lundi 15 avril 2019

« Je suis un pauvre homme brisé qui n’a qu’une force : sa haine et son style » Confession de Louis-Ferdinand Céline dans Arts du 19-25 juin 1957

André Parinaud a rencontré Céline au moins trois fois pour des entretiens*, celui que nous reproduisons ici a paru dans dans l’hebdomadaire Arts n° 624 daté 19-25 juin 1957


Interview de Céline par André Parinaud à l’occasion du lancement de D’un château l’autre (Arts, numéro 624,19-25 juin 1957)
CÉLINE : « Je suis un pauvre homme brisé qui n’a qu’une force : sa haine et son style »

J’appuie sur un bouton et déclenche le vacarme d’une sonnerie tout de suite couverte par les aboiements puissants de trois molosses qui dévalent en hurlant le jardin en pente. Je crie leur nom très fort. ils stoppent net, la gueule ouverte, l’œil fixé, cherchant un signe familier dans ma silhouette ; mon assurance les surprend. Ils grondent sourdement sur mes talons. 
Je devine derrière une vitre qu’«il» me regarde venir. 
Lorsque j’entre, Louis-Ferdinand Céline se lève, accentuant, par le balancement de ses longs bras et de son dos voûté, l’image un peu simiesque qu’il donne en se découpant dans la lumière blanche d’une fenêtre. 



L.-F. C. « Vous êtes venu voir la vedette, » dit-il en ricanant. « Tous ces cons qui me redécouvrent en apprenant que je viens de publier D’un château l’autre. Ils viennent visiter la ruine… pour voir si ça tient encore ! Si je ne sens pas trop mauvais. Mais je leur en donne pour leur argent. Je connais le truc, je réponds toujours à la demande. Doux comme un mouton le Céline, bavant ou crachant. Qu’est-ce qui il vous faut aujourd’hui ? Il y a L’Express qui est passé par Meudon. J’avais pavoisé la gare de toute ma dégueulasserie pour le recevoir. Il a dû être content ! Vont pouvoir édifier leurs lecteurs et avec bonne conscience. Je me suis roulé dans ma fange de gros cochon… puis Match… Je suis devenu le fait divers à la mode. Ça les excite. Alors vous ? »
Il se rassied et passe lentement ses mains sur son visage. 

