cyclistes, scènes de rue, gares, régates, bouquets de fleurs, portraits, courses hippiques, corridas,etc.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Peut-être n'a t-on pas suffisamment insisté sur ses qualités de coloriste, sur le rendu de ses effets chromatiques, de ses touches libérées de toute contrainte académique et il est assez singulier que lui, l'unijambiste, transmet avec une telle maîtrise le mouvement ; car effectivement l'œil du regardeur sans cesse sollicité est rarement en repos.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkxKe0qICTUnfePm0Pnv19xTPLFNF8jSr3EEFy59tjpYBmx6Q8KAcsMUSA9fgB2jYqOkVxhCPesWRpdfC9dXE1OEjVxKvda_KHnm50E6xKE9s5A_besyKCEyuCIsv7F39lmvoqCVstc05ylzXKZ6WTTOIky8nrcD0pPoMvTzVvD3_Pomcc4BOOFoaCfQ/s2245/Toile%20Gen%20Paul%20_3860%20Portrait%20de%20Paul%20Pe%CC%81tride%CC%80s%201929.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2053" data-original-width="2245" height="365" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkxKe0qICTUnfePm0Pnv19xTPLFNF8jSr3EEFy59tjpYBmx6Q8KAcsMUSA9fgB2jYqOkVxhCPesWRpdfC9dXE1OEjVxKvda_KHnm50E6xKE9s5A_besyKCEyuCIsv7F39lmvoqCVstc05ylzXKZ6WTTOIky8nrcD0pPoMvTzVvD3_Pomcc4BOOFoaCfQ/w400-h365/Toile%20Gen%20Paul%20_3860%20Portrait%20de%20Paul%20Pe%CC%81tride%CC%80s%201929.jpg" width="400" /></a></div><span style="font-family: verdana;"><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>L'originalité de son art tient aussi, à mon avis, à ce graphisme nerveux, au sens inné qu'il a de la composition, à cette virtuosité gestuelle, envoûtante, dans le traitement dynamique des formes et si certains portraits, par exemple, présentent d'emblée une lecture difficile qui empêche parfois la reconnaissance physique du modèle, l'éloignement permet facilement d’en saisir l’ampleur.</span><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Il aimait à dire « Il faut tuer l'anecdote, détruire le sujet et tout reconstruire » ou encore : « quand on attaque une toile, on commence avec de grosses brosses, et on termine par un point, mais il faut que chaque cm² corresponde à une volonté».</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEioHEugXgqAAtxQ2tGATrRYygSgvma3aGZGycUdTEBDATYML9pDMi-oGR_pkxsIi9v8BdPIwP_7YGmpU6XObtT08cmpqga5EDzMMqjdbvd5ul1flIKPTdDRAiiW16BlH9YbhRKlzK0gs47yCWHrzz_1HAgoeBm8nj12Y4dC7LLNXa-e7kSVCOLx9IbhUw/s3264/Marc%20Hanrez%20+%20toile%20violoniste%2002_3876.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="2448" data-original-width="3264" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEioHEugXgqAAtxQ2tGATrRYygSgvma3aGZGycUdTEBDATYML9pDMi-oGR_pkxsIi9v8BdPIwP_7YGmpU6XObtT08cmpqga5EDzMMqjdbvd5ul1flIKPTdDRAiiW16BlH9YbhRKlzK0gs47yCWHrzz_1HAgoeBm8nj12Y4dC7LLNXa-e7kSVCOLx9IbhUw/s320/Marc%20Hanrez%20+%20toile%20violoniste%2002_3876.jpg" width="320" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;">Marc Hanrez et O Sole Mio (c.1925)</span></td></tr></tbody></table><br /><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana; text-align: left;">On trouve néanmoins quelques pépites dans des tableaux plus tardifs, jusqu'en 1965, mais aussi, malheureusement, des scènes répétitives, moins abouties, où la verve s'étiole. D'où des écarts de cotes impressionnants dans les ventes aux enchères. Et il ne se passe pas de semaine sans se voir proposer des vacations comportant des Gen Paul.</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana; text-align: left;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjf9rnRt9ka_l_9RgiQF9li8zXpTGaHtnfH5Ifb5HWWwIID4nEfsZ9wjTOLNJ2ax3NKh7bv_op1eghz-fLuwWMpFzF99vNHFYHNv1kfYfiLLQt0ile6vkADQOPWq8TCPy5Kb_A8GsU0cjvyZqqQ6A9ZVJTYN8tAUE1f8r-dvVtDhS3r1r_1IPCQS3UI3g/s2214/Toile%20Gen%20Paul%20_3886%20Le%20Guitariste%20(c.1925-26).jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2214" data-original-width="1909" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjf9rnRt9ka_l_9RgiQF9li8zXpTGaHtnfH5Ifb5HWWwIID4nEfsZ9wjTOLNJ2ax3NKh7bv_op1eghz-fLuwWMpFzF99vNHFYHNv1kfYfiLLQt0ile6vkADQOPWq8TCPy5Kb_A8GsU0cjvyZqqQ6A9ZVJTYN8tAUE1f8r-dvVtDhS3r1r_1IPCQS3UI3g/w345-h400/Toile%20Gen%20Paul%20_3886%20Le%20Guitariste%20(c.1925-26).jpg" width="345" /></a></div><span style="font-family: verdana; text-align: left;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana; text-align: left;"><br /></span></div>Ses œuvres, dans les collections publiques, se trouvent parfois fâcheusement confinées dans les réserves des musées, comme celui emblématique de Montmartre où l'un des responsables, devant mon étonnement, a cru bon se justifier en me répondant : «vous comprenez, il fut l'ami de Céline !!!».</span></div><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Les autres musées parisiens d'art moderne ne l'accroche pas davantage et il faut justifier, par écrit, de ses motivations pour voir ses tableaux dans les réserves.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Pour les admirer sur des cimaises muséales françaises, il faut se rendre dans la Manche, à Granville, au musée Richard Anacréon ou, à l'opposé géographique, au palais Carnolès de Menton.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAVxr8bTfOzvPIGTr0yF9qhUGExulqaeC1e_a_CxYv43RYoSrCvK8SQoGZC2ahG3FGRypUDerNH3tcAe5S2hZ8SIMSQj-R1HJdWYR3OrFSMAGgj2ZwkBroPOZfrxl0T6RU6BaVtoZ9126q1UficPH4ypAaL7bIg2JgyizK0Q8T4p5dur9c0WxIKOiE0g/s3021/Toile%20Gen%20Paul%20_3873%20O%20Sole%20Mio%20c.%201925%20et%20La%20gare%20de%20Joigny%20c.%201926.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="2088" data-original-width="3021" height="276" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAVxr8bTfOzvPIGTr0yF9qhUGExulqaeC1e_a_CxYv43RYoSrCvK8SQoGZC2ahG3FGRypUDerNH3tcAe5S2hZ8SIMSQj-R1HJdWYR3OrFSMAGgj2ZwkBroPOZfrxl0T6RU6BaVtoZ9126q1UficPH4ypAaL7bIg2JgyizK0Q8T4p5dur9c0WxIKOiE0g/w400-h276/Toile%20Gen%20Paul%20_3873%20O%20Sole%20Mio%20c.%201925%20et%20La%20gare%20de%20Joigny%20c.%201926.jpg" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td></tr></tbody></table><span style="font-family: verdana;">Les amateurs de l'artiste seront plus heureux à l'étranger - La galerie de la Béraudière nous en fournit un bel exemple – et notamment au musée d'art moderne de Berne, ou celui de Tossa del Mar en Catalogne, à Genève aussi.</span><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">J'ai même vu à Chypre sept œuvres de notre peintre exposées à la fondation Leventis de Nicosie où Gégène cotoie Renoir, Signac, Gustave Loiseau, Pascin, Van Dongen, ses amis Vlaminck et Utrillo, les deux Dufy, mais aussi... le Gréco, Canaletto, de Heem, Gainsborough, Boucher, Boilly, etc.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 14px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><i><b>Le peintre et l'écrivain</b></i></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">On peut relever un certain nombre de points communs, entre Gen Paul et Céline, leurs mères exerçaient une activité semblable ; avant la Guerre 14, l'un comme l'autre vécurent de petits métiers ; Ils furent grièvement blessés au début de la Grande guerre (fin octobre 14 pour Destouches / juin 1915 pour Paul) ; ils se marièrent la même année (en 1916) ; ils partageaient le même goût du beau sexe, particulièrement les danseuses ; ils pratiquent un parler populaire ; ls sont curieusement à la fois anarchistes et légalistes ; ce sont des lyriques dans leurs arts respectifs.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimnmOXhNY2NDQRcRoeOtlajKe6evI4f4ZKVpY1YhLd4RxqQzXGr-43Q3a7MiGYZaWTjel3wBEd-ACpGeDw7Q3eq-xCJDIOX94UrYwh5v2bhLY7MU8w9UsNwK5QLEKIiNMbicz7O30ok23IAIo3k97cKdAvmnM1MPWUbCscfhyHnf1vPb1jUUgC2Mg82A/s2985/Toile%20Gen%20Paul%20_3881%20Nu%20(1927).jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2985" data-original-width="2448" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimnmOXhNY2NDQRcRoeOtlajKe6evI4f4ZKVpY1YhLd4RxqQzXGr-43Q3a7MiGYZaWTjel3wBEd-ACpGeDw7Q3eq-xCJDIOX94UrYwh5v2bhLY7MU8w9UsNwK5QLEKIiNMbicz7O30ok23IAIo3k97cKdAvmnM1MPWUbCscfhyHnf1vPb1jUUgC2Mg82A/w328-h400/Toile%20Gen%20Paul%20_3881%20Nu%20(1927).jpg" width="328" /></a></div><span style="font-family: verdana;"><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>A quelle date se sont-ils connus ? Peut-être se sont-ils croisés sur les hauteurs de Montmartre dès 1929 ou 30, mais ils se fréquentent réellement vers 1933. Le docteur Destouches somme alors Gen Paul de moins boire, ce qu'il fait, mais ce qui a aussi pour effet d'affadir quelque peu son art.</span><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">De même, le génie créatif d'Utrillo s'émousse lorsque Lucie Valore lui réduit sa dose d'alcool,</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Dans Féerie II, parlant de Jules – le double transparent de Gen, - Céline écrit : «c'est l'ébriété qui le rend buté, agressif ! Le foie, l'estomac !... Il avait plus de foie, plus que l'endroit... Une éponge d'alcool... et une douleur quand je lui touchais !»</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqkevWTA8E9i-BSaeoAO5L7FVpxGOQUfsJiRh-skzL6WiLMFNCYbzDhR7nyteZ7RbGzRQmNa0GvyuPWpgdZozEpF2zLUmJDd-A3t3Eofou8be7ZTfuOkUxn8hFBCvAwQzmW4W-v13aYCh121oAwF8gMW_MYTUhf9NI_cVdyGVmrwsVdEdVh15qlp3DNA/s2107/Toile%20Gen%20Paul%20_3888%20Autoportrait%20au%20verre%20de%20vin%20rouge%20(c.1930).jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2107" data-original-width="1663" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqkevWTA8E9i-BSaeoAO5L7FVpxGOQUfsJiRh-skzL6WiLMFNCYbzDhR7nyteZ7RbGzRQmNa0GvyuPWpgdZozEpF2zLUmJDd-A3t3Eofou8be7ZTfuOkUxn8hFBCvAwQzmW4W-v13aYCh121oAwF8gMW_MYTUhf9NI_cVdyGVmrwsVdEdVh15qlp3DNA/w315-h400/Toile%20Gen%20Paul%20_3888%20Autoportrait%20au%20verre%20de%20vin%20rouge%20(c.1930).jpg" width="315" /></a></div><span style="font-family: verdana;"><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>Mais il dit aussi ;«C'est Gen Paul qui comprend la peinture, toutes les peintures, pas Elie Faure. En deux mots, sur n'importe quel maître, il vous en dira plus que tous les livres d'Elie Faure».</span><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Et à l'occasion d'une rétrospective du peintre, en 1937 à New-York, l'écrivain se charge de lui rédiger une préface, disons artistico-célinienne.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Février 1941 : un appartement à louer est vacant en face de chez Gen Paul. Ce dernier informe Louis et Lucette qui emménagent illico.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">L'année suivante, depuis leur 5e étage Céline assistera aux bombardements alliés, notamment au-dessus des usines Renault de Boulogne-Billancourt qui fera entre 600 et 700 victimes. Suite à cela, un manifeste des intellectuels contre les crimes de la RAF recueillera de nombreuses signatures dont celles de Destouches et de Gen Paul.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Après la guerre, l'artiste taira son comportement au cours de celle-ci, notamment son voyage à Berlin, en mars 1942, en compagnie du couple Destouches et d'une délégation de médecins. A cette occasion d'ailleurs, Gen Paul visitera l'atelier d'Arno Breker.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXUImfWaThYk0HWcoLmZMAJCGp8GwuzWsxrB8YuNGGouYWioILVdFTbzs1yu2legy29fgzk0ms4veihhLcJDCQg79ihQwclEC7iiAbjcpxA-PYL0eXlx7EppIBZAoaVcVxmZ48WM6rJspV4b08R3VgShDyYZNY-RzKbcmnxyAkJHsclzhU7iV6i0zTuA/s311/Ce%CC%81line%20Gen%20Paul.JPG" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="311" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXUImfWaThYk0HWcoLmZMAJCGp8GwuzWsxrB8YuNGGouYWioILVdFTbzs1yu2legy29fgzk0ms4veihhLcJDCQg79ihQwclEC7iiAbjcpxA-PYL0eXlx7EppIBZAoaVcVxmZ48WM6rJspV4b08R3VgShDyYZNY-RzKbcmnxyAkJHsclzhU7iV6i0zTuA/w323-h400/Ce%CC%81line%20Gen%20Paul.JPG" width="323" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;">Céline par Gen Paul (1942)</span></td></tr></tbody></table><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><span style="font-family: verdana;">On ne peut faire l'impasse sur le, ou les dîners, à l'ambassade d'Allemagne ou au ministère de l'Intérieur (été 42, décembre 43, février 44 ? les dates sont incertaines) où poussé par Céline, Gégène caricature le chancelier du Reich devant des hôtes médusés.</span><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Lorsque Louis Destouches se marie, le 15 février 1943, il choisit Gen Paul comme témoin.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Evidemment lorsque le peintre se verra incarné, en juin 1952, dans le personnage du cul-de-jatte Jules, amateur de lycéennes et de tuberculeuses, dans <i>Féerie I</i>, l'ancienne amitié n'y résistera pas. Comme vous le savez, l'écrivain donne à Jules le rôle de chef d'orchestre d'un bombardement où le paysage gondole, où les maisons perdent leurs formes, c'est d'ailleurs tout l'esprit des tableaux du peintre qui se réalise.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Céline, Lucette, Bébert quittent Paris, d'abord pour Baden-Baden le 17 juin 44 et Gen Paul à partir de ce jour ne reverra plus jamais Céline de son vivant.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">12 août 1947 du Danemark donc, Céline lui écrit : « tu as tort de ne pas venir, on rigolerait un petit peu, ça nous changerait, on a pas ri depuis 4 ans à présent, mais on a beaucoup pleuré».</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Le 20 août 1947 à Geoffroy : «Gen Paul m'aime bien et je l'aime bien. Il a du génie et c'est un frère, mais il est démoniaquement pervers. Jaloux. Jaloux de tout, de son ombre, de moi. Il n'est pas venu me voir. Quel abandon »</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">« Ah il faut le manier comme une harpe. Certaines de ses cordes sont exquises, d'autres atroces…»</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWzYGIKcI7ObEM32EGZJePqkz6BLl1xUSLnZt7dqiFujwkxNnZIeNRg8J2cqjJFD7hODVbkrS2cJ-Kqag8r7-VS5JwEeuFZv2879um8uxMV5-ATbbpTb9YDxTJbN02rhuiZZwnA5h17xfaNm6cCdU5-H6lG2jBp2fhv8ZQ3nyO4FX9_F-3JJ5mWqNTBA/s1049/%22Voyage%20au%20bout%20de%20la%20nuit%22%20de%20Louis-Ferdinand%20Ce%CC%81line%C2%A0%20Rehausse%CC%81%20a%CC%80%20la%20gouache%20par%20Gen%20Paul%2001.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1049" data-original-width="850" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWzYGIKcI7ObEM32EGZJePqkz6BLl1xUSLnZt7dqiFujwkxNnZIeNRg8J2cqjJFD7hODVbkrS2cJ-Kqag8r7-VS5JwEeuFZv2879um8uxMV5-ATbbpTb9YDxTJbN02rhuiZZwnA5h17xfaNm6cCdU5-H6lG2jBp2fhv8ZQ3nyO4FX9_F-3JJ5mWqNTBA/w323-h400/%22Voyage%20au%20bout%20de%20la%20nuit%22%20de%20Louis-Ferdinand%20Ce%CC%81line%C2%A0%20Rehausse%CC%81%20a%CC%80%20la%20gouache%20par%20Gen%20Paul%2001.jpg" width="323" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;"><i>Voyage au bout de la nuit</i> revisité par Gen Paul</span></td></tr></tbody></table><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><span style="font-family: verdana;">Céline a vendu pour 200 couronnes danoises des gouaches du peintre à une amie Anne-Marie Lindequist et il espère que l'artiste viendra dépenser l'argent sur place : «si tu viens, c'est pour l'affection, le vin : zéro » et il écrit le 03 octobre 1948 à Zuloaga (le fils du célèbre peintre) : « il n'a qu'à venir nous voir, dis-le lui, on l'aime toujours ; mais il faudra qu'il apporte son piv. »</span><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Il est vrai que dans le même temps, dans sa correspondance, Céline traite Gen Paul de «pilier de zinc» de «sale cloporte, fort amusant certes, mais de basse hargne et stupide jalousie». Et à Milton Hindus ;« Attention à Popol, il est très douteux, plein de génie mais l'âme est de boue ».</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Faisant allusion à la Chignolle, cette fanfare montmartroise que Gen Paul, rassuré sur son sort, a créée à la Libération, en y entraînant quelques amis et où il jouait du cornet à pistons, Céline écrit : «très joli le cor de chasse, mais ça donne soif ».</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Dans une autre lettre du 25 juillet 48 à Daragnès :« je crois que le pauvre Gen va se dissoudre dans l'alcool, je n'en retrouverai plus si je rentre jamais... quelques filaments de rigolade, un peu de fiel, quelques cristaux de génie... un bocal ».</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Début décembre 48, Albert Paraz publie dans <i>Le gala des vaches</i>, des lettres que Céline lui a adressées et on peut y lire «pour Paul, tu penses si je suis fixé, roublard, jaloux, avec un damné génie du mal bien amusant, je l'aime bien. Comme un frère. Mais d'illusions ? point l'atome ».</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Encore Ferdine :«Comme j'ai écrit partout que j'aimais Popol comme un frère, alors il doit déjà se voir pendu ; en fait, on a terriblement peur d'être réputé mon ami ».</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">De nouveau à Zuloaga ; « Popol rabâche des sottises sur mon compte qui me font prendre pour un sot – je veux des calomnies de qualité ! »</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Le 21 février 1951, Céline est faiblement condamné par contumace à un an de prison (il en a effectué davantage à Copenhague) et à l'indignité nationale. En vue du procès des amis avaient envoyé au président Drappier des témoignages à décharge notamment Arletty, Daragnès, Marcel Aymé. Sollicité, Gen Paul s'est abstenu.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJ09YbkAmcT5f3HnGlNrgLDfaNXt8cAenIqfeVXQX8-9Az3PZbeFT-rb67dCWXEXOThNkAM7bZ5k8OMJx6rkCFg8WKU_ByTtaqHPCWbXk-3bAa_GPiyLSuuP1duvvKSyQ_jgb1ncD_y7DsTpmRbVmWCh8w6hOV42ehYWzuqy_XpdtZj8f2trdDyeAkOg/s934/BARDAMU%20HE%CC%81ROS%20CE%CC%80LINIEN...%20PEINT%20PAR%20GEN%20PAUL.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="934" data-original-width="687" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJ09YbkAmcT5f3HnGlNrgLDfaNXt8cAenIqfeVXQX8-9Az3PZbeFT-rb67dCWXEXOThNkAM7bZ5k8OMJx6rkCFg8WKU_ByTtaqHPCWbXk-3bAa_GPiyLSuuP1duvvKSyQ_jgb1ncD_y7DsTpmRbVmWCh8w6hOV42ehYWzuqy_XpdtZj8f2trdDyeAkOg/w294-h400/BARDAMU%20HE%CC%81ROS%20CE%CC%80LINIEN...%20PEINT%20PAR%20GEN%20PAUL.jpg" width="294" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;">Bardamu, héros célinien par Gen Paul</span></td></tr></tbody></table><span style="font-family: verdana;"><br /></span><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Au retour de l'exilé en France, début juillet 1951, d'abord à Menton chez ses beaux-parents, puis à Neuilly chez Paul Marteau, Céline est terriblement déçu que Gen Paul refuse la proposition de Mme Marteau de le rencontrer avec ces mots : « grand génie mais cave pour mézigue ».</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Le peintre continuera à affirmer qu'il ne vend plus de tableaux à cause de Céline. Or, il est bien reconnu que c'est totalement faux.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">L'ambivalence chez Gen Paul : il est à la fois menteur, jaloux, rancunier et généreux, affabulateur mais désintéressé, bourru autant que fraternel.</span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">Comme vous le savez, Céline succombe le 1er juillet 1961 d’une hémorragie cérébrale et Marcel Aymé véhiculera Gen Paul à Meudon où dignement il se recueillera devant le corps du grand écrivain, sans toutefois assister à son enterrement.</span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMNI4Al4EV_BFpwodeaWIQqPSfAHV-lEbySNxbPO6gduP1RaAw3MAutHf4qiNHtsqsbdpUiS-EnicqXr8Ibug8LI43qXVOK37pXsi8PZKXvUzuYjdxDgTN6YNFqTclDU2qIXlCAAuk9D-GpFMWERQwvp89r0t5Wt3-q8Yrb0d_4ldSL_MgbkhsYdMS1g/s1458/EN%20PAUL%20(1895-1975)%20%20Louis%20Ferdinand%20Ce%CC%81line,%201974%20Me%CC%81daille.%20Diame%CC%80tre%207%20cm%20Effigie%20d'hier%20et%20d'aujourd'hui.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="850" data-original-width="1458" height="234" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMNI4Al4EV_BFpwodeaWIQqPSfAHV-lEbySNxbPO6gduP1RaAw3MAutHf4qiNHtsqsbdpUiS-EnicqXr8Ibug8LI43qXVOK37pXsi8PZKXvUzuYjdxDgTN6YNFqTclDU2qIXlCAAuk9D-GpFMWERQwvp89r0t5Wt3-q8Yrb0d_4ldSL_MgbkhsYdMS1g/w400-h234/EN%20PAUL%20(1895-1975)%20%20Louis%20Ferdinand%20Ce%CC%81line,%201974%20Me%CC%81daille.%20Diame%CC%80tre%207%20cm%20Effigie%20d'hier%20et%20d'aujourd'hui.jpg" width="400" /></a></div><span style="font-family: verdana;"><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p>Peu avant de s'éteindre lui-même, le 30 avril 1975, l'artiste réalisera une médaille pour l'Hôtel de la Monnaie avec à l'avers un portrait de Céline de trois-quarts, et au revers la mention : Voyage au bout de la nuit – 1932. Donc toute rancune repoussée, voulant par ce dernier hommage apparemment gommer les propos amers qu'il avait tenus sur l'écrivain (même s'il y avait réciprocité).</span><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: verdana;">En guise de conclusion, on peut affirmer que Gen Paul dans sa gloire, restera indissociablement lié à Louis-Ferdinand Céline. </span></p></div><div><b>Gérard Silmo</b></div><div><b><br /></b></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitljANKiyPGHiM9P924V89TY6W2RmDVnG5YgL7TuzRm6eCUJY5NkDHAEQeeD2knVB9k-N2vbSSFWeH9Un0UTFTy6QcsWw_AXv_kjqlKO7NRvSlAsrRR2OGeX0AQcbTO_q9SqW7EGHmHiq70M3I72y2pJPFKsiqrpV1B-ANW3lw5AHFaI414yEB4br3OQ/s1417/Alain%20Corte%CC%81%20qui%20a%20mille%20anecdotes%20a%CC%80%20vous%20conter%20sur%20son%20ami,%20le%20Gen%20Paul%20des%20dernie%CC%80res%20anne%CC%81es.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1005" data-original-width="1417" height="284" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitljANKiyPGHiM9P924V89TY6W2RmDVnG5YgL7TuzRm6eCUJY5NkDHAEQeeD2knVB9k-N2vbSSFWeH9Un0UTFTy6QcsWw_AXv_kjqlKO7NRvSlAsrRR2OGeX0AQcbTO_q9SqW7EGHmHiq70M3I72y2pJPFKsiqrpV1B-ANW3lw5AHFaI414yEB4br3OQ/w400-h284/Alain%20Corte%CC%81%20qui%20a%20mille%20anecdotes%20a%CC%80%20vous%20conter%20sur%20son%20ami,%20le%20Gen%20Paul%20des%20dernie%CC%80res%20anne%CC%81es.jpg" width="400" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglyahOxJA_UFSnysoTLjG9_EJ9yqEMH9fqwiReKblcyU6DS-gkh7iuBgbysYIYkv57NvfwHmMnreovVEBnVdoku6jO9oFNUayook1diAOe5whM8264Om_Lx_BE3RAyQXlhDIrW5bQ_Ep2lq7xpJBCSYCxSHnQB7SgR_LacreT7jZD5RETjFKjoewigOw/s1417/Ramon%20Creixams%20de%20Herrera%20raconte%20a%CC%80%20son%20tour%20le%20Gen%20Paul%20qu%E2%80%99enfant%20il%20a%20connu.%20Au%20mur%20-%20%20O%20sole%20mio%20et%20La%20gare%20de%20Joigny%20(c.%201925-1926)%20et,%20en%20partie%20cache%CC%81%20par%20la%20chemine%CC%81e,%20C%C5%93ur%20%20d%E2%80%99amour,%20Java%20(c.%201927).jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1065" data-original-width="1417" height="301" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglyahOxJA_UFSnysoTLjG9_EJ9yqEMH9fqwiReKblcyU6DS-gkh7iuBgbysYIYkv57NvfwHmMnreovVEBnVdoku6jO9oFNUayook1diAOe5whM8264Om_Lx_BE3RAyQXlhDIrW5bQ_Ep2lq7xpJBCSYCxSHnQB7SgR_LacreT7jZD5RETjFKjoewigOw/w400-h301/Ramon%20Creixams%20de%20Herrera%20raconte%20a%CC%80%20son%20tour%20le%20Gen%20Paul%20qu%E2%80%99enfant%20il%20a%20connu.%20Au%20mur%20-%20%20O%20sole%20mio%20et%20La%20gare%20de%20Joigny%20(c.%201925-1926)%20et,%20en%20partie%20cache%CC%81%20par%20la%20chemine%CC%81e,%20C%C5%93ur%20%20d%E2%80%99amour,%20Java%20(c.%201927).jpg" width="400" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKzI2ryvKU7XTLa8q9a0zTapAWn1IrqjnfdrC--E7rLmqFOpn88jDLPkiJsRkYHUSwhp__Z-VJCetoQulJDzZ7YreBr3Xb1LWaSx6FPKJh3rcFemeh3wRA9Q8dXvl8xi4QThAtoVARHtSiS-lXewHSxfkfgXpD6B-M6kT1q2uisBAiFTwzwcTLDpOrwQ/s1559/Pot%20Marc%20Laudelout%20et%20toiles%20Pot.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1035" data-original-width="1559" height="264" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKzI2ryvKU7XTLa8q9a0zTapAWn1IrqjnfdrC--E7rLmqFOpn88jDLPkiJsRkYHUSwhp__Z-VJCetoQulJDzZ7YreBr3Xb1LWaSx6FPKJh3rcFemeh3wRA9Q8dXvl8xi4QThAtoVARHtSiS-lXewHSxfkfgXpD6B-M6kT1q2uisBAiFTwzwcTLDpOrwQ/w400-h264/Pot%20Marc%20Laudelout%20et%20toiles%20Pot.jpg" width="400" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVArvNwplbnxdKNfmx58rg9ThDYvDLu5B7ro6Pw6bPyZZ6HAfh13OgPA4YPgqDEZ1FXikSUDsLiffZHQP0oIYvl6dugZiYClWDyT6zPAIC2mP8xdPb6QmyHUQ2ZSBPT-0Cng_l3DIgdORtagCp7QRpbll7tFxRgqBD1HhGs7Yed9lhmkGguBfWihfTgQ/s1417/Conversations%20suivies%20pendant%20le%20pot%20%20offert%20par%20Jacques%20de%20la%20Be%CC%81raudie%CC%80re%E2%80%A6%20Au%20fond,%20L%E2%80%99Arle%CC%81sienne%20(c.%201925-1929)%20.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1002" data-original-width="1417" height="281" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVArvNwplbnxdKNfmx58rg9ThDYvDLu5B7ro6Pw6bPyZZ6HAfh13OgPA4YPgqDEZ1FXikSUDsLiffZHQP0oIYvl6dugZiYClWDyT6zPAIC2mP8xdPb6QmyHUQ2ZSBPT-0Cng_l3DIgdORtagCp7QRpbll7tFxRgqBD1HhGs7Yed9lhmkGguBfWihfTgQ/w400-h281/Conversations%20suivies%20pendant%20le%20pot%20%20offert%20par%20Jacques%20de%20la%20Be%CC%81raudie%CC%80re%E2%80%A6%20Au%20fond,%20L%E2%80%99Arle%CC%81sienne%20(c.%201925-1929)%20.jpg" width="400" /></a></div><br /><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKbi6jHApVfku3j3A-XB__1HI990ijw_GutRq3CwX15rGWD8hVPp3lXbv9OUzcrKUqwGXsrR9xW0RLnehXcGU3M00lLGBXW_5l2HSk5CXMuQbh7leW_ZKntMSBaRtmxFWoz9rjk_c59jD4gf93u2fFFNxCpRLfYd2Bsu63MiUHo04T8P-RlNWV97CHiA/s3264/Toile%20Gen%20Paul%20_3887%20violonceliste.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="2448" data-original-width="3264" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKbi6jHApVfku3j3A-XB__1HI990ijw_GutRq3CwX15rGWD8hVPp3lXbv9OUzcrKUqwGXsrR9xW0RLnehXcGU3M00lLGBXW_5l2HSk5CXMuQbh7leW_ZKntMSBaRtmxFWoz9rjk_c59jD4gf93u2fFFNxCpRLfYd2Bsu63MiUHo04T8P-RlNWV97CHiA/w400-h300/Toile%20Gen%20Paul%20_3887%20violonceliste.jpg" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;">Le violoncelliste (n.d.)</span></td></tr></tbody></table><br /><b><br /></b></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-3236891923109737402023-04-18T02:04:00.001-07:002023-06-02T05:02:09.927-07:00Jean-Paul Sartre (Tartre) dans D'un château l'autre (1957)<p><span style="font-family: georgia; font-size: large;"><b> Tartre dans <i>D’un château l’autre</i></b></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b><i>D'un château l'autre</i> a été publié en 1957 aux éditions Gallimard. Il dresse un parallèle entre la vie de Céline contemporaine à l'œuvre — en tant que médecin et écrivain, pauvre, maudit et boudé par sa clientèle — et sa vie à Sigmaringen (Siegmaringen !) où s'est réfugiée “ l’élite pourtant intéressée, « collaboratrice », 1142 condamnés à mort, tous, l’article 75 au cul… ”</b></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b>Comme toujours depuis <i>Mort à crédit</i>, ce roman s'ouvre sur les descriptions d'un Céline aigri qui se plaint de sa condition : les traîtrises des éditeurs, ses haines à l'égard de l'intelligentsia de l'époque — « Tartre » (Jean-Paul Sartre), « Larengon » (Louis Aragon), «Triolette» (Elsa Triolet) ou encore André Malraux, André Maurois ou Paul Morand —, sa vie de médecin boudé par sa clientèle. Pourtant, au-delà des aigreurs, Céline se réjouit de la fidélité de quelques clients, et notamment de Mme Niçois, dont l'appartement fait face à une voie fluviale au bord de laquelle il croise le chemin de Robert Le Vigan (« La Vigue » dans le roman), reconverti en locataire d'une péniche, <i>La publique</i>.</b></span></p><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b>C'est Jean-Paul Sartre (Tartre) qui, avec 23 occurrences dans le roman, vient en tête de ses haines non satisfaites, prolongation de son pamphlet <br /></b></span><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b><i>À l'agité du bocal</i> (1948) dans lequel il réglait son compte à l'écrivain qui l'avait accusé d'avoir collaborer pour de l'argent…</b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b><br /></b></span></div><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px; text-align: left;"><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4aeqmp2mIsa9IOpRJgSES9WqYs8-GFeJVfBKQclHz2YfcS2YdMxFGxRdRWwK3S0bHwP2qAAj7y-tWzhqfeB103zpELZlUS19qss7whITN36QFebVylHOWt1a1LHZxUc-Eb_K6pb8N2meQkwafH8Gx0Z8HokQ3wHXDlVyFnOLwmptgwziYR51-1L_RmQ/s1561/Si%20seulement%20tenez,%20je%20pouvais%20compter%20sur%20la%20Critique...%20quelques%20e%CC%81chos...%20me%CC%82me%20injurieux...%20pas%20bien%20su%CC%82r%20tout%20le%20Cirque%20de%20Mauriac%20!...%20pissotie%CC%80res%20mutines%20et%20confessionnaux%20!...%20ou%20Trissotin%20Tartre%20D'un%20cha%CC%82teau%20l'autre.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1561" data-original-width="1191" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4aeqmp2mIsa9IOpRJgSES9WqYs8-GFeJVfBKQclHz2YfcS2YdMxFGxRdRWwK3S0bHwP2qAAj7y-tWzhqfeB103zpELZlUS19qss7whITN36QFebVylHOWt1a1LHZxUc-Eb_K6pb8N2meQkwafH8Gx0Z8HokQ3wHXDlVyFnOLwmptgwziYR51-1L_RmQ/w485-h640/Si%20seulement%20tenez,%20je%20pouvais%20compter%20sur%20la%20Critique...%20quelques%20e%CC%81chos...%20me%CC%82me%20injurieux...%20pas%20bien%20su%CC%82r%20tout%20le%20Cirque%20de%20Mauriac%20!...%20pissotie%CC%80res%20mutines%20et%20confessionnaux%20!...%20ou%20Trissotin%20Tartre%20D'un%20cha%CC%82teau%20l'autre.jpg" width="485" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: 18.700001px; text-align: left;"><span style="font-family: courier;">Trissotin Tartre</span></span></td></tr></tbody></table><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><span style="font-family: verdana; font-size: 18.7px;"></span></span><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><span style="font-family: verdana; font-size: 18.7px;"><br /></span></span></span></p><span style="font-family: georgia; font-size: medium;">… dix ans de vacheries, dont deux de cellule... eux là, eux autres, Racine, Loukoum, Tartre, Schweitzer, faisaient la quête de-ci... de-là... ramassaient les ronds et Nobel !... magots énormes ! pâmés, bouffis, comme Gœring, Churchill, Bouddha !... </span><p></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">… leur truc masochiste me bluffe pas !... je dis ! ni la corseterie du Loukoum! ni les bourriqueries du Tartre... ni l’œil merlan frit d’Achille... l’autre non plus le dénommé Vaillant ! vaillant de quoi ? qu’il voulait m’assassiner !... </span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">… comme ça que tiennent Maurois, Mauriac, Thorez, Tartre, Claudel !... et la suite !... l’abbé Pierre... Schweitzer... Barnum !... aucune honte!... et pas d’âge ! Nobel et Grand-Croix garantis ! Même croulants, fondants, urineux, « honoraires », « Emblèmes des Partis » ! Juanovicistes ! </span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">… pas que les plagiaires, les « pas faits pour » ! Dieu sait !... rien que chez Achille, floppée ! mille ! mille !... pour moi Dumel, Mauriac, Tartre, même corde!... la dizaine de Goncourt, l’autre arbre !... oh ! plus l’Archevêque de Paris, j’oubliais ! avant que les Chinois se formalisent!... </span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">…Tartre m’a bien volé, diffamé... oh ! que oui !... mais pas pire que les parents !... […] Tartre aussi m’a hérité ! et floppée d’autres !... </span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">…Tartre : coco !... tous épileptiques que seulement je les regarde !... j’ai dit : Tantine manquait de rien ! le Tartre non plus !... cossus ! cossus !... de tout en double ! triple... à la ville !... à la campagne !... frigidaires, autos, laquais !... le cor avait sonné pour moi, ils avaient pris part à la chasse !... </span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">… Si seulement tenez, je pouvais compter sur la Critique... quelques échos... même injurieux... pas bien sûr tout le Cirque de Mauriac !... pissotières mutines et confessionnaux !... ou Trissotin Tartre... tous les rescapés de vingt ans de déconneries !... non ! quelques murmures me suffiraient... </span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">… Mais depuis le drôle de bolchevisme que vous pouvez plus dire un mot!... Picasso ci !... Boussac par là ! Tartre re-coco !... milliards partout ! damnés par là !... vous n’existez plus ! le plus de bide, popotin... bajoues, le plus damné de la Terre ? vous marrez ? ils vous coupent la tête... </span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">… Ce que Tartre et tant d’autres se sont tant branlés, échignés, sué, sang et venin, retourné Ciel, Terre, Enfer, que quelqu’un se décide ! L’ivrognesse là, était fin prête !... les chiens aussi étaient fin prêts... les chiennes, surtout, ça tenait qu’à moi que je dise un mot... </span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">… ils causent et savent pas !... vous les entendez installer... qu’est-ce qu’ils pensent, au fond du fond ?... « Pourvu, bordel ! que jusqu’au bout, mon flan tienne ! pourvu jusqu’au bout, que je tombe pas !... » la trouille, le gniouf ! leur hantise !... Mauriac, Achille, Gœbbels, Tartre!... ça que vous les voyez si nerveux, si alcooliques, d’un cocktail l’autre, d’une confession l’autre, d’un train l’autre, d’un mensonge l’autre! d’une Cellule l’autre... d’une déconnerie l’autre !... qu’ils réchappent au « Mandat », menottes, à la Santé !... si ils palpitent ! la minute sérieuse de leur vie !... la seule !... <i>finish </i>blabla ! </span></span></p>
<div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-size: medium;">… c’est déjà bien extraordinaire qu’on m’accuse pas de Dien-Pen-Phu!... de la chute de Maubeuge 14-15 !... là, que j’aie achevé </span></span></span><span style="font-family: verdana; font-kerning: none; font-size: 18.7px;">M</span><span style="font-family: verdana; font-feature-settings: normal; font-kerning: none; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 10.7px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; vertical-align: 8px;">me </span><span style="font-family: verdana; font-kerning: none; font-size: 18.7px;">Niçois ? pas un pli!... j’ai bien été accusé, par Tartre et cent périodiques renseignés, d’avoir vendu le Pas-de-Calais... l’habitude !... </span></div>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px; text-align: left;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px; text-align: left;"><span style="font-kerning: none;"></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6cBgb1M68LtTGGrAtkWp0nFU0DrLS88SgponuYj1khmKcRL-shzP3WrluwwUYa4JOJxDAv_VOlJSdrEKsDw4Ho6mEEaaWUB_y8zzhh8sZeb-owT03WpZnQn8ykejxEqeE4ArcoboZ_2J1dutK42N4udARIcSxcCuwyNMhBFgWu-p8J_DVU2iKY9WLJA/s1999/81-H59ITAoL.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1572" data-original-width="1999" height="314" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6cBgb1M68LtTGGrAtkWp0nFU0DrLS88SgponuYj1khmKcRL-shzP3WrluwwUYa4JOJxDAv_VOlJSdrEKsDw4Ho6mEEaaWUB_y8zzhh8sZeb-owT03WpZnQn8ykejxEqeE4ArcoboZ_2J1dutK42N4udARIcSxcCuwyNMhBFgWu-p8J_DVU2iKY9WLJA/w400-h314/81-H59ITAoL.jpg" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;"><span style="background-color: white; caret-color: rgb(15, 17, 17); color: #0f1111; text-align: start;">Tartre. "L'invasato in provetta" - "Frammenti epistolari" (2005). <br />A cura di Massimo Raffaeli. C</span><span style="background-color: white; caret-color: rgb(15, 17, 17); color: #0f1111; text-align: start;">on litografia originale, numerata <br />e firmata, di Mimmo Paladino</span></span></td></tr></tbody></table><p></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px; text-align: left;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">…J’aurais tenez le Vaillant à soigner... Vaillant mon assassin mou... Tropmann ou Landru... ou le Tartre en personne... ou les centaines de mille bourriques qui m’ont pourchassé des années, d’une prison l’autre... si frétillants, émoustillés ! je varierais pas d’un iota... mon style, ma façon... je suis le samaritain en personne... samaritain des cloportes... </span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">… Je verrais là, le Tartre à l’agonie, mettons... « bourrique ! que j’y dirais, cavale !... biche ! purulure de merde !... fonce ! défonce ! retrouve tout ton fiel ! te décourage mie !... t’es monstre con, mais t’es instruit !... » Tartre ou un autre !... évidemment le moral c’est tout !... </span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">… Norbert Loukoum, je le fais exprès, ça l’emmerde, je lui parle exprès du cabanon... il y a jamais été, pardi !... lui !... ni Achille !... Malraux non plus... Mauriac non plus... et le fœtus Tartre!... et Larengon !... la Triolette aux cabinettes !... comme ça toute une clique fins madrés !... l’élite « tourne-veste » !... qu’arrêtent pas de jouer les effrayants !... </span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">… je note à propos, qu’Hérold Paquis, aussi menteur éhonté que Tartre, a jamais foutu les pieds à Siegmaringen, il est resté 70 bornes sur son île, bouffer ses conserves... il a jamais rien vu du tout... sauf son casier judiciaire... Doriot est jamais venu non plus... on a jamais vu que sa voiture, criblée, dentelée... ce que c’est d’être sorti de Constance !... la bonne vie, sauf la gale... </span></span></p>
… <span style="font-family: verdana; font-size: 18.7px;">tel condamné à mort, qui sue tremble trempe à griffonner mille mille horreurs sur tel et tel autre paria, voué à la torture saligaud ! tant plus le dénoncer aux Fritz ! à la Bibici ! à Hitler ! au Diable ! ah, que Tartre m’appert puéril morvaillon raté tout pour tout !... là je vous parle de vrais incarnés délateurs ! la tête déjà sous le couperet !</span>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></span></p><p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;">… presque tout le monde m’a oublié... pas eux !... pas eux !... vos voleurs vous oublient jamais !... vos copieurs non plus !... pensez !... la vie, qu’ils vous doivent !... Tartre va pas un jour se mettre à table « Moi, plagiaire et bourrique à gages, j’avoue ! je suis son trou d’anu !... vous pouvez vraiment pas compter !... </span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 18.7px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span style="font-kerning: none;"><span style="font-family: verdana;"><br />
</span></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px; min-height: 14px;"><span style="font-family: verdana;"><span style="font-kerning: none;"></span><br /></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px; min-height: 14px;"><span style="font-family: verdana;"><span style="font-kerning: none;"></span><br /></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px; min-height: 14px;"><span style="font-family: verdana;"><span style="font-kerning: none;"></span><br /></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px; min-height: 14px;"><span style="font-family: verdana;"><span style="font-kerning: none;"></span><br /></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px; min-height: 14px;"><span style="font-family: verdana;"><span style="font-kerning: none;"></span><br /></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px; min-height: 14px;"><span style="font-family: verdana;"><span style="font-kerning: none;"></span><br /></span></p>
<p style="font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px; min-height: 14px;"><span style="font-family: verdana;"><span style="font-kerning: none;"></span><br /></span></p>
<p style="font-family: Times; font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size-adjust: none; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-numeric: normal; font-variant-position: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px; min-height: 14px;"><span style="font-kerning: none;"></span><br /></p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-20787034200449073982023-02-26T09:07:00.011-08:002023-02-26T09:17:00.905-08:00Traces céliniennes ici et là dans la revue roumaine Revista Vatra<span style="font-family: verdana;">AUGUST # 6, 2015 REVISTA VATRA</span><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWBTejvpPCxwGXahhSJVbcxxpVN18O1OI4ZDrRs6hpU1zVeYiUqwv3ky4EPrir2KA2cyu6_IkyXnbnP8t6jLHozrvcywJTWj1tl-fOIxj2N3620iNEjFVrO_v_WpoLljqPwvrv5EPuG6BBPKiYjG51-ydOMvHyOO_84_S1QDLInsfvfwJxvpCYM91WZg/s4967/6_2015p1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3538" data-original-width="4967" height="285" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWBTejvpPCxwGXahhSJVbcxxpVN18O1OI4ZDrRs6hpU1zVeYiUqwv3ky4EPrir2KA2cyu6_IkyXnbnP8t6jLHozrvcywJTWj1tl-fOIxj2N3620iNEjFVrO_v_WpoLljqPwvrv5EPuG6BBPKiYjG51-ydOMvHyOO_84_S1QDLInsfvfwJxvpCYM91WZg/w400-h285/6_2015p1.jpg" width="400" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: verdana; text-align: left;"><br /></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b style="font-family: verdana; text-align: left;">Dialogue avec Radu Vancu</b></div></div><div><div><span style="font-family: verdana;">Vous avez parlé, au début de notre discussion, d'une certaine dimension éthique que l'on retrouve, sinon dans la poésie, du moins autour d'elle. Direct, abrupt : un poète doit-il être égoïste ou altruiste ? Bon ou mauvais/méprisable ? </span></div><div><span style="font-family: verdana;">- Il doit être empathique, pour continuer en quelque sorte la question précédente. Sinon, lorsqu'il perd son attention sur l'autre, son écriture commence également à décliner. Je sais, cela semble une théorie naïve, en tout cas discordante par rapport à la doctrine commune selon laquelle le moi artistique et le moi biographique sont adiabatiquement isolés ; cette théorie, qui trouve son origine dans le texte de Marcel Proust dirigé contre Sainte-Beuve, est par ailleurs réfutée par l'exemple de Proust lui-même, où le moi biographique et le moi artiste coïncident pratiquement. <b>Et l'histoire littéraire montre, de manière quelque peu surprenante, que les écrivains qui ont perdu l'empathie ont fini par perdre l'écriture. Céline en est le parfait exemple - rien de ce qu'il a écrit après que le désordre intitulé <i>Bagatelles pour un massacre</i> de 1937 n'ait atteint le niveau de ses deux premiers romans.</b> Mais il y a bien d'autres exemples – Hamsun, par exemple, ou Drieu la Rochelle, ou Pound lui-même, dont l'écriture est détruite par l'expérience fasciste, avec ses énormes remords ultérieurs. Viennent ensuite les exemples autochtones : Sadoveanu, avant tout, pour des raisons trop connues pour les répéter ici ; ou Eugen Barbu, qui ne devient jamais l'extraordinaire écrivain de Groapa ; ou Petru Dumitriu, dont la Chronique familiale aurait pu être colossale, si le défaut structurel de son propre caractère n'avait pas érodé ses fondements ; ou Ion Caraion, pratiquement annulé en tant que poète après la plongée voluptueuse dans l'enfer de la trahison. Il ne reste de leur écriture que ce qu'ils ont écrit avant la perte d'humanité, l'évacuation de l'empathie. <i>De façon inattendue, la littérature est un moraliste plus dur qu'on ne pourrait le penser, en tout cas plus inclément que ne le prétendent les théoriciens de la littérature.</i></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><i><b>Dialog cu Radu Vancu</b><br />Ați vorbit, la începutul discuției noastre, despre o anume dimensiune etică pe care o regăsim dacă nu în poezie, cu siguranță în preajma ei. Direct, abrupt: un poet trebuie să fie egoist sau altruist? Bun ori rău/disprețuitor?<br />Trebuie să fie empatic, ca să continuu cumva întrebarea anterioară. Altfel, când își pierde atenția la celălalt, și scrisul lui începe să decadă. Știu, pare o teorie naivă, discordantă în orice caz în raport cu doctrina comună după care eul artistic și eul biografic sunt adiabatic izolate; teoria aceasta, care originează în textul lui Marcel Proust îndreptat împotriva lui Sainte-Beuve, este de altfel infirmată de exemplul lui Proust însuși, la care eul biografic și eul artistic sunt practic coincidente. Iar istoria literară arată, cumva surprinzător, că scriitorii care au pierdut empatia au pierdut în cele din urmă și scrisul. Céline e exemplul predilect – nimic din ce a scris după mizeria numită Bagatelles pour un massacredin 1937 n-a mai ajuns la nivelul primelor lui două romane. Dar mai sunt destule alte exemple – Hamsun, să zicem, sau Drieu la Rochelle, sau Pound însuși, al cărui scris e distrus de experiența fascistă, cu enormele remușcări subsecvente. Avem apoi exemplele autohtone: Sadoveanu, înaintea tuturor, din rațiuni prea arhicunoscute ca să le mai repet aici; sau Eugen Barbu, care nu mai ajunge niciodată scriitorul extraordinar din Groapa; sau Petru Dumitriu, a cărui Cronică de familie ar fi putut fi colosală, dacă viciul de structură al propriului caracter nu i-ar fi erodat fundațiile; sau Ion Caraion, practic anulat ca poet după bălăcirea voluptuoasă prin infernul delațiunii. Din scrisul lor rămâne mai întotdeauna doar ce au scris înainte de pierderea umanității, de evacuarea empatiei. Într-un mod neașteptat, literatura e un moralist mai dur decât ne-am aștepta, în orice caz mai inclement decât pretind teoreticienii literari.</i><br /><br /></span></div><div><div><span style="font-family: verdana;">JULIE, 2019 REVISTA VATRA</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEAQ00hTRs2JeRmcH3jvNWKDwxoQnrsZfeLyatk06KNlAsNAHVU3JCzgVJoodYbh70KKYyK-2fzYWdsmeP6_mK--Y3bH5QkPPHenZe6a8BXVBTYFS13sCMKWi0Y8pCxFzBHgTHJtHebUp68gzdkJMp8QOysxV4mp37GamyDHLrA7-jOoeTkhDNsaPqxA/s3311/Vatra%203_4%20Junie%202019ap1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2358" data-original-width="3311" height="285" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEAQ00hTRs2JeRmcH3jvNWKDwxoQnrsZfeLyatk06KNlAsNAHVU3JCzgVJoodYbh70KKYyK-2fzYWdsmeP6_mK--Y3bH5QkPPHenZe6a8BXVBTYFS13sCMKWi0Y8pCxFzBHgTHJtHebUp68gzdkJMp8QOysxV4mp37GamyDHLrA7-jOoeTkhDNsaPqxA/w400-h285/Vatra%203_4%20Junie%202019ap1.jpg" width="400" /></a></div><br /><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>Dan Gulea "Bolaño și avangarda istorică" </b></span></div><div><i style="font-family: verdana;">Delirul lui Auxilio, „mama poeziei mexicane”, aflată într-o situație limită, este o evaluare a poeziei momentului, a surselor și resurselor sale; în această listă lirică și delirică, Ilarie Voronca, un alt poet de origine românească, cu ambitus internațional datorat culturii și limbii franceze, dar și tulburătorul Paul Celan, poet care a intersectat fugitiv Grupul suprarealist român în 1945-1947: „Vladimir Maiakovski va fi din nou la modă cam prin 2150. James Joyce se va reîncarna într-un copil chinez în anul 2124. Thomas Mann va deveni un farmacist ecuadorian în anul 2101. // Marcel Proust va cădea într-o disperată și prelungită uitare începând cu anul 2033. Ezra Pound va dispărea din unele biblioteci în anul 2089 […] Virginia Woolf se va reîncarna într-o prozatoare argentiniană în anul 2076. Louis-Ferdinand Céline va ajunge în Purgatoriu în anul 2094. Paul Eluard va fi un poet citit de marele public în anul 2101 […] Paul Celan va renaște din propria-i cenușă în anul 2113. André Breton va renaște din oglinzi în anul 2071. Max Jacob nu va mai fi citit, adică ultimul lui cititor va muri în anul 2059. // Cine îl va citi pe Jean-Pierre Duprey în anul 2059? Cine îl va citi pe Gary Snyder? Cine îl va citi pe Ilarie Voronca? Acestea sunt întrebările pe care mi le pun”</i></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;">Le délire d'Auxilio, la « mère de la poésie mexicaine », en situation liminaire, est une évaluation de la poésie du moment, de ses sources et de ses ressources ; dans cette liste lyrique et délirante, Ilarie Voronca, autre poète d'origine roumaine, à rayonnement international dû à la culture et à la langue française, mais aussi l'inquiétant Paul Celan, poète qui a traversé fugitivement le groupe surréaliste roumain en 1945-1947 : « Vladimir Maiakovski redeviendra à la mode vers 2150. James Joyce se réincarnera en enfant chinois en 2124. Thomas Mann deviendra pharmacien équatorien en 2101. // Marcel Proust tombera dans un oubli désespéré et prolongé à partir de 2033. Ezra Pound va disparaître de certaines bibliothèques en l'an 2089 […] Virginia Woolf se réincarnera en prosatrice argentine en l'an 2076.<b> Louis-Ferdinand Céline atteindra le Purgatoire en l'an 2094.</b> Paul Eluard sera un poète lu par le grand public en l'an 2101 […] Paul Celan renaîtra de ses propres cendres en l'an 2113. André Breton renaîtra des miroirs en l'an 2071. Max Jacob ne sera plus lu, c'est-à-dire que son dernier lecteur mourra dans la année 2059. // Qui lira Jean-Pierre Duprey en l'an 2059 ? Qui lira Gary Snyder ? Qui lira Ilarie Voronca ? Ce sont les questions que je me pose »</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><div><span style="font-family: verdana;">Dans la revue roumaine Revista Vatra nr. 1-2/Martie 2016</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitkXCVaZJY9peOaWKZEWaKSq0mLsR8VQay6ANT0ndb_P3GNWFQ4dVVikO0xETmWo8w48rCWPvo0NeeFlaCm3qugqSRbri4l31HKvxLH2LdevUvF9pAwHjBZ7tYCR-NC0BdrdtWDZ_x37THuBASjdck6dXhr5muKWT_cVfiNlEhOgMlaOpWJejrzUT7zw/s4967/Vatra%201_2%202016.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3538" data-original-width="4967" height="284" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitkXCVaZJY9peOaWKZEWaKSq0mLsR8VQay6ANT0ndb_P3GNWFQ4dVVikO0xETmWo8w48rCWPvo0NeeFlaCm3qugqSRbri4l31HKvxLH2LdevUvF9pAwHjBZ7tYCR-NC0BdrdtWDZ_x37THuBASjdck6dXhr5muKWT_cVfiNlEhOgMlaOpWJejrzUT7zw/w400-h284/Vatra%201_2%202016.jpg" width="400" /></a></div><span style="font-family: verdana;"><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div>Liviu CANGEOPOL Naşterea literaturii Vatra</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><i>Pentru a încerca premisele unei discuţii reale despre Solenoid este necesară o distribuţie cu scenariu muntenesc şi actori de peste hotare. Prima ofertă care atinge malurile exegezei este portavionul numit Curcubeul gravitaţiei, semnat de Thomas Pynchon (excelent tradus în română de Rareş Moldovan, sub auspiciul Editurii Polirom). Voi începe printr-un şoc termic la marginea blasfemiei: din punct de vedere al coerenţei narative, cartea lui Mircea Cărtărescu se află deasupra cărţii americanului. Din acest fuior se trage şi beneficiul major al operei de artă: disciplina stilului asigură nu doar eleganţa cuvîntului, cît mai ales ponderea dinamicii ideatice. Flexibilitatea şi viteza de execuţie a gîndirii sînt stimulate de orgasmul delirului cărtărescian. În cadrul literaturii, în afară de Pynchon, doar la Faulkner şi Céline am mai întîlnit acest simptom de maieutică accelerată. Discursul lui Pynchon propune o serie de opriri bruşte, căderi în timp, răsturnări, sincope, refaceri, licenţe logice, pe cînd cel al lui Cărtărescu înalţă o clădire uniformă într-o cadenţă serenă, de neoprit precum mareea oceanelor şi durabilă ca a fenomenelor carstice. Autorul construieşte, nu doar observă, dezvoltă, nu doar explică, creează mutaţii, nu doar se maturizează.</i></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;">Pour tester les prémisses d'une vraie discussion sur<i> Solénoïde</i> (livre de Mircea Cărtărescu), un casting au scénario montagnard et des acteurs venus de l'étranger est nécessaire. La première offre qui touche les rives de l'exégèse est le porte-avions baptisé <i>Gravity's Rainbow</i>, signé Thomas Pynchon (excellemment traduit en roumain par Rareş Moldovan, sous l'égide des éditions Polirom). Je commencerai par un choc thermique à la limite du blasphème : du point de vue de la cohérence narrative, le livre de Mircea Cărtărescu est au-dessus du livre américain. <b>Le bienfait majeur de l'œuvre d'art dérive de cette source : la discipline du style assure non seulement l'élégance du mot, mais surtout le poids de la dynamique idéationnelle. La souplesse et la rapidité d'exécution de la pensée sont stimulées par l'orgasme du délire cartărescien. En littérature, à part Pynchon, il n'y a que chez Faulkner et Céline que j'ai rencontré ce symptôme de maïeutique accélérée. Le discours de Pynchon propose une suite d'arrêts brusques, de chutes dans le temps, de retournements, de syncopes, de restaurations, de licences logiques, tandis que celui de Cărtărescu dresse un édifice uniforme dans une cadence sereine, imparable comme la marée des océans et durable comme les phénomènes karstiques.</b> L'auteur construit, pas seulement observe, développe, pas seulement explique, crée des mutations, pas seulement mûrit.</span></div><div><br /></div></div><div><br /></div></div><div><br /></div></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-19569053366034503242022-12-26T04:49:00.004-08:002022-12-26T04:49:40.393-08:00L'entrée Céline du Dictionnaire égoïste de la littérature française de Dantzig<div style="text-align: left;"><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><i><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><i>Charles Dantzig a fait de sa haine de l'auteur des pamphlets </i></span></b></i></span></b></div><div style="text-align: left;"><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><i><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><i>une carte </i></span></b></i></span></b><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><i style="font-style: italic;">de visite, il en parle en “vain” dans son </i>Dictionnaire égoïste </span></b></span></b></div><div style="text-align: left;"><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;">de la littérature </span></b></span></b><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;">française<i style="font-style: italic;">, et s’étale largement à l'entrée </i>Céline,<i style="font-style: italic;"> accumulant les chromos et les gros mots… Il y a la tout pour plaire à la </i></span></b></span></b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b>doxa<i> bienpensante !</i></b></span></div><p></p><p></p><p style="text-align: center;"><b><i></i></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWeCmx18BltL8U8_5MmS745x2Nt3Kyi81eKBLPm_nTjd50mz_Y-TA6HriIu-O4BJsUss5HtAeq9Eh8mlK4_KXch189kHzVkWoKZVsLQWRHPaCYl34hclrh3OIU8B_WfBIgZZYJIVGQ8IR8GiAgJzHSgQW5eeQAUVeEHlEDL-3syJ8JBq9Q-LtrW6jv5Q/s317/Dictionnaire%20e%CC%81goi%CC%88ste%20de%20la%20litte%CC%81rature%20franc%CC%A7aise.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="317" data-original-width="220" height="317" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWeCmx18BltL8U8_5MmS745x2Nt3Kyi81eKBLPm_nTjd50mz_Y-TA6HriIu-O4BJsUss5HtAeq9Eh8mlK4_KXch189kHzVkWoKZVsLQWRHPaCYl34hclrh3OIU8B_WfBIgZZYJIVGQ8IR8GiAgJzHSgQW5eeQAUVeEHlEDL-3syJ8JBq9Q-LtrW6jv5Q/s1600/Dictionnaire%20e%CC%81goi%CC%88ste%20de%20la%20litte%CC%81rature%20franc%CC%A7aise.jpg" width="220" /></a></i></b></div><p></p><p><span style="font-family: helvetica; font-size: medium;"><b>CELINE (Louis-Ferdinand) : </b></span></p><p><span style="font-family: verdana;">Le 7 avril 2000, au carrefour de l'Odéon, un clochard à demi-ivre entra dans l'autobus 96. Titubant, il s'avança vers le fond. Le bus roulait. Soudain :</span></p><p><span style="font-family: verdana;">— Et toi ?... Tu l'as vue, ta tête ?... Plaie mondiale !...</span></p><p><span style="font-family: verdana;">Avant de rapporter ses dires, je me suis demandé quelle serait la manière la plus exacte : et c'est celle de Céline. Céline est un vociférateur inventif. Dans le bus, prenant soin de ne pas regarder le clochard, tout le monde souriait. Cela m'a fait comprendre la popularité de cet écrivain. Elle tient à l'originalité de ses expressions et à la banalité de son ton. Une petite musique, selon l'insupportable expression qu'il a inventée dans un entretien à <i>L'Express</i> du 14 juin 1957 : air de chanteur des rues bouffeur de bourgeois, bagout de bonimenteur de la Chapelle, gouaille d'Aristide Bruant engueulant ses clients dans les cabarets de Montmartre.</span></p><p><b><i><span style="font-family: arial;">Céline a le style même du chauffeur de taxi - il écrit à coups de klaxon</span></i></b></p><p><span style="font-family: verdana;">Quelle notion un étranger, qui n'a pas dans l'oreille ce bruit de fond parigot, peut-il se faire de Céline ? Probablement, comme aux Etats-Unis ou en Angleterre où il est peu connu et, dans les librairies, rangé avec la <i>cult literature</i> pour adolescents, le considérera-t-il comme une curiosité, un petit truc bizarre, un auteur pour fanzines. Ce n'est pas aberrant, mais tout de même, Céline est plus <i>mainstream</i>. Comment vous le faire sentir, touristes ? Prenez un taxi. Céline, c'est ce chauffeur mal embouché qui rage contre les nègres et peste contre les juifs. Visez-moi ce connard !... T'avances, eh, pédale !... Flic de mes deux !... Pauvre France !... Céline a le style même du chauffeur de taxi - il écrit à coups de klaxon.</span></p><p><span style="font-family: verdana;">À ses débuts, c'était un écrivain naturaliste. Le <i>Voyage au bout de la nuit</i> est bon comme un kouglof : 75 grammes de raisins de Corinthe dans un kilo de matière. Entre ses excellentes scènes, comme celle de l'enrôlement, nous mâchons de la pâte. Le livre exprime un sentiment déplaisant, la lâcheté. Une lâcheté mauvaise, amère et hautaine, qui fait de son personnage Bardamu un Tartarin inversé, un Déroulède des pantoufles. Cela suinte des pages comme une obsession et ronge la prose de Céline. Elle le mènera à ses pamphlets. Que dis-je ? Il y est déjà. Au roman suivant, sa comédie est en place : « Mais je ne suis pas Zizi, métèque, ni Franc-maçon, ni Normalien, je ne sais pas me faire valoir, je baise trop, j'ai pas la bonne réputation... » (<i>Mort à crédit</i>). Il ajoute la flatterie de la gaudriole française à l'habileté de la plainte qui le met du côté des petits. Ne lui demandez pourtant pas de pitié à leur endroit ; il veut le privilège de la mouise pour lui seul. Il vit dans le fantasme. </span></p><p><span style="font-family: arial;"><b><i>Geignardise et vantardise sont les mamelles de Céline</i></b></span></p><p><span style="font-family: verdana;">Obtenant le prix Renaudot, vendant des centaines de milliers d'exemplaires, flatté, commenté, il se dit mal aimé, il voit du complot, il le souhaite ; tout pour faire résonner son moi. Avec un sans-gêne publicitaire qu'il ne perdra jamais, il écrit des choses comme : « Il lisait le "Voyage" celui-là... », raccourcissant le titre comme si le livre se berçait déjà dans la familiarité de l'inconscient collectif. Ah, il ne faut pas avoir beaucoup de fierté pour être égocentrique ! C'est le charlatanisme bien français des Hugo, des Chateaubriand, des Voltaire, des Montherlant, qu'il assaisonne d'un jus de ressentiment. Geignardise et vantardise sont les mamelles de Céline.</span></p><p><span style="font-family: verdana;">Ce n'est pas un romancier, mais un chroniqueur qui imagine avec humour : « Ma mère était pas cuisinière, elle faisait tout de même une ratatouille. Quand c'était pas "panade aux œufs" c'était sûrement "macaroni". Aucune pitié » (<i>Mort à crédit</i>). On se dit : voilà du bon, ne l'excitons pas en lui parlant, comme le clochard du bus. Dans le même livre, la tirade du comédien Courtial révèle son talent pour l'injure :</span></p><p><span style="font-family: verdana;">— Ferdinand ! qu'il m'interpelle ! Comment? c'est toi qui me parles ainsi ! A moi ? Toi, Ferdinand ? Arrête ! Juste Ciel et de grâce ! Pitié ! Appelle-moi ce que tu voudras ! Menteur ! Boa ! Vampire ! Engelure !</span></p><p><span style="font-family: verdana;">mais dure, hélas, une page. Comme Rabelais, Céline ne sait pas s'arrêter. La différence est que Rabelais ne pense pas bassement. Quand il dit merde, c'est joyeux, enfantin, amical ; quand c'est Céline, c'est amer, adolescent, mal digéré. (Il a d'ailleurs une passion pour la comparaison digestive.) </span></p><p><b><i><span style="font-family: arial;">Ces livres, qui paraissent écrits par un ivrogne</span></i></b></p><p><span style="font-family: verdana;">« Les Anglais, c'est drôle quand même comme dégaine, c'est mi-curé, mi-garçonnet... Ils sortent jamais de l'équivoque... Ils s'enculent plutôt... » On dirait de l'Édith Cresson. Grands dieux, Édith Cresson !... Vous vous rappelez, ce Premier ministre qui traita les Anglais de pédés et les Japonais de fourmis ?... D'un peuple l'autre, Céline passe aux pamphlets antisémites ; <i>Bagatelles pour un massacre</i>, <i>L'Ecole des cadavres</i>. Ces livres, qui paraissent écrits par un ivrogne, sont le type même de l'écrit de convaincu. Aucune réflexion. Jappement perpétuel. Ça ne l'a pas lassé, de jouer toujours la même rengaine sur son orgue de Barbarie, et quand je dis barbarie... ? Dans un régime tel qu'il le rêvait, Céline aurait été mis en prison. La IIIe République qu'il haïssait lui donnait toute licence de la calomnier. La France entre les deux guerres a connu une liberté d'expression inédite depuis 1790-92, et ne l'a pas revue depuis. Tout pouvait s'écrire, sur n'importe quel ton. Et le hurlement et le dégueulage généralisés n'étaient rien par rapport au nihilisme des idéologies. La bonde était ouverte. Et l'Europe y a survécu ! Dans quel état, il faut dire : notre conscience en est encore bancale. Céline est le pendant de Stavisky (je ne dis pas la conséquence) : des faiseurs talentueux, et cupides, dans un régime faible. La démocratie qu'il hait engendre le démagogue qu'il est. Et cet homme fait pour écrire des poèmes baroques et des romans à la Scarron se perd dans le délire de ses difformes idées bondissant sur leur caillou comme Ezéchiel ou Zébulon.</span></p><p><b><i><span style="font-family: arial;">Avec une impudence inouïe, Céline hulule au malheur</span></i></b></p><p><span style="font-family: verdana;">Pendant la guerre, il publie un nouveau pamphlet, <i>Les Beaux Draps</i>. On pourrait se dire : l'Allemagne a gagné, les juifs sont persécutés, il est content, mais non, il faut qu'il donne son avis, son hystérique avis. Persécutez davantage ! Et, lorsque vient son tour de répondre de ses appels au meurtre, que tout est foutu, il a un coup de génie : il s'invente un moi bouffon et irresponsable. Moi, pamphlétaire ? Allons ! je déconnais ! Pigez rien à la rigolade ! jamais été pour les idées, moi, mais pour la musique ! Et il écrit un roman soudainement détaché, un rien, une fantaisie (fort bourrative, car sa musique n'est pas moins péremptoire que feu ses idées), <i>Guignol's Band</i>. Le titre révèle ce que sera le reste de sa vie : un cirque. Céline a deviné qu'il lui fallait jouer une comédie pour être sauvé, et transformer sa défaite biographique en victoire littéraire. C'est la trilogie persécutée, <i>D'un château l'autre</i>, <i>Nord</i>, <i>Rigodon</i>, auxquels on peut ajouter <i>Féerie pour une autre fois</i> et <i>Normance</i>. Se réfugiant en Allemagne avec les restes du pétainisme et de la collaboration, il en fait un récit pétardier et transforme le château de Sigmaringen en scène d'une opérette d'Offenbach orchestrée par Méphisto. Deuxième acte, il s'enfuit au Danemark à travers une Allemagne bombardée dans une mise en scène devenue expressionniste, puis, troisième acte, quelques mois de prison lui permettent de se donner le premier rôle. Céline avait expérimenté que la hâblerie paie. Il avait crié qu'il était un génie, un peuple pressé l'avait cru. Il cria qu'il était persécuté, on oublia qu'il avait été du côté des persécuteurs. Sa façon d'écrire s'exagère, et c'est une façon de ne pas s'expliquer. Il tape sur les casseroles pour qu'on oublie le sifflement de sa faute. Comme quoi il existe une franchise qui est de l'hypocrisie. Avec une impudence inouïe, Céline hulule au malheur, alors que l'Europe fume des bonnes manières de ses amis allemands et que ses confrères collaborateurs sont fusillés. On ne peut pas dire que l'honneur, s'il est l'acceptation de la responsabilité, ait étouffé Céline.</span></p><p><span style="font-family: verdana;"><b>Charles Dantzig</b></span></p><div><br /></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-88265812579689521082022-05-23T00:03:00.001-07:002022-05-23T00:03:08.752-07:00 L'actualité de la Pléiade : Cauchemars en réserve - Les manuscrits retrouvés de Céline<div style="text-align: left;"><b><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;">Cauchemars en réserve <br /></span></span></b><b><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;">Les manuscrits retrouvés de Céline</span></span></b></div><div style="text-align: left;">Dans L'actualité de la Pléiade de mai 2022</div><div style="text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHfbTtKFPVmEIX9fSR2v0Qo6fBmLDTpiD5dqGFw9haKgXWyklWKwMytwzATjKC4GoGSaHfd5kjmfvozMroLJIv12fqkUTKT-jrgrlgjLb_ebx8a5yg29GUYoyS7aG_b9gWGb5EB7igratP0ord9xLiOcp8oZPA4z1bxm3VQFdMZqcsX7R9m-JsEB7-SA/s1730/Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202022-05-23%20a%CC%80%2008.54.40.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1570" data-original-width="1730" height="366" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHfbTtKFPVmEIX9fSR2v0Qo6fBmLDTpiD5dqGFw9haKgXWyklWKwMytwzATjKC4GoGSaHfd5kjmfvozMroLJIv12fqkUTKT-jrgrlgjLb_ebx8a5yg29GUYoyS7aG_b9gWGb5EB7igratP0ord9xLiOcp8oZPA4z1bxm3VQFdMZqcsX7R9m-JsEB7-SA/w400-h366/Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202022-05-23%20a%CC%80%2008.54.40.png" width="400" /></a></div><br /><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia; font-size: 12px;">Dans l’été de 2021, il fut abondamment question des manuscrits de Céline remis, soixante ans après la mort de l’écrivain, à ses ayants droit. Différents experts furent appelés à la barre médiatique. Il y eut bien quelques déclarations oiseuses, comme la comparaison avec les « soixante-quinze feuillets » de Proust qui, malgré le « raffut » (sic) fait autour de leur publication, pèseraient peu face aux milliers de pages de Céline. Mais on mettra cela sur le compte de l’humour. Dans l’ensemble, le dossier de presse témoigne de l’importance de la découverte – elle est réelle – et confirme, à vrai dire inutilement, tant la chose est évidente, que Céline excite plus que jamais les passions.</span></div>
<p style="font-size: 12px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"> Aujourd’hui, après quelques mois d’un travail toujours en cours, on peut tenter d’ébaucher un panorama provisoire, en insistant, ici, sur ce qui intéresse l’édition des Romans dans la Pléiade.</span></p>
<p style="font-size: 12px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"> Un premier roman, incomplet de son début (ce qui autorise à la fois les hypothèses constructives et la rêverie informée, qui ne l’est pas moins), paraît au moment où cette Lettre est diffusée. Il est intitulé Guerre, non que ce titre figure dans le manuscrit, mais parce qu’il s’impose, pour les raisons qu’on va dire. Puis viendront un long roman intitulé (par son auteur cette fois) Londres, qui est la suite de Guerre, et un Casse-pipe augmenté, mais non pas complet. Une fraction de ce roman ayant été publiée dès 1948, on espérait retrouver la suite. Elle manque toujours. On s’en consolera peut-être en remarquant que la confrontation de Casse-pipe avec les manuscrits inédits permet de réviser une partie de la cartographie romanesque célinienne. Il faut enfin mentionner La Volonté du roi Krogold, qui n’est pas à proprement parler un roman, plutôt une légende, légende épique ou épopée légendaire, comme on voudra, et moins médiévale que moyenâgeuse : une sorte de mabinogi post-symboliste, dirait-on si l’on voulait compliquer – bref, chacun se fera une opinion. Ajoutons que l’existence de Krogold était déjà connue des lecteurs de Mort à crédit : Céline en cite des fragments dans ce roman de 1936.</span></p>
<p style="font-size: 12px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"> Quand ces écrits ont-ils été rédigés ? La chronologie relative semble assez claire. Les dates, elles, sont hypothétiques. Krogold, probablement le plus ancien de ces textes, est écrit peu après Voyage au bout de la nuit, qui fut publié en octobre 1932. Il pourrait dater de 1933. Krogold et Gwendor s’affrontent, le premier s’impose, la Mort va s’emparer du second. S’engage alors entre Gwendor et la Mort une négociation qui rappellera des souvenirs aux spectateurs du Septième Sceau de Bergman : Gwendor marchande un sursis, la Mort ne s’en laisse pas conter. L’essentiel est bien là ; la mort, et plus précisément le rapport qu’entretient l’homme avec elle, est au cœur des préoccupations de Céline. C’est en cela que cette Volonté du roi Krogold à la tonalité si étrange est sans aucun doute, existentiellement sinon formellement, célinienne.</span></p>
<p style="font-size: 12px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"> On ne sera pas surpris que des fragments de Krogold soient cités dans Guerre, qui doit être de peu postérieur (vers 1933-1934). Au corps agonisant de Gwendor sur le champ de bataille succède en effet, au milieu des décombres d’un autre combat, le corps souffrant du brigadier Ferdinand. Telle est la situation de départ (du moins dans les feuillets dont nous disposons) du roman retrouvé. Il s’agit d’un manuscrit « achevé » (le livre a une fin), mais non « abouti ». Bien des trouvailles stylistiques sont déjà observables – qui ne reconnaîtrait Céline dans la forme donnée à ces phrases : « C’est putain le passé, ça fond dans la rêvasserie. Il prend des petites mélodies en route qu’on lui demandait pas. Il vous revient tout maquillé de pleurs et de repentirs en vadrouillant » ? Mais l’écrivain est encore au travail, et quand il passe à autre chose, il laisse son manuscrit en l’état, in progress, ce qui nous donne accès au premier jet d’un ouvrage de Céline, ou à une version proche du premier jet, et par là riche d’enseignements.</span></p>
<p style="font-size: 12px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"> Guerre s’inscrit dans l’ellipse ménagée par Voyage, roman dans lequel le moment de la blessure de Bardamu est escamoté. Le Ferdinand de Guerre, lui, vient d’être blessé. Au bras notamment, comme le fut le maréchal des logis Destouches en octobre 1914. Et ce n’est pas la Mort qui se dresse devant lui, mais un allié, un Anglais, grâce à qui il sera admis à l’hôpital militaire de Peurdu-sur-la-Lys, où il connaîtra des aventures médico-sexuelles ; se liera avec des individus inégalement recommandables mais archétypalement céliniens, tels le souteneur Bébert, autrement nommé Cascade, sa gagneuse Angèle et son doublard Destinée ; recevra une décoration qui lui offrira un bouclier fort utile contre les fouineurs de la justice militaire (car Ferdinand semble avoir quelque chose à se reprocher) ; puis embarquera pour l’Angleterre, où il retrouvera Angèle. « Les deux jetées sont devenues toutes minuscules au-dessus des mousses cavaleuses, pincées contre leur petit phare. La ville s’est ratatinée derrière. Elle a fondu dans la mer aussi. Et tout a basculé dans le décor des nuages et l’énorme épaule du large. »</span></p>
<p style="font-size: 12px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"> Le lecteur aura reconnu en Cascade et en Angèle des personnages du futur Guignol’s band, ou leurs homonymes. Et l’amateur de correspondances aura identifié, sans surprise, la composante autobiographique de l’histoire. Ce que rapporte le texte retrouvé n’est autre, en effet, que la réinvention romanesque de ce que nous apprenaient ou nous confirmaient en 2009 les lettres inédites rassemblées sous le titre Devenir Céline. Blessure, hospitalisation, détails médicaux, aventure avec une infirmière, questions financières, visite des parents, bienveillance d’un collègue du père de Louis, citation, décoration – sur tous ces points, le roman fait écho à la correspondance. Un écho parfois déformé, par exemple en ce qui concerne les relations avec les parents ; exécrables dans le roman (comme dans Mort à crédit), elles semblent affectueuses dans la réalité (mais qui s’étonnera que de bonnes relations apparentes puissent masquer une révolte intérieure, laquelle trouve son exutoire dans l’œuvre ?). Ne manquent à vrai dire, dans ces lettres, que le proxénète, les prostituées, la justice militaire, et de nombreux détails anatomiques dont la remarquable crudité aurait pu faire tache dans une correspondance familiale. Sans oublier, parmi tout ce que le roman n’emprunte pas directement à la biographie et que ne rapportent donc pas les lettres, les circonstances du départ pour Londres. Dans la réalité, Louis Destouches ne quitta pas l’« ambulance » d’Hazebrouck pour la capitale britannique à la remorque d’une prostituée entreprenante : il fut transféré au Val-de-Grâce. Londres, le consulat général de France et son service des passeports l’attendraient jusqu’en mai 1915.</span></p>
<p style="font-size: 12px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"> Les mois que Céline passa à Londres, entre mai 1915 et mars 1916, et qui sont si importants dans sa vie, ont servi de pilotis à un roman bien connu, quoique peu lu, Guignol’s band, prévu en trois parties. Guignol’s band I allait paraître en mars 1944 (mauvais timing), Guignol’s band II (Le Pont de Londres) serait révélé à titre posthume, en 1964, et Guignol’s band III ne serait jamais écrit, du moins jamais complètement. Mais ce que nous apprennent les manuscrits retrouvés, c’est que Guignol’s band, commencé en 1940, n’était pas la première transposition romanesque du séjour à Londres. Le roman (en trois parties, lui aussi) intitulé Londres et qui constitue la suite de Guerre semble avoir été rédigé dès 1934. En somme, nous voici en présence d’une expérience de vie donnant lieu à deux tentatives, apparentées mais distinctes, de mise en roman, dont l’une allait rester inédite, tandis que l’autre serait publiée partiellement du vivant de son auteur.</span></p>
<p style="font-size: 12px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"> Nous sommes donc en 1934. Dans l’été de cette année-là, Céline se rend aux États-Unis, d’où il espère (vainement) ramener Elizabeth Craig, avec qui il a eu une liaison – achevée, à son grand dam. Il n’est pas sans intérêt de signaler qu’au verso d’un feuillet du manuscrit de Guerre figure l’adresse américaine d’Elizabeth. Pas sans intérêt non plus de relire les lettres écrites par Céline pendant son séjour américain. Deux d’entre elles retiennent l’attention ; respectivement datées du 14 et du 16 juillet, elles sont adressées à l’écrivain Eugène Dabit et à l’éditeur Robert Denoël, et contiennent la même information (citée ici d’après la lettre à Dabit) : « À propos je vais faire paraître un premier livre [après Voyage] dans un an c’est décidé – / Enfance – La guerre – Londres – / Autrement j’en ai pour dix ans – Arrive que pourra ». Mêmes titres dans la lettre à Denoël, si ce n’est que La guerre y est devenu Guerre.</span></p>
<p style="font-size: 12px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"> Compte tenu de ce que nous savions avant l’apparition des manuscrits retrouvés, ce triptyque ne pouvait que renvoyer à trois romans bien connus : Enfance, c’est Mort à crédit, commencé dans l’été de 1933 ; La guerre ou Guerre était le futur Casse-pipe, rédigé à partir de 1937 ; et Londres devait être le futur Guignol’s band, mis en chantier en 1940. Mais la lecture des écrits retrouvés place ces deux lettres sous une nouvelle lumière. Guerre y renvoie probablement au roman auquel nous donnons aujourd’hui ce titre (car le manuscrit n’en mentionne aucun) et qui, on va le voir, n’est pas dépourvu de liens avec le futur Casse-pipe. Quant à Londres, il s’agit sans doute moins du futur Guignol’s band, non encore commencé, que du premier roman londonien, inédit, et dont le manuscrit porte sans ambiguïté ce titre (provisoire ?), Londres, donc.</span></p>
<p style="font-size: 12px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"> Mais revenons à Casse-pipe. Plus de quatre cents feuillets du manuscrit de ce roman figurent parmi les documents retrouvés. Ils permettront d’en procurer une très intéressante édition augmentée ; toutefois, on l’a dit, ils ne contiennent pas ce qui d’après Céline aurait dû être la fin du livre. Casse-pipe ne nous était connu que par les publications de 1948 (dans Les Cahiers de la Pléiade) et de 1949 (aux Éditions Frédéric Chambriand). Quelques fragments supplémentaires ont été découverts ultérieurement (et publiés par Henri Godard au tome III des Romans), mais aucun ne nous menait au-delà du « premier temps » du livre, c’est-à-dire au-delà du récit des années d’apprentissage, transposition romanesque de l’expérience qu’a connue Louis Destouches, engagé en 1912 au 12e Cuirassiers de Rambouillet. Or ce sont ces mêmes années d’apprentissage qu’évoquent les feuillets récemment retrouvés.</span></p>
<p style="font-size: 12px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"> Comment sait-on qu’il devait y avoir un « second temps » et que celui-ci ne concernait plus la vie d’un quartier de cavalerie en temps de paix, mais la guerre, la folie des hommes et leur rapport à la mort ? Grâce à un document essentiel, qui est à la disposition des lecteurs depuis 1988, date à laquelle il fut édité par Henri Godard en appendice à Casse-pipe, dans la Pléiade. Il contient des propos de Céline rapportés par le journaliste Robert Poulet en 1957. L’écrivain y révèle la fin du roman et, par là même, le sens du titre Casse-pipe, qui s’accordait mal avec les séquences publiées : « C’était l’histoire d’un échelon régimentaire, commandé par un adjudant, en 1914. » Dans le désordre des combats, le détachement s’égare, les soldats « boivent, jouent, maraudent ; finissent par fracturer la caisse [du régiment] qui leur est confiée ». L’adjudant comprend qu’il sera tenu pour responsable de leurs exactions et, pour échapper aux poursuites, choisit une solution radicale : « il conduit son monde vers le point le plus scabreux du front de combat ; et il fonce tête baissée, hommes, chevaux, fourgons, dans la mêlée, qui les écrase… »</span></p>
<p style="font-size: 12px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"> Cette fin terriblement célinienne, aucun texte que nous connaissions ne la rapporte. A-t-elle été volée à Céline, comme il l’a dit ? A-t-elle seulement été écrite ? La prudence ne permet pas de répondre nettement à ces questions. Mais l’un des manuscrits retrouvés, celui de Guerre, prouve que cet épisode était déjà présent à l’esprit de Céline alors qu’il écrivait (en 1933-1934, rappelons-le) ce « roman de guerre ». Le Ferdinand de Guerre tient en effet des propos qui font écho à la fin de Casse-pipe telle que Céline la résume en 1957 : « C’était pas explicable notre expédition et la manière dont elle avait fini. » Après le combat (ou le bombardement), il ne retrouve pas « l’adjudant ». Lui revient le « souvenir de la sacoche du pognon », tout aussi introuvable. À l’hôpital, il constate avec soulagement qu’on ne lui parle pas « de la caisse du régiment qu’avait été bousillée aussi, fondue dans l’aventure, et pourtant c’était le plus grave en somme pour me coincer mieux »… Un officier lui posera bien des questions embarrassantes, mais elles n’auront pas de suites fâcheuses ; la médaille militaire de Ferdinand est garante de son héroïsme.</span></p>
<p style="font-size: 12px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"> Ce n’est pas tout. La cantinière du régiment, Mme Onime, lui rend visite à l’hôpital. Intéressant personnage, apparenté à la cantinière de Casse-pipe, Mme Leurbanne. Dans Casse-pipe, la cantinière est réputée avoir une liaison avec l’adjudant Lacadent. Dans Guerre, elle est en proie à un chagrin dont Ferdinand comprend aussitôt la cause : « Il est mort », lui dit-il alors, sans éprouver le besoin de donner aucun nom ; « Il est mort en brave ! et puis c’est tout. » La cantinière s’effondre. Comment ne pas supposer que Ferdinand faisait allusion à l’adjudant dont elle était si proche ?</span></p>
<p style="font-size: 12px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"> Voilà bien des hypothèses. Il convient de ne pas les transformer en certitudes. Mais « certaines œuvres vivent aussi des virtualités qu’elles sécrètent », écrit Henri Godard dans un texte sur Casse-pipe à paraître. Le Casse-pipe que nous connaissons, Céline ne le met en chantier qu’en 1937. Guerre, on l’a dit et répété, est probablement écrit en 1933-1934. Mais ne s’agirait-il pas, dans les deux cas, certes pas du même texte, mais d’un seul et même projet, dont le secret gît peut-être dans la fin absente d’un des deux romans (Casse-pipe) et dans le début manquant de l’autre (Guerre) ? Ou, pour le dire autrement, la fin absente de Casse-pipe et le début manquant de Guerre ne devaient-ils pas rapporter – à deux époques de rédaction distinctes – les mêmes événements : « l’histoire de l’échelon régimentaire », le coup de folie des cavaliers et l’« affaire » au cours de laquelle l’adjudant trouve la mort avec tous ses hommes, à l’exception de Ferdinand, qui n’est que blessé ?</span></p>
<p style="font-size: 12px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span style="font-family: georgia;"> Une chose est sûre : les manuscrits retrouvés – qui vont enrichir l’édition des Romans de Céline dans la Pléiade – remettent l’église au milieu du village, c’est à-dire, avec une évidence accrue, la guerre au centre de l’œuvre. Ils confirment en cela ce qu’écrivait Céline à son ami Joseph Garcin en septembre 1930 : « j’ai en moi mille pages de cauchemars en réserve, celui de la guerre tient naturellement la tête ».</span></p><div><br /></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-86050990826298669042022-05-22T00:53:00.002-07:002022-05-22T00:53:56.357-07:00GUERRE : CÉLINE À HAZEBROUCK EN NOVEMBRE 1914 Par Pierre-Marie Miroux à propos de Céline : Plein Nord (2014)<p><span style="caret-color: rgb(5, 5, 5); color: #050505; font-family: inherit; font-size: 15px; white-space: pre-wrap;"><b>GUERRE : CÉLINE À HAZEBROUCK EN NOVEMBRE 1914 à propos de Céline : Plein Nord (2014)</b></span></p><p><span style="caret-color: rgb(5, 5, 5); color: #050505; font-family: inherit; font-size: 15px; white-space: pre-wrap;"><b>Par Pierre-Marie Miroux (secrétaire de la Société d'études céliniennes Sec)</b></span></p><div class="" data-block="true" data-editor="51n0j" data-offset-key="99e6b-0-0" style="caret-color: rgb(5, 5, 5); color: #050505; font-family: system-ui, -apple-system, BlinkMacSystemFont, ".SFNSText-Regular", sans-serif; font-size: 15px; white-space: pre-wrap;"><div class="_1mf _1mj" data-offset-key="99e6b-0-0" style="direction: ltr; font-family: inherit; position: relative;"><span data-offset-key="99e6b-0-0" style="font-family: inherit;"><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 1"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Au moment où paraît </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guerre</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, le premier des manuscrits retrouvés de Céline à être édité, il m’a semblé qu’il pouvait être intéressant de mettre à la disposition du plus grand nombre possible de lecteurs l’étude que j’avais publiée en 2014 dans un livre intitulé </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Céline : Plein Nord</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, tiré seulement à 200 exemplaires à l’époque.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Quand j’ai commencé ces recherches à Hazebrouck, le nom même d’Alice David, l’infirmière- major de l’hôpital auxiliaire d’Hazebrouck, n’était pas connu : la seule biographie où il en était très vaguement question était celle de F. Gibault où elle était mentionnée sous le nom d’Alice D... (</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le temps des espérances, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">p. 153). Grâce à la publication, par les soins de V. Robert-Chovin, en 2009, dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Devenir Céline</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, de lettres anciennes adressées au jeune Louis Destouches, on a retrouvé les lettres qu’Alice lui avait envoyées, mais, dans un cas comme dans l’autre, les éditions Gallimard avaient préféré que ne soit pas cité son nom de famille. Il a donc déjà fallu retrouver son identité exacte, puis exhumer toute l’histoire de cette femme et de cette « ambulance », comme on disait alors, faisant renaître tout un pan très intéressant de la vie et de la société hazebrouckoises durant cette période. Ceci n’aurait pas été possible sans de bons connaisseurs de cette histoire que je remercie à la fin de cette étude, mais je tiens à redire particulièrement ici ma gratitude à Jean-Michel Sauss, professeur au Lycée St Jacques qui servit d’hôpital pendant la guerre, et à Jean-Pascal Vanhove, grand connaisseur de l’histoire locale.</span></p></div></div><img alt="page1image2370572720" height="237.487200" src="blob:https://www.blogger.com/cca8a346-72b3-48c3-b5af-5510654f49f4" width="158.249900" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">1</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 2"><img alt="page2image2372357488" height="162.400000" src="blob:https://www.blogger.com/55bec37c-8f2e-4f71-bab1-f9a7fe51ce80" width="242.957200" /> <img alt="page2image2372357696" height="161.450000" src="blob:https://www.blogger.com/4d308e05-7755-4d0a-b680-5e0ba4bc7718" width="136.975000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Le Collège St Jacques d’Hazebrouck devenu Hôpital auxiliaire n°6 en 1914.<br />A droite, la petite entrée, aujourd’hui disparue, surmontée d’un paneau « Croix Rouge », par laquelle pénétraient les blessés. C’est par là qu’entra le cuirassier Destouches le 28 octobre 1914.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Le dortoir probable de Céline, salle Saint-Eustache dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guignol’s Band </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">et salle Saint-Gonzef dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guerre</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. A droite, cette même salle est devenue le centre de documentation du Lycée St Jacques.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Dans l’Avant-Propos qu’il a rédigé pour </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guerre</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, F. Gibault cite mes travaux en me qualifiant de « célinien et chercheur de qualité », ce dont je le remercie, mais tout en commettant de légères imprécisions que je me permets de rectifier ici.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Il parle d’abord de Mme Hélène </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Van </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Cauwel (p.13) qui s’appelait en réalité, plus simplement, Mme Hélène Cauwel. Epouse du pharmacien Léon Cauwel, qui était en charge également de la pharmacie de l’hôpital auxiliaire, elle servit auprès d’Alice David comme soignante, car, à la différence d’Alice qui était une infirmière diplômée formée par la Croix- Rouge, elle n’avait pas de formation, comme la plupart des dames du Comité qui, sous l’égide de cette même Croix-Rouge, prirent en charge les blessés ou les malades qui leur furent confiés. C’est Alice David qui assura auprès d’elles une formation minimale. Sur son faire-part de décès sera d’ailleurs clairement indiqué son titre d’«Infirmière-major de la Croix-Rouge française ». Je suppose, mais sans certitude, que c’est Jacques Boudillet, co-auteur avec Jean- Pierre Dauphin de l’</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Album Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">dans La Pléiade, paru en 1977, qui, faisant des recherches en vue de cet </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Album</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, la retrouva vers 1975 ou 1976, quasi-centenaire puisqu’elle était née en 1877 (elle devait décéder en 1978). C’est par les confidences qu’elle lui fit que furent connus les sentiments amoureux d’Alice pour le cuirassier Destouches, d’après F. Gibault qui écrit,</span></p></div></div><img alt="page2image2372601264" height="132.750000" src="blob:https://www.blogger.com/70a1f23c-956b-4c96-9a4e-cf153acbc1ef" width="177.026100" /> <img alt="page2image2372601568" height="132.537700" src="blob:https://www.blogger.com/34a5768b-3f84-42e9-848f-d61697741234" width="201.372300" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">2</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 3"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">dans le texte cité plus haut, qu’« Hélène Cauwel rapporte que bien après le départ de Louis, Alice accoucha d’une fille dont la rumeur publique lui attribua la paternité. » Jacques Boudillet, s’il s’agit de lui, ayant ensuite disparu du monde célinien, nous ne saurons jamais exactement la teneur exacte des propos d’Hélène Cauwel, propos qui paraissent erronés maintenant, si elle les a vraiment tenus, à la lumière de mon étude et de </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guerre</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, mais qui n’étaient pas dénués non plus de fondement comme l’ont montré les lettres d’Alice révélées en 2009.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Quoi qu’il en soit, rien ne permet de confirmer, d’après mes recherches, que, comme l’écrit F. Gibault dans son Avant-Propos (p. 13), « Hélène Cauwel reçut chez elle le maréchal des logis Destouches »..Je ne pense pas, personnellement, qu’il était en usage, chez les dames du Comité de la Croix-Rouge, de recevoir chez elles les soldats hospitalisés, même si une exception a peut-être été faite par Alice, par amour pour ce beau cuirassier, comme je l’explique dans mon article. Nous savons, par contre, que c’est le dimanche 22 novembre 1914, que celui-ci fit sa première sortie de l’hôpital pour aller déjeuner chez M.et Mme Houzet de Boubers, ce monsieur étant le correspondant local de la Compagnie d’assurances Le Phénix avec lequel le père de Louis avait pris contact dès qu’il avait su que son fils était à Hazebrouck. Ce sont les Houzet qui accueillirent les Destouches quand ils vinrent rendre visite à leur fils du 30 octobre au 4 novembre 1914. Dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guerre</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, les Houzet deviennent les Harnache et Céline y livre une évocation tout-à-fait imaginaire et burlesque de ce déjeuner. Il ne faudrait surtout pas se faire, d’après la caricature des Harnache, une idée de ces gens parfaitement distingués et serviables qu’étaient les Houzet de Boubers.</span></p></div></div><img alt="page3image2501965056" height="218.298300" src="blob:https://www.blogger.com/97eb2db0-da92-4e33-94ac-a6e99a26a5a6" width="318.700000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">3</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 4"><img alt="page4image2502037168" height="317.850000" src="blob:https://www.blogger.com/f90ed668-7fa7-43ac-b8ec-7f56947631bf" width="199.186000" /> <img alt="page4image2502037376" height="310.917500" src="blob:https://www.blogger.com/58720527-6669-4be9-b1ca-28f2902e175e" width="217.350000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Hall de la maison des Houzet à Hazebrouck</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Il est également deux autres petits points que je voudrais préciser à propos de ce que dit F. Gibault d’Alice David. « Elle a toujours vécu, écrit-il, dans une maison de famille qu’elle partageait avec plusieurs de ses frères dont l’un au moins était prêtre » (p. 14). Ceci n’est pas tout-à-fait exact, même si c’est sans grande importance. Alice était, en réalité, l’avant-dernière d’une famille de neuf enfants qui ne comportait que deux garçons : Georges (1864-1945) et Maurice, le dernier né (1875-1948), qui fut, en effet, prêtre, chanoine et professeur à la Faculté catholique de Lille. Il faudrait donc écrire plutôt qu’Alice a vécu « parmi ses sœurs », qui furent au nombre de six. Mais, en 1914, ne restaient plus à Hazebrouck que l’aînée, Gabrielle, célibataire, à laquelle s’était ajoutée Angèle, réfugiée là avec ses deux enfants, son mari, Augustin Deltour étant resté à Lille pour y exercer sa profession de marbrier. Hazebrouck, située sur le front, ne fut jamais occupée par les Allemands, alors que Lille le fut durant toute la durée de la guerre, ce qui empêcha le couple de se réunir.</span></p></div></div><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">4</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 5"><img alt="page5image2502257232" height="365.291400" src="blob:https://www.blogger.com/a67e727d-a748-4671-af0a-4c61439eb0e8" width="308.100000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Alice est au premier rang à droite, Maurice au premier rang à gauche. Gabrielle est la seconde au troisième rang en partant de la droite et Angèle la première à gauche au deuxième rang.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Enfin, si Alice fut effectivement élevée dans un milieu très catholique et si trois de ses sœurs devinrent religieuses, je me refuse, pour ma part, à la réduire, comme le fait F. Gibault, à une « vieille fille sentimentale et très religieuse, pour ne pas dire bigote. » (p.14). En effet, si son engagement tout au long de sa vie comme infirmière, fut fondé sur une foi profonde et fut une sorte de sacerdoce laïque, la qualifier de « bigote » revient à donner d’elle une image par trop réductrice. S’il est vrai que ses sentiments amoureux pour un jeune soldat plus jeune qu’elle de vingt ans tendent à la ridiculiser un peu – et cela fit jaser à l’époque, posant d’ailleurs problème à sa sœur Angèle, comme vous le lirez dans l’article qui suit – Alice était une femme de tête, plutôt « autoritaire » comme l’avait noté F. Gibault dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le temps des espérances </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">(p. 153) ; c’est elle qui prit en main cet hôpital auxiliaire d’Hazebrouck, n’hésitant pas à se heurter parfois au Dr Sénellart (transposé ici en.« Méconille ») et en fut la véritable animatrice tout au long de la guerre. Elle fut décorée à plusieurs reprises pour son action, et notamment de la Croix de guerre pour avoir secouru, en 1917, avec sa sœur Angèle, des blessés sous les bombardements à la gare d’Hazebrouck. D’ailleurs, si, dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guerre</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, Céline en fait, sous les traits de « Mlle L’Espinasse », un portrait qui n’a presque rien à voir avec ce qu’elle était réellement, sauf quand il évoque sa piété, il écrit quand même à son sujet : « Décidément elle avait de l’autorité partout, c’était une puissante » (p. 63).</span></p></div></div><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">5</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 6"><img alt="page6image2502536480" height="224.949900" src="blob:https://www.blogger.com/f9ef46ca-d813-4fba-baf7-1f31a216a883" width="355.099900" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Photo de l’hôpital auxiliaire d’Hazebrouck prise en 1915.<br />Au centre, portant une barbe, le Dr Sénnelart (« Méconille »).<br />A ses côtés l’abbé Hidden, supérieur du Collège St Jacques.<br />A droite, l’abbé Deroo – sans doute l’abbé mentionné par Céline dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guerre</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.<br />3</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">ème </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">en partant de la gauche, un visage en partie caché qui pourrait être celui d’Alice David, ou, sinon, celui de sa sœur Angèle qui servait aussi comme soignante. L’infirmière la plus proche des blessés est Mme Hélène Cauwel.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ne réduisons pas à une figure outrageusement caricaturée par Céline, comme il a caricaturé dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Voyage </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">les infirmières du Val-de-Grâce, ni même à une « vieille fille » enfermée dans une vison étroite de l’existence, Alice David dont le dévouement, notamment en 1914, pour ces soldats blessés fut si important et dont bénéficia au premier chef un jeune cuirassier de vingt ans, désemparé devant ce qui lui arrivait et qui trouva auprès d’elle, comme auprès de toute l’équipe de « l’ambulance », un réconfort dont il avait bien besoin.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Vingt ans plus tard, évidemment, devenu L.F. Céline, il s’affranchirait de ce vécu pour en donner une vision propre à celle de l’écrivain qu’il était devenu. Mais n’avait-il pas gardé, quand même, au fond de lui-même un reste de respect pour cette « Alice D. », comme elle signait ses lettres, dont l’anagramme forme le nom du sergent Alcide, un des rares personnages positifs de </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Voyage </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">? C’est une hypothèse que je formule, de façon sans doute un peu hasardeuse, dans cette étude dont je vous souhaite bonne lecture.</span></p></div></div><img alt="page6image2502726768" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/4b8fc206-7103-4b3f-bfc7-3eddf1fce043" width="275.040000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">6</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 7"><img alt="page7image2502241664" height="251.300000" src="blob:https://www.blogger.com/da33c322-7b9b-499f-a276-806b37807c2e" width="162.095400" /> <img alt="page7image2502056768" height="251.029800" src="blob:https://www.blogger.com/40293979-2006-49ab-ae62-eaea026d61ea" width="240.650000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">A gauche : Alice, son neveu et sa petite nièce, Catherine, en 1936.<br />A droite :.Alice, sa nièce par alliance et sa petite-nièce en 1939.<br />Je remercie Mme Catherine Thuault, née David, pour son accueil à l’île de Ré et la mise à disposition de ces documents familiaux.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Une partie de la tombe David à Hazebrouck : à côté du nom d’Alice, on distingue la gravure de l’insigne de la Croix de guerre.</span></p></div></div><img alt="page7image2502810832" height="259.939200" src="blob:https://www.blogger.com/da22ef0c-2916-4df6-a589-fbb2c283ea1a" width="346.650000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">7</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 8"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 14pt; font-weight: 700;">Céline : Hazebrouck, novembre 14 :<br />son hospitalisation, ses relations avec Alice David, sa fille ?</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Le 28 septembre 1912, un jeune homme que ses parents destinaient à une carrière commerciale, s’engageait pour trois ans au 12</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">régiment de Cuirassiers en garnison à Rambouillet : il avait eu 18 ans le 27 mai précédent et s’appelait Louis Ferdinand Destouches.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Il n’allait nullement faire la carrière commerciale qui lui était promise, mais allait devenir médecin, et surtout écrivain sous le pseudonyme de Céline. Par commodité, c’est par ce nom que nous le désignerons ici bien qu’à l’époque il ne soit encore que Louis Destouches.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Dans les hasards de la vie qui allaient le faire bifurquer de ce à quoi on l’avait destiné, un événement joua plus que tout autre un rôle majeur : la guerre qui se déclenchait début août 1914. Peu auparavant, le 5 mai, il avait été promu maréchal des logis, et c’est avec ce grade qu’à 20 ans il se trouvait lancé dans cette tempête qui allait ravager une grande partie de l’Europe.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">1) Les circonstances qui conduisent Céline à Hazebrouck</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Le 12</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Cuir » est envoyé sur le front de l’Est. Mal commandé, au point qu’il arrive qu’il marche à l’envers, s’éloignant du front au lieu de s’en rapprocher, il s’épuise en marches et contre marches tout au long du mois d’août. En septembre, il est dans la région de la Meuse et cantonne à Commercy le 1</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">er </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">octobre. Le lendemain, 2 octobre, le régiment est embarqué pour le front du Nord et débarque à Armentières le 4. A partir du 5, il est déployé le long de la Lys pour en garder les ponts. Le président de la Société d’histoire de Comines-Warneton, Francis de Simpel, a étudié le mouvement du régiment de Céline dans le secteur de la Lys début octobre : nous renvoyons à ses travaux</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">1 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">ainsi qu’au livre de Jean Bastier, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le cuirassier blessé</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">2</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">L’analyse de ces aspects purement militaires nous entraînerait hors du sujet de notre étude. Cependant, en ce qui concerne la blessure qui va toucher Céline et l’amener à Hazebrouck, un récent article de Gaël Richard est venu contester partiellement les données généralement admises jusqu’à présent</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">3</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Retenons simplement pour situer le cadre de ce qui va arriver à notre jeune cuirassier que le 15 octobre, son régiment, en poste au nord de Béthune, vers Lestrem, reçoit l’ordre de monter en Belgique et passe par Merville, La Motte-au-Bois, Hazebrouck et Hondeghem où il cantonne. Le 16, il rentre en Belgique, passant à Ypres et poussant jusqu’à Woesten. Le 17, le régiment se rend à Furnes, puis reprend sa marche vers le Nord, l’objectif étant Bruges : il faut bloquer l’avancée allemande.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Du 20 au 22 octobre, le 12</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Cuirassier participe à ses derniers combats sur l’Yser, les escadrons étant ensuite ramenés en arrière de la ligne de feu, attendant que l’infanterie ait percé pour se lancer à la poursuite de l’ennemi, ce qui n’arrivera jamais...</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">1 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Francis de Simpel : </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">L’écrivain L.F. Céline et la vallée de la Lys au début d’octobre 14</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, Mémoires de la Société d’histoire de Comines-Warneton et de la région, tome 23, 1983, pp. 275 – 290, et </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Céline à Comines, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Le Bulletin célinien n° 297, 2008, pp. 21, 22.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">2 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Jean Bastier, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Le cuirassier blessé, Céline, 1914 – 1916</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, Du Lérot, éditeur, 1999.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">3 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Gaël Richard, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Le cuirassier blessé et ses médecins</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, Année Céline 2009, pp. 185 – 204.</span></p></div></div><img alt="page8image2506520672" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/0b9507bf-430c-4390-b22f-faf90ac0f9fa" width="261.120000" /> <img alt="page8image2506520960" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/68f4a532-4b6b-440e-b452-6533ab8ca064" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">8</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 9"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Dès le 18, le général de Mitry, dont dépend alors le régiment, constitue des « escadrons à pied », ce qui permettra d’utiliser des cavaliers en agents de liaison pédestres destinés à transmettre des ordres ou des rapports d’un point à l’autre du front, les chevaux n’étant plus utilisables dans les réseaux de tranchées et de barbelés qui se construisent.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Pour bloquer l’avance de l’ennemi, les 66</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">et 125</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">régiments d’infanterie sont positionnés devant Poelkapelle, en avant d’Ypres, et la cavalerie mise en réserve dans l’attente de cette fameuse percée. Ces deux régiments d’infanterie attaquent en vain Poelkapelle du 23 au 27 octobre. Le 27 en fin d’après-midi, ordre est donné au 66</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">de se replier momentanément pour faire reposer les troupes en attendant un nouvel assaut qui aura lieu la nuit sans plus de résultat et, selon Jean Bastier, c’est sans doute en portant, à pied, cet ordre de repli momentané que Céline aurait été touché par une balle, ce qui lui vaudra d’être porté à l’ordre du régiment deux jours plus tard :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Le 29 octobre, le colonel porte à l’ordre du régiment le maréchal des logis Destouches, du 2</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">escadron, blessé »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">4</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Mais la matricule militaire consultée par Gaël Richard donne la date du 25 octobre comme jour possible de cette blessure, et dans ce cas ce serait en portant un ordre exactement inverse au précédent que Céline aurait été touché si l’on en croit le Journal du général de la 7</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">division de cavalerie en date du 25 :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« 13h. Dans des conditions particulièrement défavorables, le 66</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">reçoit l’ordre impératif du général Dubois c[ommandant] le 9</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">C[orps] d’A[rmée] d’attaquer quand même [Poelkapelle] »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">5</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">De toute façon, c’est en faisant à pied une liaison que Céline a été blessé, la date en restant quand même probablement le 27, car, même si le Journal des marches et opérations du régiment note, le 26 octobre, « 1 M[aréchal] des Logis et 6 h[ommes] évacués »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">6</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, il ne précise pas si ce « M. des Logis » est Louis Destouches. De plus, en tête d’une lettre de son fils, Fernand Destouches écrit « Blessé le 27 »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">7 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">et, dans le « rapport Mikkelsen » dont nous allons reparler tout de suite, Céline écrit :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Je suis mutilé de guerre 75% et médaillé militaire depuis le 27 oct 1914 »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">8</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Mais revenons aux circonstances de cette blessure et à ses conséquences.<br />Que s’est-il passé exactement ? D’après les indications médicales données par Céline lui- même, en 1946, dans un bilan de santé qu’il dresse à l’intention de son avocat, Maître Mikkelsen</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">9</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, il a été blessé deux fois, la première blessure n’ayant pas vraiment été perçue</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">comme telle.<br />Courant pour porter son ordre, il a d’abord été soulevé de terre par l’éclatement d’un</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">obus et projeté contre un arbre, ce qui aurait provoqué un choc à la mâchoire et un traumatisme interne causant par la suite des maux de tête insupportables dont il souffrit toute sa vie :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Cet état est le mien depuis 1914 lors de ma première blessure lorsque je fus projeté par un éclatement d’obus contre un arbre »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">10</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">4 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Jean Bastier, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">op. cit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">., p 265.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">5 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Gaël Richard, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">op. cit., </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">p. 191.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">6 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Id.</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 192.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">7 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14-37, p. 117, note 1 (p. 1606). </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">8 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Gibault, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Céline III</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 132.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">9 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Id.</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">., pp. 130 – 133.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">10 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Jean Bastier, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">op. cit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">., p. 337.</span></p></div></div><img alt="page9image2507055312" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/4bdfa7a9-bb67-4d34-9795-87d94267bb2d" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">9</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 10"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Selon Jean Bastier, ayant repris sa course après ce choc, Céline fut touché à l’épaule droite par une balle qui avait ricoché contre un arbre et qui était donc abîmée, causant par là, outre une fracture du bras droit, davantage de dégâts dans les chairs. Ces détails nous sont donnés par une lettre du père de Céline, Fernand Destouches, venu voir son fils à Hazebrouck et qui, le 5 novembre, s’adresse ainsi à son frère Charles :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Il a été frappé sous Ypres au moment où sur la ligne de feu il transmettait les ordres de la division à un Colonel d’Infanterie. La balle qui l’a atteint par ricochet était déformée et aplatie par un premier choc ; elle présentait des bavures de plomb et des aspérités qui ont occasionné une plaie assez large, l’os du bras droit étant fracturé. »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">11</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Céline, lui, deux ans plus tard seulement, présentera à une amie, Simone Saintu, les choses d’une façon plus prosaïque :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« le 29 Oct 1916<br />Ma petite Simone<br />Il ya aujourd’hui très exactement 2 ans que je fus amoché, un peu plus du moins. Je me</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">rappelle qu’à ce moment, entre la première ligne de tranchées et le poste de commandement il n’y avait pas de boyaux, à la nuit tombante on pouvait aussi chercher pendant des heures, à l’aveuglette le poste du commandant qu’aucune lumière ne révélait naturellement.<br />On appelait ça, garder les vaches -</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">C’est en gardant les vaches que je fus numéroté - » </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">12</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.<br />Qu’advint-il alors de lui ? Selon ce que son père nous rapporte d’après les dires de son</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">fils, dans la lettre du 5 novembre précédemment citée, il s’est servi de son ceinturon en guise de baudrier pour mettre son bras en écharpe et marcha durant 7 km jusqu’à l’ambulance n° 3 d’Ypres où on réduisit la fracture et plaça son bras dans une gouttière. Peut-être lui aurait-on alors proposé une amputation qu’il refusa, mais aucune source vérifiable ne le confirme. Le 28 (si l’on s’en tient à la thèse de la blessure le 27), il fut évacué sur Dunkerque avec cinq cents autres blessés, mais, ajoute son père :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« il n’a pu aller jusqu’au bout du trajet tellement la douleur était vive, il lui a fallu descendre à Hazebrouck où un officier anglais l’a conduit à la Croix-Rouge ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Et c’est ainsi que, le 28 octobre, Céline débarque dans cette ville pour être mené à l’hôpital auxiliaire n° 6 installé dans le collège St Jacques. Il y sera opéré le 29 par le Dr Sénellart qui retirera la balle de l’épaule, sans anesthésie, Céline l’ayant déclinée, craignant sans doute qu’on lui ampute le bras pendant qu’il serait endormi. Il restera là jusqu’au 1</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">er </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">décembre 1914, date de son transfert à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Pendant ce mois de novembre 14, il va être en contact avec ce petit monde de l’hôpital auxiliaire géré par la Croix-Rouge et constitué essentiellement de dames de la bonne société d’Hazebrouck apportant bénévolement leurs soins aux blessés et, parmi elles, une femme de 40 ans, célibataire, de la meilleure bourgeoisie de la ville :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Alice David, dont la rumeur courra qu’il en aurait eu une fille. Nous examinerons plus loin ce point, mais auparavant nous situerons le contexte du milieu où il va passer ce mois de novembre 14 et exposerons ce que nous avons pu apprendre d’Alice David et de son environnement. Nous verrons enfin en quoi cette expérience a pu avoir une répercussion dans l’œuvre du futur Céline.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">11 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14-37c, pp. 120, 121. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">12 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Cahiers Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">4, p. 140.</span></p></div></div><img alt="page10image2507587168" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/6bd0ba18-c55b-4e58-894f-f25ce6b50dd6" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">10</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 11"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">2) L’hôpital auxiliaire n° 6 d’Hazebrouck et son environnement</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Où arrive Céline en cette fin octobre 14 ? Dans une ville bouleversée qui se trouve sur le front et où on a cru l’invasion allemande imminente. Dans son Journal, le 8 octobre, l’abbé Lemire, député-maire de la ville, signale le passage de « la cavalerie française, cuirassiers, dragons, qui occupe Hazebrouck »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">13</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Le 9 octobre, des Allemands s’infiltrent jusque dans la gare de la ville et tuent deux conducteurs ; c’est pourquoi, le 10, l’abbé Lemire s’apprête à recevoir l’entrée de l’ennemi : « Journée de deuil. Je me lève à 5 h pour faire ma toilette pour être prêt à recevoir les Allemands à 6 h... », mais les Anglais, ayant pris position dans la ville, montent au front et, le 12 octobre, repoussent les envahisseurs. La ville d’Hazebrouck ne sera jamais occupée, mais restera sur la ligne de front toute la guerre. L’atmosphère de la cité nous est donnée par le journaliste Fernand de Brinon venu visiter Hazebrouck à la demande de son amie, la baronne Emilie de La Grange, veuve du baron Ernest de La Grange. C’est ce même de Brinon, né en 1885, qui sera fusillé en 1947 pour faits de collaboration.et avec lequel Céline sera en contact pendant la Deuxième Guerre pour tenter de sauver un résistant breton ou de trouver un emploi au Dr Montandon, un théoricien notoire du racisme</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">14</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le Journal des Débats</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, en octobre 14, de Brinon écrit :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Au premier étage de la mairie flotte le drapeau britannique à côté du drapeau français. La place entière est remplie de canons, de voitures, de chevaux et de soldats. A un bout, les grosses pièces de campagne alignées par quatre montrent leur gueule muselée de noir ». De même la baronne de La Grange a tenu un Journal personnel, où elle confirme cette vision quelque peu apocalyptique que l’on retrouvera souvent dans les œuvres de Céline quand il évoquera la guerre :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Tous les ponts du canal ont sauté sauf celui du château [le sien : le château de La Motte-au-Bois] par lequel défile un flot incessant de réfugiés fuyant en direction d’Hazebrouck et de Saint Omer. Un troupeau humain pitoyable, chassé par les gendarmes qui font presser le pas. On pousse des charrettes où on a entassé tout ce qu’on a pu prendre, en plus des enfants trop jeunes pour marcher et des vieillards infirmes, une cage d’oiseau, une vieille poupée, une couronne de mariés. Quand on croise un convoi de troupes, il faut céder le passage et se mettre dans le fossé. Les chariots mal attelés se renversent. Certains n’ont même plus de chaussures »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">15</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">A ces réfugiés vont s’ajouter les blessés. La baronne raconte, le 21 octobre, que, parlant anglais, elle a servi d’interprète entre le Dr Williams, envoyé de Londres, et l’abbé Lemire, pour une discussion en vue d’établir un hôpital anglais à Hazebrouck. Cet hôpital s’installera le 31 octobre 1914.dans le séminaire St François. Le roi George V le visite peut-être en décembre 1914 en se rendant au château de la baronne qui servait de QG à l’état-major de l’armée anglaise. Comme le séminaire se trouvait situé juste derrière le collège St Jacques, les deux hôpitaux, français et anglais, auront un fonctionnement qui se rapprochera au cours de la guerre, mais cet hôpital anglais fonctionnera avec des infirmières venues d’Angleterre qui logeront chez l’habitant à Hazebrouck, même s’il est probable qu’au cours des années les deux équipes aient collaboré de plus en plus. A ce propos l’abbé Lemire écrit le 5 mars 1915 dans</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">13 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Les Cahiers de l’abbé Lemire sont consultables aux archives municipales d’Hazebrouck.<br />Jean-Pascal Vanhove vient de faire paraître en septembre 2013, aux éditions du Marais du Livre (Hazebrouck),</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">une biographie de ce personnage très intéressant qu’était l’abbé Lemire.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">14 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Année Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">1994, pp. 100, 101.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">15 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Cette citation et la précédente sont tirées de l’article de Robert Eftimakis, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">La région d’Hazebrouck et La</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Motte-au-Bois pendant la Grande Guerre (d’après les Mémoires de la baronne Ernest de La Grange)</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, Annales du Comité flamand de France, tome 52, 1994.</span></p></div></div><img alt="page11image2508234128" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/41b69135-392d-4324-8d31-edf2beb604ca" width="291.600000" /> <img alt="page11image2508234416" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/581444a7-81c2-45ae-8a44-b31996f8ceeb" width="86.640000" /> <img alt="page11image2508234704" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/356c9068-3ba7-4cbb-99de-ed1139d8b4fb" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">11</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 12"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">son Journal que « les misses anglaises qui sont chez Mlle David ont des difficultés avec elle. Les unes fières, l’autre un peu aussi. De là, conflit ». Ceci nous est confirmé par une lettre d’Alice David du 31 janvier 1915 qui écrit à Céline :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Pour le moment nous n’avons plus d’officiers au n° 29 [rue du Rivage, son domicile], par contre nous hospitalisons [offrons l’hospitalité.à] 7 Dames de la Croix-Rouge française de Londres. Elles sont arrivées hier et ce n’est pas peu de choses que de réorganiser notre maison »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">16</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Quant à la baronne de La Grange</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">17</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, elle sera élevée en 1921 au grade de chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur, pour avoir rendu « des services particulièrement importants au commandement des armées britanniques et françaises qui opéraient en liaison dans cette région » et avoir « fait montre en plusieurs circonstances périlleuses des plus hautes qualités d’énergie, de sang-froid et de bravoure » (</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le Cri des Flandres</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, 26 juin 1921). Il est signalé également qu’elle fut « fondatrice et directrice de l’Hôpital auxiliaire d’Hazebrouck n° 6 dont elle a assuré l’entretien pendant toute la guerre ». Cette deuxième mention semble erronée, car, dans ses Mémoires, elle raconte qu’on lui proposa ce rôle de directrice, mais qu’elle le refusa, ayant assez à faire, à son château de La Motte-au-Bois, avec les autorités militaires britanniques. Mais sans doute est-elle intervenue à l’hôpital anglais, ce qui pourrait expliquer la confusion du journaliste, surtout trois ans après la fin de la guerre.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">D’ailleurs, la ville et les responsables de l’armée s’étaient préparés de longue date à la création d’un hôpital militaire à Hazebrouck, et la baronne n’apparaît à aucun moment dans ce processus. Dès 1911 en effet, l’Etat, prévoyant un conflit possible aux frontières septentrionales de la France, demanda à la Croix-Rouge d’enquêter sur les possibilités d’accueil des blessés. On pensa au collège St Jacques d’Hazebrouck, fondé en 1893. Le supérieur, l’abbé Paul Hidden, indiqua, le 11 mai 1912, que l’établissement qu’il dirigeait pouvait offrir une capacité de cent lits et le collège fut déclaré officiellement « Hôpital auxiliaire des armées » en cas de guerre. En 1914 une pancarte fut apposée au-dessus d’une petite porte d’entrée aujourd’hui disparue, à droite de l’entrée principale, portant la mention : « Croix-Rouge française Hôpital auxiliaire de territoire n° 6 ». On distinguait à l’époque, dans l’armée, les hôpitaux « complémentaires » qui venaient compléter les hôpitaux civils, et les hôpitaux « auxiliaires », et ce, par la nature des soins dispensés, une fiche établie par les services militaires de santé précisant que cet établissement d’Hazebrouck n’est compétent que pour de la « petite chirurgie ». Nous le savons, car, dès le 10 août 1914, le directeur du service de santé de la 1</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">ère </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">région, le médecin-inspecteur Landriau s’enquiert de savoir si les établissements placés sous sa responsabilité sont en mesure de fonctionner correctement, conformément au décret du 2 mai 1913. Grâce à une fiche établie suite à cette enquête, et conservée aux archives municipales d’Hazebrouck, nous savons que les ressources en</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">16 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">15-oc, p. 134.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">17 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Clémentine Henriette Marie Emilie de Chaumont-Quitry (1863-1944) avait épousé en 1884 le baron Ernest de</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">La Grange (1854-1899). Elle a laissé un document de 146 pages intitulé </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">A la recherche de l’Eldorado 1892- 1894</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, racontant comment son mari et elle, avec leurs deux enfants, Emilie (1885-1933) et Amaury (1888- 1953), exploitaient une mine d’or à Wearville dans le nord de la Californie. C’est sans doute dans ces circonstances qu’elle acquit une parfaite maîtrise de l’anglais, ce qui explique son rôle de traductrice pendant la guerre. Elle publia en anglais son Journal de la guerre 14 – 18 sous le titre </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Open house in Flanders </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">à Londres, en 1929, aux éditions Murray. Les lignes citées ici en sont extraites. La « maison<br />ouverte » était son château de La Motte-au-Bois, près d’Hazebrouck, qui servit de poste de commandement à l’état-major anglais. Son fils Amaury, engagé dans l’aviation, épousa, en 1915, l’Américaine Emily Sloane et fut sénateur du Nord de 1930 à 1941, avant d’être déporté en Allemagne. Il est le père du critique musical Henry-Louis de La Grange (Paris, 1924) qui fit connaître en France l’œuvre du compositeur Gustav Mahler.</span></p></div></div><img alt="page12image2508898336" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/0ea2b29e-0b64-4149-8792-f35a8aa74748" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">12</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 13"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">pansements sont dites « abondantes » et que le personnel infirmier est « conforme au règlement du 5 mai 1899 », c’est-à-dire à « L’instruction sur l’utilisation en temps de guerre des ressources du Territoire national pour l’hospitalisation des malades et des blessés de l’armée ». Les moyens de transport des blessés sont « deux voitures d’ambulance », car, précise le Dr Landriau dans une lettre du 16 août 1914 à l’abbé Lemire, « Il y a lieu d’éviter tout transport par brancard dans l’intérieur de la ville ». Les conditions budgétaires sont déclarées « suffisantes pour un fonctionnement de deux mois », ce qui était conforme à l’engagement pris en 1912. Enfin, la date d’ouverture est fixée au «16</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">jour de la mobilisation », soit le 16 août 1914. Evidemment, l’hôpital devra s’adapter, au cours des années, à la durée de la guerre. Déjà, pour commencer, la rentrée scolaire fut reportée au 1</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">er </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">février 1915 : Céline n’a donc pas partagé le collège avec les élèves, comme ce fut le cas par la suite jusqu’à l’évacuation de l’établissement, en mars 1918, à Langrune-sur-Mer, dans le Calvados, suite aux très lourds bombardements qui s’étaient abattus sur la ville. Des obus touchèrent le collège. C’était donc devenu trop dangereux de le faire fonctionner et, sans avoir de date précise, J.M. Saus, professeur au Lycée St Jacques, et grand connaisseur de l’histoire de cet établissement pendant la guerre 14-18, pense que courant septembre 1917 l’hôpital cessa ses activités. Les états de services des infirmières évoquent d’ailleurs la période août 14 - septembre 17. L’hôpital anglais, lui, s’était arrêté de fonctionner un peu plus tôt, en août.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Aujourd’hui une grande plaque, posée le jeudi 5 mai 1921 (comme le mentionne </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le Cri des Flandres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">du 8 mai) dans ce qui est maintenant l’ancienne entrée du collège, rappelle ce que fut ce lieu. On y lit que :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Dès la mobilisation (Août 1914) et suivant l’offre généreuse qui en avait été faite le 11 Mai 1912 par M. le chanoine Paul Hidden, il fut installé par les soins du Comité d’Hazebrouck en cette institution libre St Jacques l’Hôpital auxiliaire de territoire n° 6.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ont été hospitalisés 2970 Militaires blessés ou malades, 96 Blessés civils. Jours de traitement 50.110.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ont été en fonction Stoffaes Théophile, Président du Comité 1914 Décédé le 29 Avril 1917 Hadou Achille Membre et Président 1917 ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Il s’agit du Comité de la Croix-Rouge d’Hazebrouck. On retrouve le nom de son Président, de 1914 à avril 1917, M. Stoffaes, dans un appel à la générosité publié dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le Cri des Flandres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">du 1</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">er </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">janvier 1915, où il mentionne que la Croix-Rouge gère 771 hôpitaux et qu’ « elle reçoit avec reconnaissance tous les dons qui lui sont faits ». Quant à son successeur, M. Hadou, il fut aussi un homme dévoué auquel, à sa mort, en juin 1942, le Président de « l’Entente Républicaine » de la ville, Eugène Warein, rendit hommage en ces termes : « Hazebrouck et sa région garderont longtemps un souvenir reconnaissant à ce grand serviteur du pays » (</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Journal de l’Entente, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">juin 1942). Le supérieur Paul Hidden, qui avait été nommé chanoine en 1919 et était décédé le 25 janvier 1921 à 53 ans, est, lui, honoré dans la suite du texte se trouvant sur cette plaque :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Un comité des dames de la ville sous la Présidence de Mlle Bieswal a assuré les soins aux blessés et malades pendant la durée des hostilités. Cette plaque a été apposée par les soins du Comité d’Hazebrouck, M Hadou étant Président, en souvenir et témoignage de reconnaissance à M. le Ch. Hidden pour son œuvre aussi patriotique que charitablement désintéressée ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ces lignes ont l’intérêt de nous indiquer comment a fonctionné l’hôpital : grâce au dévouement d’un « comité des dames de la ville » animé par Mlle Bieswal, une figure hazebrouckoise. Née le 12 mai 1853, Marie (Pauline, Julie) Bieswal fut membre et Présidente de plusieurs œuvres caritatives, dont la Société de St Vincent de Paul. Le 9 mai 1920, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le Cri</span></p></div></div><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">13</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 14"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">des Flandres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">informera ses lecteurs que le «Comité des dames de la Croix- Rouge d’Hazebrouck », formé à titre temporaire pendant la guerre, vient d’être constitué à titre définitif et que Mlle Bieswal en est la Présidente. A ses côtés, une Vice-présidente, Mlle Alice David. Décorée en 1919 de la Médaille de la Reconnaissance française et, en 1921, de la Médaille commémorative de la Grande Guerre en sa qualité de Présidente de la section d’Hazebrouck de la Société française de Secours aux Blessés Militaires (SSBM), Mlle Bieswal s’éteint le 14 mars 1930 à Hazebrouck où une plaque porte son nom et celui de ses parents dans l’église St Eloi.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Alice David était, au début de la guerre du moins, une des trois seules infirmières diplômées de ce groupe de dames, avec Mlle Degroote, et une nommée Pauline Kelder, dont on ne retrouve plus trace par la suite : peut-être une dame réfugiée, de passage, qui a ensuite quitté la ville. D’ailleurs, dans la première lettre que nous avons d’Alice, écrite aux parents de Céline qui désiraient récupérer la balle qui avait blessé leur fils, elle met son titre d’ « Infirmière-Major » sous son nom</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">18</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. C’est pourquoi, parmi ses tâches, lui revint celle de la formation des autres dames bénévoles non formées.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">La formation d’Alice David avait été une formation par le biais d’écoles religieuses, comme c’était le cas à la fin du 19</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">siècle, le « brevet de capacité professionnelle d’infirmier » n’étant créé qu’en 1922. C’est pourquoi il nous est difficile d’évaluer exactement ce que fut cette formation, mais une chose est sûre : elle en avait reçu une, suffisamment qualifiante pour être reconnue d’emblée comme « infirmière-major » au début de la guerre.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Grâce aux décorations qui leur ont été remises pendant ou après la guerre, nous pouvons en identifier un certain nombre dont les noms se trouvent dans la presse locale de l’époque, mais qui n’est que parcellaire, et maintenant sur le site de la Croix-Rouge ; sur d’autres, par contre, nous ne savons rien, mais il est probable que toutes celles qui ont servi durant toute la guerre ont été honorées d’une distinction. Céline a donc connu sans doute la plupart des infirmières que nous allons citer, des Hazebrouckoises présentes dès le début du conflit.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le Cri des Flandres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">du 8 avril 1917 nous apprend que, par décret inséré au </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Journal officiel </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">du 3 avril, ont été décorées de la médaille des épidémies, échelon argent, Mme Maria Deberdt et Mme Vanhoucke. Cette dernière, née Houvenaghel à Hazebrouck en 1872, mariée en 1895 à Auguste Vanhoucke, est décédée dans sa ville natale en 1951 après avoir été Présidente honoraire de la Croix-Rouge. Elle reçut également la Croix de guerre par une citation à l’ordre du régiment, en date du 12 mars 1921 :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Infirmière dévouée et courageuse, qui a fait preuve de sang-froid et de calme sous les violents bombardements subis par sa formation. Amputée d’un doigt à la suite d’une infection contractée en soignant un blessé » (</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le Cri des Flandres</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, 8 mai 1921).</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Elle fut décorée par M. Hadou le 5 mai 1921, jour de la pose de la plaque au collège St Jacques. Elle reçut aussi la Palme d’Or des infirmières pour son dévouement au service des blessés.