 Je suis venu voir si vous retrouviez un goût meilleur à la vie.
L.-F. C. Qu’est-ce que cela change tout ça ? Je continue à crever dans mon trou à soixante-trois ans. Je cherche toujours la combine qui me permettrait de gagner les 20 000 ou 30 000 francs qui en plus de ma retraite — car je suis invalide à 75 % — me permettraient de vivre. C’est mon éditeur qui va s’engraisser. Ce salaud ! Moi… 
— Mais il vous a déjà avancé des millions et avec ce livre il vous fait une rente. 
L.-F. C. Qui vous a dit ça ! 
— C’est mon métier de savoir. 
L.-F. C. Ça ne m’empêche pas de manger des nouilles et de boire de l’eau. 
— Le docteur Destouches sait mieux que personne pourquoi Céline est au régime. Il éclate d’un rire qui fait mal. 
L.-F. C. J’ai toujours été masochiste, et con oui ! Je crèverai de ma connerie. Je me suis trompé de file en 1940 ; rien de plus. Mais c’est quand même con. J’ai voulu faire le malin. J’aurais pu aller à Londres. Je parle l’anglais comme le français. Aujourd’hui je serais à côté du pion Mauriac à l’Académie. Si j’avais su. Mais j’ai perdu alors je paie. Je crèverai dans l’ignominie et la pauvreté comme tout le monde le souhaite. Vous ne voudriez pas que je pavoise. J’ai assez souffert d’abord. J’ai bien le droit d’être malheureux et de le montrer. On m’a assez persécuté. Tout le monde devrait se réjouir de me voir dans la merde ! C’est ce qu’on voulait, n’est-ce pas ? 
Je risque : — Vous vous croyez persécuté ?
L.-F. C. Je n’ai jamais rien inventé. Même pas mon nom. Céline, c’est le nom de ma mère. Le scandale qui m’a lancé, Le Voyage au bout de la nuit (sic), c’était mon expérience de médecin de nuit. Vingt-cinq ans (sic) parmi les noyés, les asphyxiés, les assassinés, les filles, les rats crevés. Le scandale qui m’a perdu était une autre réalité. Dans Bagatelles pour un massacre, je disais que la France était dans la merde et qu’il fallait faire l’Europe. C’est ça qu’on me reproche encore. Or, moi je n’ai pas d’idée. Je ne suis pas un encyclopédiste. J’ai dit merde à tout le monde, même à Hitler. Seulement j’ai voulu mettre le nez des gens dans la seule réalité qui pouvait les sauver — hier ça leur semblait désagréable, aujourd’hui, ça leur paraît monstrueux — car tout ce que j’avais prévu arrive ; on me hait donc davantage. Mais j’ai compris. Finis les risques, les beaux mouvements de menton. Je suis un vieil homme brisé, bien humble, bien pauvre qui n’a plus la moindre idée sur rien, qui se cache et veut seulement mourir en paix et avec un peu de pain. 
— Dans votre dernier livre D’un château l’autre, dont on parle déjà avant de l’avoir lu, vous cherchez apparemment à vous justifier. 
L.-F. C. Pas du tout. Je me considère comme un mémorialiste, un type comme Joinville ou Froissart. Comme eux j’ai été mêlé à de drôles de salades. Croyez-moi, ce n’est pas par vocation que je me suis trouvé à Sigmaringen. Mais on voulait m’étriper à Paris parce que je représentais l’antijuif, le fasciste, le salaud, l’ordure, le prophète du mal. Donc je me suis retrouvé en compagnie de 1 142 condamnés à mort, Français, dans un petit bled allemand. Ça valait le coup d’œil, croyez-moi. Une cellule de 1 142 types qui crèvent de rage, cernés par la mort ; on ne voit pas ça tous les jours. Eux aussi d’ailleurs rêvaient d’avoir ma peau. Je suis un symbole, je vous dis. Ils m’auraient livré avec plaisir si ça avait pu les sauver. Ah, vacherie humaine ! Alors voilà, j’ai raconté ce que je voyais. 
— Est-ce votre histoire que vous racontez ou de l’Histoire que vous avez voulu faire ? 
L.-F. C. D’abord j’ai écrit ce livre parce que j’avais besoin de gagner de l’argent. Il fallait que je sorte un livre. Or, moi je n’ai pas besoin d’inventer, je n’ai qu’à me souvenir, ce ne sont pas les sujets qui me manquent dans ma salope de vie. Seulement attention. Je connais les trucs. J’écris pour distraire sinon personne ne pourrait me lire. Ce serait trop noir. Je ne veux pas convaincre ou répandre un message. Ni me justifier. J’ai un style, ça me suffit. La littérature aujourd’hui ne compte plus que des journalistes ou des psychiatres. Des types qui vous racontent des faits divers ou commentent des complexes. Sans intérêt. C’est pour ça que le roman est mort. Du temps où la vie avait un style, le roman pouvait le refléter et les pères ou les maris avaient intérêt à recommander des lectures à leurs filles ou à leur femme. Maintenant c’est le cirque ou la Loterie. N’importe qui peut écrire. Avec la Première partie du Bac, vous en savez largement assez pour raconter une histoire. Le roman n’est que le reflet des journaux. Tout fout le camp. Je suis le seul aujourd’hui à avoir encore un style. 
— Vous êtes assurés ainsi de votre éternité ? 
L.-F. C. Oh ! L’éternité ! Les Chinetoques nous aurons tous liquidés avant un siècle. Ce n’est pas la bombe atomique qui nous tuera, on a bien trop peur d’elle, mais la Chine, ce géant qui dormait et qui vient de se réveiller. L’Europe a fini de faire chier le monde. Oui, je suis le dernier musicien du roman. C’est ça que j’ai amené. Une petite musique. Mais ça suffit. Les sujets n’ont aucune importance. J’écris pour écrire. J’ai toujours écrit pour écrire, mais j’ai publié pour du fric et je me fous du lecteur. Bien sûr je veux qu’il m’achète et qu’il ne s’ennuie pas en me lisant, mais ce qu’il pense de moi, je m’en fous. 
— Mais alors pourquoi cet effort de style ? 
L.-F. C. Pour la chose elle-même, c’est mon vice. Le "Château" de ce point de vue est une réussite. Je me suis libéré de beaucoup de clichés. Les peintres ont abandonné le sujet peu à peu. J’ai tenté la même aventure, mais ça me concerne seul. 
— Donc après vous le déluge ! 
L.-F. C. L’alcoolisme, le tabac, la vie bourgeoise ont tout miné en France. Personne n’a d’ailleurs besoin d’autre chose que de beef-steak-pommes frites, télévision, 4 CV, et de faire l’amour le samedi soir. 
— Vous ne croyez plus à rien ? 
L.-F. C. À ma haine et à ma mort qui n’est pas lointaine et au plaisir que ça fera à tous les coins de l’univers. Est-ce que ça vous suffit comme ça ?
André Parinaud

* En janvier 1953, entretien paru dans La Parisienne
source : Céline et l’actualité littéraire 1932-1957, Cahiers Céline 1, Paris, Gallimard, 1976
En juin 1957, paru dans Arts, numéro 624,19-25 juin 1957 (ci-dessus)
Puis en juin 1958 pour un entretien audiovisuel.
André Parinaud : « j’étais venu à Meudon avec l’intention d’enregistrer et de filmer pour la télévision notre conversation. Céline l’avait accepté. Céline nous parle de son travail d’écriture tel un ouvrier qui travaillerait avec acharnement, tous les jours, il déclare "avoir décidé d’écrire pour acheter son appartement", nous livre sa conception de la littérature, l’importance accordée au style, au "langage parlé à travers l’écriture".
Voyons un peu : Céline 1958 – Entretien audiovisuel avec André Parinaud réalisé par Alexandre Tarta (18 mn.). Disponible dans Céline vivant aux éditions Montparnasse (direction éditoriale et plaquette d’introduction d’Émile Brami, illustrée par José Correa)

dimanche 14 avril 2019

Voyage au bout de la Célinie, Études de Caractères par Philippe Di Maria

Voyage au bout de la Célinie, par Philippe Di Maria
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Études de caractères parus dans Spécial Céline n°27, premier trimestre 2018



Les œuvres géniales qu’il a écrites et la dualité, difficilement admise, de la personnalité de Céline font que ses admirateurs, autant que ses détracteurs, sont nombreux.C’est le seul écrivain français qui suscite tant de sentiments contradictoires et exacerbés, de la passion la plus aveugle à la haine la plus féroce. Dans l’intervalle qui sépare ces deux extrêmes, se placent de nombreux «Caractères» dont les rapports avec Céline sont très variés.Nous avons essayé de faire une liste des plus originaux, liste forcément incomplète, car dans le pays de Célinie, chaque «célinien» est différent de son coreligionnaire.
Nous les avons classés par ordre alphabétique afin de ne pas subir l’inepte reproche d’avoir énoncé des affinités personnelles qu’un autre type de classement eût immanquablement révélées.

Célinagogue - C’est celui qui, pour éduquer ses amis en littérature, prête volontiers ses Céline à ceux qui ne lisent que du Angot ou du Nothomb afin de ne pas les laisser devenir des «littératés» !
À l’occasion, il leur explique en détail, et en analyses pointues, pourquoi Céline est beaucoup plus intéressant à lire que les deux navrants auteurs précités (ou tous leurs clones et avatars), dont la littérature pseudo-autobiographique et totalement dénuée de style et de fond est sans le moindre intérêt. Il est assez souvent confronté à des élèves dont l’appétence célinienne est réduite, mais ne s’en trouve nullement découragé dans sa volonté éducative.
Le Célinagogue est mû par sa vocation célino-pédagogique.

Célinien - (suffixe joint à des noms pour former des adjectifs désignant une atmosphère, une école de pensée, la connaissance profonde et bienveillante du sujet -> kafkaïen, bernanosiencopernicien, hitchcockien, joycien).
Le Célinien est un être sociable, doué d’une solide culture littéraire, générale et célinienne.Il ne publie pas forcément des articles, mais lit avec plaisir et intérêt ceux qui le sont. Éventuellement, il les critique ou leur apporte des précisions.Il est lucide sur les problèmes et polémiques créés par la face obscure de l’auteur, mais sait faire la part des choses.
Le Célinien est un gentilhomme toujours prêt à aider d’autres céliniens et à partager ses connaissances avec autrui.Érudit, il connaît les étymologies et en particulier celle de «sympathie».
Le Célinien a l’esprit clair, précis et sait répondre en argumentant quand il est attaqué par un roquet célinophobe ou un myrmidon misocélinien qui ne voit qu’un nazi en Céline afin de justifier, et satisfaire, son Iagoïsme moléculaire. 
Le Célinien est naturellement célinocool.