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">A l’échelon bronze de la médaille des épidémies fut citée également au </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Journal officiel </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">du 3 avril 1917, Mlle Degroote (Louise Léonie Irma, née à St Sylvestre Cappel le 30 décembre 1889) dont nous venons de voir qu’elle était diplômée. Elle est mentionnée par la Croix-Rouge sur la liste des infirmières décorées comme étant «décédée en sauvant la vie des combattants » ; ceci est confirmé par son inscription, sous le n° 407, sur la liste des infirmières mortes en service au cours de la guerre, mais où et quand ? Cela n’est pas précisé, mais ce ne fut pas à Hazebrouck, ni à Langrune, car il n’y a pas d’acte de décès la concernant dans les</span></p></div></div><img alt="page14image2509937792" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/e94c5b54-a898-45de-bf4b-54cd4bf80462" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">18 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14-42 d, p. 129.</span></p></div></div><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">14</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 15"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">archives de l’état-civil de ces communes. Peut-être durant l’évacuation en 1918, entre Hazebrouck et Langrune ?</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Le 13 mai 1917, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le Cri des Flandres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">écrit que, par décret inséré au </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Journal officiel </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">du 8 mai, sont décorées à leur tour de la même distinction, médaille des épidémies, mais échelon argent, Mlle.David Alice, Infirmière-Major, Mlle Peeters Marguerite, Mme Sophie Delerue, née Wyts. Ces médailles furent remises aux six décorées d’avril-mai au cours de la cérémonie du 14 juillet 1917 (Valérie Vanhoucke étant absente, peut-être à cause de sa blessure à la main), mais deux cérémonies différentes eurent lieu à l’hôpital pour les deux groupes : celui du 3 avril et celui du 8 mai. Pour ce second groupe, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le Cri des Flandres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">du 19 août 1917 nous apprend que c’est « Le lundi 6 août à 4h 1⁄2 devant tout le personnel et les malades de l’hôpital de la Croix-Rouge [qu’] a eu lieu la cérémonie de la remise des médailles qui ont été décernées à Mlles David et Peeters et à Mme Sophie Delerue ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Il semble un peu étrange qu’on leur ait remis deux fois leurs médailles. Comprenons plutôt qu’après avoir été décorées officiellement le 14 juillet, une nouvelle cérémonie en leur honneur eut lieu le 6 août au sein de l’hôpital, comme il devait y en avoir eu une auparavant pour le groupe du 3 avril.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Par décret paru le 23 juin de la même année 1917, c’était Mme Sophie Joisse qui recevait à son tour cette distinction. De même, en consultant la liste des infirmières décorées pendant la Grande Guerre, nous trouvons à une date non précisée, décorées toujours de la médaille des épidémies, échelon bronze, Hélène Cauwel et Alice Legillon, toutes deux aussi très impliquée dans les œuvres sociales d’Hazebrouck, notamment la protection maternelle. Le mari d’Hélène, Léon Cauwel, pharmacien de profession, tenait aussi la pharmacie de l’hôpital auxiliaire.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Le 20 février 1919, la Médaille de la Reconnaissance française échut à Alice David à l’échelon argent, et, à l’échelon bronze, à Berthe Desmytter, née Jude, « en charge des petits blessés et des malades », ainsi qu’à Léonie Huyghe (Hazebrouck 1871 - Abbeville 1956), au titre de directrice de la lingerie de l’hôpital auxiliaire ; elle était par ailleurs Présidente de l’Œuvre Apostolique.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">De plus, par Arrêté Royal du 25 juillet 1918, la Médaille de la Reine Elisabeth avec Croix- Rouge est décernée à Alice David « en reconnaissance de son dévouement aux œuvres de guerre Belges »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">19</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, sans doute pour services rendus aux réfugiés belges qui affluèrent à Hazebrouck. Enfin, le 26 juin 1921, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le Cri des Flandres</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, annonce que, par ordre n° 24-148 D du 15 février, sont citées à l’ordre du régiment Mlle Alice David et sa sœur, Mme Juliette Deltour - David (Juliette est son deuxième prénom, son prénom usuel étant Angèle) avec, pour toutes les deux, la même citation :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Infirmière qui malgré les nombreux bombardements a fait preuve du plus grand dévouement aux malades et aux blessés, a montré un beau sang-froid en se rendant dans la nuit du 2 au 3 septembre 1917, sous les obus, à la gare d’Hazebrouck pour y soigner les blessés qui venaient d’être atteints par le bombardement ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">La Croix de guerre étant une décoration attribuée pour récompense de l’octroi d’une citation, c’est ce qui valut à Alice et Angèle, qui avait servi avec sa sœur à l’hôpital, d’obtenir cette distinction dont le signe est gravé sur leur tombe. Cette citation étant « à l’ordre du régiment », cela équivalait à la Croix de guerre avec étoile de bronze. A noter que dans cet article du 26 juin 1921, Angèle (Juliette) Deltour - David reçoit le titre d’Infirmière-Major, comme sa sœur, mais ceci est une erreur du journal. Sur l’acte de citation que les archives militaires ont bien voulu nous transmettre, acte signé du général Hergault, chef de cabinet du</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">19 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Archives personnelles de Mme Catherine Thuault, petite nièce et filleule d’Alice David. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">15</span></p></div></div><img alt="page15image2510576416" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/96bac5b2-84a9-4e9c-9278-334785265990" width="144.000000" /></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 16"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">ministre de la Guerre, Juliette (Angèle) Deltour - David n’est mentionnée que comme infirmière, alors que le titre d’ « Infirmière-Major » d’Alice est bien spécifié. D’ailleurs, sur son acte de mariage, en 1903, Angèle est dite sans profession. Cependant,.sur le dossier établi en 1918 pour la demande de sa Croix de guerre, il est écrit par le Médecin-Major Flouquet, alors « médecin-chef de la Place et de l’Hôpital mixte d’Hazebrouck », qu’elle a servi, comme Alice en salle d’opération et au service des grands blessés. Il est probable qu’Alice l’a prise sous son aile et l’a formée au cours de la guerre. De toute façon, l’important pour ce qui ce qui concerne notre étude - comme nous le verrons plus loin - c’est qu’Angèle ait été présente quand Céline fut hospitalisé.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Pour ce qui est de l’obtention de la Croix de guerre, l’action de l’abbé Lemire a été importante et soutenue, comme en attestent des pièces conservées aux archives municipales d’Hazebrouck. Dès 1917, à la demande du général Dumas, il a été invité à proposer des personnes méritant une reconnaissance particulière. Par lettre du 10 septembre 1917, il propose Alice David et sa sœur, Mme Deltour, avec le motif suivant :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">«.Lors du bombardement par gros obus du 31 Juillet 1917, Mlle David est restée à l’étage avec les blessés intransportables, les ranimant, les consolant par sa présence, donnant à tous le plus bel exemple du courage.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Depuis le 31 Juillet [1917], Mlle David et Mme Deltour ont assuré le service des blessés et malades, ne quittant pas l’Hôpital malgré les bombardements et les raids nocturnes d’avions.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Dans la nuit du 2 Septembre ces Dames se sont transportées en plein bombardement, à minuit, à la gare, pour y soigner les blessés qui venaient d’être atteints par les bombes ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Le 29 avril 1918, il s’adresse au Garde des Sceaux pour lui rappeler l’engagement du général Dumas, et finalement la Croix de guerre fut.attribuée aux sœurs David en 1921.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Alice, quant à elle, poursuivit ses activités auprès des civils : un document précise que :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Après évacuation, 14 avril 1918, [elle] s’est occupée des civils dans le train de Renescure - Rouen (48 heures – 2 jours et 2 nuits). Puis aux Andelys a organisé l’œuvre des réfugiés (vêtements, etc.). Retour à Hazebrouck, le 3 octobre 1918. Réorganisation des Services et œuvre du retour au Foyer »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">20</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">C’est donc dans ce petit monde de dames, dont le dévouement est fondé sur une profonde foi catholique, qu’arrive le jeune soldat blessé Louis Destouches. Toutes ces personnes s’y connaissaient : ces dames étaient issues du même milieu et avaient sans doute pour la plupart fréquenté les mêmes bancs de l’Institution scolaire de la Sainte Union (actuelle Institution Jeanne d’Arc), comme Alice, sa sœur Angèle et Hélène Cauwel ; tout le monde connaissait Mlle Bieswal dans ce milieu, un de ses frères ayant d’ailleurs épousé une sœur de Mme Vanhoucke ; la grande famille des David était aussi très connue, le père d’Alice, un notable, étant le directeur du journal local </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">L’Indicateur des Flandres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">; bref nous étions dans un milieu clos, assez propice sans doute aux rumeurs et où l’intérêt d’Alice pour Céline ne pouvait passer inaperçu, mais où, en même temps, les valeurs d’engagement et de service étaient très fortes.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Reste à évoquer les figures du Dr Sénellart qui opéra Céline, et du Dr Samsoen, hommes porteurs des mêmes valeurs. Né le 4 septembre 1880 à Hazebrouck, Gabriel Sénellart, fils d’un vétérinaire, s’y installe, après ses études à Paris, comme médecin libéral, en 1907, année également où il se marie, le 27 juillet, avec Juliette Pollet (Denain 1886 - Hazebrouck 1973). Il était engagé dans la vie locale : Président de la musique communale de 1909 à 1911, membre</span></p></div></div><img alt="page16image2511134480" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/a7d11598-2ac0-4cc5-8fc9-86fb8a7772b0" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">20 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Id </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">note précédente.</span></p></div></div><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">16</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 17"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">du Conseil municipal à de nombreuses reprises et encore à sa mort, le 12 août 1946. Ajourné du service armé pour insuffisance de capacité thoracique, il fut nommé, d’abord à titre civil, puis, le 20 novembre 1914, à titre militaire, médecin-chef de l’hôpital auxiliaire où il resta jusqu’à février ou mars 1915, date à laquelle il demanda sa mutation sur le front plutôt que d’accepter le poste qu’on lui proposait aux colonies. Affecté au 234</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">R.I., il servit.à Verdun, puis au Chemin des Dames, de septembre 1916 à octobre 1917. Cité à deux reprises pour son «noble caractère» et sa capacité à soigner et réconforter les blessés grâce à «son remarquable dévouement joint à une inlassable bonne humeur », il fut décoré de la Croix de guerre et, plus tard, de la Légion d’honneur à titre militaire. Cet engagement se renouvela lors de la Seconde Guerre mondiale où, avec sa femme, devenue Présidente du Comité local de la Croix-Rouge, il refusa d’évacuer Hazebrouck, restant au service de la population occupée, mais, en plus, apportant son concours médical à la Résistance. Ces renseignements qui nous ont été communiqués par son fils, Jacques Sénellart</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">21</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, montrent que c’était donc un homme de caractère comme on le voit d’ailleurs dans quelques courriers déposés aux archives d’Hazebrouck où il remet assez vertement en place la Préfecture du Nord qui venait l’importuner avec des questionnaires inappropriés sur le nombre de « fiévreux » qu’il pouvait accueillir. Dans une note du 22 août 1914, rédigée de sa main, il informe sèchement le Préfet que son service n’est prévu que pour « 100 blessés de guerre » (et il souligne), que les renseignements demandés ont déjà été fournis « au directeur de service de santé de la première région » (c’est-à-dire aux autorités militaires) et que l’organisation de l’hôpital auxiliaire est « exclusivement sous la direction du service de santé de l’armée ». De même, son fils rapporte cette anecdote selon laquelle, suite à l’intrusion de quelques Allemands dans la gare d’Hazebrouck le 9 octobre, plusieurs infirmières s’étaient enfuies de l’hôpital. Son père fit alors afficher dans le parloir le nom des quelques dames qui avait pris peur, ce qui ne lui fit pas que des amies...</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Alice David elle-même, qui pourtant, d’après ce que l’on a vu d’elle à propos de ses décorations, n’était sûrement pas parmi les fuyardes, connut quelques tensions avec le Dr Sénellart dont elle était, de fait, l’adjointe directe : rappelons que l’abbé Lemire la disait « un peu fière ». C’était sans doute une femme de caractère, elle aussi. Elle écrit à Céline, le 29 décembre 1914, que « Sénellart était furieux » de ce qu’un soldat ait obtenu « 41 jours de congé » (sans doute estimait-il que c’était excessif), qu’il « nous en fait voir de drôles » et</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">21 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Pour les lecteurs qui seraient intéressés par cette figure hazebrouckoise qu’était le Dr Sénellart, je reproduis ici les éléments détaillés donnés par G. Richard, p. 196 dans son article cité en note 4, éléments qui lui ont été aussi communiqués par Jacques Sénellart.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Après avoir quitté Hazebrouck en février ou mars 1915, il « exerça son art aux camps de formation des jeunes recrues du Ruchard et de Saint-Epain en Touraine du 2 avril 1915 au 12 septembre 1916. Il gagna alors le front avec le 234e régiment d’infanterie en Lorraine, à Verdun, et au Chemin des Dames jusqu’en octobre 1917 ; il acheva la guerre, après un passage de quatre mois au centre aéronautique du 35e corps d’armée, comme médecin aide-major au 48e Bataillon de Chasseurs à Pieds dans le secteur de Laon-Rocroi. Croix de guerre, il fut cité à l’ordre de la 68e division le 8 août 1917 et à l’ordre du 11e Groupe de B.C.P le 17 octobre 1918».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Ses citations : « Avec dévouement, calme et mépris du danger, a donné à moins de 150 mètres de l’ennemi, dans les boyaux et au Poste de Secours, non seulement des soins éclairés à de nombreux blessés, mais encore un réconfort moral d’un effet saisissant ; noble caractère » (1917), et « Médecin-major d’une haute valeur morale et d’un savoir professionnel très étendu. A fait preuve comme médecin chef de Groupe, pendant l’affaire du 10 août au 7 septembre, d’un remarquable dévouement joint à une inlassable bonne humeur, en particulier les 13, 22 et 30 août où il a prodigué ses soins aux blessés sous les bombardements les plus intenses et bien souvent sans le moindre abri » (1918). Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut membre des F.F.I. et participa, en 1944, aux activités du groupe de résistance « Voix du Nord » sous le nom de Santerre ».</span></p></div></div><img alt="page17image2512926800" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/78e4d5da-69ff-4514-b460-d38069113af2" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">17</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 18"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">qu’elle a « souvent envie de fuir ce milieu si hostile ». Mais n’était-ce pas parce qu’elle entendait jaser autour d’elle sur l’attachement qu’elle avait manifesté, le mois précédent, au cuirassier Destouches et qu’elle soupirait encore après lui : « Ne faut-il pas d’infirmières au Val-de-Grâce ? » ajoute-t-elle</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">22</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Cependant s’il était patriote et résolu, le Dr Sénellart n’avait rien d’un « va t’en-guerre » selon son fils :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Mon père n’avait rien d’un militaire forcené ; il était plutôt indépendant et de caractère frondeur ; les disciplines de l’armée ne l’ont jamais passionné, par contre il avait un sens aigu du devoir et de la patrie, et une conscience professionnelle très forte. Il était de caractère assez gai, blagueur, féru de citations latines, aimant la poésie et les chansons ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Céline, s’il n’en parle pas dans son œuvre, n’en a laissé non plus aucune caricature à la différence d’autres médecins auxquels il eut affaire par la suite (comme le Dr Roussy ridiculisé en Dr Bestombes dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">), ce qui, en soi, est déjà le témoignage d’une certaine estime pour celui qui lui avait sauvé son bras. D’ailleurs, il ne put sûrement qu’apprécier un médecin qui aimait les chansons, lui qui en écrivit plus tard quelques-unes...</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Le Dr Gabriel Sénellart était assisté du Dr César Samsoen, médecin dont le service principal était à l’hôpital civil, lui aussi grande figure de la vie d’Hazebrouck à cette époque. Né dans cette ville en 1858, il cumula, de 1913 à 1928, ses activités de médecin libéral avec celle de médecin-chef de l’hôpital-hospice de la ville. Sa conduite exemplaire pendant la guerre lui valut d’être cité à l’ordre du jour du pays, citation parue au </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Journal officiel </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">le 28 novembre 1915 et reprise dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le Cri des Flandres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">du 5 décembre :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Seul médecin restant après la mobilisation dans une population de 12.000 âmes et dans un rayon considérable, a, jour et nuit, sans aucune défaillance ni arrêt, pourvu au service médical ; a ajouté aux soins donnés à la population l’organisation d’un dispensaire gratuit pour réfugiés ; a soigné avec un dévouement inlassable et au-dessus de tout éloge, tous les blessés civils victimes de bombes et d’obus, et les vieillards, malades, femmes en couche, amenés de tout l’arrondissement d’Hazebrouck, du canton d’Armentières et des villes belges de Poperinge et d’Ypres ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Lui aussi engagé dans la vie communale au sein du Conseil municipal, il fut l’un des plus fidèles soutiens de l’abbé Lemire dans sa politique sociale. Il s’éteignit le 27 mai 1944 après une vie touchant au sacerdoce : une rue d’Hazebrouck lui fut dédiée à l’époque.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">C’est avec toutes ces personnes de haut mérite, comme en témoignent leur conduite et les honneurs qu’elle leur a valus, que Céline a été mis en contact à Hazebrouck, dans une ambiance où l’on se voulait aux petits soins pour ces jeunes soldats blessés au service de leur pays. Un témoignage direct de l’ambiance qui pouvait y régner nous a été laissé par des lettres de soldats passés par Hazebrouck et qui ont ensuite écrit au Dr Sénellart pour le remercier de ses soins. Ces lettres ont été portées à notre connaissance par Jacques Sénellart qui les a précieusement conservées. Citons-en une, envoyée de Béziers, le 2 février 1915, par un soldat dont la signature est malheureusement illisible. Il y remercie, non seulement le Dr Sénellart, mais aussi tous ceux qui l’ont soigné, dont particulièrement « ce brave M. Cauwel, le bon abbé Deroo, tous ces charmants abbés et leur aimable Supérieur ». Il demande de « présenter ses hommages aux dames de l’ambulance », et particulièrement « son gracieux souvenir à Mme Cauwel ». Il évoque enfin ses souvenirs :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Et à l’ambulance, quoi de neuf ? Se réunit-on toujours pour giberner en sirotant moult petits verres et en buvant du cahoua ? (...) Je pense souvent à vous car cela m’a été un véritable regret de quitter Hazebrouck ».</span></p></div></div><img alt="page18image2513690384" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/227127f6-2a4d-46c0-a6a0-5694c5a10d83" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">22 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14-42 g, pp. 130, 131.</span></p></div></div><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">18</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 19"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">On peut donc en conclure que le climat était familial dans cette « ambulance » ainsi que l’on nommait habituellement l’hôpital auxiliaire, en employant ce mot dans son sens originel dont Littré donne la définition :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Ambulance : établissement hospitalier temporaire, formé près des corps d’armées en campagne, pour donner les premiers secours aux blessés et aux autres malades ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Alice David, dans ses lettres à Céline, n’emploiera d’ailleurs jamais d’autres termes qu’ « ambulance » pour désigner le lieu où elle exerce. Cette « ambulance » où l’on « giberne », c’est-à-dire, en termes militaires, où l’on se repose tout en bavardant, et en sirotant à l’occasion un petit café, apparaît donc comme un lieu où l’on s’efforçait, non seulement de soigner, mais de réconforter de façon chaleureuse les soldats blessés : comme l’écrivait </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">L’Indicateur </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">le 20 août 1914 : « Les blessés peuvent arriver. Ils seront soignés, choyés, dorlotés ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Une telle ambiance ne pouvait que favoriser des rapprochements tels que celui qu’Alice a éprouvé envers le jeune Céline.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Retrouvons-le quand il débarque dans ce lieu.<br />Ses parents sont prévenus de sa blessure par un petit mot de son capitaine, le capitaine</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Schneider, commandant le 2</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">escadron du 12</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">régiment de Cuirassiers, avec lequel ils étaient déjà en relation quand Céline n’était encore qu’à Rambouillet. Ce petit mot, non daté, a peut- être été adressé le jour même ou, au plus tard le lendemain. Le 30 octobre, le capitaine Schneider leur écrit une lettre plus détaillée qui nous apprend que c’est en établissant « la liaison entre des éléments d’infanterie et le commandement », que Céline a été blessé. Le capitaine rassure les parents en leur disant que la blessure n’est pas grave et insiste sur l’héroïsme de leur fils, mais il ignore où il a été évacué</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">23</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. De la lettre suivante dont nous disposons, datée du 5 novembre, adressée par le père de Céline à son propre frère, Charles Destouches, nous déduisons que les parents de Céline avaient pu, quant à eux, apprendre, probablement le 29, que leur fils se trouvait à Hazebrouck et qu’ils s’y sont rendus aussitôt, le 30 octobre, puisqu’il y est écrit que la « balle a été extraite la veille du jour où nous avons pu parvenir jusqu’à son chevet»</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">24</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Très rapidement également, Fernand Destouches, qui travaillait à la Compagnie d’assurances « Le Phénix », avait pris contact avec M. Houzet de Boubers, agent de cette Compagnie à Hazebrouck, et c’est chez les Houzet qu’ils ont logé durant leur séjour dans cette ville. Ils sont sans doute rentrés à Paris le 4 novembre puisque le capitaine Schneider écrit le 23 novembre, de Ledringhem, à M. Destouches : « Cher Monsieur, je reçois à l’instant votre petit mot du 4 à votre retour d’Hazebrouck »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">25</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, et que nous avons la grande lettre de Fernand à son frère le 5. On peut donc reconstituer ainsi le déroulement des faits : les Destouches partent le 30 octobre pour Hazebrouck, en reviennent le 4 novembre et trouvent la lettre du capitaine Schneider datée du jour de leur départ ; immédiatement Fernand Destouches y répond par un mot que le capitaine Schneider recevra sur le front le 23 novembre, et le lendemain, 5 novembre, il rend compte en détail à son frère de leur visite à leur fils.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Mme Destouches enverra en remerciement un cadeau à Mme Houzet dont celle-ci la remercie à son tour dans une lettre du 20 novembre :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Chère Madame,</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">23 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14-37 a et 17-37 b, pp. 119, 120.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">24 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14-37 c, pp. 120, 121.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">25 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14-41 a, p. 126. Il écrit par erreur « Ledrighem » au lieu de Ledringhem.</span></p></div></div><img alt="page19image2514679520" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/989aa845-b68c-4c6c-8ea2-de220dd93206" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">19</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 20"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Votre délicate attention a causé chez nous une surprise d’étonnement et d’admiration, aussi je ne sais comment vous exprimer ma reconnaissance. C’est un véritable joyau tant par l’assemblement des pièces que par son exquise finesse.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Le modeste accueil que nous avions eu le plaisir de vous offrir ne méritait aucune mention, tant dans ces tristes moments, il est heureux de pouvoir s’entraider »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">26</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Cet objet provenait sans doute du magasin de « Curiosités » de Marguerite Destouches et on peut noter, au passage, le beau style de Mme Houzet.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ensuite M. Houzet rendra visite chaque jour à Céline, comme l’écrit celui-ci à ses parents : « Je reçois journellement la visite de Mr Houzet toujours très aimable »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">27</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, et pour le seul mois de novembre, nous n’avons pas moins de cinq lettres adressées aux Destouches pour leur donner des nouvelles de leur fils. Il lui avança même un peu d’argent comme nous l’apprend la dernière lettre de M. Houzet dont nous disposons, du 18 janvier 1916, lequel confirme bien que « C‘est dans le courant de Décembre [en fait novembre] 1914 lorsque votre fils était à l’hôpital auxiliaire d’Hazebrouck que je lui ai avancé la petite somme dont vous me parlez, vous m’aviez du reste dit que je devais lui procurer ce dont il pourrait avoir besoin »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">28</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, ce qui est confirmé par la lettre de son père à Céline du 27 novembre 1914 : « Dis-nous en même temps si tu as besoin d’argent. En tout cas, tu peux en demander à M. Houzet »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">29</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Il est probable qu’ayant appris, avec une bonne année de retard, que son fils avait laissé une petite ardoise à M. Houzet, Fernand Destouches, d’une honnêteté scrupuleuse, s’enquiert de ce dont il s’agit afin de pouvoir rembourser celui-ci. Notons la délicatesse de ce dernier qui s’était abstenu d’en parler aux parents et de rien réclamer. Enfin, le 22 novembre 1914, les Houzet reçurent Céline à déjeuner chez eux, comme nous l’apprend cette lettre du 25 : « Dimanche, il a fait sa première sortie et nous a fait le plaisir de venir dîner chez nous ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Précisons que, dans le Nord, le dîner désigne le repas de midi, comme le confirment ces mots de Céline à ses parents, en « langage<br />parisien », peu après cette sortie du 22 : « J’ai été Dimanche déjeuner chez Houzet et fort bien reçu »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">30</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">En s’adressant aux Houzet de Boubers, les Destouches ne pouvaient mieux tomber pour prendre soin de leur fils, car ils s’adressaient à des personnes d’une parfaite éducation et d’une grande courtoisie.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Paul (Henri, Louis, Ulysse) Houzet était né le 4 avril 1863 à Lille, de Victor Houzet, « propriétaire », né le 15 juin 1833 à St Omer, et Nelly (Irma) de Boubers, née le 2 août 1837 à Lille. Le prénom usuel de M. Houzet était bien « Paul », et non « O. Houzet de Boubers » comme il est écrit dans l’édition des lettres de Céline, tant dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Devenir Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">que dans la collection de La Pléiade. Cette erreur de lecture provient du déchiffrement erroné d’un « P » écrit sous forme paraphée. Ayant perdu son père à l’âge de 11 ans (Victor Houzet décède le 1</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">er </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">mars 1875 à Lille), Paul Houzet fut élevé par sa mère et ses oncles maternels, célibataires,</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">26 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">V. Robert-Chovin, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Devenir Céline</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 79. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">27 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14-38, p. 122.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">28 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">V. Robert-Chovin</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">, op. cit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, pp. 108, 109. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">29 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Id., </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">p. 83 ou </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14-42 a</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">p. 128.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">30 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Id</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">., p. 82, ou </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14-42</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">p. 127, pour ces deux lettres ; dans l’édition de La Pléiade, la deuxième lettre est datée par les éditeurs : « Peu après le 25 novembre 1914 », en tenant compte de la lettre précédente de M. Houzet, datée du 25, où celui-ci parle de cette sortie de Céline. Mais ce dernier a très bien pu faire part à ses parents de ce repas dès le lendemain ou surlendemain, 23 ou 24 novembre. Il vaudrait donc mieux dater cette lettre : « Peu après le 22 novembre 1914 ». Dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Devenir Céline</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, V. Robert-Chovin a choisi plus prudemment de la dater « Autour du 25 novembre 1914 ».</span></p></div></div><img alt="page20image2515234016" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/f9fc00c2-bb80-49a9-9bea-0241f96840c9" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">20</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 21"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">les comtes de Boubers, de petite mais très ancienne noblesse. Ils habitaient 10 place du Concert, à Lille, peut-être avec leur sœur et leur beau-frère puisque c’est là que naquit Paul Houzet. Ses oncles introduisirent leur neveu dans la très bonne société lilloise de l’époque, qui, y voyant une forme d’adoption, prit l’habitude de l’appeler Paul Houzet de Boubers. Il conserva ce matronyme, non par prétention aristocratique, mais plutôt pour prolonger la survivance de ce titre après la mort sans descendance de ses oncles. Ce fut son fils, Osmin Houzet, qui en abandonnera plus tard l’usage.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">En effet, le 11 février 1901, Paul Houzet avait épousé à Hazebrouck Céline (Jeanne, Eugénie) Warein (Hazebrouck, 22 avril 1880 - 20 mai 1960), sœur d’Eugène Warein que nous avons déjà rencontré au sujet de M. Hadou. Céline et Eugène étaient enfants d’Osmin Edouard Warein (né le 12 octobre 1838 à Hazebrouck), déclaré clerc principal de notaire en 1880 (et en 1883, à la naissance d’un autre fils : Gaston), et de Sidonie Marie Dassonneville (née le 2 novembre 1850 à Wallon-Cappel). Eugène Warein (1887-1947), notaire de profession, fut aussi un notable hazebrouckois de l’époque en tant que Maire de la commune de 1909 à 1914. Il fut également un des témoins de la naissance de son neveu, le fils unique de Paul Houzet et Céline Warein, Osmin Houzet, le 14 décembre 1901 à Hazebrouck, enfant auquel on donna donc le prénom de son grand-père maternel.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">On aperçoit ce jeune homme sur certaines photos, il a lui aussi croisé Céline quand il avait presque 13 ans. Les Houzet étaient installés 40 rue de l’Eglise dans une très belle maison que l’on voit encore, mais qui a été vendue à la mort de Céline Houzet. Sur l’acte de naissance de son fils, Paul Houzet est dit « propriétaire », mais on sait que, finalement, il exerça la profession d’agent d’assurances puisque c’est ainsi que Fernand Destouches rentra en contact avec lui. Quant à Osmin, il deviendra notaire, reprenant l’étude de son oncle Eugène. Il épousera en 1933 Monique Avot, d’où quatre enfants, Pierre, Paul, Monique et Henri. Ce sont l’abbé Pierre Houzet et son frère Paul qui nous ont communiqué aimablement ces renseignements et les photos qui éclairent le visage de ces personnes qui se montrèrent si prévenantes envers la famille Destouches.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">D’ailleurs Fernand Destouches fit ce qu’il put pour rendre en échange à M. Houzet un petit service que celui-ci lui demandait. En effet, la mère de ce dernier, Nelly Irma de Boubers, déjà âgée de 77 ans à l’époque, se retrouvait seule à Lille, ville occupée, et ne pouvait donc communiquer avec son fils se trouvant à Hazebrouck, de l’autre côté du front. Dans une lettre du 14 novembre 1914, il s’adresse donc à M. Destouches :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Je suis vous le comprenez dans une grande inquiétude au sujet de ma mère à Lille, si vous aviez par quelque journal quelques renseignements je vous serai très reconnaissant de bien vouloir me les communiquer »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">31</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ce à quoi M. Destouches s’est employé puisque M. Houzet lui répond le 25 novembre : « Je vous remercie de vos nouvelles concernant Lille »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">32</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Finalement, Nelly de Boubers put passer les épreuves de la guerre à Lille où elle décéda, dans sa 81</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">année, le 21 juillet 1918.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Enfin, par la dernière lettre retrouvée de ces échanges, celle du 18 janvier 1916, nous savons que les deux hommes se sont revus à Paris en janvier 1915 et qu’ils ont eu aussi des échanges sur le plan professionnel :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Une année s’est déjà écoulée depuis que j’ai eu le plaisir de vous rencontrer à Paris (...) Puis-je me permettre d’ici la fin du mois d’envoyer les comptes du 4</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">trimestre à la Cie</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">31 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">V. Robert-Chovin, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">op. cit.</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 75.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">32 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Id</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">., p. 81 ou </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14-41 b, p. 127.</span></p></div></div><img alt="page21image2513883744" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/54858f5b-7df2-4707-ab54-e197f4574504" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">21</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 22"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">[Compagnie], vous seriez bien aimable de me faire envoyer les bordereaux d’intérêt du cautionnement de juillet 1915 et janvier 1916 »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">33</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Dans cette même lettre, M. Houzet demande d’ailleurs des nouvelles de Céline :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">«Je suis bien curieux de savoir ce qui est advenu de votre fils, est-il remis complètement ? Un petit mot de sa part me ferait plaisir car j’ai conservé de lui le meilleur souvenir »,</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">ce sur quoi il ne fallait pas trop compter, d’une part parce que le 19 janvier de la même année, Céline était occupé à se marier à Londres, et, d’autre part, parce que la reconnaissance, d’une manière générale, ne sera jamais son fort...</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Les relations entre les Destouches et les Houzet s’interrompirent sans doute en 1921 avec le décès de M. Houzet, le 17 juillet, des suites d’une chute de cheval, car l’éducation de ses oncles aristocrates lui avait donné la passion de l’équitation qui lui fut, finalement, fatale.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Nous venons de le dire, en janvier 1916, Céline, qui avait été envoyé par l’armée au Consulat de France à Londres en mai 1915, après sa convalescence, épouse une jeune femme, Suzanne Nebout (1891-1922), danseuse et entraîneuse dans un cabaret londonien.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Un peu plus d’un an après son départ de « l’ambulance », la page était bel et bien tournée par rapport à Alice David ! Leurs relations épistolaires ne s’interrompirent pas totalement pour autant, puisque, revenu de Londres en mars 1916, Céline écrivit à Alice qui lui répondit le 12 mars :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Cher Grand !</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">J’ai enfin l’explication du silence ! Vous êtes malade, rien d’étonnant : vous n’avez jamais été complètement remis et cette vie à Londres n’était pas faite pour vous remettre. (...) J’étais si anxieuse à votre sujet (...). Envoyez-moi bien, si votre état de santé vous le permet, une longue lettre bien détaillée ». Sans doute ne lui répondit-il pas, car Alice le relance le 24 mars</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">34</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, mais ce fut sa dernière tentative : nous n’avons plus de lettres d’elle après celle-là. Le départ de Céline pour le Cameroun, en mai 1916, mit sans doute un terme définitif à leurs relations.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Alice David n’était pas une femme sans caractère ni détermination, comme le prouve sa conduite pendant la guerre, mais sur le plan amoureux, évidemment, elle semble plutôt naïve. Son histoire et celle de son environnement familial expliquent ce double aspect de sa personnalité.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">3) Alice David et son milieu familial</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Elle était l’avant-dernière des neuf enfants d’une famille bourgeoise et très catholique d’Hazebrouck dont nous donnons en annexe 2 une généalogie plus détaillée. Cette famille David avait des origines rurales très anciennes, notamment dans le village de Wemaers-Cappel et, par le jeu des alliances, dans ceux de Rubrouck, Bollezeele, Morbecque et Volckerinckhove, selon les informations dont nous disposons grâce aux registres paroissiaux.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">A Wemaers-Cappel, au 17</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">siècle, vivent des David, dont le couple Jean David - Marie Legrand qui a pour enfant, entre autres, un Charles David, né en 1686, qui épousera, avant 1708, Marie Coloos, peut-être originaire de Rubrouck, où ce nom de famille est fréquent. En tout cas, c’est dans cette dernière commune que vivra ce couple qui verra la naissance d’un fils, le 25 avril 1718 : Charles, François David, qui épousera Marie, Cécile Van Damme, née à</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">33 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">V. Robert-Chovin, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">op. cit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">., p. 109.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">34 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">16-ob et 16-oc, pp. 145, 146.</span></p></div></div><img alt="page22image2513431696" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/532a613e-02db-4ec0-b8b4-271f4a9cbe6f" width="157.920000" /> <img alt="page22image2513431984" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/17be5f36-b0e0-4a56-9988-6f49f4b61c3a" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">22</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 23"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Morbecque en 1722 ; ce couple-là résidera à Wemaers-Cappel. Le 10 août 1756, leur naît un fils : Jean Baptiste, Joseph David. Celui-ci sera « praticien » de profession, c’est-à-dire clerc de notaire, et épousera Jeanne, Thérèse Busschaert, née à Volckerinckhove le 30 mars 1768. Elle était fille de Jacques, François Busschaert et de Jeanne, Thérèse Van Kempen, native de Bollezeele. Nous verrons plus loin que cette lignée Van Kempen jouera un rôle dans la famille d’Alice pour des questions d’héritage. Jeanne, Thérèse Busschaert mourra à Wemaers-Cappel le 4 juillet 1805, à 37 ans : son acte de décès nous informe que son mari était adjoint au maire et greffier de la commune et qu’elle était la nièce du sous-préfet honoraire ; quant à Jean Baptiste David, il y décédera le 25 janvier 1831.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ce couple David - Busschaert eut au moins trois fils (nous soulignons les prénoms usuels qui nous sont connus) :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Césaire, Auguste, Fortuné David, né à Zemmerzeele le 25 février 1797. Il sera notaire à Caestre ; on le retrouve juge de paix à Bergues en 1853, ancien magistrat, vivant à St Omer en 1855 et en 1863 à Lille où il est décédé le 28 décembre 1884, 58 rue Esquermes. Il avait épousé.Mélanie Vanuxem, née à Flêtre le 3 février 1804, et toujours vivante au décès de son mari.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Ausône, Anthime, Amé David, né à Wemaers-Cappel, le 16 août 1800. Ausône David quitta Wemaers-Cappel, pour la petite ville de Caestre, comme son frère Césaire. Il s’y maria le 22 février 1828 avec Adélaïde, Blandine, Rosalie Debaecker (1802-1853), fille de l’ancien maire de la commune, Pierre, Josse Debaecker. Une curiosité est qu’à son mariage, Ausône ne sait dire où sont enterrés ses aïeux : les racines à Wemaers-Cappel n’étaient pourtant pas si lointaines.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Jean, Charles David, né à Wemaers-Cappel le 30 mai 1805 et décédé en ce lieu, place de Morbecque, le 26 juin 1889, veuf de Sophie, Adélaïde, Julie Bourrez. Il sera l’oncle d’Auguste David, père d’Alice, et lui léguera une partie de ses biens.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Auguste, Charles, Amé David, futur père d’Alice, naquit d’Ausône David et Adélaïde Debaecker, à Caestre, le 21 novembre 1832. Sur l’acte de naissance de son fils, Ausône est dit « propriétaire et chef de bataillon de [la] garde nationale ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ausône et Adélaïde eurent deux autres fils : Jules, César, Florimond, né à Caestre le 29 mars 1836, et Alidor, Charles, Hector, né à Caestre le 15 mai 1838.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Sur l’acte de décès de son épouse, le 21 août 1853, Ausône est dit « marchand » et sa femme décédée « marchande ». Marchand de quoi ? La réponse nous est sans doute donnée par l’acte de mariage de son fils Auguste, le 9 mai 1860, à Eecke, avec Mathilde, Eugénie Wyckaert, née à Flêtre le 30 janvier 1838. Auguste et ses deux frères, Césaire et Charles, tous deux témoins, sont tous déclarés « marchand de drap ». On peut donc penser qu’ils ont succédé à leur père, décédé en 1856, qui aurait donc exercé lui-même cette profession..</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Cependant, pour les trois fils, la question s’avère un peu plus compliquée : Jules s’engagea dans l’administration, comme nous l’indique l’acte de naissance de son neveu Georges David, fils d’Auguste, en 1864, sur lequel, en tant que témoin, sa profession est précisée : « employé des contributions indirectes » ; Alidor, lui, est devenu imprimeur et propriétaire d’un journal dont il fut le directeur : </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le Journal de Béthune </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">(il est ainsi désigné sur l’acte de mariage de sa nièce Anaïs en 1897 et ceci nous a été confirmé par la veuve de son arrière-petit-fils, Mme David-Thomas). Il fit le même chemin que son frère Auguste qui, après avoir été « praticien » à Caestre, devint propriétaire et directeur d’un journal à Hazebrouck. Déjà d’ailleurs, le contrat de mariage d’Auguste, le 3 mai 1860, le désignait comme clerc de</span></p></div></div><img alt="page23image2516040544" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/ca18ccff-ad0d-4e39-b3f3-b54c026feba5" width="38.640000" /> <img alt="page23image2516040832" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/90273d43-1e2c-4872-88d4-96ac37406937" width="39.600000" /> <img alt="page23image2516041120" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/7e7a04b4-c625-422a-8721-ab09921a48ff" width="42.720000" /> <img alt="page23image2516041408" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/96a71c14-24a0-4dc9-b5a5-8568a3acecd0" width="36.000000" /> <img alt="page23image2516041760" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/2648a524-4803-445f-87e3-ef327572e48f" width="42.960000" /> <img alt="page23image2516042048" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/9060faac-97a7-4756-a6ba-83198e9da503" width="35.040000" /> <img alt="page23image2516042400" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/e5bccbb5-edb8-48d6-9bd7-e8145a3b18b8" width="47.040000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">23</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 24"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">notaire</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">35</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, alors que six jours plus tard, sur l’acte de mariage, il est dit marchand de drap : peut- être était-il alors encore les deux à la fois ?</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Résumons et clarifions tous ces éléments : la famille David, issue sans doute de cultivateurs anciennement installés à Wemaers-Cappel, et peut-être pour une branche à Rubrouck (où on retrouve un couple David – Dammam et sa descendance), a connu une évolution sociale à une date assez lointaine, mais que nous ne pouvons déterminer avec précision, bien que l’union, à la fin du 18</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">siècle, avec une Busschaert apparentée à la riche famille des Van Kempen (qui avaient acheté en 1747 la seigneurie d’Angest à Arnèke), nous indique déjà qu’à cette époque les David devaient, eux aussi, avoir du bien ; une tradition familiale dit que les David auraient dû s’appeler « David d’Angest » : les recherches historiques montrent qu’il n’en est rien, mais il est vrai qu’un David, sans doute Jean-Baptiste, « praticien » au moment de la Révolution, a conservé les « terriers » des d’Angest. Quoi qu’il en soit, les descendants David poursuivent sur cette voie en devenant notaire, marchand, chef d’entreprise, tout en restant propriétaires de terres dans leur secteur d’origine.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Le père d’Alice, Auguste, va suivre la même carrière en.étant d’abord clerc de notaire, puis en achetant le 12 décembre 1868 à Louis Guermonprez, pour la somme de 55.000 francs, un journal fondé en 1833 à Hazebrouck, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">L’Indicateur des Flandres</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, ce qui montre qu’il avait une certaine fortune venant de sa part d’héritage. Cinq jours plus tôt, il avait reçu du ministère son brevet d’imprimeur. Il vient alors s’installer 29 rue du Rivage, en face des ateliers du journal. Si le contrat de mariage de 1860 ne nous dit pas combien apporte Auguste David, car la succession de son père, Ausône, reste à régler avec ses frères, Mathilde Wyckaert, elle, apporte 6.000 francs. En estimant qu’un franc de l’époque équivaut approximativement à 3,4 euros, on peut calculer qu’elle apporte à peu près 20.000 euros, et que l’achat de </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">L’Indicateur </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">a coûté autour de 187.000 euros. Il s’agit donc de sommes importantes qui s’accroîtront encore, d’une part, grâce à l’activité professionnelle d’Auguste (son journal tirait environ à 1800 exemplaires en 1880) et, d’autre part, grâce à des héritages : celui de son oncle, Charles David, pour 1/6</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">des biens de celui-ci, et surtout celui d’une lointaine cousine, Marie Van Kempen, née à Arnèke le 16 août 1802, de la famille de son arrière-grand-mère Jeanne, Thérèse Van Kempen. Avec sa fortune, Marie Van Kempen avait fondé à Arnèke une maison de retraite dont Georges David, un des fils d’Auguste, fut par la suite le Président. Une des filles de Georges, Françoise, y décéda d’ailleurs en 1991, après avoir succédé à son père comme Présidente.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Par testament du 25 août 1889, Auguste David est désigné comme légataire universel avec Henri Deberdt, auquel il était donc apparenté, et qui fut maire de Caestre : c’est devant lui que furent déclarés tous les enfants David nés dans cette commune de 1861 à 1867. L’héritage donne lieu à contestation de la part d’une autre descendante, Marie Devulder, qui se dit d’une parenté plus proche de la défunte qu’Auguste David, et, à cette occasion, on apprend que la fortune de Marie Van Kempen se serait montée à plus de 5 millions de francs, dont 3 millions à partager entre les deux légataires, le reste étant donné à diverses personnes, à des communes et à des œuvres de bienfaisance. Ce serait donc plus d’un million de francs de l’époque qui serait revenu à Auguste David après la mort de cette parente éloignée, décédée à Arnèke le 27 mars 1895</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">36</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Une note rédigée à l’époque, à l’intention de l’administration préfectorale, le décrit d’ailleurs comme « très riche. Il a fait récemment un</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">35 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Contrat de mariage aimablement transmis par Maître Vandenbroucke, notaire à Caestre.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">36 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Renseignements sur la seigneurie d’Angest et l’héritage Van Kempen communiqués par Ludovic Degroote et</span></p></div></div><img alt="page24image2517704144" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/db9d5e8f-b982-4718-ac97-b40ac2f77159" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Jean-Pascal Vanhove.</span></p></div></div><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">24</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 25"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">héritage de plus d’un million à titre de cousin de Mlle Van Kempen, d’Arnèke » et ajoute qu’ « Il est très hostile aux institutions républicaines ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Déjà, le 23 février 1881, le sous-préfet écrivait que :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« M. David prend des extraits dans les journaux réactionnaires et intransigeants de Paris (...) Il comprend que c’est le meilleur moyen de tenir éloignés de la République les habitants si craintifs, si rebelles à tout progrès de cet arrondissement entièrement livré aux influences cléricales, soumis complètement aux propriétaires terriens presque tous monarchistes. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">L’Indicateur </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">a été très impérialiste. Aujourd’hui il est réactionnaire, ennemi acharné de la République ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Cependant le sous-préfet ajoute que « M. David disait dernièrement : c’est un triste métier que celui de journaliste. Et il exprimait le regret d’être obligé d’insérer certaines choses qui lui déplaisent pour satisfaire la clientèle. On pourrait peut-être obtenir la modification de sa ligne politique »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">37</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Une grande part de l’hostilité à la République d’Auguste David était en effet sûrement due à la question religieuse. Il était Chevalier de l’Ordre de St Grégoire-Le-Grand, fondé par le pape Grégoire XVI en 1831 et destiné à honorer les défenseurs des états pontificaux ainsi que les catholiques s’étant particulièrement distingués dans le service de l’Eglise ; une plaque posée à son nom et à celle de son épouse dans l’église St Eloi d’Hazebrouck le rappelle. Quatre de ses neuf enfants s’engagèrent dans cette voie : trois de ses filles furent religieuses et un des deux garçons fut prêtre. Deux de ces religieuses subirent les interdictions imposées aux Congrégations en 1903 par le gouvernement Combes, ce qui les obligea à s’exiler. Son fils Georges épousa Marguerite Smagghe : fille d’un médecin d’Hazebrouk, elle était issue du même milieu (sa mère, Emma, était une Deberdt) et partageait les mêmes idées. Un de leurs enfants, Stéphane David, a laissé quelques anecdotes significatives : son père s’opposant à l’expulsion des Ursulines (dont faisait partie une de ses sœurs), à Gravelines, là où il demeurait, ou assistant, goguenard, à une cérémonie républicaine; sa mère refusant d’arborer le drapeau tricolore les 14 juillet</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">38</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. On retrouvera plus loin des traits similaires dans la famille Deltour - David, celle d’Angèle, la sœur d’Alice.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ceci ne faisait pas pour autant d’Auguste David un personnage austère et fermé à son temps. Il fut engagé dans la vie d’Hazebrouck, ne serait-ce que par son métier, mais aussi comme conseiller municipal (à sa mort, en 1913, Eugène Warein, républicain pourtant, rappela ses « vingt-huit années de collaboration active à l’Administration municipale ») et particulièrement dans la Musique communale dont il fut le Président du 9 novembre 1885 au 29 juin 1898. D’ailleurs, il avait déjà manifesté à Caestre cette vocation d’animateur, si l’on en juge par cet écho de </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">L’Indicateur des Flandres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">du 13 septembre 1856 selon lequel, a été donné, le 10, « un concert vocal et instrumental par la société de musique, au bénéfice des conférences de St Vincent-de-Paul » et que « le héros de la fête [a été] sans contredit M. Auguste David qui réunit en lui le double talent du bon musicien et de l’excellent chanteur comique. Chez lui, les manières, le regard, le ton, la voix, tout prête à rire. Aussi que d’applaudissements lui ont mérités son </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Anglais mélomane</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, son </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Propriétaire </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">et surtout ses</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">gestes parisiens </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">». A l’issue de la soirée, c’est encore lui qui fait la quête au profit des pauvres : il « venait de procurer trop d’agrément à ses auditeurs pour que chacun ne s’empressât de répondre généreusement à son appel ». « Art, Union, Charité », telle fut la devise qu’il donna</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">37 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Ces citations, ainsi que les renseignements sur </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">L’Indicateur</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, sont tirés de l’article de J.P.Vanhove, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">La presse en Flandre intérieure au XIXe siècle</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, Annales du Comité flamand de France, tome 65, 2007 – 2008, pp. 163 - 193.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">38 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Archives personnelles de Mme Catherine Thuault, petite nièce d’Alice et petite fille de Georges David. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">25</span></p></div></div><img alt="page25image2514455392" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/2c37fc9e-f125-400e-a5d2-92f6ba02f1d7" width="69.120000" /> <img alt="page25image2514455680" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/6186d9e8-2d27-4a31-85ac-8eceb1893228" width="144.000000" /></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 26"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">à la Musique communale qui avait un rôle important, car elle était présente à toutes les fêtes, cérémonies civiles ou religieuses, distributions des prix, manifestations de bienfaisance, concours divers, etc., non seulement à Hazebrouck, mais aussi dans les localités voisines et même à l’étranger. Elle était la vitrine de la ville, et c’est d’ailleurs Eugène Warein lui-même qui succéda en 1898 à Auguste David à la tête de cet ensemble musical. Très intéressé par l’histoire locale, A. David fut également membre du Comité flamand de France (comme son frère Césaire) et son trésorier adjoint en 1901 et 1905 : dans son discours d’hommage, E.Warein rappelle que « par l’exercice de ses différentes fonctions, il avait pu étudier la ville dans les moindres recoins de son territoire, comme il avait appris à la connaître dans les plus infimes détails de sa modeste histoire »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">39</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Voilà donc le portrait que l’on peut esquisser de ce notable que fut le père d’Alice et qui nous fait mieux comprendre le milieu de cette bonne bourgeoisie catholique dans laquelle elle a été formée.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Auguste David céda son journal le 10 janvier 1899 à M. Alfred Dodenthum, de Dunkerque, et mourut le 6 juin 1913 à son domicile, rue du Rivage à Hazebrouck. Son épouse ne devait pas lui survivre longtemps puisqu’elle mourut le 23 décembre de la même année.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ses neuf enfants se partageaient l’héritage consistant en très nombreuses terres et fermes situées dans la région, mais, par testament olographe du 10 août 1906, A. David avait pris soin de léguer spécialement à ses deux filles célibataires, Gabrielle et Alice, la maison du 29 rue du Rivage, ainsi qu’une maison contigüe à celle-ci, au n° 27, qui était louée. Alice put donc ainsi exercer bénévolement ses activités d’infirmière à la Croix-Rouge, vivant de ses rentes avec sa sœur dans la maison familiale. Le recensement de 1906 montre qu’elles y vivaient alors avec leurs parents et une servante, Clémence Ruckebusch, sans doute attachée à la famille de longue date puisqu’elle sera la première inhumée dans le caveau familial des David, en 1912 ; le recensement de 1921 fait apparaître que les deux sœurs vivent toujours ensemble au.même endroit. Elles en partiront en 1926 pour rejoindre leur frère prêtre et professeur à Lille, comme nous le verrons plus loin.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Nous avons déjà beaucoup parlé des neuf enfants David : il est temps de les présenter d’une façon plus ordonnée, tout en indiquant, pour certains, le rôle qu’ils ont joué pendant la guerre 14-18, et donc la raison pour laquelle Alice les mentionne dans ses lettres à Céline.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- L’aînée fut Gabrielle, Clotilde, Marie, née à Caestre le 8 février 1861. Demeurée célibataire, elle fut un peu la gardienne du temple familial. Elle mourut à Lille le 25 janvier 1927 et fut inhumée à Hazebrouck le 29. A son propos l’abbé Lemire écrit dans son Journal à cette date :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Enterrement de Mlle Gabrielle David (...) La chère sœur aînée (...) était comme la seconde mère des 9 enfants (...) Elle emporte dans sa tombe le secret de bien des intrigues qui ont eu lieu dans le bureau de son père rédacteur de L’Indicateur pour le décider – ce qu’il n’a pas voulu – à se prononcer contre moi. Elle en pleurait la chère sœur, si bonne, ne voulant de mal à personne, à plus forte raison qu’aucun mal ne fût fait contre moi. Dieu ait son âme innocente et candide ! »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">40</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">En effet, l’abbé Lemire était républicain et avait même été suspendu, en 1914, de son droit de dire la messe, car il s’était représenté à la députation, alors que son évêque le lui avait</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">39 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">J. S. Macke et J.P. Vanhove nous ont communiqué, chacun pour une part, ces informations sur les activités associatives d’Auguste David.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">40 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Tous les passages des Cahiers de l’abbé Lemire concernant les David, nous ont été transmis par J.P. Vanhove. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">26</span></p></div></div><img alt="page26image2519292400" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/7c5bf8f7-930d-4297-b2fc-cf5283d18bc3" width="47.040000" /> <img alt="page26image2519292688" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/75411a05-7a4f-4ba9-888a-37fb8600e499" width="144.000000" /></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 27"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">interdit, parce qu’il ne s’était pas opposé à la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 et qu’il avait fait battre précédemment une liste catholique. Il n’en fut pas moins réélu et, trois semaines plus tard, élu maire d’Hazebrouck. Benoît XV leva, en 1916, son interdiction de célébrer l’office. On peut imaginer effectivement qu’il n’avait pas que des amis dans le cercle des David, mais on note aussi qu’il reconnaît qu’Auguste David ne s’est jamais prononcé contre lui, ce qui confirme l’avis que le sous-préfet exprimait en 1881 , comme quoi Auguste David n’était peut-être pas tout à fait aussi réactionnaire que son journal et qu’en tout cas il semblait être, aux yeux de l’abbé Lemire, un adversaire loyal. Toujours concernant Gabrielle David, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Le Cri des Flandres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">lui rend, le 30 janvier 1927, un petit hommage en la décrivant comme « Très bonne et très charitable ». Une femme, donc, qui a incarné les valeurs chrétiennes qui lui avaient été inculquées, comme ce sera le cas pour ses frères et sœurs. A noter qu’il n’est jamais question d’elle dans les lettres d’Alice à Céline, sans doute parce que Gabrielle restait à la maison et ne fréquentait pas « l’ambulance ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- La seconde fut Rachel, Hélène, Eugénie, Madeleine, née à Caestre le 11 septembre 1862, qui entra en religion chez les Ursulines sous le nom de Mère Marie de la Croix, nom qu’elle choisit lorsqu’elle reçut « le saint Habit » le 21 novembre 1889. « Admise à la profession » le 13 septembre 1891, elle prononce ses vœux le 19 janvier 1892. Sur les actes de succession de ses père et mère, en 1913, elle est dite demeurant à Greenwich, en Angleterre. Elle faisait partie de ces communautés victimes des lois du gouvernement Combes. En 1905, le couvent des Ursulines fut saisi et mis en vente, et les religieuses furent expulsées en 1907. Nous avons vu que son frère Georges, de Gravelines, s’était opposé à l’expulsion de cette communauté dont Rachel était alors membre, à Gravelines même. Elle put y revenir par la suite : les sœurs françaises de Greenwich rentrèrent, pour une partie d’entre elles seulement, dans les années 1923-1928 à Gravelines. Ce fut le cas de sœur Marie de la Croix qui y mourut le 28 février 1941. Elle joua un rôle qui est évoqué.dans la correspondance entre Alice et Céline, dans la mesure où, pendant la guerre, elle accueillit dans sa communauté, en Angleterre, les enfants d’une de ses sœurs, Angèle Deltour-David, qui, elle, nous l’avons vu, exerça avec Alice à l’hôpital auxiliaire.