Célinalgique - Celui qui ne voit dans l’œuvre de Céline que douleur, mort et souffrances.Grand consommateur de Doliprane. 
Tourner une page de Féerie lui fait ressentir à l’extrémité du doigt des douleurs excruciantes.

Célinard - (suffixe, d’origine germanique, qui entre dans la composition de noms et d’adjectifs auxquels il donne une nuance péjorative ou vulgaire -> froussard, banlieusard, revanchard,connard, vicelard). 
Le Célinard, comme le connard ou le salopard, est un rebut honni de Célinie. Le plus souvent, son inculture crasse sur Céline et la mise en avant à tout propos de ladite inculture ou, au contraire, ses connaissances et sa propension irrépressible à la «ramener tout le temps», même quand il n’est pas sollicité, lui valent des rancœurs irrémissibles et des rejets irrévocables.
Le Célinard est le sigisbée pervers de son idole. Il est célinement moche, célinement bête, célinement boutonneux et sent célinement mauvais.
Le Célinard est l’incarnation de son suffixe !

Célinaute - Celui qui en toute étymo-logique n’aime que Voyage au bout de la nuit. Il lui arrive néanmoins de relire L’Odyssée à ses moments perdus.

Célinésique - Celui qui n’emporte que des livres de Céline sur une île déserte quand il quitte son domicile d’Île-de-France. 
Il se trompe souvent de «Robinson» !

Célinesque - (élément qu’on joint à un nom pour signifier «à la façon de» avec un nom propre ->ubuesque, dantesque). 
Le célinesque porte un gilet rapiécé et délavé, il intègre des «n’est-ce pas» dans toutes ses phrases et mets des trois points partout où la place le lui permet dans ses formulaires administratifs.
Il n’omet jamais de rappeler à son auditoire la similitude troublante entre sa vie et les textes de Céline. Le Célinesque rêve de métempsychose et sait parfaitement en quel Ariel il voudra être réincarné.

Célineux - (suffixe adjectivant marquant une propension à une humeur, à un sentiment ->haineux, peureux, joyeux, dédaigneux; marquant le caractère -> injurieux, élogieux, séditieux; l’idée de possession -> neigeux, vertueux, tuberculeux).
Le célineux est un être complexe regroupant tous les sens de son suffixe.Il s’est approprié de Céline, le fichu caractère envers ses semblables et son amour pour les animaux. Le Célineux est célibataire.Il vit dans un appartement avec douze chats (dont un nommé Bébert), trois canaris, deux tortues et Toto, son perroquet. Il parle peu, mais haut et fort.Il essaie d’écrire ses souvenirs «à la manière de», mais n’y arrive pas.Il ne s’en fâche pas.
Pour se consoler, il tend un fil à travers son salon et y accroche ses tentatives avortées de romans avec des pinces à linge, exclusivement en bois, qu’il trouve chez Leclerc.

Céliniste - (suffixe d’origine grecque passé en français par le latin et qui sert à la formation de substantifs désignant des personnes ou se rapportant à l’exercice par la personne désignée d’une appartenance à une opinion; avec un nom propre «partisan de» -> gaulliste, castriste, céliniste).
Le céliniste est le plus souvent une personne proche du Célinographe en ceci qu’il écrit sur Céline.Moins graphomane toutefois que ce dernier, il diffère légèrement du Célinien en ceci qu’il produit davantage de textes. Il est membre d’une confrérie d’amateurs de Céline et connaît fort bien l’œuvre de l’auteur. Son attachement à l’œuvre de Céline est lucide et raisonnable.Le Céliniste ne devient jamais Célinolâtre. 
Il est souvent sollicité pour participer à des colloques, des conventions, des repas entre amis Céliniens-Célinistes-Célinophiles. Il publie dans des revues consacrées à Céline et n’est que peu préoccupé par les querelles de clocher que l’œuvre de l’auteur suscite, querelles qu’il regrette néanmoins.
Le Céliniste est zen; il s’est donné littérairement à Céline.