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Le troisième fut le premier garçon de la famille : Georges, Raoul, André, Eloi, né à Caestre le 30 novembre 1864 : nous l’avons déjà croisé à plusieurs reprises. Il épouse à Hazebrouck, le 6 octobre 1897, Marguerite, Marie Smagghe (née à Hazebrouck en 1875), fille du Dr Auguste Smagghe, élevée chez les Dames Bernardines d’Esquermes. Dotés par leurs parents, lui de 100.000 francs, suite au fameux héritage Van Kempen, elle de 50.000 francs, ils reprirent une brasserie sise rue Leroy à Gravelines et, plus tard, Georges ajouta à cette activité celle d’armateur pour la pêche côtière et en Islande, une spécialité de Gravelines à l’époque. Dans le témoignage qu’il a laissé sur ses parents, Stéphane David évoque leur vie austère tout entière tournée vers la famille et le travail, éduquant leurs six enfants dans le sens du devoir. Un septième étant décédé en 1907 à l’âge de deux ans, ils prirent le deuil et « ils n’ont plus quitté le noir jusqu’à leurs derniers jours » écrit-il</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">41</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Pendant la Deuxième Guerre, ils se replièrent dans une maison, à Lens, auprès de deux de leurs filles, Ghislaine et Eliane, qui avaient épousé deux frères : Emile et Alfred Parisse,</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">41 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Archives personnelles de Mme Catherine Thuault dont le père, Jean-Marie David, fils aîné de Georges David et Marguerite David-Smagghe, reprit l’activité d’armateur de son père, d’abord à Gravelines, puis à La Rochelle-La Pallice en 1937.</span></p></div></div><img alt="page27image2518314128" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/03277efa-b13b-4cc9-9268-c972b4095c8e" width="37.440000" /> <img alt="page27image2518314416" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/2951a497-9b8e-455d-9b3a-46f6923ecc03" width="43.440000" /> <img alt="page27image2518314704" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/b7e37147-e049-4d59-b9e8-3dc53ce4feeb" width="58.080000" /> <img alt="page27image2518314992" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/7588836a-19ac-422f-9b0a-791dd0c8fcd8" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">27</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 28"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">briquetiers. C’est là, à Lens, qu’ils décédèrent à quelques jours d’intervalle, lui le 5 novembre, elle le 19 novembre 1945.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Le quatrième enfant fut à nouveau une fille : Berthe Valérie Georgine, née à Caestre le 29 septembre 1866. Elle aussi entra en religion. Après avoir fait son postulat à Paris (maison de La Villette), elle entra dans la Compagnie des Filles de la Charité de St Vincent de Paul, le 23 décembre 1893, ce qui, cette année-là, inspira à l’abbé Lemire ces lignes que l’on retrouve dans son Journal, en date du 5 août :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« J’aimais beaucoup cette grande chère enfant, avec ces yeux si bons, si caressants qu’ils me faisaient toujours penser à ces yeux qui caressent de loin, dont il est parlé dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Œdipe à Colone</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Elle me semblait destinée à se marier dans le pays, à devenir une de ces mères pleines de cœur qui regardent un enfant sur leurs genoux. Des amis à qui j’avais parlé d’elle me répondaient en la disant laide ! La pauvre enfant ! Et c’était faux. Elle était très belle, grande, de beaux cheveux noués en désordre, et des yeux qu’ils n’ont jamais vus, eux, les jeunes gens distraits, si vivants, si pétillants, et des plis de cou mutins, et des boutades d’esprit, et tout un ensemble très enjoué, très féminin, très gracieux et très naturel ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Après avoir terminé son noviciat,.Berthe David prit l’habit et le nom de Sœur Marie- Joseph, le 7 juillet 1894. Elle exerça dans l’orphelinat pour jeunes filles, maintenant détruit, du 78 rue de la Barre à Lille où elle décéda le 9 janvier 1924 « dans la 31</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">ème </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">année de sa vocation » est-il écrit sur une image pieuse qui la représente.<br />Joua-t-elle un rôle lors de la naissance d’un hypothétique enfant de Céline et Alice ? Nous nous pencherons plus loin sur la question.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Une fille à nouveau comme cinquième enfant : Anaïs Zoé Flore, née à Caestre le 13 février 1867, qui épousera à Hazebrouck, le 20 avril 1898, Henri Renard, né à Comines le 28 novembre 1870, fils d’un imprimeur, comme Auguste David, d’où peut-être la rencontre entre Anaïs et Henri. Ils vécurent à Comines (ils y sont dits domiciliés sur les actes de succession des époux David), puis à Lambersart (234 avenue Derville) où ils tinrent une bonneterie. Ils eurent trois filles dont l’une, Paulette, fut religieuse missionnaire et l’autre, Marie-Henriette, infirmière et célibataire, tradition familiale oblige... Leur troisième fille, bien que mariée, n’eut pas de descendance. Ils moururent à Lambersart, elle, le 10 novembre 1943, lui le 5 février 1944.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Sixième enfant : Blanche Juliette Angèle Adrienne Marie, née cette fois à Hazebrouck le 12 avril 1869, là où ses parents vivaient depuis 1868. Elle se marie à Hazebrouck le 15 juillet 1903 avec Augustin Deltour, né à Mouscron (Belgique) le 10 avril 1873, qui exerçait à Lille la profession de marbrier funéraire. Son atelier se trouvait rue du Faubourg de Roubaix, tout proche du cimetière de l’Est. Angèle est très souvent citée dans les lettres d’Alice à Céline : à chaque fois qu’on lit dans les deux éditions de ces lettres (</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Devenir Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">et La Pléiade) le mot De***, ceci signifie Deltour, comme nous l’a confirmé Véronique Robert-Chovin à laquelle Lucette Destouches a confié ces lettres de jeunesse de son mari et qui les a, la première, éditées dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Devenir Céline</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. De même D*** signifie David. Ainsi la signature de la lettre d’Angèle à Céline du 31 janvier 1915 : « A. De***- D*** » doit-elle se lire : « Angèle Deltour- David »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">42</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">42 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Lettre donnée uniquement dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Devenir Céline</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 93, à ne pas confondre avec celle du même jour d’Alice à Céline, bien que les deux lettres aient dû partir par le même courrier.</span></p></div></div><img alt="page28image2521055136" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/52feee85-d95d-4e93-a5b5-66701307bdc6" width="33.120000" /> <img alt="page28image2521055424" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/28e5fb4a-ccb2-4030-b1cb-56fa8f18f879" width="33.600000" /> <img alt="page28image2521055712" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/aee868cb-e07d-4f81-a4da-acdbf6c18a13" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">28</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 29"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">C’est la maison Gallimard qui, pour éviter tout problème éventuel avec des descendants, a préféré que ces noms soient occultés</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Angèle exerça avec sa sœur à l’hôpital auxiliaire et connut donc bien Céline. Dans quelles conditions s’était-elle retrouvée à Hazebrouck, elle qui habitait alors à Lille, 48 rue de Turenne, avec son mari ? Il y a une lettre du Major Flouquet concernant sa Croix de guerre qui la dit « Rapatriée de Lille ». Elle a donc dû quitter la ville juste avant l’occupation par les Allemands qui durera du 13 octobre 1914 au 14 octobre 1918, laissant son mari seul, et emmenant ses deux enfants pour les mettre à l’abri en Angleterre dans la communauté de sa sœur Rachel (Mère Marie de la Croix) chez les Ursulines de Greenwich. De nombreuses allusions sont faites.à ces enfants dans les lettres d’Alice, par exemple dans celle du 18 février 1915 où Alice écrit que « [sa] sœur souffre beaucoup de la séparation, et les maux de tête sont presque de chaque jour », ou celle du 24 mars 1916 : « Ma sœur a hâte de retrouver ses enfants, elle n’est plus retournée à Londres depuis juillet [1915] »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">43</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. La famille Deltour était donc éclatée : le père exerçant son activité à Lille (du moins, on peut le supposer, car il n’est jamais question de lui dans les lettres d’Alice), les enfants en Angleterre, et la mère vivant à Hazebrouck avec ses sœurs Gabrielle et Alice, aidant cette dernière à l’hôpital, tout en faisant de temps à autre un voyage à Greenwich pour voir ses enfants.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">En 1914, ces derniers écrivaient à Céline avant même de le connaître, sans doute parce que leur mère et leur tante leur avaient parlé, dans leurs lettres, de ce soldat auquel Alice portait un attachement particulier : « Avez-vous reçu les cartes des enfants ? Ils sont si heureux de vous écrire » (29/12/1914) –</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">44</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Mais ils ont aussi un peu connu Céline à partir du moment où celui-ci fut envoyé à Londres début mai 1915.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Sans doute ne leur rendit-il pas souvent visite dans leur pensionnat de Greenwich si l’on en juge par ces mots d’Alice dans sa lettre du 20 décembre 1915 :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Peux-tu aller voir les enfants ? Le petit nous écrit qu’il ne voit plus jamais son ami Monsieur L. [comprenons Monsieur Louis, prénom usuel de Céline]. Fais-nous ce plaisir s’il y a moyen. »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">45</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, mais nous en avons quand même un petit écho dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guignol’s Band I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, quand le personnage de Ferdinand se rend par bateau de Londres à Greenwich, petit moment de navigation - « dix minutes sur le fleuve » - qui est un pur moment féerique comme c’est le cas le plus souvent quand il s’agit de l’eau chez Céline :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Là comme ça, hanté, juste au clapotis de la Tamise... je restais là, berlue... le charme est trop fort pour moi (...) C’est la féerie !... on peut le dire !... (...) Avec le petit bac le Dolphin on entrait un peu dans la danse... deux petits tours... d’un bord à l’autre... j’en ai repris des cinq ou six fois ! comme à la Fête !... l’aller le retour !... Barbeley-Greenwich »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">46</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">C’est par cette « filière anglaise », si l’on peut dire, qu’Alice put aussi faire parvenir à Céline, quand il était à Paris, début février 1915, « les cigarettes des enfants » et « du tabac anglais »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">47</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Qui étaient ces enfants ? Une fille et un garçon : Marie-Josèphe, dite « Mijo », née à Lille le 10 février 1905, et Maurice né à Lille également le 30 octobre 1906. Marie-Josèphe aurait pu nous donner peut-être ses souvenirs de « Monsieur Louis » si on avait pu la rencontrer avant son décès le 18 avril 1998 à Lille. Elle aussi demeura célibataire et fut infirmière, pour des circonstances liées au destin de son frère, Maurice Deltour. Ce dernier fut</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">43 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">16-oc, p. 146.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">44 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14-42 g, p. 131. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">45 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">15-lf, p. 144.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">46 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">GuignoI’s Band I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 179. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">47 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">15-od, p. 135.</span></p></div></div><img alt="page29image2517169552" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/b803c6c7-ea36-4ff3-a061-04c40c859184" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">29</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 30"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">une victime indirecte des idées politiques de son milieu. Devenu un farouche partisan de l’Action française, il s’opposa à son père, en 1926, quand ce mouvement fut condamné par le pape Pie XI. Il fut sommé par son père de rester dans le sein de l’Eglise et donc de rompre avec l’Action française, mais Maurice Deltour préféra refuser et partit s’engager dans la Marine à Toulon où il mourut rapidement, le 6 juillet 1926, des suites d’une appendicite mal soignée, semble-t-il, d’après le récit familial dont Mme David - Thomas a gardé le souvenir. Son père, accouru d’Hazebrouck, arriva juste à temps pour ses derniers instants. Ce drame changea le cours de la vie de sa sœur qui avait l’intention de s’engager dans la vie religieuse, mais finalement choisit d’y renoncer pour rester avec ses parents jusqu’à leur décès : le 13 octobre 1956 pour Angèle et le 20 décembre 1958 pour Augustin Deltour, tous deux à Lille en leur domicile de l’époque, 50 rue Blanche</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">48</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. On voit ainsi que, dans cette famille David, le célibat et le métier d’infirmière étaient des sortes de substitut laïque à une vocation religieuse : ce fut le cas pour « Mijo », peut-être avait-ce été aussi un peu le cas pour Alice ou pour sa nièce, Marie-Henriette, la fille d’Anaïs ?</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">C’est en tout cas avec cet esprit de sacerdoce, sans aucun doute, que Marie-Josèphe exerça sa profession d’infirmière à domicile, car il y a des personnes, M. et Mme Vanhems- Cauwel qui, par reconnaissance, viennent régulièrement fleurir sa tombe qui n’est autre que celle des David dans le cimetière d’Hazebrouck.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Cette tombe, construite d’ailleurs par Augustin Deltour, contient, outre ceux des parents David et de leur servante Clémence Ruckebusch, les corps de certains de leurs enfants : Gabrielle (avec une erreur sur la date de naissance inscrite : 1862 au lieu de 1861), Berthe, Anaïs (mais pas son mari H. Renard), Alice, et le dernier de la famille, le chanoine Maurice David.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Pour en revenir à Angèle, des indices nous laissent penser que ce n’est pas d’un très bon œil qu’elle voyait la tendresse que sa sœur Alice exprimait envers le jeune et beau cuirassier blessé. Le 31 janvier 1915 elle envoie un petit mot à Céline, qui n’est donné que dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Devenir Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">(p. 93).</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Comme ce mot est révélateur de ses sentiments et de la façon dont était vue la relation entre Alice et Céline, éclairons-en un peu les circonstances. Le 27 décembre 1914, Céline sort du Val-de-Grâce pour être transféré à l’hôpital auxiliaire n° 47, 121 Boulevard Raspail, à Paris. Là, il refuse d’être à nouveau opéré et est envoyé, le 30 décembre, à Villejuif où, cette fois, il va se laisser convaincre d’être réopéré, le 19 janvier, par le Professeur Gosset qui suture le nerf radial sectionné, car, rappelons qu’à Hazebrouck, le Dr Sénellart avait seulement extrait la balle</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">49</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Fin janvier 1915, il est en capacité d’écrire à Alice un petit mot lui apprenant cette opération. C’est Angèle qui le réceptionne le 31 janvier, sans doute rue du Rivage, et qui le porte immédiatement à sa sœur qui devait donc se trouver l’hôpital :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Ami Louis, la lettre si impatiemment attendue est arrivée à midi, et toute affaire cessante, je l’ai portée à qui de droit »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">50</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, c’est-à-dire à Alice qui va y répondre le jour même</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">51</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Angèle ajoutera, à la lettre de sa sœur, ce petit mot dont le début, que nous venons citer, contient déjà une certaine ironie, mais c’est la suite qui est intéressante, car elle nous apprend qu’Angèle avait écrit de son côté à Céline, et sans doute pas des choses très</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">complaisantes :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">48 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Renseignements aimablement communiqués par Mme David-Thomas.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">49 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Compte-rendu de l’opération du 19 janvier 1915, dans Gibault, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Céline I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 158. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">50 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">V. Robert-Chovin,</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">op. cit., </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">p. 93.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">51 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Id</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">., pp. 91, 92 ou </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">15-oc, pp. 133, 134.</span></p></div></div><img alt="page30image2521544752" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/bb23578f-3825-4bf3-bd0e-e5682e2828d3" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">30</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 31"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Votre lettre s’est croisée avec la mienne : nous avons écrit le même jour. Peut-être l’avez-vous trouvée un peu froide ou sèche, vous voudrez bien m’en excuser : la plume ne traduit pas toujours fidèlement impressions et sentiments. Et à la longue, le chagrin fait sentir l’usure qu’il produit », allusion au chagrin que lui cause sa séparation d’avec sa famille</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">52</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Qu’en conclure ? Sans doute qu’Angèle avait écrit à Céline en lui demandant de prendre un peu de distance avec sa sœur qui devait se morfondre de ne pas avoir de nouvelles, peut- être depuis son départ d’Hazebrouck si l’on en juge par la lettre du 29 décembre 1914 : « Comme Sœur Anne, j’ai beau regarder au loin, je ne vois rien venir ! »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">53</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, ou le début de sa réponse du 31 janvier 1915 : « Votre petit mot est venu ce midi calmer un peu mes angoisses. Je souffrais tant de ne pas avoir de vos nouvelles »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">54</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">On peut imaginer qu’Angèle avait à supporter quotidiennement les soupirs de sa sœur, que tout cela devait lui paraître assez ridicule et déplacé, en raison notamment de la différence d’âge de vingt ans entre les deux protagonistes, que cette situation faisait sans doute jaser à « l’ambulance », bref qu’elle aurait préféré que Céline écrive à sa sœur qu’il ne fallait pas qu’elle persiste dans ses illusions : c’est peut-être ce que l’on peut entendre par lettre « un peu froide ou sèche », même si, vu l’éducation parfaite des enfants David, Angèle a dû le dire avec la manière. D’ailleurs, elle termine son mot du 31 janvier par.« Mais ne parlons pas de cela. Je ne veux aujourd’hui que vous souhaiter prompte et parfaite guérison une fois de plus »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">55</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">On peut supposer aussi qu’à ce moment-là le jeune Céline n’était peut-être encore pas tout à fait prêt à rompre totalement avec Alice et qu’il avait encore besoin du réconfort qu’elle continuait à lui apporter. En effet, il a rapidement répondu à la lettre d’Alice du 31 janvier, qui dans une nouvelle réponse datée du 9 février 1915, lui écrit :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Pourquoi avez-vous pleuré en terminant votre lettre ? Naturellement j’ai fait la même chose en la lisant, je souffre tant de la peine de mon grand Louis »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">56</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Finalement, dans ses souffrances, il semble bien que Céline n’ait pas encore alors atteint le niveau de détachement qui va s’opérer rapidement par la suite, surtout avec son séjour à Londres de mai 1915 à mars 1916, et il n’a peut-être pas tellement apprécié sur le moment la lettre que lui avait adressée Angèle en janvier 1915, lettre qu’il n’a d’ailleurs pas gardée alors qu’il a conservé celles d’Alice, bien que nous ne sachions pas s’il les a toutes gardées.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Nous reviendrons ultérieurement sur ce point et verrons qu’il y a peut-être une trace littéraire d’Angèle dans l’œuvre de Céline en rapport avec toute cette affaire, mais terminons d’abord la présentation des enfants David et de leur place éventuelle dans cette histoire d’amour.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Nous ne signalerons que pour mémoire le septième enfant, Georgine Suzanne Marthe, née à Hazebrouck le 4 novembre 1870, qui entra en religion sous le nom de Dame Marthe Marie de la Sainte Union des Sacrés Cœurs de Jésus et Marie, congrégation enseignante, ce qui l’amena, comme sa sœur Rachel, à s’exiler, mais seulement de l’autre côté de la frontière, en Belgique, à Estaimpuis, comme il est mentionné sur les actes de succession de ses parents.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">52 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Id. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">note 50.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">53 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14 - 42 g, p. 130.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">54 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">15-oc, p. 133.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">55 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">V. Robert-Chovin</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">, op. cit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">. p. 93. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">56 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">15-oc, p. 134.</span></p></div></div><img alt="page31image2522985104" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/4a5b722a-d391-4cf4-99ba-a052e6a1030f" width="36.720000" /> <img alt="page31image2522985392" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/b74f73da-3652-4938-ae1d-75f23d9ee10b" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">31</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 32"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ce lieu frontalier de la France, proche de Tournai, comme Froyennes où elle mourut en 1933, fut une des bases de repli des congrégations religieuses à l’époque</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">57</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Le huitième et avant-dernier enfant des David n’est autre qu’Alice que nous suivons depuis le début de cette étude. Alice Marguerite Marie naquit à Hazebrouck le 3 juin 1874. Son éducation fut soignée, comme pour ses frères et sœurs, et se fit dans une Institution religieuse de la ville, l’école de la Sainte Union, ordre enseignant où toutes les filles de la famille suivirent sûrement leur scolarité et où sa sœur Marthe exerça par la suite.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Nous possédons une photo de classe de ces années de jeunesse sur laquelle on voit Alice à cette époque. Evidemment, son éducation religieuse fut marquante comme pour tous les autres membres de la famille : un petit signe nous en est resté avec l’image de communion d’Alice, retrouvée par Jean-Pascal Vanhove dans les papiers de l’abbé Lemire, sur laquelle est rappelée la coïncidence entre le jour de son baptême, 4 juin 1874, jour de la Fête-Dieu, et le jour de sa communion, 4 juin 1885, également jour de la Fête-Dieu. On voit l’importance que l’on attachait dans la famille David à ce genre de choses. Comme nous l’avons déjà dit, l’engagement personnel d’Alice tout au long de sa vie fut effectué sous le signe de sa foi chrétienne.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Elle fit des études d’infirmière et reçut une formation qualifiante ; ceci est indiqué sur un document que possède Mme Thuault, sa petite nièce, mais les archives n’ont pas livré dans l’état actuel de nos recherches de précisions complémentaires, car cette formation n’était pas alors assurée par l’Etat. C’est cependant une certitude qu’elle était diplômée, comme nous l’avons vu plus haut, à propos de son travail à l’hôpital auxiliaire n° 6. De plus, un document datant du 12 septembre 1917, signé du Major Flouquet précise qu’elle « a ouvert et organisé l’Hôpital dès le 3 Août 1914, comme Infirmière-Major, s’occupant de la Direction Générale – Salle d’opération – Anesthésie, etc. ». Il ajoute que c’est une « Excellente infirmière [qui] a rempli ses fonctions avec beaucoup de zèle et d’autorité. ». Le </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Journal officiel </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">du 18 février 1919 précise aussi à l’occasion de l’attribution de sa médaille de la Reconnaissance Française :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Infirmière-Major de l’Hôpital auxiliaire n° 6 d’Hazebrouck (SSBM) [Société de Secours aux Blessés Militaires]. A organisé cet hôpital dès le début de la guerre, a présidé à l’enseignement et à la formation des Infirmières, et n’a cessé de se dévouer au soin des blessés avec un zèle et une abnégation absolue ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Tout ceci atteste bien son titre.<br />Un autre document nous donne aussi ses activités en temps de paix :<br />«Monitrice toute l’année au dispensaire-école de la Croix-Rouge, Terrasse Ste</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Catherine : pansements, démonstration des masques à gaz, etc.<br />Cours pratique de Secourisme aux Scouts pendant l’hiver : Hygiène, pansements, secours aux blessés, noyés, asphyxiés, etc.<br />Visites aux malades et aux pauvres.<br />Ouvroir Louise de Marillac. Œuvre des Tuberculeux.<br />Poste de secours à la Foire Commerciale ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Nous savons aussi qu’entre les deux guerres elle participa annuellement aux pèlerinages à Lourdes, mettant ses compétences au service des malades, les accompagnant jusque dans la piscine contenant l’eau dite miraculeuse dont ils espéraient leur guérison</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">58</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Alice mourut le 24 octobre 1943 en son domicile d’alors, 122 Boulevard Vauban à Lille où, comme sa sœur Gabrielle, elle était venue vivre avec son frère, le chanoine Maurice David.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">57 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Renseignements aimablement communiqués par Mme David-Thomas.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">58 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Renseignements aimablement communiqués par Mme Catherine Thuault.</span></p></div></div><img alt="page32image2523553408" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/051d8180-a603-44ad-a546-1581efbb8aae" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">32</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 33"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Ce deuxième garçon des David fut le dernier de leurs neuf enfants.<br />Maurice Augustin Edouard Joseph David est mentionné dans deux lettres d’Alice, celle du 29 décembre 1914 où elle se plaint « de ne rien savoir de [son] benjamin »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">59</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, et celle du 9 février 1915 où elle précise qu’elle dispose d’un peu de tabac qu’elle destinait à son frère « Marc », « quand il y aurait possibilité de lui en faire parvenir ». Mais comme « D’ici là hélas [elle a] le temps de [s’] en procurer », elle l’envoie finalement à Céline qui lui a demandé de</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">lui adresser un petit colis</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">60</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.<br />Ce qui peut intriguer ici, c’est ce prénom de « Marc » pour désigner Maurice : à</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">l’évidence, il s’agit d’un mauvais déchiffrement du prénom, erreur compréhensible d’ailleurs, car il s’agissait de lire « Mau’tje », c’est-à-dire l’abréviation flamande de Maurice, ce qui n’était pas évident. C’est Jean-Pascal Vanhove qui nous a signalé que c’est ainsi que, dans son Journal, l’abbé Lemire nommait Maurice David, et Véronique Robert nous l’a confirmé après vérification sur les manuscrits. Alice continue donc, pour parler de son frère, à employer ce diminutif flamand.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Quant à la raison pour laquelle Alice ne sait quand elle pourra faire parvenir un colis à son frère, c’est que celui-ci était prisonnier, comme nous allons le voir en retraçant sa carrière. Né le 30 août 1875 à Hazebrouck, Maurice David fit ses études au Petit Séminaire de cette ville, puis au Séminaire Académique. Licencié ès-lettres en 1894, à 19 ans, il s’engage le 8 novembre de la même année pour un service militaire de trois ans au 110</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">R.I., service qu’il effectue de 1894 à 1895, avant de bénéficier de l’article 33 de la loi du 15 juillet 1899 qui lui permet de poursuivre ses études à la Faculté de Lettres de Besançon. Envoyé en congé le 21 juillet 1895, il est versé dans la réserve le 8 novembre 1897. Il accomplira des périodes</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">d’exercice à la 1</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">ère </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Section d’infirmiers militaires, à Lille, en 1897, 1902, 1903 et 1909.<br />Dès 1898, il est professeur de rhétorique au collège St Jean à Douai, où il est également</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">logé, mais il ne sera ordonné prêtre qu’en 1899.<br />Le 6 août 1914, il rejoint la 1</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">ère </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Section d’infirmiers militaires et, le 15 août, il est affecté</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">à la Place de Douai, où il est fait prisonnier, à l’Hôtel-Dieu, le 3 octobre, d’où la lettre d’Alice du 29 décembre qui nous montre qu’à cette date elle est sans nouvelles de lui. Elle en a sûrement eu dans le courant du mois de janvier, puisqu’en février elle lui destinait un colis, mais sans savoir quand elle pourrait le lui faire parvenir. Maurice restera durant toute la guerre prisonnier à Douai, affecté, par les Allemands, comme aumônier à l’Hôpital. Démobilisé le 29 août 1919, il est libéré du service militaire le 1</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">er </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">août 1921.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ayant repris ses fonctions d’enseignant à Douai, il est appelé en 1922 à présenter à Lille, en tant que chargé de cours, des conférences sur l’art chrétien qu’il présentait déjà à Douai et dans d’autres villes du Nord, par exemple à l’Institut populaire de l’Epeule à Roubaix, Institut issu du catholicisme social. Ces conférences lui avaient valu une certaine renommée, d’où le fait que la Faculté catholique de Lille l’ait sollicité. C’est donc dans la continuité de sa fonction de chargé de cours qu’il est nommé, en 1926, professeur adjoint d’histoire antique dans la même Faculté.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Dans l’hommage qui lui sera rendu à sa mort, le Doyen de cette Faculté raconta comment il le rencontra à Eleusis, en 1936, travaillant sur le terrain, car Maurice David disait qu’ « un professeur qui cesse de se renouveler doit cesser d’enseigner ». Mais il ne voyagea pas qu’en Grèce et en Asie Mineure, il parcourut aussi, pour ses recherches, l’Europe centrale, se rendant en Russie et même en Finlande. Ses cours, agrémentés de projections des photos</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">59 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14-42 g, p. 130. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">60 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">15-od, p. 135.</span></p></div></div><img alt="page33image2524256112" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/74852e3d-7934-4c54-9e55-58f33f0ed5ed" width="40.320000" /> <img alt="page33image2524256400" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/fa568983-357e-4bab-a73c-c7b87fa7ee24" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">33</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 34"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">qu’il faisait sur place, étaient particulièrement appréciés. Il était membre de très nombreuses sociétés savantes d’archéologie et d’histoire, dont le Comité flamand de France.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">En même temps, il conservait une activité sacerdotale comme aumônier de l’Institut Notre-Dame de la Plaine à St André-lez-Lille et des Dames Bernardines. Il avait été honoré du.titre de chanoine en 1927, pour le diocèse de Cambrai dont dépendait Douai ; il avait également reçu la Légion d’Honneur au titre des Beaux-arts : l’insigne en est gravé sur sa tombe au cimetière d’Hazebrouck.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Décédé le 9 janvier 1948, à l’âge de 72 ans, cet homme qui alliait à « l’aménité de son caractère le charme de sa conversation »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">61 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">fut très uni à sa sœur Alice jusqu’à la mort de celle- ci en 1943.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">En effet, ils passèrent ensemble les dernières années de leur vie. En 1926, quand Maurice David est nommé à Lille, il s’installe dans une grande maison sise 122 Boulevard Vauban à deux pas de la Faculté catholique. Cette adresse a été retrouvée par des mentions portées en marge de son acte de naissance et de celui d’Alice pendant la guerre, pour des raisons de cartes d’alimentation, puis confirmée par des membres de la famille. C’est alors qu’Alice vint aussi, avec sa sœur Gabrielle, s’établir auprès de son frère. Elles se rapprochaient aussi de leur sœur Anaïs qui habitait Lambersart, très proche banlieue de Lille. L’esprit de famille était fort chez les David, mais un autre événement a peut-être poussé à cela : le décès dans des conditions tragiques, comme nous l’avons vu, du fils d’Angèle, Maurice Deltour, à Toulon le 6 juillet de cette même année, et donc le désir de se rapprocher également d’Angèle. Bref, finalement, toute une partie de la famille se regroupa à Lille, mais Gabrielle n’y demeura pas longtemps, décédant, comme nous l’avons indiqué, le 25 janvier 1927. Dans les quelques mots que l’abbé Lemire lui consacre dans ses Cahiers et dont nous avons déjà cité une partie, il écrit, à son propos :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Elle n’a fait que passer dans cette grande maison coûteuse, froide, inhospitalière [le 122 Bd Vauban]. La chère sœur aînée qui était comme la seconde mère des 9.enfants aurait mieux fait de rester à Hazebrouck ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Alice demeura donc dans cette maison jusqu’à sa mort et son acte de succession, déposé aux archives départementales du Nord, ne porte qu’un légataire universel, Augustin Edouard Joseph David, son frère, dont manque seul ici le prénom usuel, Maurice : petite bizarrerie administrative... En tout cas pas d’enfant mentionné pour son héritage ! Ce qui nous ramène à ses relations avec Céline.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">4) Les relations entre Céline et Alice</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Qu’est-ce qui a donc pu séduire cette femme pieuse de 40 ans chez ce jeune homme plus que chez un autre ? Sa belle allure sans doute, mais aussi certainement le prestige qui l’auréolait pour l’exploit qui lui avait valu sa blessure. Mentionnons que le 29 octobre 1914, le colonel commandant le 12</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">régiment de Cuirassiers l’avait porté, avec d’autres, à l’ordre du régiment, avec la mention « se sont conduits comme des héros »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">62</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Le 9 novembre, M. Houzet avait communiqué à Céline cette citation que lui avait fait connaître Fernand Destouches, et le 10, il écrit à celui-ci que :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">61 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Les renseignements sur Maurice David sont issus de </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">La Semaine religieuse du diocèse de Lille </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">et du </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Bulletin de la Faculté catholique de Lille </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">de janvier 1948.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">62 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Jean Bastier, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">op. cit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">., p . 266 ou Gibault, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Céline I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 152. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">34</span></p></div></div><img alt="page34image2525111920" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/c7c4c162-0607-4b59-b0f1-7e6bd887873b" width="162.240000" /> <img alt="page34image2525112208" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/87a5558c-d0ca-47a3-af82-e2a0c5404973" width="144.000000" /></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 35"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Les dames de la croix-rouge l’ont félicité de sa distinction et ma femme s’était fait un plaisir de m’accompagner pour lui rendre une petite visite »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">63</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Le 23 novembre, le capitaine Schneider annonce aux parents Destouches que leur fils est proposé pour la Médaille militaire « avec un motif des plus élogieux »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">64</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, médaille qui lui sera décernée effectivement le lendemain 24 pour ce fait d’armes et, même si elle ne lui sera remise que le 4 décembre au Val-de-Grâce, cela s’est su à Hazebrouck dès la fin novembre et n’a pu que renforcer son prestige. La Médaille militaire s’accompagnera d’une citation, signée Joffre, cette fois à l’ordre de la 7</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">division :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« En liaison entre un Régiment d’Infanterie et sa brigade, s’est offert spontanément pour porter sous un feu violent un ordre que les agents de liaison de l’infanterie hésitaient à transmettre. A porté cet ordre et a été grièvement blessé au cours de sa mission »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">65</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Tout ceci lui valut la Croix de guerre avec étoiles, quand elle fut créée, le 8 avril 1915, pour citations à l’ordre du régiment et de la division.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">De plus, le ton était à l’héroïsme dans ces tout débuts de la guerre. Louis Destouches est encore loin du pessimisme qu’il exprimera dans ses romans signés Céline. On trouve à plusieurs reprises, dans ses lettres d’alors, un petit air héroïque, un peu fanfaron, qui ne pouvait que plaire à l’époque. Ainsi dans sa lettre à ses parents du 15 novembre :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« J’ai su hier incidemment que des 8 hommes que j’avais à la mission avec moi, 3 sont morts et 2 sont blessés plus que moi »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">66</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. « Incidemment » il apprend qu’il y aurait eu trois tués et deux blessés graves avec lui ? Il est vrai que le Journal de marche du 12</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">régiment de Cuirassiers cite treize hommes, en plus de Céline, portés à l’ordre du régiment, pour les journées des 26, 27 et 28 octobre 1914. Parmi ces hommes sont cités un blessé grave, et un blessé en plus de Céline lui-même</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">67</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. On ne voit pas très bien comment cela fait trois morts et deux plus grièvement blessés que lui, surtout au cours de la même mission. Début d’une légende ? De plus, ce qui est à remarquer ici, c’est le ton détaché sur lequel il le signale à ses parents, comme un point anecdotique, en passant... En même temps d’ailleurs une forme de style littéraire commence à pointer dans la suite de cette lettre :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">«Le canon donne toujours aux environs, les clients de l’hôpital s’en émeuvent heureusement très peu des Allemands.<br />De temps à autre un râle de douleur nous rappelle que depuis 4 mois on ne chante plus à l’Opéra, un petit élancement dans le bras que la boxe est défendue momentanément, et au loin que le 22</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">anglais joue un tango dans les notes graves ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Bref, il se met volontiers dans la posture du combattant modeste, mais héroïque, qui a « incidemment » failli perdre la vie au service de la cause patriotique. Parlant des souffrances « fort douloureuses » qu’il ressent, il ajoute : « Enfin ceci n’est rien si le succès doit enfin nous sourire après tant de souffrances »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">68</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ce style pouvait séduire une dame de la Croix-Rouge comme Alice, dont on sait l’éducation : comme la foi, l’amour de la patrie faisait sans aucun doute partie de ses valeurs. Mais il n’y a pas que cela peut-être. Céline ne fait pas que jouer les braves dans ses lettres, il y parle aussi beaucoup de ses douleurs, et son grand souci sur lequel il revient constamment,</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">63 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14 - 37 e, p. 122.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">64 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14 – 41 a, p. 126.65. Ordre n° 439 D du 25/11/1914, signé Joffre, portant attribution de la Médaille</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">militaire, publié au </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Journal officiel </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">du 20/12/1914 ; on en voit la photo dans l’</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Album Céline</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, La Pléiade,</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Gallimard, 1977, ill. n° 49, p. 50.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">65 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Ordre n°439 D du 25/11/1914 signé Joffre. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Journal Officiel </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">du 20/12/1914. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">66 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14 – 39, p.124.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">67 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Gibault, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Céline I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 152, et Gaël Richard, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">op. cit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">., p. 192.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">68 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14 – 41, p. 126.</span></p></div></div><img alt="page35image2525717264" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/e6a562f3-c146-48c5-b669-90b51b20f6ad" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">35</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 36"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">c’est de pouvoir être évacué sur Paris pour sa convalescence, afin de se rapprocher de ses parents, et non sur Dunkerque où il ne cesse de répéter qu’ «on est très mal » et que « les blessés sont.sur la paille », car il n’y aurait plus de lits</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">69</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Physiquement et psychologiquement, Céline a sûrement plus souffert qu’il n’en veut donner l’impression dans ses lettres à ses parents, et les infirmières, dans ce petit hôpital auxiliaire, maternaient tous ces jeunes gens meurtris. Le jeune cuirassier a dû apprécier, comme ses camarades, ce réconfort moral. La lettre d’un soldat au Dr Sénellart nous en a apporté plus haut la preuve. C’est sans doute aussi ce qui plaisait à Alice : se pencher avec la tendresse d’une grande sœur sur ce jeune héros auréolé de la gloire de son acte de bravoure. Elle l’avoue d’ailleurs quasiment dans la première lettre qu’elle lui adresse, le 29 décembre 1914 :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Nous n’avons presque plus de blessés, ce sont des malades et des fatigués... Cette catégorie ne m’intéresse guère. Notre hôpital n’a plus le même aspect. »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">70</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">D’où le ton de sentimentalité fraternelle qui imprègne constamment ses lettres, par exemple :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Soyez certain, je serai pour vous toujours une sœur bien dévouée ? J’ai eu ma grande part de peine cette année [allusion sans doute au décès de ses parents en 1913 et aux séparations familiales imposées par la guerre], mais j’ai eu aussi le grand bonheur de trouver un frère très aimant »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">71 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">ou encore, le 31 janvier 1915 :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Ce que je sais, c’est que j’aime beaucoup mon cher grand, que je pense à lui toujours, et que très souvent quand nous sommes seules, ma sœur D*** [Deltour Angèle] et moi parlons de celui qui nous tient tant à cœur.<br />Au revoir mon frère chéri, votre grande vous remercie de votre lettre, et vous embrasse de tout cœur. A quand votre photo ? »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">72</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.<br />De même encore, dans une lettre du 9 février 1915 que nous avons déjà partiellement citée et en réponse à une lettre sur laquelle Céline aurait pleuré en la terminant :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« je souffre tant de la peine de mon grand Louis, et je voudrais pouvoir lui enlever tout mal, tout soucis </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">(sic)</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, ennuis, peines et contrariétés, une grande sœur est faite pour cela »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">73</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">A ce ton sincère, mais très sentimental, s’ajoutent les exhortations à la prière, bien compréhensibles chez une chrétienne comme Alice. On les trouve dans deux lettres consécutives des 9 et 18 février 1915. Apprenant que la deuxième opération de Céline, en janvier, ne donne pas dans l’immédiat tous les résultats qu’on en escomptait, elle lui écrit qu’elle va</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« prier avec plus d’ardeur.afin que la Sainte Vierge [lui] vienne en aide. J’ai grande confiance d’être exaucée – ajoute-t-elle – D’autant plus que vous aussi vous récitez parfois un bon Ave le soir. Mon Grand vous me faites bien plaisir, voulez-vous m’en faire un plus grand encore, récitez-en un chaque soir. On se retrouve dans la prière et certainement on s’y console »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">74</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.<br />Neuf jours plus tard, elle insiste sur cet engagement :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Dites bien tous les soirs votre Ave, qui sait si nous ne le dirons pas à la même heure. Nous avons tant besoin du secours d’En-Haut »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">75</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">69 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14–38,p.123et14–40,p.125. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">70 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14 – 42 g, p. 131.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">71 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Ibid</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">., p. 130.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">72 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">15 – oc, p. 134.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">73 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14 – od, p. 134. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">74 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Ibid.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">75 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">15 – og, p. 137.</span></p></div></div><img alt="page36image2526179280" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/31e65af0-51c9-4eea-a15d-67aea41a2f63" width="63.840000" /> <img alt="page36image2526179568" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/ee5a5030-1e7e-4556-a16a-98429b35f50f" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">36</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 37"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Est-ce que Céline se conformait à ces injonctions ? Possible puisqu’il lui dit prier tous les soirs... Un éclairage qui nous informerait que Céline n’a pas toujours été l’auteur désespéré qu’on connaît, mais dit-il la vérité à Alice ou cherche-t-il seulement à lui complaire ?</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Cependant, l’attrait d’Alice pour Céline n’était pas non plus uniquement spirituel. Incontestablement, le désir s’y exprime d’une manière sans doute réfrénée, mais quand même bien présente. Ceci semble avoir augmenté avec l’absence de Céline dans les premiers temps, puis avoir diminué ensuite, Alice paraissant prendre son parti de l’absence de réponse de Céline à son amour, notamment du fait qu’il n’est jamais revenu à Hazebrouck, alors que dans ses lettres elle en exprime toujours l’espoir. Ce sont les formules finissant les lettres qui nous poussent à cette interprétation : le 29 décembre 14, elle est son « affectionnée Alice David » ; le 31 janvier 15, elle est « sa « grande » qui dit « Au revoir [à son] frère chéri » ; le 9 février, c’est carrément « Bonsoir mon chéri », puis ensuite le ton redescend : c’est «Bonsoir mon Grand » ou.« Au revoir mon Grand »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">76</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Que s’est-il passé vraiment entre eux ? Ont-ils pu avoir une relation plus intime ? Il est impossible de le dire avec certitude. D’une part, Alice ne vivait pas seule dans sa maison de la rue du Rivage, il y avait ses deux sœurs, Gabrielle et Angèle ; d’autre part Céline fait sa première sortie le dimanche 22 novembre pour aller déjeuner chez les Houzet et part pour Paris le mardi 1</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">er </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">décembre. Il est vrai qu’une dizaine de jours suffisent largement pour se rencontrer, mais en plus, il y avait comme obstacle éventuel les principes ultra-catholiques d’Alice.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Toutefois, il y a aussi quelques indices qui font penser qu’une telle rencontre aurait pu avoir lieu ou qu’Alice au moins y a pensé. Reportons-nous aux sources les plus sûres, mais qui sont quand même très minces. Dans la lettre du 9 février 1915 Alice souligne certains termes :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Comme vous je me dis qu’il est impossible de venir vous voir en ce moment. Pourtant cela me serait bien doux. Encore un sacrifice à ajouter à tant d’autres »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">77</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">C’est peu de chose. Un peu plus suggestifs sont ces mots de la lettre du 18 février :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Vous savez que notre maison est vôtre mon grand frère chéri et que vous serez toujours reçu à bras ouverts. Ce me serait si bon de vous revoir, et surtout de vous recevoir (...) Mon Grand, pensez-vous quelquefois aux journées passées ici ? Moi je n’oublie pas mais vous ? Non j’espère, ce me serait trop pénible... »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">78</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Que faut-il entendre par la gradation « revoir »/ « recevoir », surtout avec ce dernier terme souligné ? Et « ici » désigne-t-il Hazebrouck en général ou la maison d’Alice où il a été reçu « à bras ouverts » ?</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Dans ce cas, un autre indice, mais également hypothétique, nous le confirmerait : le personnage de Lola, une « dame de bonne volonté » assistant les infirmières dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Ce personnage est sûrement en partie inspiré par Alice - nous y reviendrons dans la dernière partie - et Bardamu se rend dans sa chambre :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Jamais je n’avais rien rêvé d’aussi confortablement habitable que sa chambre, toute bleu pâle, avec une salle de bains à côté »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">79</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ceci pourrait-il être une évocation de la chambre d’Alice, dans sa maison bourgeoise, « rue du Rivage, où - écrit F. Gibault - Louis fut accueilli très affectueusement »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">80 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">?</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">76 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14–42g,p.131;15–oc,p.134;15-od,p.135;15–lf,p.144;16–oc,p.146. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">77 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">15 – od, p. 135.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">78 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">15 – og, p. 137.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">79 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 51.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">80 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Gibault, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Céline I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 153.</span></p></div></div><img alt="page37image2522263696" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/edd72b2e-cc39-463e-85b6-a4fc820e99ce" width="48.240000" /> <img alt="page37image2522263984" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/7fc4ce69-4de0-4629-b1ed-f8dfab483a4e" width="76.800000" /> <img alt="page37image2522264272" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/d3961dcf-9cb0-4287-ba85-2171a5c2c468" width="65.760000" /> <img alt="page37image2522264560" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/e81886d2-dea0-433a-898b-4b04afc9a3fa" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">37</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 38"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Tout ceci ne serait que trop vague pour mériter même d’être évoqué si le soupçon n’avait plané que neuf mois après le départ de Céline, Alice avait accouché d’une fille dont il aurait été le père. Affaire difficile à débrouiller.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Il semble en effet que, vers 1975 ou 76, un chercheur célinien ait enquêté sur la vie de Céline et qu’il ait à ce moment-là rencontré Mme Cauwel. L’arrière-petit-fils de celle-ci m’a dit avoir entendu parler de cette affaire. Il pourrait s’agir de Jacques Boudillet, co-auteur de l’</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Album Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">de La Pléiade, paru en 1977, et qui devait donc à ce moment-là faire des recherches pour le préparer.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Si tel est bien le cas,.tant d’années après les faits, il ne trouva plus comme témoin que la quasi centenaire Mme Cauwel qui, du coup, porte seule la responsabilité d’avoir dévoilé ce qui aurait dû rester secret. Mais si l’enquête avait été menée plus tôt, il est très probable que d’autres infirmières survivantes auraient pu dire la même chose. Difficile d’en savoir plus, car Jacques Boudillet a complètement disparu du monde célinien.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Hélène Cauwel tenait, avec son mari Léon, une pharmacie à Hazebrouck, située 29 rue de l’Eglise, et qui existe toujours, même si elle n’est plus dans la famille. Mais surtout elle servit aussi pendant la guerre à l’hôpital auxiliaire.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Elle connaissait parfaitement Alice depuis son enfance puisqu’elle n’avait que trois ans d’écart avec elle, étant née le 20 juillet 1877 d’une vieille famille hazebrouckoise par sa mère, les Everwyn. De plus, son père, Isidore Debourse, était boucher rue du Rivage, et, comme Alice, elle avait fait ses études au pensionnat de la Sainte Union. Si ce n’est qu’elle se maria en 1899.avec Léon Cauwel (1871-1952), son parcours fut analogue à celui d’Alice et des autres dames dévouées de la bonne société; l’œuvre caritative à laquelle elle se consacra essentiellement fut la consultation des nourrissons, initiée par l’abbé Lemire. Pendant la guerre, ce fut donc naturellement qu’elle s’engagea au service des blessés dans « cet hôpital – est-il écrit dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">La Voix du Nord </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">du 20 juillet 1977 – qui vit d’ailleurs parmi ses blessés, le sergent Destouches qui devait se distinguer par la suite sous le nom de plume de Céline ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Pourquoi ces lignes dans un article consacré à Mme Cauwel en 1977 ? Parce que c’était son centenaire, et si Hélène Cauwel eut la chance de vivre jusqu’à 101 ans (elle mourut en 1978), ce fut peut-être sa malchance en ce qui concerne notre problème, puisque son nom reste attaché à cette « dénonciation », qui n’en était plus une si longtemps après, quand F. Gibault cita son nom à la page 153 du premier tome de sa biographie de Céline.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">A « l’ambulance », tout le monde devait être au courant des sentiments d’Alice pour Céline : on a vu plus haut les réactions d’Angèle, sa sœur, à ces penchants qui ne pouvaient qu’être visibles par tout l’entourage, si l’on en juge par la façon dont Alice les exprime dans ses lettres. L’important est plutôt de comprendre sur quoi une telle rumeur a pu se fonder. Sur l’attirance manifestée par Alice pour Céline bien sûr, mais, plus objectivement, sur le fait qu’Alice David dut prendre un long congé en 1915 - 1916 pour raison de santé. En effet, le dossier établi pour lui décerner la médaille de la Reconnaissance française porte, en récapitulation de ses états de service, qu’elle a été en fonction à l’hôpital auxiliaire d’août 14 à septembre 17 « avec une interruption de dix mois pour maladie »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">81</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. De quelle période peut- il s’agir ? Nous n’avons pas de lettres d’Alice entre le 18 février et le 20 décembre 1915. Dans la première, elle ne parle nullement de maladie, dans la deuxième elle écrit :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">81 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Note du 5 mars 1918 rédigée par le médecin-major Flouquet. Dossier d’Alice David pour la Médaille de la Reconnaissance française, communiqué par G. Richard.</span></p></div></div><img alt="page38image2528402960" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/3214baa0-7d02-47cb-9edf-261472a6816d" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">38</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 39"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Pauvre ami tu voudrais me revoir, moi aussi je désire revoir mon Grand, mais moi je ne puis voyager en ce moment. Je vais mieux, mais je ne sors pas, et ma sœur pour qui j’avais fait des projets pour la Xmas ne peut pas me quitter »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">82</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Alice est donc bien malade à ce moment-là au point que sa sœur, ici sûrement Angèle, qui avait dû faire le projet d’aller à Londres voir ses enfants pour Noël (Xmas = Christmas) doit rester près d’elle. Mme Thuault, sa petite-nièce, se souvient d’avoir entendu évoquer, dans son enfance, une maladie pulmonaire dont aurait été victime Alice, ce qui expliquerait les conseils de son médecin qu’elle rapporte dans sa lettre du 12 mars 1916 :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Moi-même je suis encore souffrante, et mon docteur me conseillait une petite cure de soleil à Nice ou les environs »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">83</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Enfin, dans sa dernière lettre adressée à Céline, du 24 mars 1916, Alice informe celui-ci qu’elle ne se remet que « très lentement, et [que] de plus,.[elle s’est] foulé le poignet, c’est complet ! »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">84</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Que déduire de ces maigres informations ? Qu’Alice a été malade dans une période de dix mois que l’on pourrait faire aller approximativement d’août 1915 à mai 1916, car, si elle se remet « très lentement » fin mars, on peut supposer qu’un ou deux mois plus tard environ, soit fin avril ou fin mai 1916, elle est de nouveau sur pied et donc qu’elle s’est arrêtée vers juillet – août 1915 si elle s’est absentée dix mois. Evidemment, un arrêt à cette date correspondrait à une grossesse débutée fin novembre 1915 et à un accouchement en août 1915, ce qui amènerait à envisager une paternité éventuelle de Céline. Mais si c’était le cas, Alice aurait dû quitter l’hôpital encore bien avant, si elle voulait cacher cette grossesse. On pourrait donc en conclure que la coïncidence des dates de l’arrêt d’Alice et d’une grossesse éventuelle a nourri ces rumeurs, mais il semble difficile, au vu des éléments que nous possédons, d’affirmer qu’Alice ait été enceinte, et non pas vraiment malade. Il s’agissait d’ailleurs d’une correspondance privée non destinée à être lue par personne d’autre qu’eux : dans ce cas, il paraît difficilement compréhensible qu’il n’y ait aucune allusion à un enfant qu’ils auraient eu en commun... Peut-être n’y a-t-il eu aucune lettre de lui, et donc aucune réponse d’Alice, dans cette période qui correspond au séjour de Céline à Londres ? A moins qu’il n’ait pas voulu garder, par précaution, d’autres lettres plus explicites échangées pendant ce temps...</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">On note en effet que dans ses lettres, jusqu’au 18 février 1915, Alice vouvoie Céline, et que dans la suivante que nous possédons, du 20 décembre 1915, d’un seul coup elle le tutoie. N’y aurait-il vraiment eu aucune lettre plus intime entre les deux qui expliquerait ce passage du vouvoiement au tutoiement ? Ensuite, dans les deux lettres de mars 1916, les deux dernières, une distance semble s’être réinstallée et on revient au vouvoiement. Il semble quand même un peu curieux qu’on n’ait aucune lettre entre février et décembre 1915, ne serait-ce qu’à propos des enfants d’Angèle.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">D’autres éléments pourraient laisser supposer qu’il y a bien eu un problème à ce moment là, notamment une lettre d’un camarade de régiment de Céline, Etienne Bézard, qui, le 23 mai 1915, écrit à celui-ci :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Mon bon vieux</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ah ! les femmes ! ah ! les femmes sacrées femmes ! – dans quel douloureux état t’ont- elles encore mis – Pourquoi aussi aller te frotter dans les jupes ? Tu ne les connaissais donc pas ? Un vieux routier comme toi ! - Mais ces choses-là sont irraisonnables : elles échappent</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">82 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">15 – lf, p. 144.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">83 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">16 – ob, p. 145, 146. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">84 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">16 – oc, p. 146.</span></p></div></div><img alt="page39image2529041568" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/31d6c6a0-4b65-44fc-adf8-49053051720f" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">39</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 40"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">à la raison – et sois sûr que je compatis à tes souffrances et voudrais bien pouvoir soigner ta blessure et panser ton cœur tout saignant – malheureusement tu ne me dis rien – aucune précision. J’opérerais dans le vague. Le temps et la distance seront sans doute de meilleurs médecins que moi. Tu as bien fait de fuir : ça n’était pas lâche, c’était au contraire courageux – Rester, oui, eût été une lâcheté »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">85</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Dans la note de La Pléiade concernant cette lettre (pp.1609, 1610), il est écrit qu’« On a du mal à penser que la confidence de Céline et ce.« cœur tout saignant ».concernent Alice D. », mais pourtant ? Serait-ce quand même à cause d’Alice, et parce que celle-ci lui aurait annoncé une grossesse, qu’il serait parti à Londres en mai 1915 ? D’Angleterre, dans une lettre datée de mai-juin 1915, Céline écrit à son camarade du Val-de-Grâce, Albert Milon, au sujet précisément d’Etienne Bézard et de sa sœur qui semble avoir contracté une maladie vénérienne en fréquentant des militaires. Il lui demande de se renseigner pour savoir si les Bézard sont rentrés de Suisse, où Etienne était soigné pour une tuberculose, et ajoute :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Mais à aucun prix ne dis qui t’envoie, et surtout n’en parle pas à la maison. Il y a eu grand drame »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">86</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">De quel drame s’agit-il ? F. Gibault évoque de possibles activités d’agent secret de Céline quand il était au Consulat de Londres, mais sans y croire vraiment puisqu’il conclut que c’ « était beaucoup plus probablement en rapport avec une aventure sentimentale qu’avec une activité d’agent secret »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">87</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Vu le contexte de la lettre, pourrait-il s’agir d’une aventure avec Mlle Bézard dans laquelle Céline aurait été impliqué puisqu’il ajoute, aussitôt après avoir évoqué « le grand drame » : « Mlle Gonocco qui fit notre joie a malheureusement quitté la scène aux regrets de tous » ? Le « drame » serait-il qu’il aurait contracté une maladie sexuelle ? Mais ne pourrait- on supposer aussi qu’en avril 1915 environ, Alice aurait annoncé à Céline, et à ses parents, qu’elle était enceinte et que cela aurait certainement causé aussi un encore plus « grand drame » chez les Destouches ?</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">C’est tout aussi hypothétique que ses aventures d’agent secret, seule une certaine coïncidence des dates donne de la vraisemblance à cette conjecture. Et de plus, ce poste à Londres, au consulat français, il aurait fallu qu’il le sollicite pour pouvoir fuir la situation, ce dont nous n’avons pas trace. Bref, l’ensemble reste obscur.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Terminons par quelques éléments plus objectifs, mais qui ne nous éclaireront guère davantage. J’en retrouve trois :<br />- en 1932, Céline dédicace à *** un de cent exemplaires sur Alfa de </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">avec les mots suivants :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« A l’enfant rare et retrouvé ! et reperdu ! LF Céline »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">88 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">;<br />- le 8 décembre 1932, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">L’Intransigeant </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">publie une interview de Céline par Merry Bromberger dans laquelle il déclare :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Je ne peux pas dormir. Le jour je travaille pour gagner ma croûte, celle de ma mère et de mes deux gosses »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">89</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Nous connaissons le présumé unique enfant de Céline, Colette Destouches (1920-2011), fille de son mariage légitime avec Edith Follet en 1919 ; y en avait-il eu un autre avant ? Alice David se serait-elle rappelée à son bon souvenir en 1932, en lui présentant un enfant, quand</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">85 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">15 – ok, p. 139.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">86 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">15 – l, p. 140.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">87 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Gibault, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Céline I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 171.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">88 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Année Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">2003, p. 53.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">89 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Cahiers Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">1, p. 30. Merci à Eric Mazet de m’avoir signalé ce point.</span></p></div></div><img alt="page40image2529624480" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/2968f029-2d1a-49fb-badb-4d5827e830fa" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">40</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 41"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">parut </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">dont le bruit qu’on fit autour de sa parution était suffisant pour qu’elle fasse le rapprochement entre Louis Destouches et Céline, même si ce n’était sûrement pas son genre de lecture ? Mystère : la connaissance du nom du dédicataire qui se cache sous *** nous permettrait d’y voir plus clair ! Consulté, J.-P. Louis, éditeur de </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">L’Année Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">2003 où est signalée cette dédicace, nous a dit ne pas l’avoir vue par lui-même.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Enfin, troisième point, et comme nous l’avons déjà dit, la succession d’Alice David, en 1943, ne fait apparaître qu’un seul légataire, son frère, le chanoine Maurice David, ce qui ne prouve rien non plus, car si jamais Alice a eu une fille, celle-ci pouvait n’avoir pas été reconnue, ou n’être pas désignée comme héritière, si son existence devait rester secrète, ou pouvait être décédée avant 1943.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Au bout du compte, nous n’avons pas d’éléments suffisamment explicites pour trancher dans un sens ou dans un autre cette question. Des archives non connues livreront-elles un jour la vérité ? Toujours est-il que nous n’avons pas retrouvé trace ni à Hazebrouck, ni à Lille, de la naissance d’une fille d’Alice, que la mémoire familiale des David n’en a pas gardé le souvenir et que donc, si enfant il y a eu, son existence a été vraiment bien cachée !</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Il n’en reste pas moins que cet épisode hazebrouckois a laissé quelques traces dans la vie et l’œuvre de Céline, parfois peut-être plus explicites d’ailleurs que les traces documentaires : le problème, c’est que ce ne sont souvent que des traces romanesques !</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">5) Traces biographiques et romanesques du passage à Hazebrouck</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">La guerre, ses souffrances et son absurdité, c’est l’origine même de l’œuvre de Céline, de sa vision des hommes et sûrement, pour partie, de ses dérives idéologiques quand il attribua aux Juifs la responsabilité de la deuxième guerre mondiale, thèse qui nous paraît monstrueuse aujourd’hui, mais qui était répandue à l’époque dans certains milieux auxquels, malheureusement, il s’est raccroché.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Il y a plusieurs passages dans ses œuvres qui évoquent le délire qui le saisit s’il se trouve dans une situation qui lui rappelle les combats, comme lorsqu’en convalescence, il se promène avec Lola au Bois de Boulogne et y voit « Un mort derrière chaque arbre » ; dans une fête foraine, il passe devant un stand de tir qui provoque en lui une panique totale : « Sur moi qu’on tire Lola ! que je ne pus m’empêcher de crier »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">90</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Traumatisme psychologique donc ? Oui, certainement. Traumatisme physique ? Encore plus évident : dans le bilan de santé, déjà évoqué, qu’il dresse lui-même en 1946 à l’attention de son avocat danois, Maître Mikkelsen, Céline écrit, en rappelant la commotion dont il a été l’objet en étant projeté contre un arbre par l’explosion d’un obus :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Oreille </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">complètement sourd oreille gauche avec bourdonnements et sifflements </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">ininterrompus </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">(...) Commotion cérébrale et surdité et vertiges depuis cette époque (...)</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Paralysie radiale </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">je fus blessé à la guerre 1914 au bras droit puis opéré, mais il m’est demeuré une paralysie radiale typique (...) Il me demeure une vive douleur du bras par névrome (petite tumeur nerveuse sur la blessure) et une impotence à peu près totale du bras et de la main (...)</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Dentition </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">J’avais eu bien des dents cassées par le choc que j’avais subi en 1914 lors de ma première blessure »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">91</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">C‘est peut-être ce premier choc, ayant causé des dégâts à la mâchoire, qui explique que l’on voit Céline la tête entourée d’un bandeau sur une photo prise au Val-de-Grâce fin 1914,</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">90 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">pp. 57, 58. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">91 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Gibault, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Céline III</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, pp. 130 -133.</span></p></div></div><img alt="page41image2522838784" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/961cf202-2d99-4819-80c3-03909687324d" width="311.040000" /> <img alt="page41image2522839072" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/9d08c009-bf5c-44fa-bbc2-48a37ac1d9ea" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">41</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 42"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">photo reprise en gros plan sur la couverture du premier tome de la biographie de Céline par François Gibault, mais dans les lettres écrites d’Hazebrouck, il n’est question que de la blessure au bras.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Même si, en 1946, dans la situation où il se trouve au Danemark, en prison et menacé d’extradition, il est possible que Céline en « rajoute » un peu, il est indéniable que ces séquelles furent véritables. D’ailleurs, il fut bien déclaré mutilé de guerre à 70 %, et non 75% comme il dira toujours, d’après F. Gibault qui a consulté son dossier de réforme, car il sera réformé le 2 décembre 1915</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">92</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">En ce qui concerne sa blessure proprement dite, il ne l’évoque guère de façon précise dans son œuvre.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, le personnage de Bardamu, blessé par une explosion, s’aperçoit seulement « en fuyant [qu’il] saignai[t] du bras, mais un peu seulement »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">93</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, ce qui est pour le moins allusif. Mais par la suite, le bras blessé devint parfois un élément romanesque, généralement le signe d’une impuissance virile comme dans une scène d’orgie, dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guignol’s Band II</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, où le personnage de Ferdinand s’avère incapable de répondre aux femmes en délire qui se jettent sur lui : « mon bras déjà si souffreteux n’agit plus du tout »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">94</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. De même, l’oreille et la tête vont devenir des éléments romanesques. Les maux de tête ne viendront plus ensuite, dans son œuvre, du choc causé par une explosion, mais d’un morceau de fer qui lui est resté dans la tête et qui provoque ces bourdonnements d’oreilles incessants dont il se plaint, mais qui, étant à l’origine de ses insomnies, seraient du même coup à l’origine de son écriture puisque, comme il ne dort pas, il explique sans se soucier de la vérité :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« J’ai pris une balle dans l’oreille pendant 14-18. On n’a jamais pu me l’enlever. Alors, la nuit, j’écris... »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">95</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Quand ce n’est pas une balle, c’est une plaque de fer due à une légendaire trépanation sur laquelle Céline a brodé, soit en faisant porter à Robinson, le double de Bardamu dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, cette séquelle imaginaire : « c’est là que j’ai été blessé dans les Flandres. C’est là qu’on ma trépané »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">96</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, soit en le faisant croire pour son compte personnel, par exemple à Milton Hindus, universitaire américain qui lui a rendu visite bien plus tard et qui écrit dans son Journal, le 22 juillet 1948 :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« A l’endroit où il a été trépané, il porte une plaque d’acier, qui provoque touts sortes de bruits dans sa tête »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">97</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Dans la mythologie célinienne, la mort s’inscrit à l’intérieur même de l’être, dans sa tête, sous forme d’un morceau d’acier, dont l’oreille et son vestibule sont la porte d’entrée</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">98</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Tout ceci est dit clairement, et en rapport avec Hazebrouck, dans un passage de </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guignol’s Band I </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">:</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Comment qu’à l’hôpital d’Hazebrouck ils étaient prêts à m’amputer tellement ils me trouvaient la jambe toque... et le bras en même temps ! ... C’est dire si j’étais arrangé... ma tête en plus... la méningite... un petit éclat dans l’oreille gauche... que c’était si grave et</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">92 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Gibault, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Céline I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 159 et p. 171. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">93 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 18. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">94 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Guignol’s Band II</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 508.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">95 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Cahiers Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">2, p.182.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">96 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">p. 457</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">97 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">L.F. Céline – Milton Hindus, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Rencontre à Copenhague</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, L’Herne, 2007, p. 27.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">98 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Nous ne pouvons, dans le cadre de cet article, développer tous ces points littéraires et nous nous permettons</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">de renvoyer à notre livre </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Matière et lumière – La mort dans l’œuvre de L.F. Céline</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, Société d’études céliniennes, 2006, en particulier aux chapitres sur la tête et l’oreille, pp. 241 – 252.</span></p></div></div><img alt="page42image2526671552" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/1ca2e94a-a0f7-4d4b-b2b5-0af73287a785" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">42</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 43"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">fiévreux qu’ils se demandaient d’un jour à l’autre... » – sous entendu : si je n’allais pas y passer...</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">99</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Dans ce passage, le héros se dit aussi alité dans la « Salle Saint-Eustache » de l’hôpital. Indication intéressante en ce qu’elle superpose, ce qui est typiquement célinien, des éléments biographiques et des éléments propres à son imaginaire personnel. Nous savons en effet que le collège St Jacques comportait deux dortoirs, au 1</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">er </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">et au 2</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">étage, et que le dortoir du 1</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">er </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">s’appelait « Dortoir de la Vierge »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">100</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Le second avait sans doute un nom du même genre, mais apparemment pas Saint Eustache dont personne ne se souvient ; Céline s’est donc inspiré de la réalité en donnant un nom religieux à son dortoir, tout en choisissant un saint dont le nom fait écho aux troubles de l’oreille par l’association avec la trompe d’Eustache, l’organe qui fait communiquer la bouche et la cavité du tympan</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">101</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">C’est là aussi que Ferdinand, le personnage narrateur, se fait un ami, « Raoul Farcy », neveu du personnage de Cascade, souteneur à Londres, auprès duquel il se rendra ensuite. Ce personnage, avec lequel Ferdinand sympathise, est blessé à la main gauche. Accusé de s’être volontairement mutilé, Raoul est fusillé :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Mort aux vaches ! qu’il leur a gueulé comme ça au moment du feu. C’est tout »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">102</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ce personnage revient encore trois fois dans la suite du roman avec la hantise de la guerre et de la blessure :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« où qu’il peut bien être le 12</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">? c’est les Flandres ça n’en finit plus... où qu’ils peuvent être les camarades ? où qu’ils peuvent être engagés ? Dans quelle bataille encore furieuse ? Ils ont peut-être retrouvé mon bras ? Et Raoul qu’est mort fusillé ? »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">103</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Avec cette différence que, dans le deuxième passage, Raoul devient Roger, le frère de Cascade :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Il était à l’hôpital à Hazebrouck en France – dit-on de Ferdinand – avec Roger le frère à Cascade celui qu’a été fusillé »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">104</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Un peu plus loin enfin, Cascade demande encore à Ferdinand de lui raconter la fin de son neveu (ou frère) :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« T’es sûr !... Tu te trompes pas ? Quand ils sont venus il dormait ? T’es sûr ? C’est comme ça ?</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Voyons... voyons j’étais là !... Je pouvais pas dire mieux... J’étais le lit en face... le 14 !... »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">105</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ceci nous permet presque de situer l’endroit où était alité Céline à l’hôpital auxiliaire d’Hazebrouck. Si le dortoir « Saint Eustache » correspond bien, d’après les photos qui nous restent, à celui du 2</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">étage, maintenant transformé en Centre de Documentation et d’Information du Lycée, il ne reste plus qu’à retrouver l’emplacement du lit 14 qui pourrait bien être le vrai numéro du lit de Céline, même si Raoul Farcy, lui, est un personnage inventé pour les besoins du roman.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Par cette imbrication du réel et de l’imaginaire, l’hôpital auxiliaire d’Hazebrouck se retrouve ainsi réintégré littérairement au centre de toute l’horreur de la guerre, bien loin de</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">99 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Guignol’s Band I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 268.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">100 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Roger Renou, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">L’Institution St Jacques d’Hazebrouck 1893-1933</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, édité par L’Institution St Jacques, 1994, p.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">70.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">101 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Rapprochement suggéré par Eric Mazet ; n’oublions pas que Céline était médecin et maîtrisait donc</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">parfaitement ce vocabulaire médical. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">102 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Guignol’s Band I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 269.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">103 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Guignol’s Band II</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 430.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">104 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Id..</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 634.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">105 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Id., </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">p. 714.</span></p></div></div><img alt="page43image2524878880" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/54c768f8-3e32-4954-89c7-04d81abbb920" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">43</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 44"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">l’héroïsme du jeune Destouches : les soldats n’y sont plus que des « Condamnés à mort différés »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">106 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">:</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Presque tous ceux avec lesquels je suis parti en campagne, sont tués, les rares qui subsistent sont irrémédiablement infirmes, enfin quelques autres comme moi, errent un peu partout à la recherche d’un repos et d’un oubli, que l’on ne retrouve plus » écrit-il dès juillet 1916 à Simone Saintu, et, un mois plus tard, à la même : « Je ne vous cache pas que la guerre me répugne »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">107</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Voilà qui sera sans doute une des lignes de force de la pensée de Céline pour le restant de sa vie.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">A l’inverse, un autre aspect de son passage à Hazebrouck qui a pu peut-être avoir un effet marquant sur lui va dans un sens plus positif : c’est la découverte de la médecine. Nous sommes, là encore, plus dans le domaine des suppositions que dans celui des certitudes, mais d’après un passage de </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guignol’s Band I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, nous avons une première trace de cette initiation à la médecine quand Ferdinand va au London Freeborn Hospital pour rendre visite à la Joconde, une des femmes de Cascade, blessée dans une bagarre avec Angèle, la « légitime » du souteneur. En regardant agir le Dr Clodovitz, il apprend à faire des piqûres et, curieusement, le bras blessé est toujours présent dans cette affaire, comme si la blessure était l’origine de cette vocation :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Au bout d’une quinzaine de jours que je revenais voir la Joconde, on était devenus comme copains, c’est moi qui lui faisais ses piqûres (...) je les ai tout de suite bien réussies les piqûres avec ma patte folle, c’est automatique une patte folle, le malade sent rien... un souffle...</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">C’est comme ça que j’ai débuté, un petit peu ainsi clandestin, au London Freeborn Hospital avec le Dr Clodovitz, dans la carrière professionnelle »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">108</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Certes, nous sommes ici dans l’univers romanesque et prendre ces mots comme une vérité biographique est un peu risqué, mais en même temps Céline développe généralement à partir d’un fait vrai, et donc il n’est pas impossible du tout qu’il ait, effectivement, dès sa période londonienne, en 1915, commencé à tâter de l’art médical, même si nous ignorons exactement dans quelles circonstances, cette période étant d’ailleurs la moins bien connue de la vie de Céline.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Plus assuré est ce qu’il décrit de sa vie en Afrique courant 1916. Le 12 octobre 1916, il s’adresse ainsi à Simone Saintu :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Je cultive comme vous savez le cacao, j’en récolte des tonnes et des tonnes par mois (...) A part cela, je tâche de faire un peu de bien, je suis à la tête d’une pharmacie, je soigne le plus de nègres possible »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">109</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, et nous savons par d’autres lettres de la même époque qu’il se faisait envoyer par ses parents de quoi se constituer une véritable petite infirmerie</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">110</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ensuite, le parcours qui le conduisit à devenir médecin est bien connu : en 1918 son travail de prévention contre la tuberculose, subventionné par la mission Rockefeller, sa rencontre avec le professeur Follet, de Rennes, dont il devient le gendre, son engagement dans les études médicales et l’obtention de son diplôme en 1924.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">L’intérêt pour la médecine s’éveille donc très vite après son passage à Hazebrouck, mais est-ce que ce passage a pu jouer un rôle dans cet éveil ?</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">106 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 35. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">107 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Cahiers Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">4, p. 61 et p. 78. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">108 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Guignol’s Band I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 160.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">109 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Cahiers Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">4, p. 117.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">110 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Id</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">., pp. 126 – 130.</span></p></div></div><img alt="page44image2531740112" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/03349031-2aa2-4ab6-afd8-cc3419d6b14c" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">44</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 45"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">En mars 1959, un jeune universitaire belge, Marc Hanrez (le premier à travailler sur Céline), vint le trouver à Meudon et lui posa une question sur son attitude face à la mort. A cela Céline fit une réponse sur la médecine :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« J’étais très médecin de tempérament ; ma vocation n’était pas littéraire. A votre âge [Hanrez avait alors 25 ans], et plus jeune même, j’avais la vocation médicale (...) qui consiste essentiellement à rendre la vie plus facile et moins douloureuse aux autres. Ma pratique, si vous voulez, c’est une mystique, - la seule que j’aie, - et qui ne m’a pas réussi !... C’est une espèce d’idéal « bonne sœur »,<br />que j’avais puissamment : me donner entièrement à l’adoucissement des maladies »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">111</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Il n’y a aucune raison de ne pas le croire et ce qui fut l’essentiel de sa pratique, la médecine en dispensaire, confirme plutôt ces propos. Dès lors, il faut reconnaître qu’à Hazebrouck, en matière d’ « idéal bonne sœur », il fut servi ! Nous en avons assez dit sur les dames de la Croix-Rouge et leur dévouement, leur souci de rassurer et réconforter, ainsi que sur les soins et le soutien moral qu’il rencontra à « l’ambulance » pour penser qu’il put apprécier là tout ce qu’une médecine de base, simple mais chaleureuse, pouvait apporter à l’homme.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Son père, après l’avoir vu, parlera dans sa lettre à son frère Charles, du 5 novembre 1914, de « l’influence apaisante du lit d’hôpital et des soins dont il entouré »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">112</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. On ne doit donc pas exclure l’hypothèse selon laquelle ce séjour à Hazebrouck aurait pu être un premier petit déclic de sa vocation médicale, même si on n’en a aucune preuve écrite.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">En même temps, les infirmières ne sont pas épargnées dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, mais pour bien interpréter le passage qui va suivre, il faut se souvenir qu’entre 1914 et 1932, date de publication du roman, Céline a considérablement changé dans ses opinions sur l’héroïsme guerrier, ce qui a entraîné aussi chez lui un pessimisme radical quant aux êtres humains. Il y en aura peu de bons désormais dans son œuvre, pour lui les hommes sont plutôt assoiffés de tueries, d’où ses réactions très violentes avant la guerre contre les Juifs qu’il rend responsables de pousser à ces massacres, englobant d’ailleurs dans la notion de « Juif » toute personne qui lui paraît aller dans ce sens, y compris le pape... C’est pourquoi, dans le tableau qu’il dresse ci-dessous des infirmières, il se montre très critique envers le patriotisme qui lui semble sous-tendre leur activité :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Ici à l’hôpital, tout comme dans la nuit des Flandres la mort nous tracassait ; seulement ici, elle nous menaçait de plus loin la mort irrévocable tout comme là-bas, c’est vrai, une fois lancée sur votre tremblante carcasse par les soins de l’Administration.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ici, on ne nous engueulait pas, certes, on nous parlait même avec douceur, on nous parlait tout le temps d’autre chose que la mort, mais notre condamnation figurait toutefois, bien nette au coin de chaque papier qu’on nous demandait de signer, dans chaque précaution qu’on prenait à notre égard (...) On se sentait comptés, guettés, numérotés dans la grande réserve des partants de demain. Alors forcément, tout ce monde civil et sanitaire ambiant avait l’air plus léger que nous, par comparaison. Les infirmières, ces garces, ne le partageaient pas, elles, notre destin, elles pensaient par contraste, qu’à vivre longtemps et plus longtemps encore et à aimer c’était clair, à se promener et à mille et dix mille fois faire et refaire l’amour. (...) A l’abri de chacun de leurs mots et de leur sollicitude, il fallait dès maintenant comprendre : « Tu vas crever gentil militaire... Tu vas crever... C’est la guerre... Chacun sa vie... Chacun son rôle... Chacun sa mort... Nous avons l’air de partager ta détresse... Mais on ne partage la mort de personne... (...) Vous serez vite oubliés petits soldats... Soyez gentils, crevez</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">111 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Cahiers Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">2, p. 118. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">112 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14 – 37 c, p. 121.</span></p></div></div><img alt="page45image2532300144" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/dd532a67-e585-4a7a-893b-2ec3f586b5ae" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">45</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 46"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">bien vite... Et que la guerre finisse et qu’on puisse se marier avec un de vos aimables officiers... Un brun surtout !... Vive la Patrie dont parle toujours papa !... »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">113</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ici, ce qui est dénoncé, c’est le patriotisme présent derrière les soins, ce qui paraît à Céline la plus monstrueuse des hypocrisies : derrière la sollicitude, retaper le soldat pour le renvoyer à l’abattoir ! Ce n’est certainement pas ce qu’il pensait du personnel médical d’Hazebrouck ou d’ailleurs en 1914, mais c’est ce qu’il ressent une quinzaine d’années plus tard quand il écrit son roman.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Nous avons déjà mentionné le personnage de Lola dont la description de la chambre aurait pu être inspirée par celle d’Alice. Celle-ci a sûrement aussi prêté certains de ses traits à ce personnage, notamment en ce qui concerne son goût pour « les choses de l’âme » :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Elle me tracassait avec les choses de l’âme, elle en avait plein la bouche »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">114</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, ce qui ne peut que nous faire penser aux injonctions d’Alice à Céline à bien dire son Ave chaque soir... De plus, Lola veut entretenir chez Bardamu la fibre patriotique. Comme nous l’avons dit, vu son éducation et l’air du temps, Alice était sans aucune doute patriote, mais on remarque aussi que ce thème n’apparaît jamais dans ses lettres. Il est donc probable que dans les lignes qui suivent, Céline a superposé à Alice le souvenir d’autres infirmières ou tout simplement qu’il a laissé parler son imagination :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Pour Lola, la France demeurait une espèce d’entité chevaleresque, aux contours peu définis dans l’espace et le temps, mais en ce moment dangereusement blessée et à cause de cela même très excitante. Moi, quand on me parlait de la France, je pensais irrésistiblement à mes tripes, alors forcément, j’étais beaucoup plus réservé pour ce qui concernait l’enthousiasme. Chacun sa terreur. Cependant, comme elle était complaisante au sexe, je l’écoutais sans jamais la contredire »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">115</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Alice soucieuse des « choses de l’âme » ? Assurément, mais « complaisante au sexe » ? Cela paraît beaucoup moins évident, mais sait-on jamais... Après tout, elle avait bien le droit d’être amoureuse, mais il y sûrement là encore superposition de différents modèles chez Céline.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ce que nous devons remarquer dans ces pages, tant sur les infirmières que sur Lola, c’est une critique de la femme présentée comme excitée par ces appels au meurtre et au sang : « Elles bichent admirable autour des supplices, de l’abattoir, les tripes en l’air, des exécutions atroces, bûchers, bouchers, toutes les atrocités qui hurlent... », ira-t-il jusqu’à écrire dans une version, non publiée, de son roman </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Féerie pour une autre fois</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">116</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. La femme ainsi fantasmée ne représente alors que la partie la plus extrême d’une humanité habitée par le goût du massacre.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">En ce qui concerne Alice, qui n’est certainement pas concernée par ces lignes, elle a quand même pu avoir une influence directement inverse à celle qu’elle souhaitait dans le rapport de Céline aux femmes. Toujours il se méfiera du sentimentalisme qui lui paraît un danger propice à se faire engluer dans des pièges comme la sollicitude patriotique des infirmières de </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. C’est pourquoi, par contraste, il affirmera toujours après la guerre,.que l’amour se réduit à « faire popo », comprenons à une relation sexuelle. A une amie il écrit en 1932 :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">113 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, pp. 87, 88.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">114 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Id., </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">p. 52.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">115 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Ibid.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">116 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Féerie pour une autre fois</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, Version B, p. 712 ; ici encore nous nous permettons de renvoyer à notre livre cité</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">en note 99, en particulier aux pp. 157 – 165.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">46</span></p></div></div><img alt="page46image2530777872" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/de5792e3-8073-4147-ab1d-d7a3fb0130bd" width="144.000000" /></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 47"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Vous m’aimez bien, mais je vous fâche. Je ne parle pas assez d’amour. « Parlez-moi d’amour !... » Je voudrais bien... mais je ne peux pas. Je ne parle jamais, je n’ai jamais parlé de ces choses là. Je parle de popo. Je comprends popo. Je mange popo. Je ne suis bon qu’à popo »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">117</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Dans la réalité, Céline ne fut pas vraiment aussi cynique : on sait combien il a souffert de sa rupture avec Elisabeth Craig, la dédicataire de </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, et quel attachement l’unissait à sa dernière épouse, Lucette. Bien des années après leur divorce, il a même renoué des liens d’amitié avec Edith Follet. Mais cette réaction « popo » fut une façon de se défendre contre le « Grand Amour » sur fond de mysticisme tel que celui que le lui proposait Alice.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ainsi distingue-t-on dans cette aventure hazebrouckoise quelques prémices de structuration de la pensée célinienne.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Voyons pour terminer si l’on peut trouver des traces plus directement biographiques à travers les prénoms des personnages qui s’appellent Angèle ou Alice, les deux femmes d’Hazebrouck principalement concernées, tout en restant très prudent sur les rapprochements entre la réalité et la création romanesque, bien que Céline donne généralement à ses personnages des noms significatifs, comme le général des Entrayes, le lieutenant de Sainte-Engence qui a sabré deux lanciers allemands, Mme Hérote qui fait de sa boutique un lieu de rendez-vous pour militaires en mal d’amour ou le soldat Robinson errant à travers la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">118</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Il y a dans un roman de Céline, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Mort à crédit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, un personnage qui s’appelle Alice : c’est une petite fille d’un milieu populaire, que Bardamu, devenu médecin, visite pour une maladie pulmonaire : « J’ausculte, y a des râles en abondance. Mais enfin c’est pas si fatal... »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">119</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. La maladie pulmonaire fait évidemment le lien entre la petite Alice et Alice David devant prendre un congé de dix mois en raison de cette pathologie, mais évidemment, c’est un lien très ténu, et cela ne nous dit pas si la maladie était diplomatique ou non....</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Autre indication un peu plus assurée, le prénom d’Angèle. Il y a trois personnages d’Angèle dans l’œuvre de Céline. L’une, femme de ménage dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Féerie pour une autre fois</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, est à peine citée : elle est pourtant liée, comme la troisième Angèle, la « légitime » de Cascade, à la notion de catastrophe, ici celle qui s’abat sur le narrateur et ses amis pris sous un bombardement : les personnages s’appellent entre eux pour savoir s’ils sont toujours vivants et parmi eux, il y a « Angèle »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">120</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. La seconde, dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Mort à crédit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, est la fille de Mme Vitruve, une secrétaire qui tape les manuscrits du narrateur. Comme celui-ci l’accuse d’avoir égaré un de ses textes, « Elle fond alors en jérémiades », mais le narrateur nous dit qu’il ne peut pas s’en séparer, car il a fait serment à sa fille Angèle de toujours l’aider :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« C’est sa fille Angèle à Londres qui me l’a fait autrefois jurer de toujours l’aider dans la vie. J’ai tenu ma promesse. C’est le serment d’Angèle. Ça remonte pendant la guerre »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">121</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Il s’agit là sans doute d’une superposition assez troublante de deux faits réels : Angèle et Londres font penser à Angèle David et ses enfants, mais le contexte fait plutôt penser aux deux sœurs Nebout, Henriette (1899-1966) et Suzanne (1891-1922) que Céline épousa à Londres en 1916 et qui mourut prématurément : « Angèle a fini tragiquement »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">122</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, laissant</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">117 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Cahiers Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">5, pp. 73, 74.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">118 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, pp. 22, 30, 31, 72, 73, 41. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">119 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Mort à crédit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 514.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">120 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Féerie pour une autre fois II</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 320, p. 373.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">121 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Mort à crédit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, pp. 516, 517.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">122 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Mort à crédit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 517.</span></p></div></div><img alt="page47image2532713792" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/3f00fdee-07fc-4d92-8b94-e52275ade0e2" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">47</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 48"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">une fille qu’éleva sa sœur Henriette. Tout se mêle : Angèle, Henriette, Suzanne, toutes les trois à Londres, une petite fille, Michelle orpheline de sa mère, et cela se complique encore quand on apprend qu’Angèle avait une sœur : « Sophie la grande nouille, à Londres, établie là- bas »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">123</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Etablie à Londres, c’est plutôt Henriette Nebout ; « la grande nouille », ce serait plutôt Alice David, car les deux sœurs Nebout étaient entraîneuses de bar, ce qui ne prédispose pas tellement à ce qualificatif, tandis qu’il pourrait viser Alice et ses élans mystico- amoureux. Céline a tellement brouillé les pistes, notamment par rapport à Suzanne Nebout, que cela devient difficilement déchiffrable si tant est que l’on puisse se baser sur ces rapprochements entre prénoms et personnages réels. Précisons quand même que la fille de Suzanne, la petite Michelle, née en 1913, n’était pas la fille de Céline : au moins une certitude !</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Complexité supplémentaire, il y a une autre Sophie dans l’œuvre de Céline, dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">exactement, et qui est loin d’être une « grande nouille » ! Infirmière slovaque recrutée par Bardamu pour s’occuper des malades mentaux dans l’asile de « Vigny- sur-Seine », elle est le type même de la femme merveilleuse et désirable :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Elastique ! Nerveuse ! Etonnante au possible ! Elle n’était diminuée cette beauté par aucune de ces fausses ou véritables pudeurs qui gênent tant les conversations trop occidentales. Pour mon compte et pour tout dire, je n’en finissais plus de l’admirer »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">124</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Prénommée Sophie comme la « grande nouille », sœur d’Angèle, et également infirmière comme Alice, elle est l’incarnation de la beauté féerique : à travers ce jeu des prénoms, la femme devient un être double, à la fois de matière et de lumière, c’est un grand classique célinien</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">125 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">! On pourrait, à ce propos, épiloguer sur la nouille, le plat que Céline prétend avoir mangé toute sa jeunesse parce que ça ne laissait pas d’odeur sur les dentelles que vendait sa mère : d’un côté une matière repoussante – la nouille, de l’autre une lumière merveilleuse – la dentelle. Les deux s’opposent, mais se rejoignent aussi, comme ici dans le prénom de Sophie.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Le rapprochement entre personnage réel et personnage romanesque est aussi suggéré par le troisième personnage d’Angèle, la femme de Cascade, le souteneur français établi à Londres, et dont le neveu ou frère, Raoul, était devenu l’ami du narrateur à l’hôpital d’Hazebrouck avant d’être fusillé, même si, à première vue, le rapport entre la respectable Mme Deltour et la compagne d’un proxénète peut paraître saugrenu.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Mais, par cette Angèle, nous retrouvons Hazebrouck, en raison de son lien avec Raoul, éventuellement son beau-frère. Meneuse de toute la troupe de ces dames, elle se caractérise par sa jalousie. Dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guignol’s Band I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, elle se bagarre avec une des prostituées de cette bande, nommée la Joconde, que nous avons déjà croisée, et qu’elle accuse d’avoir des vues sur Cascade. Tout cela finit en bagarre, car c’est « Une furie l’Angèle !»</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">126</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, et elle donne un coup de couteau « en plein cul » de la Joconde car elle dérape au moment de le donner et qu’ « elle plante traviole »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">127</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Or cette bagarre fait justement revenir à l’esprit de Ferdinand des souvenirs de la guerre et des séquelles qu’il en a gardées : « le bras tordu ! Juste encore un peu de lard après (...) L’oreille aussi vachement baisée... »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">128</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">123 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Ibid.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">124 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 472.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">125 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Voir le passage de notre livre cité plus haut en note 118. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">126 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Guignol’s Band I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 143.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">127 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Id.</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 147.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">128 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Id.</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 136.</span></p></div></div><img alt="page48image2534433392" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/f392445f-4201-411b-a24e-7b67923f3738" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">48</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 49"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Nous sommes donc au cœur d’un réseau célinien caractéristique : la bagarre, la guerre</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">129</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, la blessure, la femme agressive et dangereuse et, dès la séquence suivante, à l’inverse, la médecine et ses soins, car c’est Ferdinand qui conduit la Joconde au London Freeborn Hospital, là où il apprendra finalement, en regardant le Dr Clodovitz, à faire des piqûres si légèrement que les patients ne les sentiront pas, grâce à sa « patte folle ». Mais quel rapport avec la sœur d’Alice? Peut-être tout simplement la jalousie: souvenons-nous qu’Angèle Deltour-David ne souhaitait pas que le jeune cuirassier s’approche trop de sa sœur et qu’elle lui avait écrit à ce sujet une lettre « un peu froide ou sèche » que Céline n’a pas conservée</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">130</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Dans ce cas, on la retrouverait en gardienne d’un trésor dont elle interdirait l’accès, thème courant chez Céline où ce rôle est prêté à des femmes-sorcières portant des noms grinçants : Kralik dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Secrets dans l’île </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">ou Karalik dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">La Naissance d’une fée</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">131</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Mais cela va encore plus loin avec Angèle dans une suite seulement esquissée du roman </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guignol’s Band </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">(suite que l’on appelle </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guignol’s Band III</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">), car, après s’être réconciliée avec la Joconde, là voilà jalouse de Virginie, une pure jeune fille de seize ans dont Ferdinand est tombé amoureux et à laquelle il a fait un enfant qui sera une fille, Angeline. Angèle veut que Virginie avorte, puis finalement devient la marraine de la petite Angeline, mais, toujours jalouse, elle veut placer l’enfant en nourrice ; nous citons là un plan rédigé par Céline en abrégé :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« La grande Angèle a la môme en grippe (...) L’accouchement (...) Voilà c’est une fille. Sentiments de paternité. C’est drôle (...) Tout de suite Angèle redevient plus jalouse encore. Elle veut qu’on expédie Angeline en nourrice ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Et ce n’est pas tout : voilà qu’un zeppelin vient jeter des bombes sur le quartier des docks, là où vivent les personnages ; Virginie disparaît dans l’incendie, « la petite Angeline a deux mois. La tante Flossie vient la chercher. Comme j’ai du chagrin. Chagrin et tout »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">132</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Certes, il est très risqué de se hasarder à une lecture autobiographique d’un tel scénario, et pourtant : Angèle demandant à Alice d’avorter, celle-ci refusant (par principes religieux ou par amour ou les deux ensemble ?), Angèle devenue marraine de la petite fille, Hazebrouck bombardée (lettre d’Alice du 12 mars 1916 : « nous avons journellement des « taubes » [avions allemands] et des bombes »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">133</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">) et finalement le bébé emmené par « la tante Flossie », c’est un scénario qui pourrait être vraisemblable quant aux relations d’Alice et de Céline... Et que dire des « Sentiments de paternité » ou du « Chagrin et tout » éprouvés par le personnage quand naît cette fillette et qu’on l’en sépare ? Est-ce imaginaire ? Est-ce que cela n’a pas quand même une résonance de vécu ? Il est vrai que cela pourrait aussi faire écho à sa séparation d’avec Colette, sa fille légitime, après le divorce avec sa mère, mais Céline a toujours revu sa fille et gardé des liens avec elle. Quant à « la tante Flossie », serait-ce une des sœurs religieuses d’Alice qui aurait placé cette enfant dans une Institution catholique ? Il y avait bien sœur Marie-Joseph de l’ordre de St Vincent-de-Paul, qui exerçait dans un orphelinat à Lille, rue de la Barre,.et dont le prénom véritable était Berthe, ce qui fait écho à un personnage de </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Guignol’s Band</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Cette Berthe «travaille » pour un souteneur nommé Picpus qui doit partir à la guerre et qui veut confier sa femme à Cascade pendant ce temps là. Curieusement, Berthe est de Douai,</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">129 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Chez Céline, la bagarre n’est qu’une des formes en réduction de la guerre (voir notre livre, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">op</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">cit., </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">pp. 209 - 221), d’où l’intérêt de le voir nommer « Angèle » la femme de ménage prise sous les bombardements.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">130 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">V. Robert-Chovin, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">op. cit., </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">p. 93.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">131 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Cahiers Céline </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">8, p. 71 et p. 81.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">132 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Guignol’s Band I et II</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, Appendice II, pp. 766, 767, 768. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">133 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">16–ob, p. 146.</span></p></div></div><img alt="page49image2535666672" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/d07f32ea-cb0b-43c6-88eb-b2e1a393366b" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">49</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 50"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">petit rapprochement avec la famille David, par le biais de l’abbé Maurice David qui vécut longtemps dans cette ville. Quant à Picpus, il a un « frangin » qui a la médaille militaire, comme l’eut le maréchal-des-logis Destouches</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">134</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">De plus, par confusion avec une autre prostituée, Mimi, qui a une jambe de bois, Céline, vers la fin du roman l’afflige aussi de ce handicap, et elle devient « Berthe-Jambe-de-Bois »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">135</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Or, il faut savoir que, chez Céline, la jambe de bois, ou la claudication en général, est un signe très négatif, dans la mesure où cela s’oppose au muscle de la danseuse féerique</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">136</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. A ce prénom est donc associé un personnage extrêmement négatif, portant la mort en soi, car elle est « pourrie des moments de partout ».à cause d’ « une vérole comme on en voit peu » : « des chancres jusque dans les oreilles »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">137</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Tout cela serait-il, en termes cryptés, une vengeance contre la sœur d’Alice, la religieuse Berthe David, modèle possible de « la tante Flossie » qui serait venue chercher l’enfant d’Alice ? Entendons-nous bien : Céline n’a pas fait le portrait de la pieuse et charitable Berthe sous les traits de cette prostituée ; il a créé ce personnage pour des raisons romanesques, mais ce qui nous intéresse ici, c’est qu’il l’appelle</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Berthe et la fait naître à Douai, détail qui, du point de vue romanesque, ne s’imposait pas. Cependant les recherches menées par les sœurs archivistes des Filles de la Charité de St Vincent de Paul n’ont pas fait apparaître de petite fille du nom de David accueillie dans l’orphelinat de sœur Marie-Joseph, dans la période de 1915. D’ailleurs, d’après son règlement</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">de 1912, cet établissement n’accueillait les fillettes qu’à partir de 6 ans.<br />Quant à « la tante Flossie », nous apprenons que c’est sûrement la sœur de l’oncle de Virginie, le colonel O’Collogham, qui joue un grand rôle dans le roman et chez laquelle il menace d’envoyer sa nièce Virginie, parce qu’elle est enceinte : « chez la tante Flossie à Leeds et tu ne me reverras plus » dit Virginie à Ferdinand : « Ma tante Flossie est toujours si sévère »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">138</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. A ce nom de Flossie n’est d’ailleurs rien attaché de positif, puisque le seul autre personnage qui porte ce nom chez Céline est une bonne du Meanwell College, où le jeune Ferdinand suit vaguement des études, bonne obèse et malpropre qui « fumait en cachette » au lieu de faire le ménage</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">139</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Malgré la tonalité anglaise de ce prénom qui pourrait également évoquer l’autre sœur religieuse d‘Alice, Mère Marie de la Croix des Ursulines, celle qui vivait à Greenwich dans un milieu où l’on s’occupait aussi d’enfants, il semble qu’on ne puisse faire de rapport entre cette dame et Flossie, car les archives des Ursulines ne signalent, en 1915,</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">qu’un enfant de 5 ans resté près des Sœurs pendant que « son père était à l’armée ».<br />En résumé, il y a des traces romanesques de l’existence de cette petite fille, mais on n’en retrouve pas de trace réelle. A-t-elle vraiment vécu ? Ne relève-t-elle que de l’imaginaire célinien ? Il est probable qu’on ne saura jamais la vérité, à moins que, miraculeusement, des documents inconnus jusqu’à présent ne viennent nous prouver qu’elle a réellement existé. Alice David et ses sœurs ne manquaient pas en effet de relations dans ce milieu catholique leur.permettant de trouver une autre solution que celle de l’accueil chez les religieuses</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">ursulines ou de St Vincent de Paul.<br />Ces hypothèses peuvent donc sembler actuellement sans fondement, mais les œuvres</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">romanesques nous autorisent cependant à les formuler. Finalement, tout reste masqué et</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">134 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Guignol’s Band I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 119.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">135 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Guignol’s Band I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 280.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">136 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Nous nous permettons à nouveau de renvoyer à notre livre, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">op. cit., </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">pp. 189 - 200. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">137 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Guignol’s Band I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 120.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">138 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Guignol’s Band I </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">et </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">II</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, Appendice II, p. 763.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">139 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Mort à crédit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 739.</span></p></div></div><img alt="page50image2534824928" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/850c0048-cd8a-4d92-bdb9-16a0b28676cc" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">50</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 51"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">ambigu dans l’évocation de ces personnages et de cette situation. On pourrait d’ailleurs dire que c’est une des spécialités de Céline, comme de tout romancier qui se respecte...</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Un dernier point vient soulever une ultime interrogation. Alice, bien qu’un peu « grande nouille », n’aurait-elle pas quand même laissé un écho très positif dans l’esprit de Céline, malgré ses élans amoureux un peu trop lyriques ? Nous hasarderons ici pour finir une dernière suggestion.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Comme nous l’avons dit, il y a très peu de personnages présentant une certaine bonté dans les romans de Céline. Ils n’en sont que plus remarquables, et notamment, dans </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, il y en a un qui est mis en lumière, au sens propre, par la lueur d’une bougie quand, la nuit, Bardamu se relève pour le regarder dormir tant cela lui paraît extraordinaire d’avoir rencontré un être bon sur terre</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">140</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Il s’agit du sergent Alcide qui, du fond de l’Afrique, où se trouve alors Bardamu, rempile régulièrement tous les trois ans, dans cette jungle infernale, pour pouvoir envoyer en France un peu d’argent destiné à payer la pension et les soins de sa nièce, petite orpheline victime d’une paralysie de la jambe gauche que l’on soigne à l’électricité :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Est-ce que ça revient, tu crois ?... qu’il s’inquiétait. Je l’assurai que ça se rétablissait très bien, très complètement avec le temps et l’électricité.»</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">141</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">En l’occurrence, Bardamu-Céline sait de quoi il parle puisque son bras paralysé a été soigné à l’électricité à Vanves, où il a été hospitalisé du 22 février au 27 mars 1915, « pour y subir un traitement au courant continu et chocs galvaniques »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">142</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Il en est même question dès l’époque d’Hazebrouck dans une lettre à ses parents où il revient à nouveau sur son obsession de ne pas aller à l’hôpital militaire de Dunkerque, mais, à défaut, à l’hôpital Bégin à Saint- Mandé, où « Ce serait déjà mieux surtout au point de vue traitement électrique »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">143</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. De plus, Alcide, pour s’assurer que sa nièce est le mieux possible, la fait élever « à Bordeaux chez les Sœurs... Mais pas des Sœurs pour les pauvres, tu me comprends hein !... Chez des Sœurs </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">bien </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">»</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">144</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">. Encore une étrange coïncidence, d’autant plus que Céline aussi, à Londres, recevait des mandats... d’Alice :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« 20 décembre 1915 (...)</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Ces jours-ci je n’ai pu mettre à exécution mon projet de t’envoyer un mandat pour ta Noël.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Mais demain ma sœur t’enverra un mandat international au Consulat comme la dernière fois »</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">145</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Mais si le jeune Destouches prend la position de la nièce, c’est alors qu’Alcide représenterait Alice David, la bonté même, cet être exceptionnel ? Indice que conforterait peut-être cette hypothèse : Alcide n’est-il pas l’anagramme d’ « Alice D », la façon dont elle signe deux lettres, le 29 décembre 1914 et le 31 janvier 1915</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">146 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">? Quand on sait que Céline ne confectionne pas au hasard les noms de ses personnages, c’est un peu troublant...</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Pour conclure, nous dirons que le séjour à Hazebrouck, bien que bref, fut le début du mûrissement qui allait ensuite transformer le cuirassier Destouches en écrivain Céline. On</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">140 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 160. </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">141 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Id.