Célinivore - C’est un lecteur pathologique qui dévore tout ce qui se publie sur Céline. Cet appétit d’ogre lui coûte aussi cher en achat de livres et revues que s’il était Latourdargentivore. Quand il abuse de sa voracité, le Célinivore devient parfois un Célinogastre. 

Célinobole - Celui qui lance des discussions céliniennes au restaurant, dans les salles d’attente des médecins, sur Facebook, ou qui projette le plus loin possible les disques 33t ou CD enregistrés par Céline (Festival FLD 149 M - Pacific record (1957), LDP.-F 199 - Perrin et Perrin - Chalmin, 1997, PPC 001). Dès que le brandon qu’il a lancé a enflammé une discussion, heureux il s’en détourne et s’empresse d’en lancer un autre.

Célinocentrique - Celui qui ramène tout à Céline. Est à l’opposé du Célinotrifuge. Est souvent parfaitement ennuyeux en groupe, surtout en société dont la littérature est la dernière des préoccupations.S’il se trouve invité par erreur dans un cénacle proustien ou joycien, il peut sombrer dans une neurasthénique mutité, voire une ridicule agressivité. Pour cette raison, il est rarement invité au restaurant par ses amis dont les discussions récurrentes oscillent entre sexe, foot et re-sexe.
Il passe de nombreuses soirées seul, assis au milieu de son salon, un dictionnaire Céline sur les genoux, en écoutant en boucle sur son ordinateur les interviews meudonesques du Mâîîîîître.

Célinoclaste - Celui qui casse tout ce qui concerne Céline.Lors de crise de nerfs inopinée, il peut brutalement détruire une collection de bustes et de bibelots céliniens posés sur la cheminée d’une de ses connaissances célinophiles. 
Il pourrait surgir de la foule, lors d’une conférence ou d’un colloque célinien, et de se jeter sur la table des intervenants pour détruire leur matériel. La vue de la moindre image, du moindre ouvrage, de la moindre revue ayant trait à Céline le met en fureur et fait remonter en lui une violence ancestrale et animale.
L’entrée au cimetière de Meudon lui est strictement interdite.

Célinocrate - Celui qui exerce des pouvoirs sur Céline, ses œuvres, ses legs, etc. C’est un membre de la horde des chefs !
Il existe des Célinocrates qui sont les propriétaires-gérants des clés de la Célinie et qui, de ce fait, portent un mépris cosmique sur ceux d’en dessous. Le Célinocrate est le seul habitant de Célinie qui est Légion et qui persiste à se croire unique.

Célinofuge - Celui qui n’approche jamais à moins d’un mètre d’une bibliothèque contenant des livres de Céline sous peine de voir surgir sur son visage une brutale éruption de furoncles ou de pustules polychromes. De même, il fuit toute image, discussion, réunion, concernant Céline. 
Il demeure loin de la capitale de la Célinie afin de ne pas risquer de se trouver inopinément nez à nez avec un Célinien ou, pire encore, un Célinolâtre.
Il est grand admirateur de Montaigne, de Sartre et des traductions russes ou américaines de Céline.

Célinogame - Voir Lucette Almansor.

Célinogastre - La lecture de Céline lui est laxative, surtout les nombreuses pages de l’auteur où le mot «tripes» est cité, pages qu’il évite soigneusement de lire. Si vous lui parlez d’un nouveau livre sur Céline, il court aux toilettes ventre à terre !
Le Célinogastre est un ancien Célinovore qui a mal digéré Céline.

Célinogène - Celui qui est à l’origine de publications nouvelles ou inédites de Céline. Il fait avancer la critique célinienne par son dynamisme et sa force motrice. 
Il passe pourtant pour être rabat-joie depuis qu’un célèbre Célinophobe aurait écrit à son propos : «où il y a du Célinogène, il n’y a pas de plaisir !»

Célinographe - Celui qui écrit, écrit, écrit, écrit, écrit sur Céline.

Célinogyre - Celui qui lit et relit en boucle l’œuvre de Céline. Devient rarement Célinotrifuge.S’il ralentit son cycle de lecture, il peut, en revanche et à son grand dam, devenir Célinocentrique.
Il ne connaît pas les œuvres des Trois B (Balzac, Baudelaire, Bloy) bien qu’il ait vu ces noms cités plusieurs fois par son auteur favori.
D’aucuns prétendent qu’il ne tourne pas rond !