</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 159.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">142 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">Gibault, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Céline I</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 166.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">143 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14 – 39, pp. 123, 124.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">144 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 158.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">145 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">15 – lf, p. 144.<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">146 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Lettres</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">14–42g,p131,et15–oc,p.134.</span></p></div></div><img alt="page51image2535304368" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/08de88ad-e72e-4d3a-b2f6-45153a6674b0" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">51</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 52"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">voit, de façon encore évidemment très floue (il n’a que 20 ans, rappelons-le) s’ébaucher de grandes thématiques céliniennes : force de mort – la guerre – contre force de vie - la médecine, avec, au centre de ce réseau, la figure ambivalente de la femme, à la fois piégeuse quand elle entraine vers la sentimentalité pesante contre laquelle il réagira avec force, et féerique si on l’habille d’un corps magnifié et qu’elle donne la vie, d’autant plus que Céline sera toujours, en tant que médecin, très sensible au problème de l’accouchement. C’est sur Semmelweis, gynécologue hongrois (1818-1865), qu’il soutiendra sa thèse de médecine en 1924. Certes, si ces recherches nous ont permis d’éclairer le passage, très peu connu jusqu’à présent, de Céline à Hazebrouck en novembre 1914, ainsi que les personnes qu’il y a côtoyées et auxquelles se réfèrent les lettres d’Alice, elles ne nous ont pas permis de résoudre l’énigme de la fille qui aurait été le fruit de ses amours. Elles nous ont cependant amené à beaucoup mieux connaître Alice David</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">147</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">, qu’il ne faudrait surtout pas réduire à une vieille fille éplorée, mais à laquelle il convient de restituer toute la densité de sa personnalité : une femme très bien instruite, avec une formation professionnelle, dévouée aux autres, énergique dans son rôle d’Infirmière-Major, courageuse pendant la guerre, peut-être un peu fière et autoritaire, mais aussi, pourquoi pas, amoureuse, ce qui est bien légitime. Elle a aimé Céline d’un amour qui n’avait aucun avenir et lui aussi, sans aucun doute, a éprouvé pour elle, sinon de l’amour, au moins de l’affection : indéniablement, elle a représenté quelque chose pour lui à cette époque, une sorte de « grande sœur » peut-être, comme elle le disait elle-même.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">De plus, cette étude sur un point très précis, et très limité dans le temps de la vie de Céline, nous permet de voir à l’œuvre le travail d’élaboration auquel il se livre pour transformer sa vie en roman : en témoignent les nombreux points qui, dans les romans, laissent penser à l’existence réelle d’un enfant né de Céline et d’Alice, alors même qu’historiquement, rien ne permet d’en retrouver la trace. La vérité romanesque serait-elle plus vraie que la vérité biographique telle qu’on peut en avoir connaissance actuellement ? Voilà qui invite en tout cas à revisiter la biographie de Céline et ses rapports avec la transposition qu’il en fait dans son œuvre.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Finalement, il y a au moins une chose dont nous pouvons être assurés, c’est que cette période flamande de la vie de Céline, tant à la guerre qu’à l’hôpital auxiliaire n° 6 d’Hazebrouck, est parfaitement résumée par les mots que se dit Bardamu après avoir vu son colonel se faire éclater par un obus</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">148 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">:</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">« Jamais je n’avais compris tant de choses à la fois ».</span></p></div></div><img alt="page52image2536205056" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/355ba474-147e-418a-9c18-a19d12b58886" width="144.000000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">147 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">La seule mention s’en trouvait jusqu’à présent dans Gibault, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Céline I, </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">p. 153, sous la forme d’un paragraphe de neuf lignes où Alice était nommée « Alice D... ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 6pt; vertical-align: 4pt;">148 </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt; font-style: italic;">Voyage au bout de la nuit</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 10pt;">, p. 19.</span></p></div></div><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">52</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 53"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">REMERCIEMENTS</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Un tel article portant sur des personnes « ordinaires » dans le sens où elles n’ont pas joué de rôle historique, mis à part Céline lui-même et, pour Hazebrouck, l’abbé Lemire, et donc où elles n’ont pas laissé particulièrement d’archives, n’aurait pu être écrit sans l’aide de nombreuses personnes : parents de la famille David ou des différentes familles citées ici, archivistes, amateurs de la vie d’Hazebrouck et de son histoire, spécialistes de Céline, ou autres. Je remercie donc vivement de leur aimable concours :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Laurence Béghin, le Centre des archives du personnel militaire de Pau, Françoise David- Thomas, Ludovic Degroote, M. Freitag, Sœur Fromaget et Sœur Annie, archivistes de la Compagnie des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul, Paul Houzet, l’abbé Pierre Houzet, Sœur Marie Andrée Jégou, archiviste des Ursulines, Gilbert Louchart, Jean-Sébastien Macke, Eric Mazet, Jean Pierens, Gaël Richard, Véronique Robert-Chovin, Jean-Michel Saus, Jacques Sénellart, Catherine Thuault, petite nièce d’Alice, qui nous a ouvert ses archives familiales et aimablement reçu dans son domicile de l’île de Ré, Maître Vandenbroucke, Valérie Vandeplancke, Jessica Vandevoorde, Michel Vangheluwe, M. et Mme Vanhems-Cauwel, et, pour finir, tout particulièrement, Jean-Pascal Vanhove.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Merci également à François-Xavier Lavenne pour sa relecture.</span></p></div></div><img alt="page53image2536617520" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/9412cf8e-4de9-41aa-a1b2-8263e5062d35" width="85.440000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">53</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 54"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Annexe</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Généalogie de la famille David</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Les David sont issus d’une famille paysanne du village de Wemaers-Cappel, sur les pentes occidentales du Mont Cassel. Leurs ancêtres y vivaient déjà dans les années 1400, écrit dans un document Stéphane David, petit-fils d’Auguste.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Les sigles : ° = naissance, X = mariage, + = décès. 1</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">ère </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">génération<br />Jean David et.Marie Legrand<br />Vivent au 17</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.siècle à Wemaers-Cappel</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">2</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">génération<br />Charles David (°1686 à Wemaers-Cappel)<br />X avant 1708, Marie Coloos, peut-être originaire de Rubrouck</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">3</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">génération<br />Charles, François David (°1718 à Wemaers-Cappel) X Marie, Cécile Van Damme (°1722 à Morbecque) Probablement cultivateurs propriétaires terriens. 4</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">génération<br />Jean Baptiste David (Wemaers-Cappel 1756-1831) Praticien (clerc de notaire)</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Epouse Jeanne Thérèse Busschaert (Wemaers-Cappel 1768-1805)</span></p></div></div><img alt="page54image2527027248" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/72f2174e-1b25-4fd8-bc8b-d3e6c5c42e72" width="36.480000" /> <img alt="page54image2527027536" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/629ed87d-6029-4bc8-a4e2-193f3dfdd1bb" width="147.360000" /> <img alt="page54image2527027824" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/487c6e92-b0a3-44e3-b00d-42b2432f20fd" width="72.960000" /> <img alt="page54image2527028112" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/4994bb3d-ed67-4a61-a184-4191138d241f" width="66.240000" /> <img alt="page54image2527028464" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/b9a6a0d8-73e2-48fc-a9a2-25c09706cc98" width="66.240000" /> <img alt="page54image2527028816" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/2eafb556-ed5d-455d-8f32-4ea03f0d98c1" width="66.240000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">54</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 55"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">5</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">génération<br />Ausône Anthime Amé David<br />° 29 Thermidor an VIII = 18/8/1800 à Wemaers-Cappel</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Marchand, propriétaire et chef de bataillon de la garde nationale<br />+21/7/1856 à Caestre<br />Epouse le 22/2/1828, à Caestre, Adélaïde Rosalie Debaecker<br />° 14 Pluviôse an X = 3/2/1802 à.Caestre<br />[Fille de Pierre Josse Debaecker (+ 16/2/1827)<br />Maire de Caestre<br />et de Jeanne Bécuwe (+ 24/10/1825)]<br />+ 21/8/1853 à.Caestre<br />A son mariage, Ausône David dit ne pas avoir connaissance du lieu de décès de ses aïeux et</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">aïeules.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">6</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">génération<br />Auguste Charles Amé David °21/11/1832 à Caestre<br />Clerc de notaire, puis imprimeur et directeur de</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">L‘ Indicateur des Flandres</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">+ 6/6/1913 à Hazebrouck<br />Epouse le 9 Mai 1860 à Eecke<br />Mathilde Wyckaert<br />°30 /1/1838 à Flêtre<br />[Fille de Pierre Michel Wyckaert et Marie Claire Baert]<br />+23/12/1913 à Hazebrouck<br />9 enfants<br />A son mariage, Auguste dit ne pas avoir connaissance du lieu de décès de ses aïeux et</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">aïeules.</span></p></div></div><img alt="page55image2537570912" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/08ccf188-5be1-4060-aeff-ab89008cef15" width="66.240000" /> <img alt="page55image2537571200" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/3d2d6e91-8e27-46ab-92b5-dc635266dee4" width="66.240000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">55</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 56"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">7</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">génération<br />1) Gabrielle Clotilde Marie David ° 8 /2 /1861 à Caestre Célibataire – Sans profession<br />+ 25/1/1927 à Lille</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">2) Rachel Mélanie Eugénie David °11/9/1862 à Caestre<br />En religion : Mère Marie de la Croix des Ursulines + 28/2/1941 à Gravelines</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">3) Georges Raoult André Eloi David<br />° 30/11/1864 à Caestre<br />Brasseur et armateur à Gravelines<br />+ 5/11/1945 à Lens<br />Epouse le 6/10/1897, à Hazebrouck, Marguerite Smagghe ° 11/01/1875 à Hazebrouck - + 19/11/1945 à Lens<br />7 enfants</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">4) Berthe Valérie Georgina David<br />° 29/9/1866 à Caestre<br />En religion : Sœur Marie Joseph des Filles de la Charité de St Vincent de Paul<br />+ 9/1/1924 à Lille</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">5) Anaïs Zoé Flore David<br />° 13/12/1867 à Caestre +10/11/1943 à Lambersart.</span></p></div></div><img alt="page56image2537734064" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/73211bba-01aa-4201-9b02-7c779fc9e434" width="66.240000" /> <img alt="page56image2537734352" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/113af05f-2f19-4675-b688-284f3659881c" width="43.920000" /> <img alt="page56image2537734640" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/fbf27bd9-4c22-4b38-85d9-bd9e72201a9b" width="32.400000" /> <img alt="page56image2537734928" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/98a20522-6804-4426-9d55-e09371be1551" width="40.320000" /> <img alt="page56image2537735280" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/ac6600f7-e04b-4eb6-a794-a6180e898a28" width="39.360000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">56</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 57"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Epouse le 20/4/1898, à Hazebrouck, Henry Renard Comines 28/11/1870 - Lambersart 5/2/1944<br />Ont vécu à Comines, puis à Lambersart, 234 avenue Derville Imprimeur lithographe, puis bonnetier<br />3 enfants</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">6) Juliette Angèle Adrienne Marie David<br />° 12/4/1869 à Hazebrouck<br />+13/12/1956 à Lille<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">A connu Louis Destouches en 1914<br />Au moins une lettre échangée<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Epouse le 15/07/1903, à Hazebrouck, Augustin Frédéric Deltour</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">° 10/4/1873 à Mouscron (Belgique) - + 20/12/1958 à Lille Marbrier funéraire<br />2 enfants</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">7) Georgina Suzanne Marthe David °4/11/1870 à Hazebrouck<br />En religion : Dame Marthe Marie de la Sainte Union des Sacrés Cœurs de Jésus et Marie<br />+ 3/3/1933 à Froyennes (Belgique)</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">8) Alice Marguerite Marie David °3/6/1874 à Hazebrouck Célibataire – Infirmière-Major </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">A.connu Louis Destouches en 1914 Echange de corespondance<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">+ 24/10/1943 à Lille</span></p></div></div><img alt="page57image2537882160" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/9d6ef4c1-6487-4582-a585-624a143134f9" width="36.240000" /> <img alt="page57image2537882448" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/e48dfeff-7268-4376-813e-b9dc3b0f4be4" width="36.480000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">57</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 58"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">9) Maurice Augustin David</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">° 30/8/1875 à Hazebrouck Professeur, prêtre et chanoine + 9/1/1948 à Lille</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">8</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">génération (neveux et nièces d’Alice)</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">1) De Georges David et Marguerite Smagghe :</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Jean-Marie David (°31/7/1898 à Gravelines – +26/12/1955 à La Rochelle), épouse Solange Delcourt en 1927 ; courtier maritime à Gravelines, puis à La Rochelle-La Pallice à partir de 1937.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Ghislaine David (°1901, à Gravelines - +16/2/1956 à Lens), épouse, en 1927, Emile Parisse (°Lens,21/2/1896-id.,8/5/1974), briquetier. Installés à Lens.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Françoise David (°1903 à Gravelines - +1991 à Arnèke) - Gérard David (°1905 - +1907 à Gravelines)</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Eliane David (°1907, à Gravelines - + après 1997) épouse, en 1931, Alfred Parisse (°Sallaumines, 6/4/1900 – Lens ? 1980), briquetier. Installés à Lens.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Stéphane David (°1911 à Gravelines – +2005 à La Madeleine), administrateur colonial, épouse Janine Giudici en 1944.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Emmanuel David (°1913, à Gravelines – +avant 1997), épouse, en 1948,.Monique Robert (+ ? à Valenciennes).</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">2) D’Anaïs David et Henry Renard :</span></p><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Geneviève Renard (Comines, 24/6/1899 - ? 1986), épouse en 1922 Alfred Damide (5/1/1892–5/9/1966), ingénieur, domicilié à La Madeleine : sans postérité.</span></p><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Paulette (1901-1994), religieuse missionnaire au Cameroun : Dame Anne-Henriette de la Sainte-Union des Sacrés Cœurs.</span></p><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Marie-Henriette (°28/11/1904), infirmière, célibataire.<br />3) D’Angèle David et Augustin Deltour:</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Marie Josèphe, dite «Mijo » (Lille, 10/2/1905 –. Lille, 18/4/1998) </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">58</span></p></div></div><img alt="page58image2536864256" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/17a47efb-1ef0-448a-9d5f-efb7316aa59c" width="40.320000" /> <img alt="page58image2536864544" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/9f215905-d844-4977-9d9e-e94a8eb596de" width="192.960000" /> <img alt="page58image2536864832" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/96e27ef3-ef32-45cc-829d-ba6870cfb930" width="204.240000" /> <img alt="page58image2536865120" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/19a28678-7b6f-4ed5-8a06-627c578512e1" width="149.520000" /> <img alt="page58image2536865472" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/0ec14250-b743-4cc0-9374-5616fce7cbda" width="172.320000" /></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 59"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Infirmière, célibataire.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Enfant, a connu Louis Destouches</span></p><ul style="list-style-type: none;"><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Maurice (Lille, 30/10/1906 –Toulon, 6/7/1926)<br /></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Enfant, a connu Louis Destouches</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">9</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">génération (petits neveux et petites nièces d’Alice) 1) De Jean-Marie David et Solange Delcourt :</span></p></li><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Catherine (°1933), filleule d’Alice David, épouse Michel Thuault (°1932), notaire à St</span></p></li></ul><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Martin en Ré.</span></p><ul style="list-style-type: none;"><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Alice (°1939), filleule du chanoine Maurice David, épouse Michel des Accords (°1929). 2) De Ghislaine David et Emile Parisse :</span></p></li><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Chantal Parisse (°Lens, 18/09/1928), veuve de Jacques Thuault.</span></p></li><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Bénédicte Parisse (°Lens, 06/07/1930 - + 05/07/2005), épouse.Jean Pierens, agent</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">d’assurances à Lille.</span></p></li></ul><ul style="list-style-type: none;"><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Sylviane Parisse (°Lens, 19/11/1931), épouse Maurice Vandenberghe.</span></p></li><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Muriel Parisse (°Lens, 09/08/1936), épouse.Francis Chardon.</span></p></li><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Didier Parisse (°Lens, 09/03/1940).</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">3) D’Eliane David et Alfred Parisse :</span></p></li><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Gildas Parisse (°1935), Frère Gildas de l’Abbaye en Tournay.</span></p></li><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Blandine Parisse, veuve de Joseph Baville.</span></p></li><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Véronique Parisse, épouse de Patrick Belgrand.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">4) De Stéphane David et Janine Giudici :</span></p></li><li><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Marie-Gaëlle (°1944), épouse Stéphane Scrive (domiciliés à Ajaccio).</span></p></li><li><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Cyrille (5/7/1948-26/12/1989).</span></p></li></ul></div></div><img alt="page59image2538097744" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/38abd05b-7d1d-4fa7-b0ef-c93bd77b0902" width="259.680000" /> <img alt="page59image2538098032" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/8eb900ab-49cf-4cc1-be19-5396f068ba7b" width="217.440000" /> <img alt="page59image2538098320" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/1690d379-b8ff-43b0-a964-981a88ca4267" width="189.120000" /><img alt="page59image2538098608" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/59296900-76e3-4a80-a746-4df353e8d5f3" width="170.400000" /> <img alt="page59image2538098960" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/4ef1e923-50a9-4bef-be23-0b421f688bf2" width="193.440000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">59</span></p></div></div></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 60"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">5) D’Emmanuel David et Monique Robert Mirocline (dite Marie), Richard, Nicolas, Gérôme, Guillaume, Géry, Gabriel.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">10</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">génération<br />1) De Catherine David et Michel Thuault :</span></p><ul style="list-style-type: none;"><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Christine (°1960), épouse Christian Mac Cormick (°1961).</span></p></li><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Jean-Marie Thuault (°1963), épouse Sandrine Dellenback.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">2) D’Alice David et Michel des Accords :</span></p></li><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Jacques (°1969), célibataire.</span></p></li><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Anne (°1971), divorcée de X.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">11</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 8pt; vertical-align: 4pt;">e </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">génération<br />1) De Christine Thuault et Christian Mac Cormick :</span></p></li><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Maëla (°1987)</span></p></li><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Brice (°1990)</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">2) De Jean-Marie Thuault et Sandrine Dellenback :</span></p></li><li><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Alexane (°1993)</span></p></li></ul></div></div><img alt="page60image2538228672" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/9242bedf-ab22-4355-b576-4b5c07cbd27f" width="201.120000" /> <img alt="page60image2538228960" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/85a32901-3877-47a4-ad66-0c42883b793d" width="72.000000" /> <img alt="page60image2538229248" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/7b9bb8d4-5cdd-4589-abb3-14fc34d6e385" width="188.640000" /> <img alt="page60image2538229536" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/c51821b0-0379-4a65-9d8a-ab084bba1fa3" width="179.520000" /> <img alt="page60image2538229888" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/ed335769-3ad3-4a98-8016-dde395047e57" width="72.000000" /><img alt="page60image2538230176" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/6371c627-5722-4895-a048-fe7c3862e343" width="236.880000" /> <img alt="page60image2538230464" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/0244535a-f4ec-4e70-aff5-deb40f0bb05b" width="237.840000" /><div class="layoutArea"><div class="column"><ul style="list-style-type: none;"><li><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Emilien (°1995),</span></p></li><li><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">- Anaëlle (°1998)</span></p></li><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Armand</span></p></li><li><p><span style="font-family: ComicSansMS; font-size: 12pt;">- </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Aurélien</span></p></li></ul></div><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">3)</span></p></div><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">D’Anne des Accords et X</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Branche d’Alidor David </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">60</span></p></div></div><img alt="page60image2538245952" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/0fef41d1-84aa-4288-9392-40b7b637b7e9" width="118.560000" /> <img alt="page60image2538246240" height="0.720000" src="blob:https://www.blogger.com/29116e32-f655-488e-b8de-a3c1424ef845" width="111.840000" /></div><div class="page" style="caret-color: rgb(0, 0, 0); color: black; white-space: normal;" title="Page 61"><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Auguste David eut deux frères : Jules César Florimond, né en 1836 à Caestre, et Alidor Charles Hector (Caestre, 1838 - ? 1902). Ce dernier occupera à Béthune une position analogue à celle de son frère à Hazebrouck, étant à la fois imprimeur, propriétaire et directeur du </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt; font-style: italic;">Journal de Béthune</span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">En 1876, il épouse Mathilde Triquet (1843-1924). De ce mariage naîtront deux fils : Alphonse David (1878-1940) et Henri David (1880-1966). Alphonse sera docteur en médecine, tandis qu’Henri poursuivra la tradition familiale du journalisme. Henri aura dix enfants.</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Alphonse David épousera, en 1903, Adrienne Piedanna (1879-1963), mariage dont naîtra Paul David (1904-1973) qui sera médecin, comme son père, et épousera, en 1929, Marie-Louise Danel (née en 1908 et décédée à Vieux-Berquin le 6 février 2012), professeur d’histoire de l’art à la Faculté catholique de Lille et qui fut la collègue de son petit cousin par alliance, le chanoine Maurice David. Docteur ès-lettres, elle fit une thèse sur «L’iconographie de St Cosme et St Damien ».</span></p><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Paul David et Marie-Louise Danel auront pour fils unique Marc David (1930-2006), architecte, qui épousera Françoise Thomas, à qui je dois d’avoir pu évoquer la généalogie de cette branche familiale.</span></p><p><span style="font-family: SymbolMT; font-size: 12pt;">© </span><span style="font-family: Calibri; font-size: 12pt;">Pierre-Marie Miroux 2022.</span></p></div></div><div class="layoutArea"><div class="column"><p><span style="font-family: Calibri; font-size: 11pt;">61</span></p></div></div></div></span></div></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-3033567450964755672022-04-18T02:16:00.000-07:002022-04-18T02:16:11.529-07:00Céline est-il encore maudit ? par Jean Cau<div><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b><i>Céline est-il encore maudit ?</i> par Jean Cau </b></span></div><div><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b><br />Van Bagaden, Céliniana n°7, printemps 1988 </b></span></div><div><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b>(reprise d’un article paru dans <i>Paris-Match </i>en 1985)</b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br />De nouveau, voici que le Landerneau littéraire parisien est pris d’une crise de célinite aiguë. Ça lui arrive, de temps en temps, puis il se calme. Il digère et son estomac broie et brasse, il évacue, s’endort après si rude repas, se réveille quelques années plus tard, repique une crise boulimique et s’attable une nouvelle fois. On n’en finit pas de consommer le bœuf célinien en savourant, avec des airs parfois coupables de gourmet pris en faute, d’énormes quartiers plantés en broche et arrosés, depuis des décennies, du jus de la louange recueilli dans de vastes bols. Aux chiens, sous la table, on jette les os et les bas morceaux, c’est-à-dire qui recouvrait l’animal lorsqu’il était vivant. Une épilepsie. Une tunique de Nessus en laquelle il cramait tout en poussant des cris horribles, vissé sur son trépied, au centre d’un cercle de malédictions. Oui mais voici: en même temps qu’on lapidait l’auteur de «Bagatelles», on atteignait celui du «Voyage». Cruel dilemme. Surtout en France où le qualificatif de «<i>poète maudit</i>» (plus généralement d’«<i>artiste maudit</i>») est depuis longtemps érigé en véritable statut depuis que la bourgeoisie du XIXe condamna Flaubert, censura Baudelaire, exila Rimbaud en Ethiopie, fouetta de sa badine les toiles des Impressionnistes, injuria Zola, obligea le jeune Proust à se publier d’abord à compte d’auteur, etc, etc. Il y a du complexe dans l’air. Et «<i>faut-il brûler Sade?</i>» se demandait-on encore naguère. Mais non, bien sûr, il n’en est pas, il n’en est plus question. </span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhU-kPEHXs-e-chSU8jHgKbLClVq_yLH0owtcpnLV8kTyxo8q-tHoiqtlFT4u7NqN2TeAxTFhw5IX42pHwBStFJOkuXjjiQvVHeSrHWY9wZcu52rRXp5C5ahDVdSc9l9QRu-Lp_Ty94qA50suzJkCbJlk1ZHYLR28dsPnZOCwDSsVkC2ZFHO6m6kSr9w/s891/Ce%CC%81line%20est-il%20encore%20maudit%20Jean%20Cau%20Celiniana%20Couv.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="891" data-original-width="595" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhU-kPEHXs-e-chSU8jHgKbLClVq_yLH0owtcpnLV8kTyxo8q-tHoiqtlFT4u7NqN2TeAxTFhw5IX42pHwBStFJOkuXjjiQvVHeSrHWY9wZcu52rRXp5C5ahDVdSc9l9QRu-Lp_Ty94qA50suzJkCbJlk1ZHYLR28dsPnZOCwDSsVkC2ZFHO6m6kSr9w/w268-h400/Ce%CC%81line%20est-il%20encore%20maudit%20Jean%20Cau%20Celiniana%20Couv.jpg" width="268" /></a></div><b style="font-family: verdana;"><i><div><b style="font-family: verdana;"><i><br /></i></b></div>« Céline, lui, faisait - comme dit le jargon - problème.»</i></b></div><div><span style="font-family: verdana;">Sauf que, avec Céline, notre bourgeoisie de culture et notre intelligentsia (de gauche et c’est un pléonasme) se retrouvaient devant un sacré morceau. On a beau posséder un estomac d’autruche capable de dissoudre, à l’aide de puissants sucs digestifs, Sade, Rimbaud, Baudelaire, Miller, et plus récemment Bataille et les grands farceurs du surréalisme, on a beau, par derrière, lancer sur Sartre le filet d’un prix Nobel sous lequel il se débat en vain et afficher l’œuvre théâtrale de Genet dans nos théâtres nationaux, on a beau arriver, finalement, à tout récupérer, il n’en reste pas moins que Céline, lui, faisait - comme dit le jargon - problème.<br />Pourtant, il était là, Ferdinand, juché sur un tas de marbre et de boue. Vociférant «Bagatelles» ou «L’École des cadavres» mais aussi chantant sur une étrange lyre le «Voyage» ou «Mort à crédit». Quoi qu’il en soit - et toujours comme dit le jargon - incontournable.<br />Quelques-uns, comme Sartre après la guerre et B.-H. Lévy aujourd’hui, adoptèrent une attitude à mon avis absolument claire et prononcèrent un «<i>non possumus</i>» catégorique mais d’une belle logique. Céline ayant commis le forfait absolu, il était hors de question de le recevoir dans la famille littéraire, même si certains de ses actes précédents ne relevaient pas des hautes cours de la morale mais d’autres jurys distribuant la gloire. Céline incontournable? Eh bien! ne contournons pas et tournons simplement le dos. Jamais, en tout cas, il n’entrera dans nos panthéons car il y apporterait, même avec le «Voyage» sous le bras, une odeur pestilentielle.<br />Ça, c’est logique. À la passion antisémite de Céline que la raison ne comprend pas, M. Lévy, pour ne citer que lui, oppose une autre passion que la raison peut comprendre mais qu’une troisième passion, celle de la littérature, a empêché d’autres esprits d’adopter de manière aussi abrupte.</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfHhAlgn3gpB4j-HuiMomZczmoKaa_oU9B4F9pZgCIQKKVxkWTgpstxD0e0v_NzedxaiT-H-H5QPR7wQX2bp5ZjOZuInHQzRwbL60HNfVPGE0LPYF0CvGA_PE06Fqi9bwQjyGkTo_YRmU5NM-ebxTzxqoEBAWnESLXOt5x5LzP7SCve-X3i4Pa6qafbg/s1611/Jean%20Cau%20et%20Louis-Ferdinand%20ce%CC%81line.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="904" data-original-width="1611" height="360" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfHhAlgn3gpB4j-HuiMomZczmoKaa_oU9B4F9pZgCIQKKVxkWTgpstxD0e0v_NzedxaiT-H-H5QPR7wQX2bp5ZjOZuInHQzRwbL60HNfVPGE0LPYF0CvGA_PE06Fqi9bwQjyGkTo_YRmU5NM-ebxTzxqoEBAWnESLXOt5x5LzP7SCve-X3i4Pa6qafbg/w640-h360/Jean%20Cau%20et%20Louis-Ferdinand%20ce%CC%81line.jpg" width="640" /></a></div><b><i><span style="font-family: verdana;"><div><b><i><span style="font-family: verdana;"><br /></span></i></b></div>«</span><span style="font-family: verdana;">le don prodigieux de Ferdinand pour la vocifération»</span></i></b></div><div><span style="font-family: verdana;">Que faire de Céline? C’était simple comme l’œuf de Colomb et la recette avait déjà été éprouvée vis-à-vis d’autres «<i>maudits</i>» non moins coriaces que Ferdinand: il suffisait de le «<i>récupérer</i>». Lorsque Claudel récupère un Rimbaud et le ramène dans le giron de Dieu, lorsque toute une école contemporaine de gauche récupère Nietzsche (et, après tout, lorsque le peuple parigot auquel pourtant on n’en conte pas, récupère, en 1985, le gag qui consiste à emballer un pont… ), récupérer Céline ne devrait pas être tâche impossible et, si l’opération aboutissait, la littérature et la malédiction, savamment mariées, analysées, disséquées, adaptées, sociologiquement comprise, historiquement «replacées», psychanalytiquement et chimiquement forées, y trouveraient si bien leur compte qu’on intégrerait Céline en même temps qu’on s’en débarrasserait. Au travail. On s’y mit. Biographies, essais, sommes, Pléiade, albums, numéros spéciaux, Apostrophes, etc ... L’avalanche. Le déluge. Evacué (toujours le jargon ... ) l’antisémitisme de l’auteur de «Bagatelles» ? Point du tout. <br />Affronté, désossé, ausculté, percé à jour, mis à plat, non pas contemplé dans son dire mais réenfoui dans le personnage lui-même et diagnostiqué non plus comme motivation mais comme un affreux cancer qui le dévorait. A partir de là - encore un coup de pouce - Ferdinand se retrouve à peu près irresponsable d’un antisémitisme qu’il aurait attrapé comme un Sida sans même copuler avec la moindre raison. Comme ça. Par hasard. Ce n’est pas de sa faute. Ça flottait dans l’air. Epargnons-nous analyses et réflexions plus subtiles. Marchons sur des œufs. Détruisons toutes passerelles entre l’univers du «Voyage» et celui de «Bagatelles» ou plutôt refusons de voir qu’il en existe au moins une: le don prodigieux de Ferdinand pour la vocifération qu’il lui suffisait d’appliquer à ce qu’il avait, à portée de main, d’immédiatement «vociférante» : le juif. Impossible, je crois, malgré les efforts de notre critique contemporaine, de «contourner» cela. A la limite, et c’est à prendre ou à laisser, les écrits antisémites de Céline sont des «voyages»... et le «Voyage» est une œuvre antisémite. (Bien entendu, comme expliquer ce paradoxe apparent me demanderait trop de temps, j’y renonce et laisse à de savants confrères le soin de le creuser... Quoi qu’il en soit, en 1985, la récupération du monstrueux animal est accomplie. Il disait: «<i>Beaucoup de patience et encore plus de vaseline éléphant encugule fourmi.</i>» Je dirai: «<i>Beaucoup de déodorants, de crèmes épilatoires et de body-building correctif et voici Louis-Ferdinand juché sur le podium de toute son œuvre et sacré plus bel athlète de notre littérature.</i>»<br />Récupéré. Ouf! Ça n’a pas été facile et quelques maniaques ont beau continuer de siffler, dans la salle, on ne les écoute pas. On les prie de se taire. «<i>Imbéciles, vous voulez donc qu’il soit maudit? Vous rendez-vous compte que son antisémitisme le serait, du coup, également? Et, avec cette auréole, vous imaginez les dégâts que ferait, en douce, le bonhomme ?</i>»</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b><i>«l’antisémitisme, pour vous exclure, ne manque pas d’efficacité»</i></b></span><span style="font-family: verdana;"><b><i><br /></i></b>Je voudrais, pour terminer cette gambade autour de la récupération célinienne, déclarer ceci dont il me semble qu’on ne s’avise guère. Céline, profondément, jusqu’à la mœlle, fut - contrairement aux apparences - le hurleur nostalgique d’un rêve : il ’aurait voulu être un homme de lettres ! Etre reconnu, certes, comme un génie ne lui suffisait pas et ne le comblait pas. Il rêvait d’être «un vrai écrivain», n’était pas assuré d’en être un, breveté, galonné, décoré (comme le hussard qu’il avait été) et en souffrait jusqu’à la névrose. Lisez sa correspondance, ses interviews, les lettres échevelées expédiées à Gaston (Gallimard) où il vomit le sarcasme sur ses distingués confrères de la N.r.f, où il parle jusqu’à radoter de la «<i>petite musique</i>» qu’il avait, lui, inventée, où il répète dix et cent fois que son style est délibéré, calculé, agencé par le «<i>pro</i>» scrupuleux qu’il se flatte d’être et qu’on ne soupçonne pas. Il y a presque du pathétique dans ce désir d’appartenir à la race écrivaine et dans cette peur de n’en être point qu’il traduit en injures, comme s’il voulait aller au devant de l’exclusion avant qu’elle ne soit prononcée.<br />Et comme l’antisémitisme, pour vous exclure, ne manque pas d’efficacité, Céline y plonge tête la première, ravi, en soulevant ses gerbes de mots, d’éclabousser la confrérie cravatée de consternation et debout au bord de la piscine. Génie? On dame ça, au vent de l’époque, mais ce n’est peut-être qu’un malentendu qui ne durera pas. Ecrivain, oui écrivain, ça c’est du solide, et ça rassure bigrement son homme d’avoir cette étiquette collée sur le dos. Le «<i>refoulé</i>» de Céline, en vérité ? Etre de l’Académie. Si la vieille dame, après «Mort à crédit», lui avait ouvert ses bras, sans crier gare, adieu pamphlets et malédiction. Le maréchal des logis Destouches, nommé colonel, aurait été pris au piège des galons. Etre un écrivain, franchir les portes de l’Académie, ô rêves sourds de Ferdinand ... J’affirme la pertinence de ce deuxième paradoxe mais, n’ayant pas le temps de l’expliquer, je laisse à mes savants confrères le soin de l’écarter en haussant les épaules.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">…</span></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-1358898632645253292022-03-24T13:15:00.004-07:002022-03-24T13:15:58.080-07:00À propos de Céline par Andrè Suarès dans La Nouvelle revue française NRF du 1er août 1961<div><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;">À propos de Céline </span></b></div><div><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;">par André Suarès dans la NRF du 1er août 1961<br />Étude retrouvée dans les papiers de l'écrivain, datée de 1946</span></b></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1-mP39TlobxfMhBgW4N4xZFlHFuH6M02vlz4x6o8ASjVBUNpjZC9N6yHxylyBN9UIYNXLT5GnEaaYCIluCOL3J1fKZVqiK_lf0Ul9ihjcVQjBQGN8f71b6msSgm9TZND7Khf9cotQUFz0jVyuMAT6K-rQVr27jkhaqtLQmNj37RvyDI0jKM1CKf58Ng/s1234/Andre%CC%80s%20Suarez%20a%CC%80%20propos%20de%20Ce%CC%81line_20220324_0001.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1234" data-original-width="794" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1-mP39TlobxfMhBgW4N4xZFlHFuH6M02vlz4x6o8ASjVBUNpjZC9N6yHxylyBN9UIYNXLT5GnEaaYCIluCOL3J1fKZVqiK_lf0Ul9ihjcVQjBQGN8f71b6msSgm9TZND7Khf9cotQUFz0jVyuMAT6K-rQVr27jkhaqtLQmNj37RvyDI0jKM1CKf58Ng/w412-h640/Andre%CC%80s%20Suarez%20a%CC%80%20propos%20de%20Ce%CC%81line_20220324_0001.jpg" width="412" /></a></div><br /></div><div><span style="font-family: verdana;">Céline n'est pas un phénomène ordinaire, et ses livres encore moins.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Je n'en défends pas l'abjection, puisque je la reconnais. Mais je ne pense pas qu'on la prenne pour ce qu'elle est, ni qu'on y ait vu ce qu'il faut y voir.<br />Les titres que Céline donne à ses livres doivent, d'abord, incliner l'esprit à la réflexion, ils sont terribles et bouffons à la fois. <i>Mort à Crédit</i> est la suite naturelle du <i>Voyage au bout de la Nuit</i>.<br />Quand on est arrivé au fond des ténèbres, s'il reste un homme, ce vivant est un mort à crédit. Pour mieux dire, il est en viager de la terre, comme les petits rentiers, qui ont vendu tout ce qu'ils ont pour une rente, le sont dans la vie.<br />La plus sotte erreur serait de s'en tenir au dégoût des œuvres énormes que l'on doit à Céline. Ces livres de six à sept cents pages, qui en valent trois ou quatre de ceux qui se publient tous les jours, où les lignes noires truffent le papier blanc plutôt que le papier blanc les lignes noires, les livres de Céline perdent leur sens, si on les prend à la lettre.<br />Il est ridicule d'y voir une thèse sociale, et d'en partir pour faire le procès à l'État, à la morale, à l'ordre présents. L'horreur de Céline va bien plus loin, c'est à toute la vie qu'il en a. Et, pour mieux s'en défaire, il la noie dans l'ordure et l'ignominie.<br />Il n'est pas le vrai réaliste, qui fait la photographie des hommes et de la vie.<br />Mais, au contraire, il est le terme fatal de tout art et de toute pensée réalistes : l'excès du trait hideux. La caricature est l'expression réelle de l'idéal.<br />Le monde et la société, selon Céline, ce n'est qu'un intestin et un anus, un double sexe et toutes les sécrétions qui s'en suivent.</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br />Ceux qui lisent Céline gravement n'y peuvent rien comprendre et ne savent lui rendre justice. Et ceux qui l'admirent encore moins que ceux qui s'indignent.<br />Il fait horreur aux timides et aux honnêtes gens, pour Céline ce n'est qu'une foule de sales hypocrites. Il fait hurler de joie les violents et les rebelles, qui rêvent de mettre le feu aux quatre coins de l'État Social, et de purifier la terre en la couvrant de leurs excréments : pour Celine, ce ne sont que des idiots et une sale vermine; toutefois, il leur accorde un sens exact de la vie, et il les loue d'être sincères : selon lui, ils osent se montrer tels qu'ils sont, et tel est tout homme, s'il ne ment pas.<br />Rien de vrai ni de complet ici ni là.<br />Il y a toujours des médecins dans ses livres ; et même ils sont tous des livres de médecin. <br />Avec lui, ils tombent tous au plus bas de la vilenie humaine. En sa qualité de médecin, Céline sait la misère humaine, et ses livres l'étalent sur la table d'opération, nue, purulente et cynique. Mais au lieu d'en avoir pitié, les livres de Céline souillent la misère de l'homme, que Céline lui-même n'outrage sans doute pas au fond de son âme, car il en a une, et ses livres n'en ont pas. Ils connaissent la douleur, l'infaillible infortune de vivre ; ils en vivent, comme le médecin des morts, et ils la bafouent.<br />Quand le médecin n'a pas le respect de sa mission, il ne l'a pas des malades; et s'il n'a pas le respect des malades, il est immonde sans effort et tourne à l'ignoble avec naturel.<br />Il n'est pas de vrai médecin sans une sorte de vocation. Sinon apôtre, il lui faut être infirmier de naissance.<br />Ainsi les vraies femmes: elles sont nées infirmières du corps ; les médecins doivent naître infirmiers du dedans : non de l'âme, elle n'est pas de leur ordre ; mais de la machine vivante.<br />Dans une foule de médecins, même sans talent, ce don est plus ou moins vivant, une vertu plus ou moins active. Il les élève au-dessus du commun, comme la religion porte naturellement les prêtres un peu plus haut que le reste de la plèbe humaine. On ne rencontre presque jamais un prêtre, dans le clergé de France tout au moins, qui ne soit au-dessus de l'homme qu'il eût été, s'il n'avait pas été prêtre en effet.<br />Il a trouvé un des mots les plus noirs qui aient jamais été dits sur l'homme : <i>« Faire dans sa culotte est le commencement du génie. »</i> Apothéose de la peur et de toute lâcheté. C'est ce qu'en sa qualité de médecin il a pu constater dans tous les ordres : car, à quelque degré ou en quelque forme que ce soit, partout s'étalent, comme l'huile océanique de l'ordure, la maladie et la mort. Même si j'ai horreur de cette vue, j'estime Céline d'avoir osé la dire. En somme, il n'envie un peu que les animaux. Non pas qu'il les estime ; tout lui semble également vil. Mais leur misère lui semble moins amère que la nôtre : ils ne sont pas savants ; ils ne vont pas à l'école ; ils ne pensent pas et telle est leur supériorité. Une vie de chien ? Allons donc ! c'est le chien qui peut aboyer, s'il pense : Une vie d'homme!<br />En dépit de tout, Céline a beau faire le cynique: sous le masque de la turpitude et de l'injure, je vois le médecin. Il crache sur les malades, mais il les soigne, la pitié qu'il en a, l'aide qu'il leur veut donner, voilà tous les liens qui le rattachent aux autres hommes ; et moins ces amarres, il serait un nihiliste parfait. Il a horreur de la société humaine; mais il a, pour les hommes, la compassion<br />que leur misère assure à ces misérables.<br />Il est fatalement antisémite, comme tout le reste. Pour tout le monde: être antisémite, c'est le principe de l'ordre et de l'anarchie, de la sagesse et du délire. Les plus diverses sortes de chiens s'accordent dans cet aboi : ouah! ouah! ouah ! le roquet et le molosse, le chouchou et le dogue, la Poméranie et l'Écosse, Pékin et Berlin, l'Ahane prussien, El Hadj Hitler à La Mecque.<br />Il est anti-tout : contre la nation, et contre l'individu, contre toute morale et contre tout Étal. Il semble, en dernier ressort, de loin en loin, se confier à la nature; mais il fait semblant, tout au plus : il est trop intelligent pour donner aux nègres ce qu'il refuse aux blancs, aux crocodiles ce qu'il refuse aux saints.<br />La nature n'est pour lui qu'une arme de choc, un moyen de guerre. À l'entendre, la civilisation ignoble où nous sommes, et celle cent fois plus ignoble encore où il nous plonge; souffrent surtout de la contrainte : toute règle, selon lui, est de la m… Les lois, les moeurs, l'art, la science, cycles et épicycles de m ... on les met à la place de la nature, on les substitue à la joie, au plaisir, à la volupté; et la civilisation au total c'est le total emm...<br />Il le dit, parce qu'il est la négation même. Mais il sait bien qu'il ment. Car il n'a pas assez de mépris pour les nègres : il n'est pas si simple de ne pas voir ce qui fait l'horreur du monde et de la vie tels qu'il les croit être.<br />Et il ricane, il s'en donne de rire à coeur joie. Il se sauve par là et il nous offre ce moyen de salut, le seul en somme. On a parlé jusqu'ici des larmes de crocodile: Céline a inventé les rires de crocodile.<br />Anarchiste, sans doute, mais il ne l'est que pour ruiner toutes les archies. Et certes, si l'anarchie régnait quelque part, il serait contre l'anarchie, comme il est contre tout le reste…</span></div><div><span style="font-family: verdana;">André Suarez</span></div><p><br /></p>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-67107547643868817542022-03-06T00:56:00.001-08:002022-03-06T01:07:18.623-08:00Quand la gauche littéraire menaçait «un drôle d'enfant du paradis» Les Lettres françaises du 2 décembre 1948<div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><b><i>Dans l’hebdomadaire communiste </i>Les Lettres françaises<i> du 2 décembre 1948, une apologie de Lysenko (théoricien de la transmission des caractères acquis) autorise une critique de Mendel sur lequel s’appuyait les théories racistes exposées à l’Institut d’études des questions juives. Des photos de Paul Chack et Louis-Ferdinand Céline illustrent l’article.</i></b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><b><i><br /></i></b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><b><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEivdTYBgw15GqHltfuzZc-mL8pwd8OPihMtrWLT778BFJLVsFt5yX5zFy5Ca706Al-4meOnimC9X6jq_N5vXeIGZMMUACWGkkwlzZ7LtvHrlPPMLiVTXXqPn0bEGPtIG_hl7FfxnzJvQ2OnGvFGJJz898q2usL2EApE0_izIauNTP3hpvo8m1o245y4FA=s1559" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1247" data-original-width="1559" height="512" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEivdTYBgw15GqHltfuzZc-mL8pwd8OPihMtrWLT778BFJLVsFt5yX5zFy5Ca706Al-4meOnimC9X6jq_N5vXeIGZMMUACWGkkwlzZ7LtvHrlPPMLiVTXXqPn0bEGPtIG_hl7FfxnzJvQ2OnGvFGJJz898q2usL2EApE0_izIauNTP3hpvo8m1o245y4FA=w640-h512" width="640" /></a></div><br /></b></span><span style="font-family: georgia; font-style: italic; font-weight: bold;">Mais, plus intéressant, en ce qui concerne Céline, ce sont les menaces à peine déguisées à son égard que contient un article fielleux (en page 2) signé Jean-Maurice Hermann*. </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia; font-style: italic; font-weight: bold;">Après l'avoir copieusement dézingué politiquement : « </span><span style="font-family: georgia;"><b>M. L.-F. Céline ? Mais oui: On avait réussi à l'oublier, ce qui était fort charitable. C'est lui, maintenant, le drôle, qui appelle l'attention. <span style="color: red;">Cet étonnant mélange d'orgueil, de trouille, de haine, et de médiocrité crève qu'on ne parle plus de lui.</span> Longtemps la peur a été plus forte. Maintenant; il est rassuré : on le serait à moins. Et de s'agiter, de lâcher bulles gargouillantes, de se recommander aux nostalgiques des crématoires et de la L.V.F. comme chantre et apôtre de leurs futurs exploits. » ; <i>Hermann n'oublie pas de</i> </b><i><b>lui dénier tout talent : «</b></i><b>Comme ça fait peuple ! Quelle verve, ma chère ! Quelle force ! On s'en pâme… Pauvres bougres, qui confondez grossièreté et veine populaire, frénésie et truculence, diarrhée verbale et tempérament. <span style="color: red;">Il y aurait une étude psychiatrique à faire sur le cas Céline. Mais si la chose mérite qu'on porte sur elle un jugement littéraire, comment ne pas dénoncer le chiqué de cette prose artificielle, de ce langage de médicastre cherchant à épater le bourgeois et laissant glisser entre deux mots d'argot un imparfait du subjonctif...</span>» ; </b><i style="font-weight: bold;">et termine par la menace objet d'un échange épistolaire entre notre auteur et son ami (de l'époque) Charles Deshayes (voir ci-dessous) :</i> <b><span style="color: red;">« Qu'il reste donc, là où on veut bien le supporter, à écouter les borborygmes de ses entrailles. Ça pue assez sans lui en France. <span style="font-size: medium;">Et ça risquerait d'y sentir spécialement mauvais pour lui.</span> »</span></b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><span style="font-style: italic; font-weight: bold;">On notera sa particulière élégance quand il parle d'un fervent soutien de Céline : </span><span style="font-size: 12px;"><b>« </b></span><b>Mme Arletty a certes du talent, du côté des cuisses, en particulier…»</b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><b><span style="font-size: medium;"><br /></span></b></span></div><div style="text-align: left;"><b><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="font-family: verdana; margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhv4bRPEUC0bJ4olwrX64UjIdN-h_f6zI7UhoP2aISrLpKbYSloEaggOtpSPWpWjtXwViiWsL_BP9U_uypwqdbKx5Xtj0QsOvalJKYXE6i3wT_O1Uxsc6NfkMtCC-qnd5veZdtS-uvJeyLhVIDdhvPbienCeI4eXTJE_-ing9NcfvJ_2inGi8qLqbtzMQ=s1600" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1134" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhv4bRPEUC0bJ4olwrX64UjIdN-h_f6zI7UhoP2aISrLpKbYSloEaggOtpSPWpWjtXwViiWsL_BP9U_uypwqdbKx5Xtj0QsOvalJKYXE6i3wT_O1Uxsc6NfkMtCC-qnd5veZdtS-uvJeyLhVIDdhvPbienCeI4eXTJE_-ing9NcfvJ_2inGi8qLqbtzMQ=w454-h640" width="454" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr></tbody></table></b><b style="font-family: verdana;"><span style="font-size: medium;"><div style="text-align: left;"><b><span style="font-size: medium;">Les Lettres françaises du 2 décembre 1948</span></b></div></span></b></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><b><span style="font-size: medium;"><br /></span></b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><b><span style="color: #3d85c6; font-size: medium;">UN DROLE D'ENFANT DU PARADIS</span> </b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><br />TOUT rentre dans l'ordre. On colle les résistants en prison, on en sort les cagoulards et les collaborateurs.Avoir constitué des stocks d'armes nazies pour la guerre civile est peccadille qu'on gronde avec indulgence ; avoir risqué sa vie pour la liberté est banditisme et relève de la corde. Le gouvernement paternel qui nous régit prépare une loi de justice et d'amour que n'aurait pas renié Charles X. Le «sabotage passif» et la «menace de désordre» prennent place dans la série de ces crimes affreux contre lesquels des tribunaux — qui ne demandent pas mieux — vont avoir à défendre un régime en pleine ivresse de représailles. On tire sur les ouvriers en grève ; les dividendes grimpent ; les C.R.S. sont là pour mater les salopards ; les grosses Buick glissent le long des Champs-Elysées ; il circule une bonne odeur de dissolution de partis ouvriers et de croisade occidentale. La limace ressort ses cornes, et risque un oeil pour voir si déjà la boue est assez grasse pour l'accueillir. M. Céline prépare sa rentrée.<br />M. L.-F. Céline ? Mais oui: On avait réussi à l'oublier, ce qui était fort charitable. C'est lui, maintenant, le drôle, qui appelle l'attention. Cet étonnant mélange d'orgueil, de trouille, de haine, et de médiocrité crève qu'on ne parle plus de lui. Longtemps la peur a été plus forte. Maintenant; il est rassuré : on le serait à moins. Et de s'agiter, de lâcher bulles gargouillantes, de se recommander aux nostalgiques des crématoires et de la L.V.F. comme chantre et apôtre de leurs futurs exploits. <br />Il ne lui manqua pas naguère de puissants appuis. Ses massifs pamphlets d'appels au massacre, qu'un peuple de bon sens refusait d'acheter, étaient, par ordre dès maîtres de Hachette, exposés des mois durant aux emplacements de faveur. Toute la Ve colonne, tous ceux qui s'apprêtaient à applaudir la « divine surprise » du malheur de la France, tous ceux qui travaillaient pour les brutes qui devaient déshonorer ce siècle par la plus active boucherie de l'Histoire, encensaient son «talent». Ils éprouvaient à déguster ce flot démentiel d'injures et de mots orduriers, le même plaisir équivoque que trouvaient leurs pères aux engueulades (autrement pleines, elles, de vrai talent et de générosité humaine) d'Aristide Bruant. <br />Comme ça fait peuple ! Quelle verve, ma chère ! Quelle force ! On s'en pâme… Pauvres bougres, qui confondez grossièreté et veine populaire, frénésie et truculence, diarrhée verbale et tempérament. Il y aurait une étude psychiatrique à faire sur le cas Céline. Mais si la chose mérite qu'on porte sur elle un jugement littéraire, comment ne pas dénoncer le chiqué de cette prose artificielle, de ce langage de médicastre cherchant à épater le bourgeois et laissant glisser entre deux mots d'argot un imparfait du subjonctif... Tout est aussi en toc là-dedans que le «lyrisme paysan» du professeur Giono. Il n'y aurait qu'à en rire, si ce m'as-tu-vu excité s'était borné à chercher du côté de la fosse d'aisance une entrée dérobée au Panthéon des lettres. <br />Mais à sa fange se mêlaient le fiel et le sang. L'idéologie de haine dont il s'était fait le propagandiste à gages a porté d'effroyables fruits. Céline n'est pas qu'un grotesque de la littérature. C'est un des pourvoyeurs d'Auschwitz. Et cela, nous ne l'oublions pas. <br /><i>France-Dimanche</i> nous annonce complaisamment qu'un certain M. Albert Paraz va publier un livre en faveur de Céline, que le livre va être lancé, que Mme Arletty va le vendre elle-même «dans plusieurs librairies parisiennes». Mme Arletty a certes du talent, du côté des cuisses, en particulier, et d'émouvants souvenirs de cette «belle époque» qui dura de 1940 à 1944. Elle ferait bien de s'en tenir là. <br />Quant à M. L.-F. Céline, il a toujours été très indifférent à la peau des autres quand il pouvait la réclamer sans danger, mais très anxieusement soucieux de préserver la malpropre sienne. Qu'il reste donc, là où on veut bien le supporter, à écouter les borborygmes de ses entrailles. Ça pue assez sans lui en France. <br />Et ça risquerait d'y sentir spécialement mauvais pour lui. </span><span style="font-family: verdana;"><b><i>Jean-Maurice HERMANN</i></b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><b><i><br /></i></b></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: courier; text-align: left;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEi9Rkmcv3NX1Fj5yFj-I7uhaabC23du2Hzoh-XpvY5vXfscCv968L-9XhI8_lafkvTMiJ-4PJ_ArWphDuKiLXFKUJF7Rzc91O28d_jff1IW2zOXqs7XkIeqo3_3woXzyYXPpqZe1qIDZvCsMi3sPuDslOsK4rmmFqvkZZAw2cC2LL0jYGB1503Zhky9-A=s815" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="593" data-original-width="815" height="233" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEi9Rkmcv3NX1Fj5yFj-I7uhaabC23du2Hzoh-XpvY5vXfscCv968L-9XhI8_lafkvTMiJ-4PJ_ArWphDuKiLXFKUJF7Rzc91O28d_jff1IW2zOXqs7XkIeqo3_3woXzyYXPpqZe1qIDZvCsMi3sPuDslOsK4rmmFqvkZZAw2cC2LL0jYGB1503Zhky9-A=s320" width="320" /></a><span style="text-align: left;"><div style="font-weight: bold; text-align: center;"><b style="font-family: courier; text-align: left;"><span style="text-align: left;"><br /></span></b></div>Jean-Maurice Hermann prend la parole en 1971 à un congrès de l'OIJ (Organisation internationale de la jeunesse) en soutien à Cuba.<br /></span><span style="text-align: left;"><i>*</i></span><span style="text-align: left;"><span style="color: red;">Jean-Maurice Hermann</span> (1905-1988), journaliste communiste et fondateur du SNJ-CGT en 1938. Pendant la guerre, il est à Lyon l'agent principal du réseau Brutus sous le pseudonyme « Herlin ». Déporté, il s'évade en 1945. Il participe ensuite avec Daniel Mayer et Jean Guignebert à la Commission de la presse du Conseil national de la Résistance, qui sera à l’origine des Ordonnances de 1944 sur la liberté de la presse.</span> <br /></span><span style="text-align: left;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEigPz-Dd2g_bub1TlkVm9NdNV8ivplrf2DbpZgd4a1GwIOiqq3InoCbBmPzznHaUhlanUl4Ma5CiDGOYVcFxTAXxEpSDagAc6lbPhSxvQ4DLwbewyOlSs17Wf1kqnnOatEfnCEPnrRAXJqTZyATfCf5UJDA02ZdnY8akAtvaqxxNxg12v7mAtQ0GAGxAQ=s1620" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1620" data-original-width="1156" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEigPz-Dd2g_bub1TlkVm9NdNV8ivplrf2DbpZgd4a1GwIOiqq3InoCbBmPzznHaUhlanUl4Ma5CiDGOYVcFxTAXxEpSDagAc6lbPhSxvQ4DLwbewyOlSs17Wf1kqnnOatEfnCEPnrRAXJqTZyATfCf5UJDA02ZdnY8akAtvaqxxNxg12v7mAtQ0GAGxAQ=w456-h640" width="456" /></a></div><div style="text-align: center;"><br /></div><div style="text-align: left;"><div><b><span style="font-size: medium;">« Ah mon cher Deshayes, <span style="color: red;">il est bien gentil ce petit Hermann.</span> Tout cela devient rituel à force. Fastidieux. Tous crapules. C’est tout. </span></b></div><div><b><span style="font-size: medium;">C’est Chicago, gang, chantages, fifis, blablas, chez soi. »</span></b></div><div><br /></div><div><span style="font-family: verdana;">De Korsør, le 2 janvier 1949, Céline répond à son (encore) ami Charles Deshayes qui lui avait signalé l'article vénéneux de Jean-Maurice Hermann </span><span style="font-family: verdana;">dans </span><i style="font-family: verdana;">Les Lettres françaises</i><span style="font-family: verdana;"> du 2 décembre précédent</span><span style="font-family: verdana;">, menaçant l'auteur des pamphlets si celui-ci revenait en France</span><span style="font-family: verdana;">.</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><i>« Ah mon cher Deshayes, Il est bien gentil ce petit Hermann. Tout cela devient rituel à force. Fastidieux. Tous crapules. C’est tout. C’est Chicago, gang, chantages, fifis, blablas, chez soi. La belle histoire ! Le document est à conserver. La France aux chacals. Il n’y a plus un mot à considérer de tout ce qui est écrit. Cela n’a plus aucun sens moral. La canaille manœuvre, c’est tout. Mais il faut se garer. Constituer un fichier. Bien à jour. Ne pas s’embarquer dans les contre plaidoiries. Je sais que vous avez de la merde au cul. Voilà le texte, la merde, regardez et taisez-vous. C’est tout. Polémiqué avec des chacals, c’est idiot. »</i></span></div></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><b><i><br /></i></b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: courier;"><b><br /></b></span></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-47715965620211486102022-02-03T02:33:00.001-08:002022-02-03T02:33:22.674-08:00Louis-Ferdinand Céline: Lucette Almansor Destouches, una serie di rare fot...<a href="https://lf-celine.blogspot.com/2022/02/lucette-almansor-destouches-una-serie.html?spref=bl">Louis-Ferdinand Céline: Lucette Almansor Destouches, una serie di rare fot...</a>: Lucette Almansor in costume indù, in diverse pose di danza. Parigi, aprile 1938, foto di André Zucca. Grazie a Le Fous de LFC !Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-35365608194046982662022-01-08T16:36:00.000-08:002022-01-08T16:36:21.083-08:00Céline, l’idéaliste blessé par Dominique Venner dans son Histoire de la Collaboration<div><span style="font-family: georgia;"><b>Dominique Venner, jette un éclairage neuf sur la période la plus dramatique et la plus discutée de notre histoire: Vichy et la Collaboration.<br />Mais qu’est-ce que la Collaboration? Pourquoi y trouve-t-on tant de soldats glorieux, Pétain, Darnand, Bucard, Paul Chack, Bassompierre ? Pourquoi tant d’écrivains fameux, Céline, Giono, Morand, Guitry, Montherlant, Chardonne, Pierre Benoit, Brasillach, Drieu la Rochelle?<br />Pourquoi les premiers partisans de la Collaboration venaient-ils de la gauche et du syndicalisme ? Pourquoi rencontre-t-on beaucoup plus de socialistes à Vichy que dans la Résistance ? Pourquoi le communiste Doriot, le socialiste Déat et le radical Bergery, espoirs de la gauche en 1933, sont-ils devenus les chefs de la Collaboration en 1943 ?</b></span></div><div><br /></div><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjM2PCD2097uV0AmsgH5g6lsItglcDd68wmmsZk3_5btNeUwhI1YN7wnfANGXWWZhBa3gBiLRp16EeiX5r6xD-xmdk5_GC5TKywFm777Z46tnLIgrRLKwESeh2Kk-OG-2r7L0b-Vi9U01HvFqswLstkvcDwiSz0Te0q_LK3FPof98UGL6Qltn1mTdzcNA=s1417" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1005" data-original-width="1417" height="454" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjM2PCD2097uV0AmsgH5g6lsItglcDd68wmmsZk3_5btNeUwhI1YN7wnfANGXWWZhBa3gBiLRp16EeiX5r6xD-xmdk5_GC5TKywFm777Z46tnLIgrRLKwESeh2Kk-OG-2r7L0b-Vi9U01HvFqswLstkvcDwiSz0Te0q_LK3FPof98UGL6Qltn1mTdzcNA=w640-h454" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: courier; font-size: medium;"><b>Histoire de la Collaboration Dominique Venner, Pygmalion 2000</b></span></span></td></tr></tbody></table><br /><div><b><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><i>CÉLINE, L’IDÉALISTE BLESSÉ</i></span></b></div><div><span style="font-family: verdana;">La prescience d’une décadence était forte chez Châteaubriant, mais sans jamais atteindre à la fureur apocalyptique d’un Céline, maudit beaucoup plus célèbre. Dans une large mesure, la violence des pamphlets antisémites a masqué ce que Céline avait en propre. Elle a déchaîné sur son nom des passions qui ont interdit une interprétation sereine de l’œuvre dans sa globalité. Pour les uns, son antisémitisme lui vaut d’être «un chien» suivant l’expression de <b>Jacques Lanzmann</b>. (Propos recueilli par le mensuel <i>Informations juives</i> de février 1987 : <i>«Céline est pour moi l’un des plus grands criminels de l’histoire de France. Je le dis comme je le pense: Céline n’est pas un homme, mais un chien. » </i><br />Pour d’autres, qui prisent en lui le révolté, il est une sorte de drapeau. Enfin, toute une partie du public cultivé feint d’ignorer l’auteur maudit des pamphlets, concentrant son attention sur le créateur d’un style inimitable quoique très imité. Qu’il soit un artiste génial, la plupart des critiques en conviennent. L’un de ses biographes, <b>Frédéric Vitoux</b>, a su dire le choc que fut pour lui cette découverte: <i>«J’avais dix-sept ans, j’étais en vacances et j’avais pris ce livre de poche un peu par hasard dans la bibliothèque familiale. […] Au dos, quelques lignes en fac-similé d’écriture: "L’un des cris les plus farouches que l’homme ait jamais poussés." Le titre de ce volume: </i>Voyage au bout de la nuit<i>. Et son auteur: Louis-Ferdinand Céline. Je ne connaissais ni l’un ni l’autre. Aucun professeur ne nous en avait parlé au lycée. Et mon père avait dû juger que cette lecture n’était pas de mon âge. J’ignorais donc que ce Louis-Ferdinand Céline venait de mourir le 1er juillet 1961. Les journaux, il est vrai, avaient observé un silence méthodique à cette occasion. Céline, bah ! quelle importance ! La disparition d’Ernest Hemingway le même jour, voilà une information, la "une" légitime des quotidiens et de la télévision! En somme, je pris ce roman en toute ignorance, en toute innocence. […] l’ignorais alors qu’il existe des livres qui peuvent vous bouleverser, vous marquer pour la vie. […] Je ne me suis jamais remis d’une telle lecture ou d’un tel voyage. »</i> (Frédéric Vitoux, <i>Le Figaro magazine</i>, 7 septembre 1996. Frédéric Vitoux est l’auteur de <i>La Vie de Céline</i>, Grasset, Paris, 1988 et de <i>Louis-Ferdinand Céline, misère et parole</i>, Folio, Essais.<br />Le malheur voulut que le docteur Louis-Ferdinand Destouches, Céline en littérature, se mêlât aussi de dire ce qu’il pensait de son temps. II fut donc adulé, haï, insulté, encensé, incompris. Une part du mystère du personnage est éclairée par quelques lignes de <i>Mea culpa</i> (1937), accompagnant la reproduction de sa thèse de doctorat de médecine sur Philippe-Ignace Semmelweis (1924), médecin juif hongrois. Ecrite dans une langue très classique, notons en passant que cette défense et illustration de Semmelweis écorne quelque peu l’antisémitisme invétéré de Céline. On sait que les confrères viennois de Semmelweis ne lui avaient pardonné ni sa fierté cassante, ni ses découvertes sur la prophylaxie de la fièvre puerpérale. Ils le chassèrent de leur compagnie, l’acculant à la folie: <i>«Supposez qu’aujourd’hui, de même, il survienne un autre innocent qui se mette à guérir le cancer. Il sait pas quel genre de musique on lui ferait tout de suite danser! […] Ah! il aurait bien plus d’afur à s’engager immédiatement dans une Légion étrangère! Rien n’est gratuit en ce bas monde. Tout s’expie, le bien comme le mal, se paie tôt ou tard. Le bien c’est beaucoup plus cher, forcément. »</i> Voilà. Tout est dit de l’humaine nature et de l’idée noire que s’en fait Céline pour l’avoir observée de près, comme médecin des pauvres et des autres. <i>« Le bien se paie beaucoup plus cher, forcément.»