Célinolâtre - (éléments, tirés du grec latreuein, «servir», qui signifient «adorateur, adoration».androlâtrie, astrolâtrie, autolâtre, gastrolâtre, iconolâtre, idolâtre, ophiolâtre, zoolâtre).
Le Célinolâtre adore (au sens biblique) Céline et ses livres. Sur le mur, juste au-dessus de son oreiller, est fixé depuis des lustres le portrait en couleur photographié par Pierre Duverger à Meudon en juillet 1960.Ce cadre est surmonté d’une étagère sur laquelle est posé un petit bougeoir où brûle, tous les soirs, une chandelle rouge au son d’un Gloria pour une autre fois d’un Vivaldi l’autre.Peu lui importe que Céline ait été antisémite, anticlérical, antiuranien, antiboche, antialcool, antitabac, antitout, il estime qu’un dieu peut avoir des défauts et qu’il n’en reste pas moins divin, donc digne d’adoration.
Sa bibliothèque est remplie des livres de Céline dont chacun est protégé par une enveloppe de plastique sous vide. Il prend des gants, jetables, pour les en sortir et les regarder, à genoux sur le tapis brodé à l’effigie de Céline, tout en écoutant exclusivement le «mora credo» de la Missa solemnis de Beethoven. Toute personne osant élever devant lui la plus petite critique de Céline est immédiatement bannie de ses relations, quand elle n’est pas bastonnée à mort. Il est divorcé depuis que sa femme a dit qu’elle préférait, somme toute, lire du Guillaume Musso, car c’était moins «prise de tête» et qu’au moins, on y trouvait «de vraies phrases» ! 
Le Célinolâtre est un voyageur.Il sombre régulièrement dans des gouffres d’obsécrations infinies sur la tombe de Céline à Meudon; l’hiver, par moins dix, il fait sept fois le tour de la chaumière de Korsør en courant, une trompette à la bouche, tout en égrenant un chapelet; l’été, il cherche vainement, comme d’autres l’ont fait avant lui, l’Hôtel Franklin à Saint-Malo où Céline écrivit, en été 1937, la plus grande partie de Bagatelles.
Son sens moral douteux et son aveuglement supposé sont régulièrement mis en accusation par les Célinophobes ou les Misocéliniens (voir ces noms) qui le considèrent, lui et ses semblables, comme de parfaits crétins à la cervelle ramollie par l’idolâtrie; et donc condamnables commecélinocollabo.

Célinolithe - Un inébranlable célinien que rien ne peut perturber. 
Un roc, un menhir, un dolmen, un mont, que dis-je un mont, une concrétion ! Une légende raconte qu’un jour un lecteur poitevin de Céline, dont le prénom était Pierre (ironie du sort), aurait commis la fâcheuse erreur d’implorer Méduse au lieu de Mélusine; fatale distraction !

Célinomane - (élément, du grec -manês «fou de…», qui entre dans la composition de noms et d’adjectifs correspondant aux noms de comportements en -manie et qui se rapporte aux personnes (ou êtres animés) affectées de ces comportements. Avec idée d’excès-> anglomane,bibliomane…; avec idée d’état pathologique -> cleptomane, cocaïnomane…)
Le Célinomane est dangereux, car il peut être contagieux.Il peut causer d’énormes dommages collatéraux en forme de problèmes financiers à tous ceux qu’il contaminerait.En effet, le Célinomane achète tout, mais absolument TOUT ce qui existe sur Céline : les éditions originales, les revues, les lettres, les dessins, les enregistrements, les peintures, les icônes, les sculptures, les archives, les vêtements, les dédicaces, les pinces à linge, les empreintes digitales, les moulures des traces de chaussures, les envois, les plaques de rues refusées par les communes, les mèches de cheveux (très rares), les médailles militaires, les journaux d’époque, etc.
Le Célinomane a de gros moyens financiers ou, quand ce n’est le cas, il sacrifie tout son salaire à sa célinomanie. Il peut toutefois être un bon gars et être fort généreux.On a vu des Célinomanes faire de somptueux cadeaux céliniens à des Céliniens dans le besoin. 
À la différence du Célinomaniaque, le Célinomane sait penser à autre chose.Il peut lire un Album de Mickey, regarder Derrick à la télé, ou être fort courtois avec les dames. Ces dernières, voyant l’encombrement de la chambre, de l’entrée, du salon, des toilettes et de la cuisine du Célinomane, se demandent bien où elles vont pouvoir poser leur culotte quand la bise sera venue.

Célinomaniaque - (celui qui a une idée fixe, une habitude contraire à la raison, parfois vicieuse, perverse). 
Le Célinomaniaque, à la différence du Célinomane, n’est pas forcément collectionneur, quoiqu’il l’est souvent, mais il a une idée fixe; Céline ! 
Il a une bibliothèque ancienne, à portes vitrées, dans laquelle sont disposées ses éditions originales. Un thermomètre gère en permanence la température intérieure du meuble et le degré d’hygrométrie y est particulièrement surveillé.Il sort rarement ses documents du meuble et ne fait que les montrer à ses invités.Il interdit à quiconque, sous peine d’excommunication immédiate, de les toucher avec des mains non protégées par des gants aseptisés.
Le Célinomaniaque est peu altruiste. Ce qu’il aime est à lui seul et tout ce qui lui appartient concernant Céline doit être mis hors de portée de toute infection microbienne extérieure.Il asperge régulièrement son appartement avec un spray de produit désinfectant à l’Huile de Montmartre au cas où une personne malveillante glisserait sous son canapé un livre de Sartre, d’Aragon ou une brindille discrètement soustraite aux plates-bandes du jardin d’Illiers-Combray.
C’est une sorte d’hyper-hygiéniste, ce qui est, comme le savent les Céliniens, le comble de l’ironie.

Célinomnésique - Celui qui dit toujours : c’est qui Céline déjà ? bien qu’ayant lu la plupart de ses œuvres. 
Il confond toujours Nord avec Sud, Mort à crédit avec Mort à Venise et L’école des cadavres avec L’école des femmes
Enfin, il croit se rappeler vaguement que le vrai nom de Céline est Dion et que c’est une femme. Il est sûr que Céline est toujours vivant.

Célinopathe - (éléments, du grec -patheia, -pathês, de pathos «ce qu’on éprouve», entrant dans la composition de termes scientifiques ou didactiques et spécialement de substantifs désignant des maladies qui affectent un organe ou un ensemble d’organes déterminés -> hémopathe, idiopathe,névropathe, des adjectifs tels que allopathique, antipathique).
Le Célinopathe est un grand malade. Tout ce qui concerne Céline le rend simultanément, ou successivement, excité, fébrile, instable, excité, mélancolique, coléreux, tendre, soyeux, obséquieux, rageur, muet, prolixe, etc. 
Il peut, sous un coup de folie, revendre son Ami 6 beige de 1964 pour acheter une édition originale, avec envoi, de Voyage, et dès le lendemain, revendre le livre pour acheter un timbre du Venezuela de 1932 à l’effigie de Céline. La majorité de ses actes passionnels est imprévisible et déconcertante. C’est le bonheur des psychiatres et psychanalystes. Il collectionne les pièces les plus rares ou les plus ridicules sur Céline.
Toute parole ou écrit déplacé à l’encontre de Céline peut le rendre extrêmement dangereux et menaçant à l’égard de leur auteur. 
Certains Célinopathes ont un cénotaphe célinien dans leur entrée, meuble gris qui encombre fortement le passage.
Fort heureusement, le Célinopathe est devenu assez rare et est en courbe asymptotique vers l’extinction de son espèce.

Célinopède - Celui qui fait l’éducation célinienne des jeunes.Il est toutefois surveillé par la police des mœurs et ne doit montrer à ses jeunes disciples que des pages dûment homologuées par la SPJL (Société Protectrice des Jeunes Lecteurs).

Célinophane - Celui qui brille en soirée quand il évoque Céline.Il peut raconter une anecdote lumineuse à caractère célinien sur tous les sombres sujets évoqués par les convives. Dans les colloques internationaux, c’est celui qui est envoyé en éclaireur !
C’est, à ce jour, le seul habitant de Célinie capable de lire Voyage, sans lumière, jusqu’au bout de la nuit.