</i> Son idéalisme ne s’est jamais remis de cette découverte. Les blessures de sa sensibilité finiront par sécréter les délires qui scandaliseront le glacial Ernst Jünger.<br />A l’origine, Céline est un médecin qui a cru en son art. La vie lui a appris à ne plus y croire. C’est aussi un homme qui a souffert, qui a vécu ce qu’il raconte dans le <i>Voyage</i> et dans <i>Mort à crédit</i>. II l’a dit: <i>«Je m’y connais en vache enragée.» </i>Derrière le burlesque de certaines situations, transparaît toujours l’hypersensibilité de l’écrivain, un don d’observation décuplé par l’usage de la langue parlée, l’argot lyrique. Ce qu’il doit dire est trop violent pour s’accommoder du français académique, une langue domestiquée par des siècles de polissage. Une langue dévirilisée, dépossédée de sa verdeur, de son pouvoir d’évocation. De tout cela, il est suprêmement conscient. Il l’a écrit noir sur blanc dans un hommage à Rabelais: <i>« En vérité Rabelais, il a raté son coup. Oui, il a raté son coup. il a pas réussi. […] Non, ce n’est pas lui qui a gagné. C’est Amyot, le traducteur de Plutarque: il a eu dans les siècles qui suivirent beaucoup plus de succès que Rabelais. C’est sur lui, sur sa langue, qu’on vit encore aujourd’hui. Rabelais avait voulu faire passer la langue parlée dans la langue écrite: un échec. Tandis qu’Amyot, les gens maintenant veulent toujours et encore de l’Amyot, du style académique. Ça, c’est écrire de la merde: du langage figé. […] Non, la France peut plus comprendre Rabelais: elle est devenue précieuse. Ce qui est terrible à penser, c’est que ça aurait pu être le contraire, la langue de Rabelais aurait pu devenir la langue française. » </i>(Préface à l’édition de Rabelais du Club du Livre, Paris, 1958) Et voilà exactement ce qu’il entreprend, lui, Céline, en plein XXe siècle. Un rêve fou. Redonner sa vigueur et sa vérité au français. Une idée qui va le conduire loin. Au désespoir et à la révolte.</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /><i><b>LE COMMUNISME LABICHE</b></i><br />De la réflexion sur la noirceur de la vie et sur la décadence de la langue, il passe à la réflexion sur la France. il n’y a pas plus amoureux de la France que lui, donc pas plus déçu, désespéré. Sa malchance est de vivre dans une France qui n’est que la caricature grimaçante et dérisoire de sa splendeur passée. Un pays qui se défait, atomisé en individualismes aigris. Tout se dérobe sous ses pieds. De l’ancienne France, ne subsistent que ruines. Le beau royaume est devenu ce pays étriqué, peuplé de petits bourgeois envieux et discutailleurs. Glissant de la Sorbonne à l’école, le rationalisme a stérilisé la France, transformé les enfants en vieillards. <i>«Regardez les petits enfants, les premières années…. ils sont tout charme, tout poésie, tout espiègle guilletterie…. A partir de dix, douze ans, finie la magie de primesaut ! mués louches, sournois butés cancres, petits drôles plus approchables, assommants, pervers grimaciers, garçons et filles ragoteux, crispés, stupides, comme papa maman. Une faillite! Presque déjà parfaits vieillards à l’âge de douze ans! Une culbute des étoiles en nos décombres et nos fanges! Un désastre de féerie […] Dressés tout de suite en force, sonnés d’emblée, dès l’école, la grande mutilante de la jeunesse, l’école leur aura coupé les ailes au lieu de leur ouvrir toutes grandes et plus grandes encore ! »</i> (<i>Les beaux draps</i>, Nouvelles Editions françaises, 1941, p. 160.)<br />Et pourtant, il lui arrive - rarement - une seule fois même, dans le pamphlet de 1941, Les beaux draps, d’imaginer un remède de vétérinaire. Le seul remède à ses yeux, un socialisme raciste, ce qu’il appelle drôlement le <i>«communisme Labiche»</i> et qu’il oppose à la très plate Révolution nationale de Vichy: <i>« Je crois à un autre code de la Famille […]. Un vrai code, qui comprenne tout, bêtes, biens et gens, enfants et vieillards de France dans la même famille, les Juifs exclus bien entendu, une seule famille, un seul papa, dictateur et respecté. Une famille donc respectable où il y aurait plus du tout de bâtards, de cendrillons, de poil de carotte, de bagnes d’enfants, "d’Assistance", où la soupe serait la même pour tous, où il y aurait pas d’enfants chouchous, d’enfants de riches, des tout dodus et les petits maigres, des qui s’amusent, d’autres qui la pilent. […] Tout le monde à la même école! Les familles réunies, en somme, toutes les familles dans une seule, avec égalité des ressources, de droit, de fraternité, tout le monde au salaire national, dans les 150 francs par jour maximum […]. Faut recréer tout? alors parfait! Mais […] faut recommencer tout de l’enfance, par l’enfance, pour tous les enfants. C’est par là que le racisme commence et le vrai communisme aussi, à l’enfance et pas ailleurs, par la gentillesse unanime, l’envie que toute la famille soit belle, saine, vivace, aryenne, pure, rédemptrice, allégrante de beauté, de force, pas seulement votre petite famille, vos deux, trois, quatre mômes à vous, mais toute la famille bien française […] Racisme, c’est famille, famille c’est égalité, c’est tous pour un et un pour tous. […] A sort commun pas de bâtards, pas de réprouvés, pas de puants, dans la même nation, la même race, pas de gâtés non plus, de petits maîtres. Plus d’exploitation de l’homme par l’homme. Plus de damnés de la terre. […] Le marxisme est bien emmerdé, on lui secoue son atout majeur: le cœur froid des hommes.»</i> (<i>Les beaux draps</i>).</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /><b><i>GAITÉ SEULE NOUS SAUVERA</i></b><br />Le docteur Louis-Ferdinand Destouches est né à Courbevoie le 27 mai 1894. Céline était le prénom de sa mère. Service militaire assez sinistre qui commence en 1912 au 12e régiment de cuirassiers. En 1914, à cheval et portant cuirasse, il est blessé au cours des premiers combats, ce qui lui vaut la une (en réalité la 4e, ndlr) de <i>L’Illustré national</i>, la médaille militaire et une décision de réforme en 1915. Après des études de médecine, il soutient sa thèse en 1924 sur la vie et l’œuvre du Dr Semmelweis, nous y avons fait allusion. Entré au Service d’hygiène de la SDN, il est envoyé en mission aux USA, en Europe et en Afrique jusqu’en 1927. Cinq ans plus tard, en 1932, il publie <i>Voyage au bout de la nuit</i>, salué aussitôt comme une œuvre littéraire capitale. <b>Léon Daudet</b> écrit: <i>« il n’existe pas dans notre littérature, depuis Ménippée et les poèmes d’Agrippa d’Aubigné, de pareil hurlement de colère répercuté par les échos d’une syntaxe parlée, musclée, gaillarde et nue comme une fille du grand Courbet. »</i> Et plus loin: <i>« Proust est le Balzac du papotage…. de là, une certaine fatigue dont Monsieur Céline va libérer sa génération… » </i><br />(Sur Céline, outre ses propres œuvres et les pamphlets non disponibles en librairie, on peut se reporter aux <i>Lettres des années noires</i>, présentées par Philippe Alméras, Berg International, 1994. Parmi les nombreuses études biographiques citées dans la bibliographie générale de ce livre, on consultera notamment François Gibault, <i>Céline</i>, 1894-1961, 3 volumes, Mercure de France, Paris, 1981-1985.)<br />L’intelligentsia de gauche se reconnaît dans le tableau sombre de la guerre et de la société du <i>Voyage et de Mort à crédit</i>. Mais l’écrivain-médecin est rétif à tout embrigadement. La publication de <i>Mea culpa</i> (1936), après l’inévitable voyage en URSS, montre qu’il n’a pas été dupe. Ce livre consomme son divorce avec la gauche philo soviétique. Sentant venir une nouvelle guerre, il en attribue la responsabilité à une conspiration juive. Coup sur coup, il publie deux pamphlets délirants qui le font soudain apparaître comme un antisémite enragé: <i>Bagatelles pour un massacre</i> (1937), <i>L’Ecole des cadavres</i> (1938). Le premier des deux paraît avec une bande: <i>«Pour bien rire dans les tranchées.»</i> Difficile d’être plus clair. Vitupérant la guerre et les chamiers à venir, il dénonce à sa façon <i>« la coalition du capitalisme anglo-saxon, du stalinisme et du lobby juif dont l’objectif (selon lui) est d’envoyer au massacre la jeunesse française en une guerre franco-allemande, où elle-même n’interviendra pas avant l’épuisement des combattants sacrifiés » </i>(Pierre Monnier, <i>Céline et les têtes molles</i>, Bulletin célinien, Bruxelles, 1998).<br />Dans un genre assez différent, Céline publie en 1941 un nouveau pamphlet, <i>Les beaux draps</i>, déjà évoqué. Sans doute la seule de ses œuvres qu’illumine un halo léger d’espérance. A côté de la fameuse tirade sur le «communisme Labiche» qu’on aurait tort de prendre à la légère, il livre une méditation poétique sur l’esprit de la France, écrite dans le style du XVe, non sans quelques coups de patte fort injustes à l’encontre de Montaigne: <i>«Je veux des chants et des danses…. Je ne me soucie de raison…. Qu’ai-je faire d’intelligence, de pertinence? de dessein? n’en ai point! […] Que me fout M. Ben Montaigne prêchiprêcha, madré rabin ?…. Il n’est point la joie que je cherche, fraîche, coquine, espiègle, émue... Combien à lui je préfère... Couperin du "Coucou"…. Christine des virelais…. Gervaise des branles!…. Je voudrais mourir de rire, mais légèrement... Bellay m’est plus cher que Racine pour deux ou trois vers…. […] Je n’ai point besoin de sermons, mais de délivrance légère et tous ceux de mon sang de même […] Gaîté seule nous sauvera, non point l’usine! ni plan de ceci, ni cela, ni grognonnages de balourds, ni stratagèmes de ruffians mâtinés cuistres […]. Choyons, fêtons notre musique nôtre ! qui nous fera voguer jolis pardessus les horreurs du Temps d’un bel et frais et preste essor</i> (<i>Les beaux draps </i>op. cit.,p.128-131) ». Ce curieux livre, où l’antisémitisme, quoique présent, est secondaire, témoigne des sentiments de Céline au tournant de 1940-1941, quand l’avenir, pour une fois, ne lui semble pas complètement noir. La colère du pamphlétaire inspiré s’exprime, furibarde, mais ici contre la prédication chrétienne, ultime recours de Vichy: <i>«Propagée aux races viriles, aux races aryennes détestées, la religion de "Pierre et Paul" fit admirablement son œuvre, elle décatit en mendigots, en sous-hommes dès le berceau, les peuples soumis, les hordes enivrées de littérature christianique, lancées éperdues imbéciles, à la conquête du Saint Suaire, des hosties magiques, délaissant à jamais leurs Dieux, leurs religions exaltantes, leurs Dieux de sang, leurs Dieux de race…. Ainsi la triste vérité, l’aryen n’a jamais su aimer, aduler que le dieu des autres, jamais eu de religion propre, de religion blanche…. Ce qu’il adore, son cœur, sa foi, lui furent fournis de toutes pièces par ses pires ennemis…. »</i> L’ouvrage est interdit par les services de Vichy en zone Sud et suscite de vives réserves à la Propaganda Abteilung.</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br />UN EXÉGÈTE ET ADMIRATEUR JUIF DU PROPHÈTE ANTISÉMITE<br />L’un des exégètes les plus méconnus de Céline fut un résistant juif, Choron-Gourewitz. En pleine tourmente, ce combattant sioniste osa affronter sans répulsion l’antisémitisme de l’écrivain, interprétant l’ensemble de l’œuvre comme révélatrice des fractures de la modernité. <i>«Céline, symbole d’un monde qui disparaît, est aussi un des signes avant-coureurs d’un monde qui vient. L’œuvre de Céline est le document le plus étonnant de cette époque, sa personnalité aussi. Elle résume à elle seule tout le drame historique qui se joue; elle est une fin et un commencement. […] Résumer Céline, c’est résumer son époque. Comprendre Céline, c’est comprendre un pays, son pays: la France. Jamais un homme à lui seul n’a aussi bien symbolisé tout le drame humain et tout le drame d’un pays. »</i> (Choron-Gourewitz, revue <i>Shem</i>, organe du Mouvement national hébreu, août 1944 (article reproduit dans la revue Vouloir, octobre 1993). Quel est le drame de l’époque et le drame de la France selon Choron-Gourewitz ? <i>«Nous sommes souvent d’accord avec Céline quand il dénonce le judaïsme comme un mal, comme un mode de vie basé sur de fausses valeurs. […] Comme les Juifs, Céline est un isolé, un homme de nulle part, qui n’a plus rien à quoi se rattacher. Le judaïsme dispersé ne crée que des hommes négatifs, hâbleurs, stériles (En sioniste conséquent, Choron-Gourewitz critique le judaïsme de la diaspora). Le judaïsme dispersé est le mode de vie d’une société décadente et déchue. Céline sent la décadence des civilisations occidentales dites gréco-gallo-romaines; il sent l’avenir "juif" qu’annonce cette décadence; il en a peur. Il reconnaît dans cette dissociation des sociétés blanches la grande peur primitive, la peur de la solitude. li a vu les Juifs de près; il les connaît, il sait qu’ils ne sont pas de son bord, mais que toute cette chute, cette perte d’énergie virile précipitera vers eux le monde occidental. Et c’est alors le grand cri de révolte du Céline antisémite.»</i><br />Contrairement à une légende tenace, les ouvrages de Céline n’ont jamais été accueillis favorablement dans l’Allemagne nazie. Après diverses péripéties, une traduction allemande du <i>Voyage</i> a été publiée en 1933 par un petit éditeur (qualifié de juif par Céline), Julius Kittls Nachf, installé en Tchécoslovaquie depuis 1928. Tandis que les critiques antinazis se montrent plutôt favorables au livre, notamment Max Brod, la critique officielle du IIIe Reich l’ignore complètement, sinon pour en tirer argument contre la <i>« décadence française»</i> dont le livre serait l’illustration. En 1937, le même éditeur publie coup sur coup des traductions de <i>Mort à crédit</i> et de <i>Mea culpa</i> qui sont également ignorées par la presse allemande. Mieux, en 1938, le <i>Voyage au bout de la nuit </i>et <i>Mort à crédit</i> figurent sur la liste des ouvrages interdits de diffusion sur le territoire du Reich. Interdit qui ne sera jamais levé, soulignons-le. On ne s’attardera donc pas aux affirmations fantaisistes de certains auteurs assurant que le <i>Voyage</i> aurait été réédité en Allemagne en 1940, ou que tel livre de Céline aurait été traduit pendant l’Occupation. Tout cela est faux. Un seul livre, <i>Bagatelles pour un massacre</i>, fait l’objet, non d’une traduction, mais d’une calamiteuse adaptation, en 1938, aux éditions Zwinger de Dresde, sous le titre <i>Die Judenverschworung</i> in Frankreich (Le complot juif en France). Les erreurs et les contresens abondent dans ce texte amputé d’un quart de sa longueur et complètement remanié. Dans son étude sur le sujet, Alain de Benoist signale les nombreuses erreurs commises par divers auteurs qui attribuent au parti ou à la SS la paternité de cette fausse «traduction». (Alain de Benoist, <i>Céline et l’Allemagne</i>, 1933-1945, ouvrage publié par Le Bulletin célinien, Bruxelles. 1997)<br />Les calomnies de Jean-Paul Sartre, au lendemain de la guerre, faisant de Céline un salarié des nazis, ne valent pas mieux. En revanche, l’écrivain a été certainement plus engagé qu’il ne voulut le reconnaître après 1945. Mais il conserva néanmoins son franc-parler. Benoist-Méchin a décrit un dîner à l’Ambassade d’Allemagne, en février 1944, où un Céline déchaîné lance contre Hitler («<i>un mage pour le Brandebourg</i>») des imprécations qui font trembler Otto Abetz. L’ambassadeur du Reich a d’ailleurs peu d’affinités intellectuelles avec l’écrivain, mais il est sensible à sa renommée et à l’usage qu’il pouvait en faire. Jünger, lui, éprouve une véritable aversion. Le souvenir qu’il a noté de sa première rencontre avec Céline (7 décembre 1941), provoquera procès et polémique après la publication du <i>Journal de guerre</i>: <i>«il y a chez lui ce regard des maniaques, tourné en dedans, qui brille comme au fond d’un trou. (…) Il dit combien il est surpris, stupéfait, que nous, soldats, nous ne fusillions pas, ne pendions pas, n’exterminions pas les Juifs - il est stupéfait que quelqu’un disposant d’une baïonnette n’en fasse pas un usage illimité. […] Il exprimait de toute évidence la monstrueuse puissance du nihilisme…»</i> En vérité, chez les occupants, le seul admirateur et le seul soutien de Céline est Karl Epting, directeur de l’Institut allemand. Cette connivence fera d’ailleurs l’objet d’un rapport accusateur, dont nous avons parlé, signé le 28 janvier 1942 par le Dr Bernhard Payr, proche collaborateur d’Alfred Rosenberg, chef du Schriftumspflege Amt (service de surveillance de l’édition) et inspecteur itinérant du parti. C’est à ce titre qu’après ses visites à Paris en 1941 et 1942 il rédige ce rapport qui fustige les «errements» de l’Institut allemand, s’étonnant des relations entretenues par Epting avec certains auteurs français que soutient son Institut, à commencer par <i>«Louis-Ferdinand Céline, avec lequel M. Epting est particulièrement lié. (…) Sa personnalité est pourtant extraordinairement contestée, poursuit le Dr Payr. En son temps, dans son livre </i>Voyage au bout de la nuit<i>, il a glorifié l’objection de conscience. Il a mis en question et traîné dans la boue à peu près tout ce que l’existence humaine a produit de valeurs positives »</i>. Les pamphlets antisémites eux-mêmes n’ont pas la faveur du Dr Payr qui leur reproche leur caractère « hystérique» et « ordurier ». Dans un article sur la littérature française publié dans la revue de Rosenberg, Payr avait déjà critiqué <i>Les beaux draps</i>, ouvrage qualifié de «négatif». Il reprendra ces critiques en 1942 dans son livre <i>Phonix oder Asche</i> ? consacré à la littérature française de l’Occupation, dont Gérard Loiseaux a publié une traduction (Gérard Loiseaux, <i>La littérature de la défaite et de la collaboration</i>, Fayard, 1995). Dans ses souvenirs publiés en 1981, Gerhardt Heller (1909-1982) confirme les accusations de Payr: <i>«Si Céline bénéficiait du soutien total de l’Institut allemand, d’autres autorités d’Occupation estimaient qu’on n’aurait pas dû laisser paraître des livres aussi abjects…. »</i> Préférant Claudel à Céline, Heller oublie de préciser qu’il fit lui-même partie de ces «autorités» pour qui l’auteur du<i> Voyage</i> était l’un de ces expressionnistes «décadents» à la façon d’Emil Nolde ou de Gottfried Benn, fustigés par la littérature nazie.</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br />D’UN CHÂTEAU L’AUTRE<br />En dehors des <i>Beaux draps</i> et de <i>Guignol’s band</i> (1944), lequel relève de la fiction, Céline ne publie rien durant l’Occupation, mais il écrit de nombreuses lettres à des journalistes en vue parfois de leur publication (Céline, <i>Lettres des années noires</i>, op. cit.). Il accorde aussi quelques entretiens, délivrant des critiques acerbes et débridées contre Vichy, les Juifs ou les Allemands.</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhpZFJuE8RzduagSq0S-sZvEumFn2_YXo_OnBTvN01qRhDNaXAnAEqS6BS3aZnVRSF7E_zrS3HNhgDYhXAbOkKDE6MHCedcuSStx46ncGv_fGd9DwqkKghWQE3OgBNJEl0mTSE3qy_BRBDeCddK1voHFLUtsE6FSb6oBY6-x3HyfxmYpDSA0kDpUYCoEA=s2041" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1366" data-original-width="2041" height="429" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhpZFJuE8RzduagSq0S-sZvEumFn2_YXo_OnBTvN01qRhDNaXAnAEqS6BS3aZnVRSF7E_zrS3HNhgDYhXAbOkKDE6MHCedcuSStx46ncGv_fGd9DwqkKghWQE3OgBNJEl0mTSE3qy_BRBDeCddK1voHFLUtsE6FSb6oBY6-x3HyfxmYpDSA0kDpUYCoEA=w640-h429" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td></tr></tbody></table><span style="font-family: verdana;">Muni d’autorisations accordées par Karl Epting, l’écrivain quitte Paris pour l’Allemagne le 17 juin 1944, en compagnie de sa femme, Lucette, et du chat Bébert. Il séjourne d’abord à Baden-Baden où le rejoint son ami Le Vigan. Après plusieurs déplacements, il arrive le 28 octobre à Sigmaringen où sont regroupés un certain nombre de réfugiés français, tandis que le maréchal Pétain et Pierre Laval y sont conduits de force. </span><i style="font-family: verdana;">« Céline est absolument sans illusion, </i><span style="font-family: verdana;">note Marcel Déat. </span><i style="font-family: verdana;">Si jamais il a le temps d’écrire un "voyage au bout de la guerre", ce sera le plus formidable pamphlet de l’antinazisme </i><span style="font-family: verdana;">(Marcel Déat, </span><i style="font-family: verdana;">Mémoires politiques</i><span style="font-family: verdana;">, p. 897-898).» Il ne se trompait pas. L’intention de l’écrivain est de gagner le Danemark où il a remisé un «trésor de guerre» provenant de ses droits d’auteur, qui lui sera confisqué. Ayant obtenu les autorisations nécessaires, il s’achemine donc vers Copenhague à travers une Allemagne qui expire sous les bombes. Toujours flanqué de Lucette et de Bébert, il entre au Danemark le 27 mars 1945. Les nouvelles autorités faisant du zèle, il y sera emprisonné pendant dix-huit mois après la défaite du Reich. Du long et chaotique périple inauguré à l’été 1944, il tirera plus tard sa trilogie allemande, </span><i style="font-family: verdana;">D’un château l’autre</i><span style="font-family: verdana;"> (1957), </span><i style="font-family: verdana;">Nord</i><span style="font-family: verdana;"> (1960) et </span><i style="font-family: verdana;">Rigodon</i><span style="font-family: verdana;"> (publication posthume, 1969). S’efforçant d’organiser sa défense, Céline se renie sans vergogne, ce que lui reprochera Maurice Bardèche dans sa biographie.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Mais il conserve la dent dure. Jean-Paul Sartre qui le diffame dans<i> Les Temps modernes</i> de décembre 1945, le découvrira à ses dépens. Alors qu’il est emprisonné et menacé par les tribunaux de l’épuration, l’auteur des <i>Mouches</i> l’accuse d’avoir été « payé par les nazis ». La riposte vient sous forme d’un bref pamphlet (<i>A l’agité du bocal</i>): «<i>Vous avez emporté tout de même votre petit succès au "Sarah" sous la Botte, avec vos Mouches… Que ne troussez-vous maintenant trois petits actes en vitesse, de circonstance, sur le pouce, les Mouchards? L’on vous y verrait en personne, avec vos petits potes, en train d’envoyer vos confrères détestés, dits "Collaborateurs", au bagne, au poteau, en exiL… Serait-ce assez cocasse? Vous-même, bien entendu, fort de votre texte, au tout premier rôle… en ténia persifleur et philosophe." »</i><br />En 1946, dans sa prison de Copenhague, Céline recopie sur un cahier d’écolier des passages des <i>Mémoires d’outre-tombe</i>. Il songe déjà à <i>Féerie pour une autre fois </i>et s’identifie à Chateaubriand qu’il appelle René: <i>«René rêve de la France, l’âme de la France, je l’ai rêvée aussi, moi, barbet misérable…. »</i> Il écrit aussi au résistant Albert Paraz des lettres que celui-ci publiera dans <i>Le Gala des vaches</i>. On y retrouve l’idée lancinante que les « Aryens» sont bien les plus crétins et les plus salauds sur cette terre: <i>«Dans ma prison, il y avait 500 gardiens tous aryens, 500 millions d’Aryens en Europe. On me fait crever pour antisémitisme, ils applaudissent ! Où sont les traîtres, les ordures ! Tu voudrais que je pleure sur le sort de l’immonde bâtarde racaille sans orgueil et sans foi! Merci! Je pense des Aryens ce qu’en ont pensé au supplice Vercingétorix et Jeanne d’Arc! De belles saloperies! Vivent les Youtres ! Les Fritz n’ont jamais été pro-aryens, seulement antisémites, ce qui est absolument idiot</i> (Albert Paraz, <i>Le gala des vaches</i>, Editions de l’Elan, Paris, 1948, p. 94). »</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgZjwJYQOnjcC_dpo0xTYI4fPX9a4YaUXxWIIUHhV7gX6I4SFridFGecve2oYpqukxoW5LcYON4Ts1AqFd3lvHUy6EDkNQMLDD_SGnECE2844UmV5S594EsSdUKBOP-zpJqYgrJzU-Ym8Lr-B3aNHBHzzlE3vugpYDs4CDN1iQ4eybFUg_NSTiVDiMRiQ=s850" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="850" data-original-width="440" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgZjwJYQOnjcC_dpo0xTYI4fPX9a4YaUXxWIIUHhV7gX6I4SFridFGecve2oYpqukxoW5LcYON4Ts1AqFd3lvHUy6EDkNQMLDD_SGnECE2844UmV5S594EsSdUKBOP-zpJqYgrJzU-Ym8Lr-B3aNHBHzzlE3vugpYDs4CDN1iQ4eybFUg_NSTiVDiMRiQ=w332-h640" width="332" /></a></div><br /></div><div><span style="font-family: verdana;">Amnistié en 1951, il se réfugie dans une bicoque de Meudon avec Lucette et des chiens abandonnés. Il y vit misérablement ses dernières années, officiant comme médecin des pauvres, écrivant et publiant. A ses obsèques, en juillet 1961, à côté de Robert Poulet, parmi quelques rares fidèles, on remarque Roger Nimier qui s’était fait son infatigable défenseur chez Gallimard.</span></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-81192034825098493102021-12-31T05:12:00.001-08:002021-12-31T05:19:10.309-08:00Correspondance de Max Jacob à Jacques Mourlet… quelques allusions à Céline<div><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b>Correspondance (1939 à 1944) de Max Jacob à Jacques Mourlet <br />dans laquelle il est un peu question de Céline…</b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br />C’est par le truchement de sa mère Mathurine, que Jacques Mourlet (1916-1971) entre en correspondance avec Max Jacob. Mathurine a, semble-t-il, souhaité cette rencontre afin que son fils « soigne son langage et son style » : l’initiative a réussi et les deux hommes vont effectivement échanger une correspondance très chaleureuse de 1939 à 1944. Lorsque le poète fait sa connaissance, Jacques a 23 ans ; on est à la veille de la guerre. Jacques va être incorporé dans l’armée de l’Air ; il est stationné à Tours, d’où l’appellation fréquente de « l’aviateur de Tours » qu’on trouve sous la plume de Jacob. L’épistolier n’a pas été indifférent à ce service militaire ; dès la première lettre à Jacques, il explique sa sympathie pour ceux qui choisissent la vie militaire en raison de la discipline que cette vie exige : « Quant à la question de la caserne... c’est une école ! On apprend l’humanité à la caserne. » Cette première lettre adressée par un Jacob vieillissant de 63 ans à Mourlet témoigne d’une immense sympathie ; dès le départ, Jacques est déjà « mon ami » : « Monsieur, cher monsieur, monsieur mon ami, cher ami, mon cher Jacques Mourlet... cher Jacques en somme – » (lettre 1). Jacques Mourlet était sans doute déjà destiné à devenir un de ces amis privilégiés de Jacob qu’il mettait dans une catégorie à part, un ami en quelque sorte élu, au statut particulier. Jacques est un jeune homme à « former » et Max Jacob aime à former des caractères ; Jacques est de Bretagne et surtout quimpérois. Partant, l’amitié est immédiate et Jacob «adopte» le jeune homme. </span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgMq9RKpPhIWJCKfIJSqMlmBcvXkUzt3s45qVobOLrDEIpKbplUXxLf9tDFEVfsMHCwaalG3nzm6Hg5uzrlIulJcnGpA681LtLwovtW3KNmdDnGWP96EjRs8lRIAzm_hLlqYwbZrG3SP492qBd3GtGmzt1nTCUVyZH2e1hqFyEASkdH1XbQGAYk0EnLiA=s1176" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1176" data-original-width="959" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgMq9RKpPhIWJCKfIJSqMlmBcvXkUzt3s45qVobOLrDEIpKbplUXxLf9tDFEVfsMHCwaalG3nzm6Hg5uzrlIulJcnGpA681LtLwovtW3KNmdDnGWP96EjRs8lRIAzm_hLlqYwbZrG3SP492qBd3GtGmzt1nTCUVyZH2e1hqFyEASkdH1XbQGAYk0EnLiA=w326-h400" width="326" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;">Magdeleine Mourlet rendra visite à Céline (</span><span style="text-align: left;"><span style="font-family: courier;">parrain de son fils Volny</span></span><span style="font-family: courier;">) <br />à Korsør (Danemark) en septembre 1949.</span></td></tr></tbody></table><span style="font-family: verdana;"><br /><b>St-Benoît le 16 mai [19]40 [marge g., vo]</b> </span></div><div><span style="font-family: verdana;">J’ai une lettre de Céline où il est dit : « Vous ne connaissez pas l’ennui d’avoir à contrefaire sa voix toute sa vie à cause du public ! » En effet je ne connais pas cet ennui.</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEg06jIMkpW8fqaqmq4JCrAVnOwQ70W1mEjSmwioYx794VczvCQAeAu_G-Z7Us75O8xnnyfcnNcnv8ZFgApJb-8dTLt6uXazjKE0qt-tw2E5ZOjj0KZaaNojNlhld7kNXAfWKPbmBzj0xsj3FnkiP-YliaFEDCAqjH0tRfSU4ABgk3rsREaMwjEU2FiGeg=s750" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="750" data-original-width="670" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEg06jIMkpW8fqaqmq4JCrAVnOwQ70W1mEjSmwioYx794VczvCQAeAu_G-Z7Us75O8xnnyfcnNcnv8ZFgApJb-8dTLt6uXazjKE0qt-tw2E5ZOjj0KZaaNojNlhld7kNXAfWKPbmBzj0xsj3FnkiP-YliaFEDCAqjH0tRfSU4ABgk3rsREaMwjEU2FiGeg=w358-h400" width="358" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;">Été 1942 : Louis-Ferdinand Céline mimant la folie entre Lucette et son hôte, le docteur Paul Mondain, dans le jardin de l'asile d'aliénés dirigé par ce médecin-peintre. C'est Jacques Mourlet qui avait demandé à Mondain d'accueillir l'écrivain et sa femme, empêchés de se rendre à Saint-Malo par l'occupant.</span></td></tr></tbody></table></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b><br /></b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>le 6 mai [19]41 St-Benoît</b></span></div><div><span style="font-family: verdana;">Ne donne pas d’importance aux conseils de MM. les littérateurs. Toi qui aimes la poésie et la peinture, tu as bien assez de merveilleux dans ta vie. <b><i>Le conseil de Céline va à ceux qui ne pensent qu’à leurs sous</i></b> *. MM. les littérateurs font de la «copie» à tant la ligne. On ferait mieux de nous conseiller l’honneur, le deuil actuel, l’héroïsme, le culte du devoir, l’éclosion des sentiments humains... et la méfiance des agences matrimoniales. […]<br />Dieu a l’œil sur toi et te prépare un avenir que ni toi ni moi ne soupçonnons. Pas de coup de tête surtout, <b><i>à la recherche du merveilleux célinien stupide</i></b> : jouis de ce que tu as et qui n’est pas mince.<br />* « Le conseil de Céline » concerne probablement l’idée que les auteurs doivent produire en vue de leur lectorat : c’est l’idée qui sous-tend l’anecdote que Jacob répète souvent à propos de Céline, et qu’il raconte à Mourlet dans les lettres 41 et 67. Jacob n’a manifestement guère confiance en Céline, dont Mourlet devient un proche (Céline sera le parrain de son fils Volny). Cf. le catalogue de Paul Mondain en ligne, https://www.paul-mondain.com.<br />Paul Mondain (1905-1981), peintre vivant à Quimper et psychiatre, directeur de l’Hôpital psychiatrique de Gourmelen de 1937 à 1950, lié à Céline. Il connaissait Jacob et Mourlet, mais aussi Jean Moulin et le Dr Tuset.<br /><br /></span></div><div><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="font-family: verdana; margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEi7fQgn_3367W1VLdRuElcSpDLft_cvXXkWuInpzIoR0HzPDBzv6YUnmQRBKUUoijq-ubRSVI7MSGx0qF8d3WVa21p8Cqs8GUdAJ4xPZVh4n0MHQusbqXW6cCQE2epElyyX_PN8MR2J9kkPaR4w64OdrMsXLaziCGDN96vZ793vf3AVrCoyLY1kGJo7Sw=s840" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="609" data-original-width="840" height="464" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEi7fQgn_3367W1VLdRuElcSpDLft_cvXXkWuInpzIoR0HzPDBzv6YUnmQRBKUUoijq-ubRSVI7MSGx0qF8d3WVa21p8Cqs8GUdAJ4xPZVh4n0MHQusbqXW6cCQE2epElyyX_PN8MR2J9kkPaR4w64OdrMsXLaziCGDN96vZ793vf3AVrCoyLY1kGJo7Sw=w640-h464" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;">Jacob, Max : <i>Cavalier, cavalières</i> Dessin signé et daté 41 <br />avec envoi <i>à mon ami Mourlet</i></span></td></tr></tbody></table><br /></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>le 23 juin [19]41</b><br />Cher ami.<br />Je ne sais pas pourquoi exactement, mais il me semble que tu es en progrès. Oui ! Corbière, quand il parle de la mer et de la Bretagne, c’est très bien. Je trouve aussi que Loti parlant de la Bretagne de 1880 a été bien inspiré. Je ne doute pas que Céline soit un homme très sérieux, mais dans l’une de ses lettres, il me dit «Comme il est pénible de ne rien écrire qu’en vue du public ! » ou une phrase telle. Cette phrase le condamne à mon sens. Tu peux lui parler de moi - Je m’en fous...<br /><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>le 12 janvier [19]44 St-Benoît-s/Loire. Loiret</b><br />bien cher ami Jacques<br />Te dire la joie de ta lettre ! et surtout que tu rappelles notre correspondance, celle de l’aviateur de Tours et du vieux bonhomme aux messes !<br />J’avais bien envie de t’écrire mais je craignais beaucoup de choses. Ta mère m’avait parlé de <i><b>tes opinions céliniennes</b></i> *et je ne voulais pas m’imposer au nom de l’amitié : j’attendais l’autorisation : tu me la donnes et me voici. Me voici avec les sentiments aussi vifs et mes deux mains tendues.</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br />Entre le 30 décembre 1942 et le 12 janvier 1944, la correspondance connaît une éclipse. Ce silence semble avoir résulté d’une rumeur venant de la mère de Jacques *. De toute évidence, Jacob craignait que Jacques ait des opinions antisémites et cette rumeur, apparemment sans fondement, l’aurait mené à cesser d’écrire pendant l’année 1943. Des « opinions céliniennes » : Jacob semble imaginer que l’association de Mourlet avec Céline implique ces idées antisémites. Il n’y a pas d’indication que Mourlet adhérait à de telles idées.</span></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-7107947149967361662021-12-05T08:07:00.003-08:002021-12-05T08:14:19.027-08:00Jean-Pierre Thibaudat, receleur des manuscrits volés à Céline, voit L’Église à Nanterre puis Lucette à Meudon (Libération 10-11 octobre 1992)<div><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><b>Thibaudat à Meudon après <i>L’Église</i> par Martinelli </b></span></div><div><span style="font-family: georgia;"><b><i>Libération</i> 10-11 octobre 1992</b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEiLF2-OezR_YczbdpuJt8U1NDBCcpmWt0v14GmtNFCyxMNWD6qj7FpFAHLJx4YeADzUpFds8EQDjueVov5rt0raXSgI1UB7Q_Mpfq9WkR6wKTasRRoJrZ-gaHjxZkbNXaUY7B3nvXL8sObMK8GW-MEWLg0kIw4BxGf-s4Agp6bvfNb3GfE1sWyQoBMyCA=s1280" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1280" data-original-width="992" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEiLF2-OezR_YczbdpuJt8U1NDBCcpmWt0v14GmtNFCyxMNWD6qj7FpFAHLJx4YeADzUpFds8EQDjueVov5rt0raXSgI1UB7Q_Mpfq9WkR6wKTasRRoJrZ-gaHjxZkbNXaUY7B3nvXL8sObMK8GW-MEWLg0kIw4BxGf-s4Agp6bvfNb3GfE1sWyQoBMyCA=w310-h400" width="310" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><div style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;">En une : MARTINELLI PLANCHE SUR CELINE</span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;">Pour monter «<i>L’Église</i>», Jean-Louis Martinelli a reconstruit la pièce de l’écrivain et coupé certaines bouffées antisémites. Malgré ce choix qui peut se discuter, sa mise en scène sert la verve célinienne. Et n’a pas déplu à Lucette Destouches, veuve de LF.C. Lire page 25.</span></div></td></tr></tbody></table><br /><div><b><i><span style="font-family: georgia; font-size: large;">Céline, début du Voyage</span></i></b></div><div><span style="font-family: verdana;"><b><i><br /></i></b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b><i>Pour sa version de «</i>L’Église<i>», matrice du «</i>Voyage<i>», Jean-Louis Martinelli a reconstruit la pièce, en coupant notamment certains passages antisémites. Restent une satire parlante et marrante des milieux coloniaux et tout un magasin de réminiscences céliniennes.</i></b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhAhjVW-exo14kNksOEdZfIBn8CmGj_mwy-kXKG4IvxXGkudyxoGvWiqhQs5ICLRnCUIyCW7lEf2-CIRv3noKhuiWVBKclTbufMOXM_J3BMIqpO4P_vEU-7SThd_C-r8inQflWeo7uBBlHyjd3msaTy3AIKcyNu-VTl-lwiLQDr_obRRCvH1jz2JgbwrQ=s1347" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1347" data-original-width="1071" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhAhjVW-exo14kNksOEdZfIBn8CmGj_mwy-kXKG4IvxXGkudyxoGvWiqhQs5ICLRnCUIyCW7lEf2-CIRv3noKhuiWVBKclTbufMOXM_J3BMIqpO4P_vEU-7SThd_C-r8inQflWeo7uBBlHyjd3msaTy3AIKcyNu-VTl-lwiLQDr_obRRCvH1jz2JgbwrQ=w318-h400" width="318" /></a></div><span style="font-family: verdana;"><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div>«Le théâtre me tarabuste », déclare Céline à un journaliste de <i>L’Intransigeant</i> en 1933, alors qu’il est déjà l’auteur à succès du <i>Voyage</i>. En 1926, celui qui n’est encore que le docteur Destouches basarde sa première vie. Au retour d’un second voyage en Afrique (énième mission pour la Société des nations) et de sa découverte des Etats-Unis, après avoir rencontré la danseuse américaine Elisabeth Craig à Genève, et quitté sa première épouse Edith Follet, le docteur néglige de plus en plus ses rapports de mission pour la SDN, obtient sans mal un congé maladie, revient à Paris avec Elisabeth, écrit. Quoi? Du théâtre. <i>L’Église</i> met en scène quelques épisodes de sa vie passée et parfois future: Bardamu en Afrique (acte 1), Bardamu à New York (acte II), Bardamu et la SDN (acte III), Bardamu docteur à Blabigny-sur-scène, «près de Paris, dans une banlieue ouvrière» (actes IV et V). Une «comédie» dont Bardamu est le fil conducteur plus que le héros, un double transparent de l’auteur, et Pistil (alcoolique des colonies au début de la pièce, patron de bistrot à la fin), la première bête du bestiaire célinien.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">En 1927 Gallimard refuse la pièce: «De la vigueur satirique mais manque de suite. Don de la peinture de milieux très divers », dit une note de lecteur (I). Difficile en effet de trouver une intrigue réglementaire ou classique dans les pérégrinations de Bardamu. « Il y a une technique spéciale, des trucs, un certain "nœud" qui m’échappe», avoue Céline au journaliste de<i> L’Intransigeant</i> (2).</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><b><span style="font-family: arial; font-size: medium;">«Une des grandes œuvres dramatiques du XXe siècle»</span></b></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;">«Une des grandes œuvres dramatiques du XXe siècle», dit au contraire Jean-Louis Martinelli, qui aujourd’hui la met en scène. Un jugement évidemment filtré, influencé par l’œuvre écrasante de Céline. Si Martinelli disait vrai, il n’aurait pas éprouvé le besoin de couper, de reconstruire deux actes (New York et la SDN) sur cinq comme il le fait, non sans efficacité scénique, et les mises en scène de <i>L’Église </i>ne se compteraient peut-être pas sur les doigts d’une main. La version de Martinelli est saisissante et les côtés bringuebalants de la pièce réveillent en elle une œuvre ouverte, très «parlante», bien servie par les décors troués d’air de René Caussanel.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Au même journaliste de <i>L’Intransigeant</i>, Céline déclare que ses dialogues feront «marrer». Il n’a pas tort. L’acte I est une splendide satire des milieux coloniaux de l’AOF, les deux derniers flirtent joliment avec le mélodrame sans s’y complaire, et </span></div><div><span style="font-family: verdana;">le II ne manque pas de répliques au tac au tac.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Exemple:</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Flora -Vous avez un nègre, vous?</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Bardamu -Oui, pour les expériences.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Flora -Oh! Horreur!</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Bardamu -Je lui enlève un petit morceau de peau, matin et soir, et je bois son sang avec du café. Ça donne du goût!</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Flora -D’où vient-il?</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Bardamu -Il vient de la fièvre jaune; c’est le fils de M. Gaige.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Flora - Vous êtes fou!</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Bardamu -Non, je vous aime!»</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Si Céline garde <i>Progrès</i>, une «farce en trois tableaux», sûrement écrite aussi en 1927, dans ses tiroirs, sans doute cherche-t-il à faire jouer <i>L’Église</i>.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Plus tard, Dullin et Jouvet semblent l’avoir eue entre leurs mains, «Dullin habitait Montmartre, pas loin de chez nous, il aimait bien Louis et Louis a toujours été attiré par les acteurs», se souvient sa veuve, Lucette Destouches. La pièce sera finalement créée par une troupe amateur lyonnaise, raconte Lucette Destouches, «mais il n’a pas voulu aller voir ça». Par la suite, l’écrivain jugera sévèrement cette première œuvre: «Il me disait que <i>L’Église</i> était une pièce ratée et que, pour qu’elle soit une vraie pièce, il faudrait être dans le théâtre comme Marcel [Aymé, NDLR], travailler avec un metteur en scène.»</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Ce que fait Martinelli <i>post mortem</i> en s’entourant d’excellents acteurs, en tête desquels Jean-Pierre Sentier (Pistil), tout en poésie chaudement désabusée, et Charles Berling (Bardamu), tout en anxiété nerveuse et verbale (mais il faudrait citer toute la distribution, très juste, Christine Gagnieux, Georges Mavros, etc.); en rassemblant les talents de l’accordéoniste Gérard Barreaux, de la danseuse Véronique Ros de la Grange et de la costumière Elisabeth Neumuller.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">De son vivant, Céline, qui aimait tant les gens de spectacle, n’aura vu monter aucun de ses ballets, aucune de ses pièces. Mais le théâtre aura été la béquille, le premier roulement de son écriture lestée de façon singulière par l’oral, la parlerie. Emouvant de voir à travers Bardamu, la phrase célinienne en train de prendre corps, le verbe s’engrosser de lui-même dans une sorte de jeu de massacre. </span></div><div><span style="font-family: verdana;">Henri Godard, l’éditeur de Céline dans la Pléiade, rappelle fort à propos ce passage de <i>Féerie pour une autre fois</i>: « Encore au début, tout début, je fredonnais ... Je me disais, ça sera de l’opérette ! ... J’aurais eu tellement moins d’ennuis! ... mais par timidité sans doute, le manque de relations, j’en suis demeuré au libretto ... et puis de rudesse en rudesse voilà trois mille portées qui tournent prose! ... et de prose en prose plus triste! toute noire! roman.»</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Dans ses coupes, Martinelli réduit, donc atténue, les bouffées antisémites qui traversent <i>L’Église</i>: telle réplique ou un bateau nommé «<i>youpinium</i>» restent, mais disparaissent pratiquement un juif polonais au «nez extrêmement crochu» et l’inventaire des juifs de la SDN: « M. Yudenzweck, Directeur du Service des Compromis à la Société des Nations, Juif, quarante-cinq ans; M. Mosaic, Directeur des Affaires Transitoires, Juif, même âge; M. Moise, Directeur du Service des indiscrétions, Juif, même âge.» Si ce sont dans la pièce des personnages ni plus ni moins grotesques que «le Délégué de la République Tchoucomaco-bromo-crovène, Balkanique officiel, quarante ans» ou «le professeur Ventrenord, Français, barbu, genre député centre et bruyant », il y a là clairement les prémisses du brûlot que sera <i>Bagatelles pour un massacre</i>, dédié à Eugène Dabit et «à mes potes du "théâtre en toile"», où Yudenzweck deviendra Yubelblat, personnage(s) inspirés de Rajchman, le patron du docteur Destouches à la SDN. Apparemment, Jean-Louis Martinelli a effectué ces coupes dans un souci d’efficacité dramaturgique: les coupes n’étant jamais vraiment innocentes, ne vont-elles pas être lues d’une tout autre façon?</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: arial;"><b><i>A</i>ujourd’hui, la pièce fonctionne chez le spectateur, lecteur de Céline, comme un magasin incessant de réminiscences, de correspondances</b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjBt75zopb4sYSxPj334LKlOtdi4UOGJnjTXns2DaTAWl64374ZmyTECjYF1gdWATMiMuEj7YNUgz4OfXSXydxckqkgPVtzihCZdHS8ad5G0zfXUrLWwAW7y12DFSOOstWp-U92GvRd5nKa-ad53PsfbMyTyXTyNNRZ6ysmDDyQ1FlPZLDLenGW15z6tQ=s1160" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1160" data-original-width="850" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjBt75zopb4sYSxPj334LKlOtdi4UOGJnjTXns2DaTAWl64374ZmyTECjYF1gdWATMiMuEj7YNUgz4OfXSXydxckqkgPVtzihCZdHS8ad5G0zfXUrLWwAW7y12DFSOOstWp-U92GvRd5nKa-ad53PsfbMyTyXTyNNRZ6ysmDDyQ1FlPZLDLenGW15z6tQ=w469-h640" width="469" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;"><i>L'Église</i> dans <i>VU</i> du 27 septembre 1933</span></td></tr></tbody></table><i style="font-family: verdana;"><br /></i></div><div><span style="font-family: verdana;">Bagatelles</span><span style="font-family: verdana;"> s’ouvre et se ferme sur deux ballets, dûment décrits la Naissance d’une fée et Van Badagen. Ce qui nous ramène aux figures énigmatiques de la danseuse Elisabeth Gaige dans </span><i style="font-family: verdana;">L’Église</i><span style="font-family: verdana;">, du personnage complémentaire de Véra qui en est comme la doublure, et de «l’Américaine» dans </span><i style="font-family: verdana;">Progrès</i><span style="font-family: verdana;">, dont le modèle commun est évidemment Elisabeth Craig, à laquelle Céline dédiera son </span><i style="font-family: verdana;">Voyage</i><span style="font-family: verdana;"> a<i>u bout de la nuit</i>.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Scène: Elisabeth se met près du mur, on abaisse un store noir sur la fenêtre, un «Russe fringant» nommé Raspoutine l’éclaire avec un jeu de lampes et, tandis que «les ombres se débattent, intriquées sur le mur, au rythme de la musique du gramophone», Bardamu entre. «Dans la nuit, il n’a pas été vu; il s’est assis sur une chaise, près de la porte. Il regarde, il écoute, il attend. »</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhRvGqo0OpwNwmqDKa4Z2ZMvofagvpOb2bP15mgXllDmfXYY22tQMzPiyx79sFzb0LoU49bZaf0i3lOkosIYBC5WAuYoDaj_p3SD168BgvXj4MiOT0bbgo4fJ6QYyMAqHR0eHZ2Dnlp3jSselMMyt7Ny_PUacLvLN4J0E94VlbaDfkBtOx4-49muYoEow=s1417" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="926" data-original-width="1417" height="418" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhRvGqo0OpwNwmqDKa4Z2ZMvofagvpOb2bP15mgXllDmfXYY22tQMzPiyx79sFzb0LoU49bZaf0i3lOkosIYBC5WAuYoDaj_p3SD168BgvXj4MiOT0bbgo4fJ6QYyMAqHR0eHZ2Dnlp3jSselMMyt7Ny_PUacLvLN4J0E94VlbaDfkBtOx4-49muYoEow=w640-h418" width="640" /></a></div><span style="font-family: verdana;"><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div>C’est la première fois qu’i! voit Elisabeth. Cette scène est escamotée dans la version scénique de Martinelli. Dommage, car l’un des charmes de </span><i style="font-family: verdana;">L’Église</i><span style="font-family: verdana;">, aujourd’hui, c’est que la pièce fonctionne chez le spectateur, lecteur de Céline, comme un magasin incessant de réminiscences, de correspondances: le </span><i style="font-family: verdana;">Voyage</i><span style="font-family: verdana;"> est là, le souvenir que l’on en a, et la suite. Ainsi, ce que dit Bardamu des cités américaines dans </span><i style="font-family: verdana;">L’Église</i><span style="font-family: verdana;"> -«Oh ! Chez nous, les villes, c’est couché, hein, et elles attendent le voyageur, tandis qu’ici elles sont toutes droites, debout, ça vous la coupe » - fait résonner telle page du </span><i style="font-family: verdana;">Voyage</i><span style="font-family: verdana;">: «Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite. New York c’est une ville debout. On en avait déjà Vu des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux même. Mais chez nous, n’est-ce pas, elles sont couchées les villes… »</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Alors on comprend pourquoi Martinelli a eu envie de glisser dans <i>L’Église</i> les deux chansons que Céline écrira plus tard. Lucette Destouches ne s’en est pas offusquée, au contraire. «Louis ce qu’il aimait c’était surtout l’opérette. Enfant il avait habité près de la Gaîté Lyrique [passage Choiseul, NDLR]. Il marmonnait des airs. Il aurait aimé jouer du piano mais avec sa main… Les chansons, il les a faites à</span></div><div><span style="font-family: verdana;">un doigt. Mais comme il ne pouvait pas déposer la musique à la Sacem, c’est un autre qui a signé. »</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><i><b>Jean-Pierre THIBAUDAT</b></i></span></div><div><span style="font-family: verdana;">(1) Cité par François Gibault dans sa biographie, trois vol.. Mercure de France. (2) Cité par Frédéric Vitoux dans la Vie de Céline. Grasset.</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><i>L’Église</i>. Théâtre Nanterre-Amandiers du mardi au samedi 20h30, dimanche 16h, jusqu’au 25 oct. 46.14.70.00</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjohoUPpfhf4yjsjagwvZ8x3A1W70E1q19cvHf2w4dZn4r6G66SXRMr8riH7i1ZDNYW7BvQb65MNk6udoHv70RJvw9uVgzB7HW28ItxUvfczhVjMdh945tS_qtlmzwKKDJdZbDlNZQNNcABf0U3oXD8UVHGhC6bKZeyD97Mgm16heewaeXLGSWqNuhlrA=s1335" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1335" data-original-width="1077" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjohoUPpfhf4yjsjagwvZ8x3A1W70E1q19cvHf2w4dZn4r6G66SXRMr8riH7i1ZDNYW7BvQb65MNk6udoHv70RJvw9uVgzB7HW28ItxUvfczhVjMdh945tS_qtlmzwKKDJdZbDlNZQNNcABf0U3oXD8UVHGhC6bKZeyD97Mgm16heewaeXLGSWqNuhlrA=w516-h640" width="516" /></a></div><div style="font-family: verdana;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><b><span style="font-family: arial; font-size: large;">Lucette Destouches : «Jamais content»</span></b></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><b><span style="font-family: georgia; font-size: medium;"><i>Après la représentation de </i>L’Église<i> en présence de la veuve de l’écrivain, retour à Meudon : où, sans vivre dans le culte, elle évoque les humeurs de L.-F. C.</i></span></b></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;">Lucette Destouches, ancienne danseuse sous le nom de Lucette Almanzor, est venue voir <i>L’Église</i> à Nanterre avec ses amis: son avocat François Gibault, Sergine le Bannier (retrouvée par Gibault il y a quelques années) chez les parents de laquelle Céline et Lucette allaient en vacances à Saint-Malo dans les années trente, et Jean-François Stevenin qui, à partir de <i>Nord</i> et de bien d’autres choses, ne désespère pas de faire un jour un film. Très satisfaite de la représentation, elle a remercié les acteurs et s’est fait raccompagner à Meudon. Au 25 ter, route des Gardes. c’est une maison gardée par trois chiens gris et noirs. Des chiens de rue, des chiens perdus, «des chiens de la SPA», dit-elle. Le plus aboyeur s’appelle Roxane. Un matou sombre au poil effaré déboule du porche (qui n’est plus celui, rafistolé de barbelés, devant lequel Lipnitzki photographia Céline), monte vers la maison. «Je nourris aussi les chats, les pigeons», dit-elle. Et puis il y a le perroquet. Un faux-dormeur perché dans sa cage, gardant du bec un gobelet d’eau et un morceau de lard pendu au bout d’une ficelle. Et puis il y a l’autre perroquet, le faux, le tissé main, arc-bouté sur son perchoir face au miroir. Et encore, au mur, la vieille photo d"un chat noir, Bébert, l’enterré du jardin, et, de l’autre côté du mœlleux canapé, la photo de Louis Ferdinand Destouches, dit Céline. C’est ça Meudon. Un doux fouillis de guéridons, de coussins, de canapés, de </span><span style="font-family: verdana;">suspensions, d’animaux. Et des odeurs de parfum à tous les étages. «Tout a brûlé», dit-elle. Tout s’est envolée par l’escalier. Anéanti le studio de danse d’où déboulaient les élèves qui appréhendaient vaguement de rencontrer l’épouvantail d’en bas. Tout. Sauf les volets. Hauts, lépreux. Intacts. Par la suite, elle avait fait construire un autre studio de danse dans le jardin, tout en bois. Brûlé. Depuis,</span></div><div><span style="font-family: verdana;">on lui a bricolé un studio au rez-de-chaussée, à l’emplacement de la cour où Céline s’asseyait. Ses anciennes élèves y viennent une fois la semaine danser avec elle. «Incroyable ce qu’elle peut faire à 80 ans avec son ventre», dit maître Gibaud qui, entre deux dossiers chauds genre DC 8-Lybie, s’occupe depuis 1967 des affaires de Lucette, ayant gagné sa confiance les dimanches où, debout sur son dos, elle lui remettait de l’ordre dans les osselets de ses vertèbres. Petit à petit il est devenu célinien. Son affabilité et son métier d’avocat lui ont ouvert bien des portes, des cœurs, des correspondances, et son passé militaire quelques chemises confidentielles, le tout est réuni dans trois volumes d’une biographie précise.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">« Quand on est arrivés, on voyait la Seine», dit-elle, aujourd’hui on la devine. Les chiens aboient, Roxane fait la danse du ventre sur le canapé. Gardienne de ce qui n’est pas, de ce qui n’a jamais été un temple, Lucette ne vit pas dans le culte, ni même dans le souvenir de L-F.C., plutôt dans une affection qui perdure. «On est arrivés là par hasard. A cause du prix. Deux millions. Ailleurs c’était cher. J’ai vendu des fermes dont j’avais hérité en Normandie. On s’est installés. Tout était délabré. C’était vraiment la campagne. Des rues pavées, quelques petites bicoques. On était loin de Paris. Louis ne voulait pas de voiture, il n’a jamais su conduire, c’est tout juste s’il a voulu du téléphone. Il n’a pas voulu non plus que l’on fasse de gros travaux. Au début on n’avait pas de chauffage; un hiver, les vieux radiateurs ont explosé. Louis écrivait avec des gants, des épaisseurs. Quand on est revenus du Danemark, c’était un homme cassé, fatigué. Il n’avait pas envie de voyager, de bouger, il n’est jamais allé en haut du jardin. Nimier venait le dimanche, souvent avec Blondin, ivre, Louis n’aimait pas ça.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">En dix ans, il a dû aller peut-être deux fois chez son éditeur, Gallimard. Le théâtre, il aurait bien voulu y aller [en dix ans, il verra deux spectacles: une pièce de Marcel Aymé et les ballets du marquis de Cuevas, NDLR). Comme le musée de la Marine: il adorait les bateaux, il voulait le voir, il ne l’a jamais vu. Il n’avait pas le temps. C’était un médecin, il sentait venir la fin. Il était grand, maigre, très marqué avec toutes les restrictions, habillé avec des houppelandes et des ficelles pour tout: son portefeuille, ses gants, ses valises à manuscrits. Tout ça un peu polichinelle. Il faisait un peu peur. » Pour le travail, il était très ordonné. Une épingle à linge pour chaque chapitre. Il les suspendait ainsi au-dessus de la cheminée, et puis il les mettait dans des cageots à légumes avec couvercle. Il voulait pas qu’on y entre, dans sa pièce. Et surtout pas qu’on y fasse le ménage. Tous les soirs il me lisait les chapitres. «Tu descends! il m’appelait, tu descends!!», sa voix devenait de plus en plus forte. Je m’asseyais et j’écoutais. Il lisait tout haut. Saccadé. Haché. Quand Fabrice Luchini dit du Céline, il se rapproche de cela. Il voyait sur mon visage si tel passage ne me plaisait pas, il le voyait plus en me regardant qu’en m’écoutant. Je trouvais qu’il écrivait trop souvent "merde". Il me disait que les gros mots, c’était nécessaire. Je parlais peu avec lui. Il me parlait, tout seul, il monologuait, c’était sa façon de travailler. Il aimait plutôt parler des gens, savoir ce qu’ils étaient devenus. Elisabeth Craig, par exemple, il aurait bien voulu savoir. Tous les gens de sa vie, il fallait qu’il me raconte. Ça lui plaisait. Il me disait: "Tu te souviens de ça et de ça", les choses les plus pénibles, il insistait, je n’aimais pas beaucoup me rappeler le Danemark, toutes ces choses. Il se servait de moi comme reflet. Dix fois, vingt fois il recommençait un chapitre. Jamais content. Il raccourcissait la phrase jusqu’au mot juste. Même la nuit, assis dans le lit - il dormait assis, allongé il ne pouvait pas-, il me disait: "Ecris!" J’avais toujours un petit carnet à côté de moi. Comme il ne dormait pas, ou très mal, il ressassait. Il pouvait buter toute une journée sur une phrase. C’était comme de la musique. Très rythmée. Il prenait beaucoup de Gardenal, mais il se levait à 6 heures du matin, travaillait aussitôt qu’il en avait la force. Il luttait contre les migraines, le palu, la dysentrie, il avait le corps chaviré. De partout. Sans excès pourtant, il ne fumait pas, ne buvait pas, mangeait presque rien. On ne déjeunait pas, on ne dînait pas, il s’en fichait. Il adorait les croissants. C’était pas un jouisseur, un profiteur. Il était toujours après son travail. Il est mort juste après avoir fini Rigodon.»</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Et puis il aimait les choses tendres. Les légendes, les ballets, les chansons. S’il portait des coups, c’était pour se faire entendre. Il disait qu’il aurait préféré écrire quelques vers de Shakespeare. Il était sensible au son. Il cherchait la musique, le ton. Jamais content de lui. Cela ne coulait jamais. Même quand les épreuves arrivaient, il changeait. Jamais content. Jusqu’au bout.»</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><i><b>Recueilli par J·P.T</b></i></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>Débat autour de «<i>L’Église</i>»</b></span></div><div><span style="font-family: verdana;">Une journée de rencontres, débats et lectures autour de la présentation de<i> L’Église</i> par Jean-Louis Martinelli a lieu ce samedi à partir de 14h et jusqu’à 19h30, au théâtre de Nanterre-Amandiers, en présence du metteur en scène. A 14h30, les acteurs André Marcon et François Berléand liront les <i>Entretiens avec le professeur Y</i>, à 15 h 15 seront projetés les films de deux entretiens avec Louis-Ferdinand Céline réalisés par la télévision en 1957 et 1959. A 16h suivra une table ronde réunissant Henri Godard, critique et éditeur de l’œuvre de Céline dans la Bibliothèque de la Pleïade, Jacques Henric, écrivain et critique d’art, Frédéric Vitoux, écrivain et journaliste, Pascal Ory, historien, Jean-François Stevenin, acteur et cinéaste. Véronique Ros de la Grange, danseuse et chorégraphe, ainsi que l’acteur Gérard Barreaux qui fera entendre à 18 h 30 des fragments de <i>Mort à crédit</i>.</span></div><div><br /></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-58185039841910260412021-10-29T23:10:00.000-07:002021-10-29T23:10:32.752-07:00Céline, une pathologie française dans Actualite Juive n°1613 du 30 septembre 2021<div><b><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCiOSoIVz7nXfsYJl2Y-K2tDyE8hyphenhyphenFcNz6aLaOLIQkwnNeEqh61q3NtiFMFk8m93pyH2a1Rf-uziyXB3XhIXlPeB9LOi0cGyGExdYQ0y1o0qMSD4CLgoAzQ2fBk9FKUNZts2rGJtzbx84k/s1262/Actualite+Juive+COUV+Ce%25CC%2581line%252C+une+pathologie+franc%25CC%25A7aise-1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1262" data-original-width="992" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCiOSoIVz7nXfsYJl2Y-K2tDyE8hyphenhyphenFcNz6aLaOLIQkwnNeEqh61q3NtiFMFk8m93pyH2a1Rf-uziyXB3XhIXlPeB9LOi0cGyGExdYQ0y1o0qMSD4CLgoAzQ2fBk9FKUNZts2rGJtzbx84k/w504-h640/Actualite+Juive+COUV+Ce%25CC%2581line%252C+une+pathologie+franc%25CC%25A7aise-1.jpg" width="504" /></a></div></b><b><span style="font-family: verdana;"><div><b><span style="font-family: verdana;"><br /></span></b></div>Dans son numéro n°1613 du 30 septembre 2021, </span><span style="font-family: verdana;"><i>Actualite Juive</i> titre en couverture </span><span style="font-family: verdana;"><i>Céline, une pathologie française</i> et annonce les points forts du dossier : </span></b></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>- La rocambolesque histoire des manuscrits retrouvés ! </b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>- Antisémite et pronazi, la vérité sur le « grantécrivain » ! </b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>- Enquête sur les puissants « célinomanes » ! </b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>- Avec les décryptages de Pierre-André Taguieff et d’Emile Brami.</b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>Pas de quoi vraiment fouetter un chat !</b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>Je me suis tout de même attelé à la lecture de ce numéro, appâté par le décryptage d'Émile Brami annoncé à côté de celui de Taguieff dont nous ne pouvons plus attendre beaucoup tant il a raclé le fond de ses tiroirs pour nous "prouver" que Céline était antisémite (<i>sic</i>) et collabo (ce dont son dernier pavé ne nous a pas convaincu). Mais contrairement à ce qui était annoncé en couverture, si le décryptage de Taguieff s'étale sur deux pages dans lesquelles il nous ressert ses mêmes salades, celui de Brami se résume à deux ou trois citations sans contexte et déjà lues ailleurs. </b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>Le contenu du dossier est résumé en page 8 :</b></span></div><div style="text-align: left;"><div><b><span style="font-family: verdana;">- La récente découverte de 6000 pages inédites va sans doute conduire à une « réévaluation de l'immense œuvre célinienne », comme le prévoit Bernard-Henri Lévy dans <i>Le Point</i>.<br /></span><span style="font-family: verdana;">- L'écrivain Jean Narboni et l'historien des idées Pierre-André Taguie ff pointent la durable cécité des milieux culturels et li!éraires face à l'antisémitisme avéré de Céline, de nature hitlérienne.<br /></span><span style="font-family: verdana;">- De Patrick Buisson à Philippe Sollers, les inconditionnels de l'auteur de <i>Voyage au bout de la nuit</i> sont légion. À quoi tient leur engouement ? Pourquoi la haine des juifs est-elle souvent minorée?</span></b></div></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><b>De tout ça, nous avons retenu deux articles médiocres et surtout attendus qui n'apportent rien au débat, dont celui d'Alexis Lacroix qui se tord les cheveux pour nous dire combien il hait ce qu'il aime ! Et un entretien plus intéressant avec Jean Narboni, auteur de <i>La Grande illusion de Céline</i>.</b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><b><br /></b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj499_xYAUJlXdi6yUGfO4Em5x2DFg2DrHKhYWmvS0SW03blyh2lH81_fJu6D1VDlVEyqe2rtdufzCJv7CeI2leHRiKNikK7m30G26PmhxU4QkBhGxv-wK-i5DSgNnbEpKZF0R2f0AnG0YK/s1534/Actualite+Juive+P+8-9+Ce%25CC%2581line%252C+une+pathologie+franc%25CC%25A7aise-1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1001" data-original-width="1534" height="418" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj499_xYAUJlXdi6yUGfO4Em5x2DFg2DrHKhYWmvS0SW03blyh2lH81_fJu6D1VDlVEyqe2rtdufzCJv7CeI2leHRiKNikK7m30G26PmhxU4QkBhGxv-wK-i5DSgNnbEpKZF0R2f0AnG0YK/w640-h418/Actualite+Juive+P+8-9+Ce%25CC%2581line%252C+une+pathologie+franc%25CC%25A7aise-1.jpg" width="640" /></a></div></span><span style="font-family: arial;"><b>Affaire des manuscrits retrouvés</b></span><span style="font-family: verdana;"> </span></div><div><span style="font-family: georgia;"><b><i>Pourquoi Céline n’en finit pas de faire parler de lui par Laëtitia Enriquez</i></b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br />La découverte de milliers de feuillets inédits de Céline est un événement littéraire, mais quelles conséquences pourrait avoir cette affaire rocambolesque ?<br />Pour le philosophe Bernard-Henri Lévy, dans Le Point, la découverte de 6 000 pages inédites écrites par Céline est si importante que « c’est toute l’œuvre célinienne et, par la force des choses, toute la littérature du XXe siècle qui, lorsque cette somme sera publiée, devront être réévaluées ». L’événement, révélé par le journal Le Monde le 4 août dernier, relève à la fois de l’exceptionnel et du rocambolesque. Ces milliers de feuillets disparus en 1944, qui viennent de ressurgir dans des circonstances étonnantes, mais qui restent encore à éclaircir, représentent sans doute la plus grande découverte littéraire des dernières décennies.<br />Dans cet équivalent d’un mètre cube de feuillets relativement bien conservés se trouvent l’entièreté du manuscrit de <i>Casse-pipe</i> ; le manuscrit de <i>Londres</i>, un roman inédit ; mille feuillets d’une version complète de <i>Mort à crédit</i> ; un conte médiéval, <i>La Volonté du roi Krogold</i> ainsi que des lettres à Robert Denoël et peut-être à Robert Brasillach.<br />Sur France Culture, le 18 août dernier, Antoine Gallimard a déclaré souhaiter « se mettre d'accord avec les deux ayants droit pour aller le plus vite possible et démarrer le plus tôt possible, dès le mois de septembre, pour l'édition déjà de <i>Casse-pipe</i>. En trouvant la bonne formule pour faire un appareil critique léger, afin d'expliquer l'importance de ce texte-là, dans la genèse de l'œuvre de Céline ». Il faudra, toutefois, régler les questions juridiques que pose la résurrection de ces archives. Jean-Marc Thibaudat, critique dramatique et ancien journaliste à <i>Libération </i>dit s’être vu remettre ces feuillets écrits de la main de Céline par un de ses anciens lecteurs qui lui avait demandé de ne pas les rendre publics avant la mort de Lucette Destouches, la veuve de l’écrivain et ce, afin de ne pas l’enrichir. Ce n’est donc qu’à la suite de la mort de celle-ci que le journaliste est allé révéler à l’avocat Emmanuel Pierrat, spécialiste du milieu littéraire, être le récipiendaire de cette somme de documents.<br />Depuis, les deux ayants droit de Céline, Véronique Chauvin, ancienne confidente et élève de Lucette Destouches et l’avocat François Gibault ont déposé une plainte pour recel de vol contre Thibaudat. Pour l’heure, l’ancien journaliste refuse d’en dire plus sur le donateur qui lui aurait donné gracieusement ces manuscrits, invoquant le « secret des sources ». Deux pistes pour l’heure se profilent pour déterminer qui aurait, en 1944, volé ces documents à l’auteur antisémite. Des résistants qui, lors d’une perquisition de l’appartement de Céline, en août de cette année-là, se seraient emparés du magot. Ou bien Oscar Rosembly, ami de Céline d’origine juive à qui l’auteur antisémite avait demandé de tenir sa comptabilité « parce qu’il pensait justement qu’il était juif », explique Émile Brami, libraire et biographe de Céline. Celui-ci croit la seconde version plus plausible. « Corse, Oscar Rosembly, possédait une maison sur l’Île où ces documents auraient pu être conservés dans un air plus sec que dans des caves parisiennes. Cela expliquerait leur maintien dans un état plutôt bon », estime-t-il entre autres raisons. Pour Émile Brami, qui a pu consulter ces documents inédits, il ne saurait y avoir de nouvelles découvertes antisémites dans ces écrits. « Il y a des documents dont Céline s’est servi pour écrire ses pamphlets mais il n’y a rien de plus que ce que l’on connaît déjà », explique-t-il. « Qu’est-ce que l’on pourrait d’ailleurs découvrir de pire que ce qui été publié dans les pamphlets ? », ajoute-t-il, en réponse à ceux qui penseraient que cette découverte pourrait accabler davantage l’écrivain. « Céline était un type extrêmement désagréable. En même temps, il a créé quelque chose d’exceptionnel. Est-ce que l’on peut se permettre de s’en priver ? </span></div><div><span style="font-family: verdana;">C’est toute la question», résume-t-il. <br />Laëtitia Enriquez</span></div><div><br /></div><div><div><span style="font-family: georgia;"><b><i>Entretien avec Jean Narboni (La grande illusion de Céline) par Laëtitia Enriquez</i></b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana; font-size: medium;"><b>Jean Narboni : « La folie, si folie il y a, va toujours dans le sens de la conviction »</b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b><i>L’ancien rédacteur en chef des </i>Cahiers du cinéma<i> vient de publier </i>La Grande illusion de Céline<i> qui, sous la forme d’une fable, examine l’obsession antisémite de l'écrivain.</i></b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>Actualité juive :</b> Pourquoi avez-vous décidé de vous pencher sur le lien entre Céline et Renoir à travers le prisme du film <i>La grande illusion</i> ?</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>Jean Narboni :</b> Je connaissais la polémique qui avait opposé Céline à Renoir mais pas dans ses détails. Je me suis donc penché sur le long texte de Céline qui, dans son pamphlet le plus célèbre, <i>Bagatelles pour un massacre</i>, s’en prend très violemment à <i>La grande illusion</i>. Tel était le point de départ de ma recherche mais plus j’avançais et plus je découvrais des choses qui m’impressionnaient. Dans ce pamphlet, Céline vise principalement le personnage du lieutenant français Rosenthal, joué par Marcel Dalio, et s’en prend à Renoir qui le présente comme étant un personnage sympathique, patriote et amical. Rien de surprenant après tout que Céline, antisémite notoire, s’en prenne au personnage d’un juif sympathique. Mais je me suis ensuite aperçu que Céline, lui qui voyait des Juifs partout - Racine était Juif selon lui, tout comme Louis XIV, Marat, le Pape...-, avait été mystifié par deux personnages dont il n’avait rien vu et qu’il traite d’aryens. Son obsession et celle de ses comparses (le docteur Montandon et le spécialiste d’onomastique juive Bernadini) était de savoir comment reconnaître un Juif. J’ai donc essayé de construire une sorte de conte noir sur cette idée de tel est pris qui croyait prendre et tenter ainsi de montrer que son antisémitisme et son diagnostic infaillible n’étaient qu’une absurdité.</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>AJ :</b> Vous évoquez la question de la « folie » pamphlétaire et raciste de Céline. Pensez-vous que cette folie pourrait le rendre « irresponsable » de son antisémitisme ?</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>J.N. :</b> Je ne suis pas expert en psychiatrie et l’on pourrait débattre infiniment de savoir si Céline était fou lorsqu’il écrivait les pamphlets et pas fou lorsqu’il écrivait <i>Voyage au bout de la nuit</i>. Sur la question plus générale de l’exonération des personnes auxquelles on reconnaît des éléments de dérangement mental, j’ai trouvé une analyse intéressante dans les écrits de Céline lui-même. Dans <i>Voyage au bout de la nuit</i>, le personnage de Baryton, patron psychiatre en vient à dire à Bardamu, que « des convictions exagérées, forcées et obstinées ne sont pas loin de conduire à la folie ». Céline prétendait ne pas avoir d’idée, mais il avait des convictions extrêmement exagérées. La folie n’est finalement qu’une normalité devenue cancéreuse. Et puis, la folie, si folie il y a, va toujours dans le sens de la conviction.</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>AJ :</b> Peut-on, aujourd’hui encore, avec ce que l’on continue de découvrir, toujours aduler Céline ?</span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b>J.N. :</b> La tendance la plus répandue aujourd’hui consiste à dire qu’il faut séparer l’homme de l’œuvre. L’œuvre est géniale tandis que l’homme était quelqu’un d’inqualifiable. Une autre position consiste à noyer son antisémitisme dans celui de son époque. Or, l’antisémitisme de Céline était très particulier. Il refusait d’ailleurs ce terme et, dans une lettre à Cocteau, il expliquait être raciste et être plus proche des lois de Nuremberg que des mesures antijuives de Vichy. Cela fait</span></div><div><span style="font-family: verdana;">de lui quelqu’un de tout à fait différent de l’antisémitisme archi-dominant dans lequel ceux qui veulent l’exonérer en tant que personne cherchent à l’inclure. </span></div><div><span style="font-family: verdana;"><i><b>Propos recueillis par Laëtitia Enriquez</b></i></span></div></div><div><span style="font-family: verdana;"><i><b><br /></b></i></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><i><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQ7X3hc_7z7RMMrHhG2KDv_Vh2-TwVGV3EWs0kLk5Db2fzMZCB7MBkGpyV8xFn5mzAljrTxHZMHyM5Tf8pA7gD4j6Tzc5r0U78_SLGxfsmjAlOGH-IZM0Is4uHRS9dDx5AYS4AgXTr7iOE/s1534/Actualite+Juive+P+10-11+Ce%25CC%2581line%252C+une+pathologie+franc%25CC%25A7aise-1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="985" data-original-width="1534" height="256" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQ7X3hc_7z7RMMrHhG2KDv_Vh2-TwVGV3EWs0kLk5Db2fzMZCB7MBkGpyV8xFn5mzAljrTxHZMHyM5Tf8pA7gD4j6Tzc5r0U78_SLGxfsmjAlOGH-IZM0Is4uHRS9dDx5AYS4AgXTr7iOE/w400-h256/Actualite+Juive+P+10-11+Ce%25CC%2581line%252C+une+pathologie+franc%25CC%25A7aise-1.jpg" width="400" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikjo7GK_i7slglDMqeduFt2IK0Nhjpd06Jd0yI3lCTWXaNYiQK-Qcby821Mq0gMDrt5vGocexj-XWBjrGp_UvXohzzU2DIIsa02BjSvOqJVvifRp0yvddw6vO3traMQeYvr0ULS4100uRz/s1534/Actualite+Juive+P+12-13+Ce%25CC%2581line%252C+une+pathologie+franc%25CC%25A7aise-1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="985" data-original-width="1534" height="410" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikjo7GK_i7slglDMqeduFt2IK0Nhjpd06Jd0yI3lCTWXaNYiQK-Qcby821Mq0gMDrt5vGocexj-XWBjrGp_UvXohzzU2DIIsa02BjSvOqJVvifRp0yvddw6vO3traMQeYvr0ULS4100uRz/w640-h410/Actualite+Juive+P+12-13+Ce%25CC%2581line%252C+une+pathologie+franc%25CC%25A7aise-1.jpg" width="640" /></a></div></i></span><b style="font-family: verdana;">Les « célinomanes » par Alexis Lacroix</b></div><div><div><span style="font-family: verdana;"><b><i><br /></i></b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b><i>Raymond Aron n’avait pas tort : beaucoup d’intellectuels et d’hommes de lettres ont voué, et continuent à vouer, et malgré tous les enseignements du vingtième siècle, un culte à la violence.</i></b></span></div><div><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div><span style="font-family: verdana;">Violence connotée de « progressisme » parfois – c’était celle, précisément, que l’auteur de <i>L’Opium des intellectuels</i> avait en ligne de mire, au milieu des années cinquante, quand l’Union soviétique exerçait sa fascination idéologique. Mais aussi, violence nihiliste, et bientôt préfasciste, qui a jailli à la fin du dix-neuvième siècle depuis le sous-sol de nos sociétés modernes, dépeint par Dostoïevski. Une violence qui affole encore les radars de nombre d’amateurs éclairés de culture et de littérature. C’est à cette aune qu’il faut comprendre la durable complaisance qui entoure Louis-Ferdinand Céline : il serait, tout bien pesé, un « marginal », un enfant triste et perdu au siècle des <i>Orages d’acier</i>.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Suraigu dans sa lucidité, l’auteur du Voyage au bout de la nuit incarnerait aussi le prototype de l’homme affranchi, libéré des conventions et des préjugés de la bourgeoisie, un être d’exception sur lequel le carcan de la « décence commune » n’aurait pas de prise. Véhémente, convulsée de haines, écorchée et écorchante, son écriture n’en serait pas moins une infalsifiable signature de vérité.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Ce romantisme-là survit à tout et c’est en France, bien sûr, et, plus largement, dans le contexte francophone, que la sidérante mansuétude pour notre « grantécrivain » atteint à des sommets de raffinement… et d’irréalité. Malgré l’évidence de son antisémitisme déchaîné, relevant bien plus de l’hitlérisme que du passéisme réactionnaire de l’«idéologie française», la cécité des pro-Céline reste inébranlable. Confrontés à des phrases comme « La France est une colonie juive, sans insurrection possible, sans discussion ni murmure » (1), ou à cet appel au meurtre - « Luxez le juif au poteau ! Y'a plus une seconde à perdre ! » (2) -, sans oublier des considérations raciales dignes des idéologues du Stürmer – « Les juifs, racialement, sont des monstres, des hybrides, loupés, tiraillés qui doivent disparaître (...) dans l'élevage humain, ce ne sont, tout bluff à part, que bâtards gangreneux, ravageurs, pourrisseurs » (3) -, les célinomanes rechignent à revoir à la baisse leur admiration. Comme si celle-ci s’avérait plus forte, plus inoxydable que le trouble suscité par une haine raciste aussi désentravée. Bizarre…</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Chez les conservateurs, les tentatives de blanchiment de Céline sont allées crescendo ces dernières années, sur fond de décomplexion d’une droite perfusée à jets continus par les transgressions d’un Patrick Buisson, lui-même auteur, en 2012, d’un film très élogieux, « <i>Paris Céline </i>», où Lorant Deutsch jouait les guides touristiques.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Plume respectée du <i>Figaro</i>, le journaliste Michel de Jaeghere s’est livré, il y a dix ans, à un plaidoyer argumenté – qui consacre, non sans justesse bien sûr, la</span></div><div><span style="font-family: verdana;">génialité célinienne : « Il s’impose aux plus réticents. Céline ne s’est pas contenté, en inventant un style, de faire entrer la langue parlée dans le langage écrit, la gouaille populaire dans le corps de la narration […] il a imprimé un rythme étourdissant à la phrase, comme pour la rendre capable d’exprimer l’accélération du siècle ».</span></div><div><span style="font-family: verdana;">N’en jetez plus ! Dans cette pluie d’éloges, pas un traître mot du collaborationnisme avéré – et particulièrement frénétique – du détracteur en chef des «négroïdes juifs». Plus près de nous, au dernier semestre de l’année 2018, David Alliot et Éric Mazet se livrent moins à la célébration du « grantécrivain » qu’à sa décontamination. Leur libelle, <i>Avez-vous lu Céline ?</i>, entend faire justice des griefs avérés par le travail source, et accablant, de Pierre-André Taguieff et d’Annick</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Duraffour : non, insistent les auteurs, Céline n'a aucunement été un agent d'influence au service du IIIe Reich, et, de surcroît, il était à mille lieux d’imaginer ce qui pouvait se tramer alors à l’échelle de l’Europe contre le peuple juif. S’il est une image insistante dont ces avocats dévoués s’évertuent à persuader leurs</span></div><div><span style="font-family: verdana;">lecteurs de la consistance, c’est celle d’un Céline-Petit Chose et grand naïf, d’un homme ballotté au gré des bourrasques et autres intempéries d’un siècle de fer. Un innocent donc, une quasi-victime ! Et puis, reste l'essentiel, de nature plus philosophique. Dans son <i>Céline</i>, publié en 1981, le regretté Philippe Muray a montré qu'à partir du milieu des années trente, la haine des juifs s'aiguise jusqu'au délire dans le cerveau convulsé du médecin devenu écrivain, et que s’il en vient à militer pour la politique de la main tendue à l'Allemagne nazie, c’est dans l’intention de guérir le monde de la « tumeur » juive. De cette thèse, très forte, Alliot et Mazet ne tirent hélas pas la moindre leçon.</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Un malheur ne venant jamais seul, la clairvoyance n’est pas non plus la chose du monde la mieux partagée dans les franges nettement plus humanistes de l’intelligentsia. Les mêmes qui chipotent sur telle ou telle colère du trop catholique Bernanos, ou qui opposent une moue dubitative au dreyfusard Péguy, se jettent avec délectation dans les bras du collabo Céline. Cherchez l’erreur ! </span></div><div><span style="font-family: verdana;">Jean Paulhan a été le pionnier de la mode célinienne – très bien portée «rive gauche». En réponse à une enquête sur le «Procès Céline» publiée par <i>Le Libertaire</i> en 1950 (<i>Voir notre dossier précédent</i>), Paulhan s’exclame : « Si l’anarchie est un crime, qu’on le fusille ! ». Plus récemment, Milan Kundera lui sauve la mise avec un lexique chrétien dans <i>Les Testaments trahis</i> : «Des immatures jugent les errements de Céline sans se rendre compte que les romans de Céline, grâce à ces errements, contiennent un savoir existentiel qui, s’ils le comprenaient, pourrait les rendre plus adultes ». Avant d’ajouter que le « pouvoir de la culture » « rachète l’horreur en la transsubstantiant en sagesse exceptionnelle ». Enfin, dans son<i> Céline</i>, Philippe Sollers ne lésine pas sur les efforts absolutoires : « Je sais que cela peut prendre encore un siècle ou deux, mais il faut débarrasser Céline de ses oripeaux de fou vociférant, et cela va de soi, de son antisémitisme ». Et Sollers d’ajouter : « L’image qui prédominera alors sera celle d’un Céline enfantin […] un enfant innocent perdu dans un monde coupable ».</span></div><div><span style="font-family: verdana;">De tous côtés, le terrain littéraire est donc quadrillé, verrouillé. Et si le temps était venu - au risque d’être aussitôt taxés d’« immatures » ! - de changer, enfin, d’approche ?</span></div><div><span style="font-family: courier;"><i>(1) Bagatelles pour un massacre (2)(3) L'École des cadavres (3) L'École des cadavres.</i></span></div></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4775390644471055621.post-61918987964737091972021-10-24T01:55:00.000-07:002021-10-24T01:55:11.279-07:00Le Procès Céline : témoignages dans Le Libertaire des 13, 20 et 27 janvier 1950<div style="text-align: left;"><u><b><span style="font-family: georgia;">Une ENQUÊTE du “Lib” sur le PROCÈS CÉLINE<br /></span></b></u><br /></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><b>QUE PENSEZ-VOUS du procès Céline ?</b></span></div><p style="text-align: left;"><b><span style="font-family: trebuchet;">Le 21 février 1950, la justice française condamnera Céline (l'écrivain) à un an de prison, à 50000 francs d'amende, à l'indignité nationale et à la confiscation de la moitié de ses biens. Louis-Ferdinand Destouches (le médecin et héros de 14) sera amnistié le 20 avril 1951 par un tribunal militaire. Le couple d'exilés rentrera en France en juillet de la même année.</span></b></p><div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;">Quand le procès de Louis-Ferdinand Céline s’ouvre devant la Cour de justice de Paris, présidée par Jean Drappier. Céline est absent mais </span><span style="font-family: verdana;">inquiet. L</span><span style="font-family: verdana;">e 29 janvier 1950, il écrit </span><span style="font-family: verdana;">une lettre dans laquelle il sollicite l’aide de ses amis.</span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;">« Mon vieux, J’apprends maintenant qu’il faut que les vrais amis qui me veulent sauver l’os doivent écrire tout de suite en ma faveur et sur le ton lyrique, à M. Drappier, directement, Président de la Cour de Justice, une bonne lettre bien joliment tonique et convaincante. Si j’étais des fois trop malade pour me rendre à l’audience, la lettre serait lue. Tu vois ? Je pourrais jouer les petits repentants, mais après ? J’aurais bonne mine même ; moi j’aurais pleurniché sur le gilet de tous les potes pour qu’ils me tirent des griffes ! Avec toi, c’est différent, je suis intime si j’ose dire (…) tout pour que le lawyer m’achève pas ! Il m’a déjà mis dans un état. Affectueusement. LF Céline. ».</span><span style="font-family: verdana;"> </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;">Ses avocats Naud et Tixier-Vignancour assurent sa défense. </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;">Le verdict est rendu le 21 février 1950. Aux deux questions : « Louis Ferdinand Céline est-il coupable d’avoir en France de 1940 à 1944 sciemment accompli des actes de nature à nuire à la Défense Nationale ? » et « L’action spécifiée sous la question numéro un a-t-elle été commise avec l’intention de favoriser les entreprises de toutes natures de l’Allemagne, puissance ennemie de la France » la Cour répond oui à la majorité des voix. </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div style="text-align: left;"><b><span style="font-family: verdana;">Pendant le procès, </span></b><b><span style="font-family: verdana;">à partir du 13 janvier 1950, </span></b><b><span style="font-family: verdana;">l'hebdomadaire anarchiste <i>Le Libertaire</i> publiera sur trois numéros consécutifs (les deux premiers en Une), </span><span style="font-family: verdana;">les témoignages de personnalités.</span></b></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></div><div style="text-align: left;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0f2o4vnkGqnS1BqJFJJmJy-OVSzUGXbSdfbV9YXUo30foe9wgJcl2Mip4fHUQi5_y8GTxmN1D7ERBO5xhMoMO-kmq2NrQd0sAjWtUMWs0fX7vBBqiGKIzIiZS8kIYbWtgDVht7yIGEvGt/s2048/Le+Libertaire+211+vendredi+13+janvier+1950+Proce%25CC%2580s+Ce%25CC%2581line+1+sur+3.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1414" data-original-width="2048" height="442" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0f2o4vnkGqnS1BqJFJJmJy-OVSzUGXbSdfbV9YXUo30foe9wgJcl2Mip4fHUQi5_y8GTxmN1D7ERBO5xhMoMO-kmq2NrQd0sAjWtUMWs0fX7vBBqiGKIzIiZS8kIYbWtgDVht7yIGEvGt/w640-h442/Le+Libertaire+211+vendredi+13+janvier+1950+Proce%25CC%2580s+Ce%25CC%2581line+1+sur+3.jpg" width="640" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i style="font-family: courier;">Le Libertaire</i><span style="font-family: courier;"> du 13 janvier 1950 annonce à grand renfort </span><br style="font-family: courier;" /><span style="font-family: courier;">de titres son enquête sur le procès Céline</span></td></tr></tbody></table><div style="text-align: center;"><br /></div><div style="text-align: left;"><div><span style="font-family: verdana;">« Le procès de l’auteur du <i>Voyage au bout de la nuit</i> est en cours. Fidèles à notre tradition et pensant que ce procès est plus significatif qu’il apparaît à première vue, nous ne laisserons pas passer l’occasion de mettre devant leurs responsabilités tous les petits conspirateurs du silence, tous les “dans son intérêt il vaut mieux pas…”, tous ceux qui ne veulent pas se mouiller, en un mot. Nous poserons la question bien franchement : Que pensez-vous du procès intenté à Louis-Ferdinand Céline ? » Après avoir énuméré les accusations lancées contre Louis-Ferdinand Céline (lettres parues dans la presse de la collaboration, relations littéraires avec l’Allemagne, position prise contre la Résistance, fuite sous protection allemande, antisémitisme virulent), Maurice Lemaitre conclut son article en ces termes : « Céline a sans doute à se justifier, voire même à répondre de certaines “maladresses”, mais à se justifier devant qui ? devant quoi ? La justice en France, aujourd’hui, n’est que dérision. Et le procès Céline, s’il s’ouvre, ne peut être, comme tous les autres procès de même nature, qu’un procès dérisoire. Car la culpabilité de l’auteur du Voyage n’atteint pas la hauteur de celle de bien notoires profiteurs et tortionnaires de la collaboration, libres aujourd’hui, d’écrivains “dédouanés”, de politiciens et généraux blanchis. On essaie, sans doute, par le silence fait autour de lui, de lui faire payer, expier ses livres d’avant-guerre, ses succès de littérature et de polémique d’avant-guerre. Par souci d’objectivité et d’information ainsi que pour permettre aux écrivains et personnalités que Céline met en cause de se justifier de cette accusation, nous ouvrons nos colonnes à ceux-ci, consultés pour vous. » </span></div><div><span style="font-family: verdana;">Dans le même numéro, le journal publie les toutes premières réponses reçues. On peut y lire les lettres de Jean Paulhan, écrivain et éditeur célèbre, longtemps animateur de la <i>Nouvelle Revue française</i>, Louis Pauwels, journaliste et écrivain, Albert Paraz, écrivain et ami de Céline, Albert Béguin, écrivain suisse, directeur de la revue <i>Esprit</i> de 1950 à 1957, Charles Plisnier, écrivain belge d’abord communiste, puis proche du trotskisme et enfin adepte d’un christianisme social, Aimé Patri, directeur de la revue <i>Paru</i>, Paul Rassinier – présenté ici comme « ex-concentrationnaire » –, Paul Lévy, directeur de l’hebdomadaire <i>Aux écoutes</i>, l’écrivain Marcel Aymé, ainsi que celle de la rédaction du <i>Populaire</i>, une publication socialiste de l’époque. Il s’y dégage une certaine unanimité pour célébrer le talent littéraire de l’accusé, son génie même, pour certains, et estimer que ce procès est inutile, ridicule ou même honteux. Seuls Charles Plisnier et Albert Béguin s’attachent à faire la différence entre l’écrivain et l’homme, « l’un des plus grands pourrisseurs de la conscience libre » pour le premier nommé, tandis que le second affirme « qu’après le <i>Voyage</i> Céline n’a plus écrit une ligne valable. Tout le reste est divagation d’un cerveau malade ou ignoble explosion de bassesse. Tout antisémitisme est répugnant, mais celui de Céline, gluant de bave rageuse, est digne d’un chien servile. Aussi être cet écrivain et finir par aboyer : telle est la vraie tragédie de cet homme, à quoi sa condamnation ou son acquittement ne changeront rien, ni les contre-jappements de ses ennemis, ni les lamentos de ses laudateurs, apologistes et correspondants ». </span></div><div><span style="font-family: courier; font-size: x-small;">Source : http://www.acontretemps.org/spip.php?article329</span></div><div><br /></div><div><span><div><span style="font-family: trebuchet;"><b>MARCEL AYMÉ</b></span></div><div><span style="font-family: trebuchet;">Ses ennemis auront beau mettre en jeu contre lui toutes les ressources d'une haine ingénieuse, Louis-Ferdinand Céline n'en est pas moins le plus grand écrivain français actuel et peut-être le plus grand lyrique que nous ayons jamais eu. Le fait est que la jeune littérature procède de lui sans oser s'en réclamer. La IVe République ne s'honore pas en tenant en exil un homme de cette envergure. Elle ne se montre pas non plus très habile, car un Céline exilé pourrait un jour écrire des <i>Châtiments</i> que tous les Français liraient avec plaisir.</span></div><div><b style="font-family: trebuchet;">ALBERT BÉGUIN</b></div><div><span style="font-family: trebuchet;">Je tiens le <i>Voyage au bout de la Nui</i>t pour l'un des quelques livres indispensables de notre temps, parce que c'est un livre vrai, comme il n'y en a pas beaucoup. À mon sens, cela n'a rien à voir avec le procès Céline, dont je ne sais pas grand-chose et qui ne sera pas tranché selon le talent de l'accusé, je suppose. Il n'est pas inutile d'ajouter qu'après le <i>Voyage</i>, Céline n'a plus écrit une ligne valable. Tout le reste est divagation d'un cerveau malade ou ignoble explosion de bassesse. Tout antisémitisme est répugnant, mais celui de Céline, gluant de bave rageuse est digne d'un chien servile. Aussi être cet écrivain et finir par aboyer : telle est la vraie tragédie de cet homme, à quoi sa condamnation ou son acquittement ne changeront rien, ni les contre jappements de ses ennemis, ni les lamentos de ses laudateurs, apologistes et correspondants.</span></div><div><b style="font-family: trebuchet;">PAUL LÉVY</b></div><div><span style="font-family: trebuchet;">Directeur de <i>Aux Écoutes</i></span></div><div><span style="font-family: trebuchet;">Céline est une personnalité puissante, qui a toujours eu besoin de se « ventiler ». À ce point de vue, on peut le rapprocher de Bernanos. Si on ne voit pas d'abord en lui l'écrivain, et j'ajouterai le poète, car il est un grand poète lyrique, on pourrait être tenté de le juger sévèrement. Mais, malgré les apparences, Céline a toujours été et est encore au-dessus de la mêlée. Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments distingués.</span></div><div><b style="font-family: trebuchet;">ALBERT PARAZ</b></div><div><span style="font-family: trebuchet;">Le fait nouveau qui me paraît le plus scandaleux c'est que les éditions Denoël ont été acquittées et que les attendus du jugement portent d'une façon tout à fait catégorique : « non » à la majorité. « La Société n'a pas, entre 40 et la libération, publié des livres en faveur de l'ennemi. » Mieux que cela, Céline avait été renvoyé devant un tribunal où il n'était plus passible que de l'indignité nationale et devait être pratiquement acquitté. Au dernier moment quelqu'un en haut lieu excité par une campagne d' « Action », d'ailleurs extrêmement courte, complètement absurde et anonyme, l'a fait renvoyer de nouveau devant une cour. Ces cours devaient être supprimées le 31 décembre, mais vous voyez qu'elles n'en finiront jamais. Bien amicalement.</span></div><div><span style="font-family: trebuchet;"><b>AIMÉ PATRI</b></span></div><div><span style="font-family: trebuchet;">Directeur de la revue littéraire <i>Paru</i></span></div><div><span style="font-family: trebuchet;">J'ai pour l'auteur du <i>Voyage au bout de la nuit</i> l'admiration qui lui est due en tant qu'écrivain. Il a donné un des livres qui resteront le plus sûrement comme témoin de notre époque, bien que ce ne soit pas l'honneur de ladite époque d'avoir pu l'inspirer. Je n'apprécie pas du tout la foule de ses petits imitateurs maintenant spécialisés dans la littérature noire. De cette nuit, il faudra bien sortir puisqu'on est allé jusqu'au bout et l'on ne pouvait vraiment y aller qu'une fois.Le jugement à porter sur l'homme ne saurait évidemment pas être confondu avec celui qui concerne l'écrivain. Il risque d'interférer dangereusement dans le cas d'un livre comme Bagatelles pour un massacre au titre sinistrement prophétique. Mais je me souviens aussi qu'au temps de ma première lecture, je m'attendais à trouver à la dernière ligne la révélation que Céline lui-même pour avoir écrit une chose pareille ne pouvait être que juif. Je doute donc qu'il ait réellement servi la cause de l'antisémitisme. Il demeure enfin que je réprouve toutes les persécutions.</span></div><div><div><span style="font-family: trebuchet;"><b>JEAN PAULHAN</b></span></div><div><div>Mon cher camarade</div><div>Céline n'a cessé de témoigner à l'autorité allemande, comme à la vichyssoise, le même détachement et, à proprement parler, le même dégoût qu'il montrait avant guerre à notre gouvernement démocratique (ou soi-disant).</div><div>Il a refusé, de 1940 à 1944, dîner à l'ambassade, voyages à Weimar, grasses collaborations à la presse, comme il repoussait en 1937 honneurs et décorations. Si l'anarchie est un crime, qu'on le fusille. Sinon, qu'on lui foute une fois pour toutes la paix.</div><div>À vous fraternellement. </div></div></div><div><b style="font-family: trebuchet;">CHARLES PLISNIER</b><span style="font-family: trebuchet;"> </span></div><div><span style="font-family: trebuchet;">Céline est à mes yeux, l'un des plus authentiques génies littéraires de ce temps. C'est aussi, hélas ! l'un des plus grands pourrisseurs de la conscience libre. Pas plus dans la guerre que dans la paix, nous ne nous sommes trouvés « du même côté ». Je ne sais de quoi on l'accuse exactement. On me dit qu'il s'est, cet homme « libre », mis au service du totalitarisme nazi. Je puis à peine croire à une telle aberration. Quoi qu'il en soit, qu'on le condamne ou non, l'homme est à terre. J'aurais honte de l'accabler.</span></div><div><span style="font-family: trebuchet;"><b>PAUL RASSINIER</b></span></div><div><span style="font-family: trebuchet;">(ex-concentrationnaire)</span></div><div><span style="font-family: trebuchet;">Je suis mal placé pour en parler étant donné que je suis à fond, à 150 % pour lui. D'une manière générale, je déteste le procès politique qui ne signifie rien : on condamne des hommes comme traîtres à la Patrie et on les hisse sur un piédestal parce qu'ils trahissent l'humanité... </span></div><div><span style="font-family: trebuchet;">Ces choses me dépassent. Mon opinion est :</span></div><div><span style="font-family: trebuchet;">1° Que le procès que l'on fait à Céline est une saloperie. </span></div><div><span style="font-family: trebuchet;">2° Que le sort qui lui est fait est inhumain.</span></div><div><span style="font-family: trebuchet;">3° Que les deux choses servant des intérêts de classe, notamment les gens qui le frustrent de ses droits d'auteur et l'État français qui lui a supprimé sa pension après avoir confisqué ses livres.</span></div><div><span style="font-family: trebuchet;">4° Que c'est le procès des bénéficiaires de l'opération qu'il faut faire.</span></div><div style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet;"><br /></span></div><div><b><i><span style="font-family: georgia;">Ces témoignages étaient accompagnés de la réponse de la rédaction du Populaire et d'une lettre de Louis-Ferdinand Céline à Louis Pauwels</span></i></b></div><div><span style="font-family: trebuchet;"><br /></span></div><div><div><b>LE POPULAIRE</b></div><div>En réponse à votre lettre-circulaire du 5 janvier, je vous transmets, ci-joint, une réponse à votre enquête. Je crois qu'elle reflète l'opinion moyenne de notre équipe, c'est-à-dire qu'elle relève du simple bon sens. </div><div>C. De FRÉMINVILLE</div><div>Il ya l'auteur du "<i>Voyage</i>" et de "<i>Mort à crédit</i>". Il y a aussi le "toubib" bon et généreux. Il y a enfin quelqu'un qui s'est mis dans de beaux draps.</div><div>Le malheur, c'est que ces trois hommes cohabitent dans le même corps. Alors ? Dire par avance du jugement qu'il est injuste parce que, frappant le troisième Céline, il atteint les deux premiers ? Dire qu'il est dérisoire que les écrivains payent pour les autres ? Cela n'aurait de sens que si Céline était ici. Il est au Danemark et il y a gros à parier qu'il se soucie dudit jugement comme d'une guigne. Et puis il est assez grand pour s'en sortir tout seul – s'il en a envie.</div></div><div><br /></div><div><div><b>UNE LETTRE DE L.-F. CÉLINE ÉTAIT JOINTE À LA RÉPONSE DE LOUIS PAUWELS, </b></div><div><b>LA VOICI :</b></div><div>Mon cher ami,</div><div>Votre admirable article de " <i>Carrefour</i> " me parvient, avec quel retard ! Voilà enfin bien du courage !</div><div>Il est dur de nos jours d'être simplement Français en France ! Quelle audace ! Quelle insolence ! J'ai dû partir, vous le voyez, pour me faire foutre en prison un peu partout !</div><div>Et persécuté tant que ça peut ! Ah ! que ne suis-je un peu cousin de Joanovici ! Qu'au lieu de me faire étriper en 14 n'ai-je été pendant 4 ans vendre quelque chose aux gens d'en face ! On ne savait pas encore les façons de se retourner, on manquait d'intelligence. On me fait à vrai dire un procès d' " inintelligence avec l'ennemi " !</div><div>Tenez, vous savez que la maison Denoël a été parfaitement acquittée * en cour de justice, blanche comme neige... Maison intelligente... Directrice intelligente... </div><div>C'est moi, pour les mêmes griefs, qu'on veut pendre ! Et ça ne va pas être long !</div><div>Vous êtes sans doute intelligent, vous, vous êtes d'une autre génération... Vous comprenez !</div><div>Votre bien amical. L.-F. Céline.</div><div>Pardonnez mon écriture. Je suis paralysé, couché, grelottant... (je trouve encore moyen d'avoir une crise de paludisme. Cameroun 1916 !) et vieux surtout. J'ai 300 ans au pouls de la vacherie humaine !</div><div>Et c'est pas fini, m'assure-t-on ! "</div><div> </div><div>* L'arrêt rendu par la 11e Chambre sous-section départementale de la Seine le 30 avril 1948 a ACQUITTÉ purement et simplement la Société d'Editions Denoël des poursuites exercées contre elle, la relevant des dépens. Peut-on établir un acte d'accusation avec des faits sur lesquels la juridiction compétente s'est déjà prononcée ?</div></div><div style="font-size: small;"><span style="font-family: trebuchet;"><br /></span></div><div style="font-size: small;"><div style="font-family: courier;"><span face="-webkit-standard">S</span><span style="font-size: x-small;">ource : Cahiers Céline VII, Céline et l'actualité littéraire, 1933-1961, Gallimard.</span></div></div><div style="font-size: small;"><span style="font-size: x-small;"><br /></span></div></span></div></div><div style="text-align: center;"><br /></div></div><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5HOUxyGouI1x_y2a3KP05FjWiKQ1_UpwvUGS9mnHWKByvIt2e5e9eFFFXgCmjlVekhse6JNZFH_Lf2gemLuYPC7GiJhN3zOpuDqqXiqVIm0MMoeLr2QE7Ee-XUP4w_qIqIa22L2WFgRWZ/s2048/Le+Libertaire+212+vendredi+20+janvier+1950+Proce%25CC%2580s+Ce%25CC%2581line+2+sur+3.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><b><img border="0" data-original-height="1503" data-original-width="2048" height="470" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5HOUxyGouI1x_y2a3KP05FjWiKQ1_UpwvUGS9mnHWKByvIt2e5e9eFFFXgCmjlVekhse6JNZFH_Lf2gemLuYPC7GiJhN3zOpuDqqXiqVIm0MMoeLr2QE7Ee-XUP4w_qIqIa22L2WFgRWZ/w640-h470/Le+Libertaire+212+vendredi+20+janvier+1950+Proce%25CC%2580s+Ce%25CC%2581line+2+sur+3.jpg" width="640" /></b></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i style="font-family: courier; font-weight: bold;">Le Libertaire</i><span><span style="font-family: courier; font-weight: bold;"> du 20 janvier 1950</span><br /><br /><div style="text-align: left;"><div><span style="font-family: verdana;"><div>Dans le numéro suivant du <i>Libertaire</i>, daté du 20 janvier 1950, Maurice Lemaitre, toujours aussi bienveillant envers le paria, précise que « notre enquête a suscité des réactions très diverses. C’est tout ce que nous désirions. C’était une occasion pour beaucoup de se prononcer une bonne fois sur un sujet qui tient à cœur tout le monde. Ceux qui nous ont répondu ont montré leur courage. Certains ne l’ont pas fait. Nous leur en tiendrons toujours rigueur car ils ne pourront plus invoquer l’ignorance. Que l’on aime ou pas L.-F. Céline, là n’est pas la question. Une occasion leur était offerte de dire ce qu’ils pensent de ces procès de sorcellerie ». Dans une note située en fin d’article, son auteur signale la création d’un « Comité des israélites, amis de Céline ». Le <i>Libertaire</i> reproduit par ailleurs, dans un encadré, la lettre que Louis-Ferdinand Céline, informé de l’enquête menée par ce journal, vient de lui adresser. En voici le contenu : « Cher ami. Voilà qui fait du bien dans l’état crevant où je me trouve ! et la meute au cul nom de Dieu ! Quel hallali ! Dix ans qu’on me traque. Pante, voué à toutes les routes du monde ! Quelle vie ! de cachots en huttes glacées ! Ah, “Hors la loi”, cher <i>Libertaire</i>, c’est moche ! Surtout vioque – cinquième fois grand-père, vous imaginez ! Ils vont quand même me passer bientôt au pal, j’imagine. – Je suis promis à la foule – animal d’arène – la foule, la plus grande hypocrite du monde. Je voudrais me traîner là-bas pour voir, si je peux… mais je suis à bout… à plus tenir debout… même pour la curée faut encore une bête à peu près sur pattes ! Je voudrais pourtant les voir en face… </div><div>Votre bien amical, L.-F. Céline. »</div><div><br /></div><div>Ce même numéro du 20 janvier 1950 fournit une deuxième fournée de réponses à la question posée par Le Libertaire à ses correspondants. On y trouve les lettres d’André Breton, Jean Galtier-Boissière, directeur du Crapouillot, Albert Paraz à nouveau, le peintre Jean Dubuffet, l’écrivain René Barjavel, Gaëtan Picon, Morvan Lebesque, alors rédacteur en chef de la revue <i>Carrefour</i> et futur collaborateur du <i>Canard enchaîné</i>, ainsi qu’un courrier de l’Union alsacienne des anciens combattants et victimes de la guerre, signée par son président, un dénommé Chont-Luchont. Parmi toutes ces personnalités, seul André Breton, qui ne dit pas un mot sur le procès lui-même, ne témoigne d’aucune sympathie pour Céline, qu’il s’agisse de l’homme ou de son œuvre. « Mon admiration, écrit-il, ne va qu’à des hommes dont les dons (d’artiste, entre autres) sont en rapport avec le caractère. C’est vous dire que je n’admire pas plus M. Céline que M. Claudel, par exemple. Avec Céline, l’écœurement pour moi est venu vite ; il ne m’a pas été nécessaire de dépasser le premier tiers du <i>Voyage au bout de la nuit</i>, où j’achoppai contre je ne sais plus quelle flatteuse présentation d’un sous-officier d’infanterie coloniale. Il me parut y avoir là l’ébauche d’une ligne sordide. » Après avoir affirmé toute son horreur pour cette «littérature à effet qui très vite doit en passer par la calomnie et la souillure», André Breton termine sa lettre en ces termes : « À ma connaissance, Céline ne court aucun risque au Danemark. Je ne vois donc aucune raison de créer un mouvement d’opinion en sa faveur. »</div><div><br /></div><div>Les autres réponses, là encore, s’attachent à mettre en valeur l’œuvre littéraire de Céline, « le plus grand génie lyrique que la France ait connu depuis Villon » (René Barjavel), « le plus grand romancier vivant avec Faulkner » (Morvan Lebesque), « un des plus merveilleux poètes de notre temps » (Jean Dubuffet), « l’écrivain le plus important de l’entre-deux-guerres » (Jean Galtier-Boissière). Si Gaëtan Picon s’en tient prudemment à une appréciation positive du seul <i>Voyage au bout de la nuit</i>, considéré comme « l’un des cris les plus farouches, les plus insoutenables que l’homme ait jamais poussé », il n’en va pas de même avec Albert Paraz, qui demande à être condamné lui aussi si Céline doit l’être, dénonce avec fougue ce «procès en sorcellerie » et s’en prend violemment à ce qu’il appelle «les tartufferies» d’Albert Béguin, qui s’était exprimé sur le sujet la semaine précédente (voir plus haut). Paraz lui reproche notamment d’évoquer l’antisémitisme de Céline alors que le procès qui lui est intenté ne fait état que d’« actes de nature à nuire au moral de la nation, c’est-à-dire, en gros, de démoralisation de l’armée ». « Ce pharisien, écrit Paraz, crée un doute pour accabler un homme crucifié dans sa chair. Si c’est ce genre de bourrique qu’on est exposé à rencontrer au détour d’un bénitier à la veille de l’année sainte, ce n’est pas demain qu’on me verra hanter les églises. » Cette « atteinte au moral de la nation en temps de guerre » fait également réagir avec vigueur le président de l’Union alsacienne des anciens combattants et victimes de la guerre : « Quelle sinistre rigolade ! Il faudrait d’abord que cette “nation” ait une morale. À moins qu’on appelle “morale” une situation qui consiste à permettre à quelques parasites, visqueux et pleins de suffisance de vivre et de s’engraisser du profit des périodiques tueries qu’ils provoquent, qu’ils bénissent et qu’ils fêtent. »</div><div><div style="font-family: -webkit-standard;"><span style="font-family: courier; font-size: x-small;">Source : http://www.acontretemps.org/spip.php?article329</span></div></div><div><span style="font-family: courier; font-size: x-small;"><br /></span></div></span></div><div style="font-family: -webkit-standard; font-weight: bold;"><span style="font-family: trebuchet;"><br /></span></div><div style="font-family: -webkit-standard; font-weight: bold;"><span style="font-family: trebuchet;">RENÉ BARJAVEL</span></div><div style="font-family: -webkit-standard; font-weight: bold;"><span style="font-family: trebuchet;">Céline est le plus grand génie lyrique que la France ait connu depuis Villon. Ferdinand et François sont des frères presque jumeaux. Les frontières et les régimes politiques changeront, et Céline demeurera. Les étudiants des siècles futurs réciteront La mort de la vieille bignole après <i>La ballade des pendus</i>, scruteront pierre à pierre les inépuisables richesses de <i>Mort à Crédit</i>, cette cathédrale, et s'étonneront d'un procès ridicule, Céline n'est pas à notre mesure. Vouloir le juger, c'est mesurer une montagne avec un mètre de couturière. Ses juges devront se résigner à entrer dans l'histoire avec un visage de caricature.</span></div></div><div style="font-family: -webkit-standard; font-weight: bold; text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">ANDRÉ BRETON</span></div><div style="font-family: -webkit-standard; font-weight: bold; text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">Cher Camarade,</span></div><div style="font-family: -webkit-standard; font-weight: bold; text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">Mon admiration ne va qu'à des hommes dont les dons (d'artiste, entre autres) sont en rapport avec le caractère. C'est vous dire que je n'admire pas plus M. Céline que M. Claudel, par exemple. Avec Céline l'écœurement pour moi est venu vite : il ne m'a pas été nécessaire de dépasser le premier tiers du <i>Voyage au bout de la nuit</i>, où j'achoppai contre je ne sais plus quelle flatteuse présentation d'un sous-officier d'infanterie coloniale. Il me parut y avoir là l'ébauche d'une ligne sordide. Aux approches de la guerre, on m'a mis sous les yeux d'autres textes de lui qui justifiaient amplement mes préventions. Horreur de cette littérature à effet qui très vite doit en passer par la calomnie et la souillure, faire appel à ce qu'il y a de plus bas au monde. L'antisémitisme de Céline, le soi-disant « nationalisme intégral » de Maurras, sous la forme ultra-agressive qu'ils leur ont donnée, ne sont pas seulement des observations, mais le germe des pires fléaux. A ma connaissance Céline ne court aucun risque au Danemark. Je ne vois donc aucune raison de créer un mouvement d'opinion en sa faveur.</span></div><div style="font-family: -webkit-standard; font-weight: bold; text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">JEAN DUBUFFET</span></div><div style="font-family: -webkit-standard; font-weight: bold; text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">Peintre</span></div><div style="font-family: -webkit-standard; font-weight: bold; text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">C'est bien contrariant que dans cette nation qui est la nôtre existent des lois qui interdisent à ses ressortissants de penser librement et d'exprimer clairement ce qu'ils pensent. On voudrait que, dans un pays où le mot théorique de liberté est si souvent prononcé, cette dernière miette de liberté – celle d'opinion – soit effectivement sauvegardée. Je ne sais si Céline ressent ou non de la méfiance pour les Juifs et de l'estime pour les Allemands (il ne serait pas le seul) ni si telles opinions se trouvent dans ses écrits – ses très admirables écrits – clairement énoncées. Je voudrais qu'on ait, dans notre pays, quand on éprouve de la méfiance ou de l'estime pour qui que ce soit, le droit de le dire, Céline est un des plus merveilleux poètes de notre temps. L'exil très pénible auquel l'ont obligé depuis tant d'années des factions françaises est tout à fait affligeant. Il faut y mettre fin. Il faut l'absoudre complètement, lui ouvrir grands tous les bras, l'honorer et le fêter comme un de nos plus grand artistes et un des plus fiers et incorruptibles types de chez nous. Nous n'en avons plus tant.</span></div><div style="font-family: -webkit-standard; font-weight: bold; text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">JEAN GALTIER-BOISSIÈRE</span></div><div style="font-family: -webkit-standard; font-weight: bold; text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">Directeur du <i>Crapouillot</i></span></div><div style="font-family: -webkit-standard; font-weight: bold; text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">Céline est sans nul doute l'écrivain le plus important de l'entre-deux-guerres. Même si l'on n'est pas d'accord avec la conclusion de ses pamphlets, on ne peut que s'incliner devant la puissance et l'originalité de son œuvre romancée. Reprocher aujourd'hui à Céline son attitude d'avant guerre est aussi absurde que d'avoir reproché à Henri Béraud en 1914 son pamphlet « Faut-il réduire l'Angleterre en esclavage? », publié huit ans plus tôt ! Céline a prouvé qu'il n'avait jamais joui d'aucun avantage pendant l'occupation du fait des Allemands et qu'il n'avait jamais collaboré à aucun de leurs journaux; ce sont ses amis collaborationnistes qui se sont ingéniés à le compromettre en montant en épingle des passages de lettres privées et il est évident que dans le climat de l'époque, il lui était assez difficile d'élever une protestation. Que Céline puisse être poursuivi cinq ans après la Libération prouve l'hypocrisie de la Justice contemporaine : elle s'acharne sur un écrivain parfaitement désintéressé, alors que tous les gros industriels, coupables de collaboration économique et qui ont gagné des milliards avec l'occupant, n'ont, pour la plupart, jamais été inquiétés.</span></div><div style="font-family: -webkit-standard; font-weight: bold; text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">MORVAN LEBESQUE</span></div><div style="font-family: -webkit-standard; font-weight: bold; text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">Rédacteur en chef de<i> Carrefour</i></span></div><div style="font-family: -webkit-standard; font-weight: bold; text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">Ma réponse, comme dit l'autre, sera brève. Je n'ai pas à connaître de la carrière politique de Louis-F. Céline, le domaine politique m'étant totalement étranger. Je considère Louis-F. Céline comme le plus grand romancier vivant avec Faulkner et le seul écrivain français de ce siècle qui ait comblé le fossé entre la littérature et le peuple. Je propose donc qu'on le fasse revenir en France avec les égards qui lui sont dus.</span></div><div style="font-family: courier; font-weight: bold; text-align: left;"><div style="font-family: -webkit-standard;"><div><span style="font-family: trebuchet;">ALBERT PARAZ</span></div><div><span style="font-family: trebuchet;">Auteur du <i>Gala des Vaches</i></span></div><div><span style="font-family: trebuchet;">Je revendique l'honneur de contresigner tout ce que Céline a pu écrire. S'il est condamné je dois être condamné aussi et demande à partager son sort, comme Garry Davis l'a fait pour Moreau. Il y en a d'autres que moi qui se feront connaître. Ceux à qui Céline a tout donné. C'est bien peu de chose que nous pouvons faire pour lui et nous nous sentirons trop récompensés s'il nous accepte pour ses amis. Autre chose. Vous n'avez pas le droit de publier dans cette enquête les tartuferies du décromate tréchien Béguin. Ce pharisien crée un doute pour accabler un homme crucifié dans sa chair. Si c'est ce genre de bourrique qu'on est exposé à rencontrer au détour d'un bénitier à la veille de l'année sainte, ce n'est pas demain qu'on me verra hanter les églises. Il n'a jamais été question d'antisémitisme dans l'art. 83, mais d'actes de nature à nuire au moral de la Nation, c'est-à-dire, en gros, de démoralisation de l'armée. Quelle armée ? L'armée allemande? C'est un procès en sorcellerie, les Cauchons frétillent. Ce joli Béguin s'est jeté sur le cadavre de Bernanos, qui se flattait d'avoir Drumont pour maître et qu'il exploite en publiant les lettres de celui-ci. Or, Bernanos m'a promis dix fois de témoigner en faveur de Céline. Vivant il serait venu à la barre. J'ai ses lettres. Je ne les ai pas envoyées au Béguin qui me les demandait gentiment. Une intuition...</span></div><div><span style="font-family: trebuchet;"><div>GAËTAN PICON</div><div>Auteur du <i>Panorama de la nouvelle littérature française</i></div><div>Le <i>Voyage au bout de la nuit</i> est l'un des cris les plus farouches, les plus insoutenables que l'homme ait jamais poussé : il annonce et domine le désespoir contemporain. Il faut avoir suivi Céline dans ce voyage pour savoir si l'on est digne d'aller au delà. L'action de Céline a été considérable. Il fut l'un des premiers à suivre ce dont la littérature actuelle, allait bientôt se nourrir presque exclusivement : l'absurdité de la vie humaine. D'autre part, la relation essentielle que Céline établit entre l'absurde et l'obscène, nous la retrouvons chez Sartre : l'histoire littéraire retiendra que <i>La Nausée</i> porte en épigraphe une phrase de Céline. Et autant que sur la sensibilité, son influence s'est exercée sur le style. Il est l'un des premiers à faire l'essai d'un style direct, parlé, disloquant le style traditionnel, largement ouvert à l'argot. Comme Sartre a beaucoup retenu de sa vision (et aussi de sa technique), Raymond Queneau n'a-t-il pas beaucoup retenu de son style ? Décidément, il faut compter le <i>Voyage</i> parmi les maîtres livres de ce temps.</div><div><br /></div><div>ET CETTE ÉTRANGE LETTRE DE L'Union Alsacienne des Anciens Combattants et Victimes de la Guerre</div><div>Cher Camarade</div><div>Puisque vous avez prié vos lecteurs de vous envoyer leurs réponses, veuillez me permettre de vous signaler que le Dr Louis Destouches dit Louis-Ferdinand Céline est un ancien combattant authentique du massacre de 1914-1918 et qui en est revenu crevé, pour obtenir finalement l'aumône d'une pension de 60% par les patriotes de l'arrière, qui aujourd'hui sont prêts à le traîner devant une juridiction d'exception — donc anticonstitutionnelle — sous le prétexte fallacieux d'avoir «porté atteinte au moral de la nation en temps de guerre».</div><div>Quelle sinistre rigolade ! Il faudrait d'abord que cette «nation» ait une morale. À moins qu'on appelle «morale» une situation qui consiste à permettre à quelques parasites visqueux et pleins de suffisance de vivre et de s'engraisser au profit des périodiques tueries qu'ils provoquent, qu'ils bénissent et qu'ils fêtent.</div><div>Il faudrait vraiment avoir le cœur bien accroché pour ne pas vomir de dégoût quand on songe que les prébendiers du régime que nous subissons osent continuer à voler à l'ancien combattant, auteur du <i>Voyage au bout de la nuit</i>, sa pension de malheureuse victime de la guerre.</div><div>Mais, comment, par ailleurs, ne pas être tenté de penser que c'est la vengeance des traîneurs de sabre qui, dans la coulisse, poursuivent le grand écrivain lyrique L.-F. Céline pour avoir osé ne pas être un chien servile et un lèche-cul conformiste.</div><div>Fraternellement,</div><div>CHONT-LUCHONT, président.</div><div><br /></div></span></div><div><span style="font-family: trebuchet;">S</span><span style="font-family: courier; font-size: x-small;"><span>ource : </span>Cahiers Céline VII, Céline et l'actualité littéraire, 1933-1961, Gallimard.</span></div></div><div style="font-family: -webkit-standard;"><span style="font-family: courier;"><br /></span></div></div><br /></span><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgR1MHdfDW0wB3KPPB-rah-q2KRIyAUxR1BK3cm0L-Zg12XrkwWgboofn2pUOoOIfFFy-FuMSLOnnFwjHIRYmbAWyC4YhsBGN-Po_vX9NgB0-tO-wAxtHRLLk4TvY48iJJxBMMnBsayo4xr/s2048/Le+Libertaire+213+vendredi+27+janvier+1950+Proce%25CC%2580s+Ce%25CC%2581line+3+sur+3.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><b><img border="0" data-original-height="1522" data-original-width="2048" height="476" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgR1MHdfDW0wB3KPPB-rah-q2KRIyAUxR1BK3cm0L-Zg12XrkwWgboofn2pUOoOIfFFy-FuMSLOnnFwjHIRYmbAWyC4YhsBGN-Po_vX9NgB0-tO-wAxtHRLLk4TvY48iJJxBMMnBsayo4xr/w640-h476/Le+Libertaire+213+vendredi+27+janvier+1950+Proce%25CC%2580s+Ce%25CC%2581line+3+sur+3.jpg" width="640" /></b></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><i style="font-family: courier;"><b>L</b>e Libertaire</i><span style="font-family: courier;"> du 27 janvier 1950, la fin de l'enquête est reléguée <br />en pages intérieures.</span></td></tr></tbody></table><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><b><br /></b></td></tr></tbody></table><div style="text-align: left;"><span><div><span><div><span style="font-family: verdana;">L’enquête lancée quinze jours plus tôt prend fin dans le numéro du <i>Libertaire</i> du 27 janvier 1950. Il est permis de penser qu’elle ne fut pas du goût de tout le monde au sein de l’organisation anarchiste. Ce n’est plus au seul Maurice Lemaitre, très favorable à Louis-Ferdinand Céline dans les deux numéros précédents, qu’est laissé le soin de présenter le troisième volet de cette enquête. L’encadré qui chapeaute les dernières réponses adressées au journal et le courrier des lecteurs est cette fois signé par la rédaction. Voici ce qu’on peut y lire : « Il ne s’est jamais agi pour nous de défendre Céline, non plus de l’attaquer. Simplement, à travers son cas, nous avons voulu nous élever contre les procès d’opinion. Certains de nos camarades travailleurs ont été étonnés de nous voir lancer cette enquête au moment où tant de révolutionnaires tombent en Espagne, derrière le Rideau de fer et ailleurs, au moment où, pour un Céline réduit à la misère, des millions d’hommes sont enfermés dans des camps de concentration, dans les prisons, pour simple délit d’opinion. Eh bien ! Céline l’antisémite, mais aussi l’inoubliable écrivain, est victime aujourd’hui de ces procédés, car le délit d’opinion est cousin germain du racisme. Mais nous n’admettons pas que les juges qui condamnent les insoumis, les objecteurs, qui gardent en prison les mineurs, condamnent un homme qui au moins a eu, lui, le courage de ses opinions. »</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Pour sa dernière livraison de courriers, <i>Le Libertaire</i> offre cette fois les contributions d’Albert Camus, de l’écrivain surréaliste Benjamin Péret, d’Alain Sergent et de Jean-Gabriel Daragnès, peintre et illustrateur, ami de Céline. Les deux derniers nommés se rangent sans hésiter au côté de Céline, Alain Sergent estimant que, « dans une situation nouvelle, la plupart des “juges” seront prêts à condamner ceux qu’ils servent aujourd’hui, et à filer doux devant un Doriot quelconque », quand Daragnès s’inquiète du sort réservé à « l’un des plus grands écrivains actuels (…) menacé dans sa santé, dans sa vie, dans son œuvre pour avoir été en rébellion contre une époque qui ne tolère pas la liberté de penser ». Comme André Breton avant lui, Benjamin Péret, avec plus de vigueur encore, ne fait preuve d’aucune indulgence envers l’écrivain en exil. Il commence par s’étonner de « l’intérêt soudain » que porte <i>Le Libertaire</i> envers Céline, rappelant que ce dernier « a joué, avant et pendant la guerre, un rôle tout à fait néfaste. Toute son œuvre constitue une véritable provocation à la délation et, de ce fait, devient indéfendable à quelque point de vue qu’on se place car la poésie ne passe pas, quoi qu’en disent ses thuriféraires, par la bassesse et l’ordure ». S’insurgeant contre « une campagne de “blanchiment” des éléments fascistes et antisémites qui se développe sous nos yeux», Benjamin Péret ne cherche aucune circonstance atténuante à l’accusé, souhaitant simplement « qu’il reste au Danemark où il ne risque rien s’il n’ose pas se présenter devant un tribunal dont il n’a guère à attendre qu’une condamnation de principe ». Quant à Albert Camus, voici ce que dit sa courte lettre : « La justice politique me répugne. C’est pourquoi je suis d’avis d’arrêter ce procès et de laisser Céline tranquille. Mais vous ne m’en voudrez pas d’ajouter que l’antisémitisme, et particulièrement l’antisémitisme des années 40, me répugne au moins autant. C’est pourquoi je suis d’avis, lorsque Céline aura obtenu ce qu’il veut, qu’on nous laisse tranquilles avec son cas. »</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Pour compléter ce dernier volet de l’enquête consacrée au procès Céline,<i> Le Libertaire</i> reproduit également sept lettres de lecteurs. Bien que la rédaction ait précisé qu’ « une très grande diversité d’opinions » caractérise les réactions des lecteurs, six des sept lettres publiées se montrent, à des degrés divers, favorables à l’écrivain et hostiles au procès qui lui est fait. Un seul lecteur, J. Tomsin, sera très critique : « Je ne suis pas un coco, un bouffeur de sang… Le Céline, je proposerais même pas de le livrer en pâture à la seule justice convenable : celle des Juifs qui en sont revenus… du Bout de la nuit… » Après un florilège de propos antisémites glanés dans l’ouvrage <i>Bagatelles pour un massacre</i>, ce lecteur conclut ainsi : « Non, vraiment, y a pas de quoi bramer… Le Céline est au Danemark, qu’il y reste… Et nous, fermons-la… »</span></div><div><span style="font-family: verdana;">Enfin, à la suite de ce courrier des lecteurs, <i>Le Libertaire</i> publie la longue lettre, signée de leurs initiales, qu’adressent au journal cinq militants du groupe Sacco-Vanzetti de la Fédération anarchiste. Ceux-ci font part de leur indignation devant l’importance que leur journal a pu accorder à ce qu’ils appellent « la défense de L.-F. Céline ». Sans, bien sûr, approuver le procès en cours, ces militants prétendent, contrairement à ce qu’affirme Maurice Lemaitre dans son premier article, se foutre «comme d’une guigne » du sort de Céline et n’avoir pas attendu les points de vue des Rassinier, Aymé et Paraz pour se faire une idée de ce que valent les tribunaux de justice. « En admettant même que Céline ait “la meute au cul”, écrivent-ils, cette meute ne nous paraît pas comparable à celle qui s’acharne contre les persécutés sociaux d’Espagne, de Bulgarie, de Bolivie, de Grèce, d’Europe orientale, des Indes, du Vietnam ou, sans aller si loin, d’Afrique du Nord et de France (voir mineurs, déserteurs, etc.), ce sont ceux-là, ces lampistes, ces révolutionnaires, ces inconnus sans panache, qu’il est dans la tradition du <i>Libertaire</i> de défendre et non ceux qui ont le mépris de la masse, ceux qui sont bien assez grands pour se tirer des mauvais draps dans lesquels ils se mettent ». </span></div><div><span style="font-family: verdana;">Maurice Lemaitre, qui était à l’origine de l’enquête, signera quant à lui un dernier petit écho signalant le changement d’attitude du Canard enchaîné qui, d’abord critique envers Le Libertaire et sa « drôle d’idée de s’intéresser à ce peu ragoûtant personnage », va, à la suite de très nombreuses lettres de lecteurs, réviser son jugement, sous la plume de Treno, « en posant le problème d’une façon beaucoup plus objective »… </span></div><div><span style="font-family: verdana;"><b><i>Floréal MELGAR</i></b></span></div><div style="font-family: -webkit-standard;"><div style="font-family: verdana;"><div style="font-family: -webkit-standard;"><span style="font-family: courier; font-size: x-small;">Source : http://www.acontretemps.org/spip.php?article329</span></div><div><span style="font-family: courier; font-size: x-small;"><br /></span></div></div></div></span></div><div style="font-family: -webkit-standard;"><span style="font-family: trebuchet;"><b>ALBERT CAMUS</b></span></div><div style="font-family: -webkit-standard;"><span style="font-family: trebuchet;">La justice politique me répugne. C'est pourquoi je suis d'avis d'arrêter ce procès et de laisser Céline tranquille. Mais vous ne m'en voudrez pas d'ajouter que l'antisémitisme, et particulièrement l'antisémitisme des années 40, me répugne au moins autant. C'est pourquoi je suis d'avis, lorsque Céline aura obtenu ce qu'il veut, qu'on nous laisse tranquilles avec son « cas ».</span></div><div style="font-family: -webkit-standard;"><span style="font-family: trebuchet;"><b>JEAN-GABRIEL DARAGNÈS</b></span></div><div style="font-family: -webkit-standard;"><span style="font-family: trebuchet;"> </span><span style="font-family: trebuchet;">Il n'y a plus de place dans notre société pour ceux qui ne veulent pas jouer au jeu que notre civilisation nous impose. C'est pourquoi Céline, qui n'a pas voulu et ne veut pas prendre place dans ce concert absurde s'est heurté à une justice qui rebondit sur un dossier vide, mais ne veut pas tolérer tant d'indépendance. Il est certain qu'un des plus grands écrivains actuels, peut-être le plus grand depuis Proust est menacé dans sa santé, dans sa vie, dans son œuvre pour avoir été en rébellion contre une époque qui ne tolère pas la liberté de penser. Quels remords pour ceux qui auront frappé un homme accablé sous les plus abominables menaces.</span></div></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;"><b>LOUIS PAUWELS</b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">Je crois savoir que Céline ne viendra pas. J'aurais aimé qu'il se présente devant ses « juges ». Il ne risque pas grand-chose. Ce sont les juges qui risquent. Ils s'exposent à un immense ridicule. Ils s'exposent aussi, ils continuent de s'exposer à notre dégoût depuis l'assassinat de Brasillach. Mais si Céline ne vient pas, c'est qu'il ne reconnaît pas à ces « juges » le droit d'agir au nom de la justice. En ce sens, il nous donne, encore une fois, un exemple et une leçon.</span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;"><b>BENJAMIN PÉRET</b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">Cher Camarade,</span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">L'intérêt soudain que <i>Le Libertaire</i> porte au nommé Céline me surprend profondément. Je ne peux pas oublier, en effet, que Céline a joué, avant et pendant la guerre, un rôle tout à fait néfaste. Toute son œuvre constitue une véritable provocation à la délation et, de ce fait, devient indéfendable à quelque point de vue qu'on se place car la poésie ne passe pas quoi qu'en disent ses thuriféraires par la bassesse et l'ordure. Or, l'œuvre de Céline se situe tout entière dans un égout où, par définition, la poésie est absente. Et l'on voudrait en soulever la plaque pour nous faire respirer les émanations méphitiques qui s'en dégagent ! Non, qu'il reste au Danemark où il ne risque rien s'il n'ose pas se présenter devant un tribunal dont il n'a guère à attendre qu'une condamnation de principe. C'est toute une campagne de « blanchiement » des éléments fascistes et antisémites qui se développe sous nos yeux. Hier, Georges Claude était remis en circulation. Demain ce seront Béraud, Céline, Maurras, Pétain et compagnie. </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">Quand toute cette racaille tiendra de nouveau le haut du pavé, qu'auront gagné les anarchistes et révolutionnaires en général ? Pas de donquichottisme ! Réservons notre solidarité – et celle-ci totale – pour les victimes de notre capitalisme, de Franco, Staline et autres dictateurs qui souillent aujourd'hui la surface du globe.</span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;"><b>ALAIN SERGENT</b></span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: trebuchet;">Pour bien connaître, en tant qu'ancien prisonnier politique, la mentalité des « juges républicains », je trouve que Céline a parfaitement raison de ne pas rentrer tant qu'il courra un risque, sachant sans doute trop bien ce que couvre le mot de justice. Les principes n'ont rien à voir en l'occurrence, c'est une simple question de rapport de forces sur le plan politique. On a envoyé Brasillach au poteau parce que Russes et Américains vivaient à ce moment leur lune de miel, aujourd'hui on le condamnerait à quelques années de prison. Dans une situation nouvelle, la plupart des « juges » seront prêts à condamner ceux qu'ils servent aujourd'hui, et à filer doux devant un Doriot quelconque. Il faut croire, d'ailleurs, que ce phénomène n'est pas nouveau puisque La Fontaine disait : « Suivant que vous serez puissant ou misérable... » Il reste que votre enquête est des plus édifiantes, car elle oblige chacun à prendre position. En outre, elle devient un élément du rapport de forces dont j'ai parlé en incitant pas mal de gens à réfléchir.</span></div><div style="text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><b><i>Pour terminer : Marc Laudelout à propos du Procès Céline</i></b></span></div><div style="text-align: left;"><div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div><span style="font-family: georgia;">Dans <i>Le Bulletin célinien</i>, Marc Laudelout écrit :</span></div><div><span style="font-family: georgia;">Le procès Céline</span></div><div><span style="font-family: georgia;">Jusqu’à ce jour, tout le monde (Céline lui-même, ses biographes, le monde judiciaire) considérait qu’en 1950 la justice française avait été bonne fille avec l’auteur des Beaux draps. Anne Simonin, directrice de recherche au CNRS, estime, elle, que le jugement fut d’une « sévérité extrême » ¹. Mais il y a mieux : on sait que l’année précédente, en novembre 1949, le commissaire du gouvernement Jean Seltensperger fut dessaisi du dossier, sa hiérarchie estimant son réquisitoire magnanime. Il se concluait, en effet, par le renvoi de Céline devant une Chambre civique (au lieu de la Cour de justice), ce qui eût entraîné une peine sensiblement moins lourde. L’historienne considère qu’il s’agit en réalité d’une « apparente complaisance », le magistrat ayant, au contraire, fait preuve d’une rare duplicité : « Imaginer renvoyer Céline en chambre civique était une façon habile de l’inciter à rentrer en France et à se produire en justice. Une fois Céline devant une chambre civique et condamné à la dégradation nationale, rien n’interdisait au commissaire du gouvernement de considérer que Céline avait aussi commis des actes de nature à nuire à la défense nationale (art. 83-4 du Code pénal). Le mandat d’arrêt, ordonné en 1945, autoriserait alors à renvoyer Céline en prison avant de le déférer en Cour de justice. Et le tour serait joué. » C’est perdre de vue que, dans son réquisitoire, Seltensperger avait requis la main levée du mandat d’arrêt. Et c’est surtout ne pas connaître les arcanes de cette histoire judiciaire. Coïncidence : il se trouve que le père (magistrat, lui aussi) d’un de nos célinistes les plus pointus, Éric Mazet, fut le meilleur ami de Jean Seltensperger. Au mitan des années soixante, les confidences que celui-ci fit au jeune Mazet attestent qu’il n’a jamais voulu piéger Céline, bien au contraire. Le réquisitoire modéré qu’il prononça en atteste et ce n’est pas pour rien que le dossier fut confié à un autre magistrat.</span></div><div><span style="font-family: georgia;">Ce n’est pas tout. En février 1951, les Cours de justice, juridiction d’exception chargée des affaires de Collaboration, furent dissoutes : celles-ci relevaient désormais de juridictions militaires. En avril, le Tribunal militaire de Paris fit bénéficier Louis Destouches d’une ordonnance d’amnistie applicable aux anciens combattants blessés de guerre. Ici aussi, l’historienne s’insurge, estimant que cette amnistie découle d’un faux en écriture publique (!). Explication, photo du document à l’appui : c’est un paragraphe ajouté à la main qui amnistia Céline « à l’insu » [sic] du Tribunal militaire. En tant que biographe de Céline, l’avocat François Gibault a étudié le dossier et connaît intimement cette matière. Il estime l’hypothèse pour le moins fantaisiste : « Si le Tribunal militaire n’avait pas délibéré sur la question de l’amnistie, le Président l’aurait fait savoir quand tout le monde lui est tombé sur le dos. Idem pour les juges du Tribunal militaire. La photo qui figure en marge de l’article est un jugement-type remis par le greffier au président pour gagner du temps. Il est d’usage que le président du tribunal supprime les passages inutiles, remplisse les blancs et ajoute à la main ce qui doit l’être. » Il paraît qu’Anne Simonin veut entreprendre des recherches pour savoir s’il s’agit bien de l’écriture de Jean Roynard, le magistrat qui présidait le Tribunal militaire. Notre historienne se doute-t-elle que cette écriture peut tout aussi bien être celle du greffier, du juge-rapporteur ou d’un autre juge qui tenait la plume ? Et connaît-elle le rôle déterminant qu’eut le colonel André Camadau, en charge de l’accusation, dans cette affaire ? ² Rien n’est moins sûr…</span></div><div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div><span style="font-family: georgia;">1 Anne Simonin, « Céline a-t-il été bien jugé ? », L’Histoire, n° 453, novembre 2018, pp. 36-49.</span></div><div><span style="font-family: georgia;">2 « André Camadau et l’amnistie » in É. Mazet & Pierre Pécastaing, Images d’exil, Du Lérot & La Sirène, 2004.</span></div><div><span style="font-family: georgia;">Cette entrée a été publiée le 1 décembre 2018.</span></div></div></td></tr></tbody></table><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: courier;"><br /></span><br /></td></tr></tbody></table>Unknownnoreply@blogger.com0