Célinophile - (servant à former des composés au sens de «amateur de…» bibliophilecolombophile; composés savants désignant une tendance -> hémophile, scatophile, œnophile; composés au sens de sympathisant avec, partisan de -> anglophile, francophile, germanophile)
C’est le passionné qui apprécie tout ce qui concerne Céline. Il peut être aveuglé par sa «philie» au point de se ruer sur un document célinien dont l’intérêt est proche du zéro. 
Le Célinophile est gémellaire. L’un sera très lucide et discriminant sur sa passion; la cécité de l’autre le fera tout accepter sans raisonner. Comme certains de ses avatars, le Célinophile a une belle collection de livres rares sur Céline qu’il laisse, lui, admirer à ses amis.Généreux, il leur prête volontiers ses trésors.
Il connaît bien l’œuvre et la biographie de l’écrivain et n’hésite pas à intervenir dans des discussions, des revues, des ouvrages d’études. 
Le Célinophile est sensible à certaines pulsions grégaires qui lui font fréquenter d’autres Célinophiles.
Ensemble, ils disent patriotiquement du bien de la Célinie, où ils vivent.

Célinophobe - (élément de mots savants formés sur le modèle des composés grecs en -phobos(adj.), et -phobia (n.), du rad. phobos «crainte», désignant soit la peur morbide de l’objet désigné par le premier élément du composé, soit, plus couramment, l’aversion ou l’hostilité plus ou moins irraisonnée -> francophobe, arachnophobe, logophobe).
Contrairement à l’arachnophobe ou l’agoraphobe qui ont réellement des peurs, le Célinophobe est un hypocrite du suffixe.Il n’a nullement «peur» de Céline, il le déteste simplement, tout comme le Misocéline.Les raisons de sa haine sont nombreuses, variées et personnelles, mais celle qui le fait se cacher derrière le terme de «phobie» (le suffixe envahissant de notre époque) reste mystérieuse on inexprimable honnêtement.Ce choix de se définir «Célinophobe» pourrait être une tentative, hypocrite, d’atténuer en public sa répulsion; la peur est irrationnelle, contrairement à la haine, donc plus excusable. 
Le Célinophobe, en général, a peu ou mal lu l’œuvre de l’auteur et la connaît surtout par ouï-dire. En revanche, il connaît fort bien la vie privée de Céline qu’il à apprise dans les «livres».Mais quels livres, c’est une autre question.On peut émettre l’hypothèse que la seule crainte que pourrait ressentir un «vrai» Célinophobe, serait de se mettre soudainement à se transformer en Célinophile, ou Célinomane, après avoir lu les huit romans de Céline.

Célinophone - Celui qui en bon babélien parle toutes les langues céliniennes.Il sait la langue classique de Retz, l’argot, le loucherbem, le javanais, et les utilise en toutes circonstances avec une déconcertante aisance.

Célinophore - Celui qui illumine, pour la fuligineuse piétaille célinocurieuse, toutes les parties obscures des textes de Céline, de ses gloses lumineuses, en les portant sur ses épaules comme le fit, en d’autres circonstances non moins éclairantes, le Christophore.

Célinopithèque - Plagieur simiesque célinien. Peut adopter une posture verticale à l’occasion. C’est l’ancêtre antédiluvien du Célinien selon certaines théories célinévolutionnistes. 
Les Célinintégristes le moquant, car ils savent que l’apparition de Céline date du 27 mai 1894.

Célinopote - C’est celui qui, bien qu’inconnu des Céliniens, connaît personnellement Céline et l’appelle familièrement «Ferdine», «Ferdinand», voire «mon pote Louis»
De même, il appelle Mme Destouches «Lulu» ou «ma biche» !
Le Célinopote peut parfois développer une forme de célinopathie avancée.

Célinoprofiteur - C’est un inconnu, un habitant du néant, un oublié, un médiocre, un désespéré de la reconnaissance grégaire; tout juste un bibelot pour sa famille.Pour sortir la tête un infime moment du pot de chambre de sa vie, il publie un article ou un livre de la plus grande virulence, et de la documentation la plus improbable et la plus rabâchée, sur l’antisémitocollabonazisme de Céline.
Ainsi, rejoignant un micro-instant les Misocélines, il est presque en épectase de se voir cité dans un article de trois lignes en dernière page du Supplément à L’Écho du Bas Var ou La Gazette fermière de Coutances. Puis, devenu pour ses proches une immense vedette le temps d’un soupir, il rejoint très vite le non-être d’où il ne put s’extraire en qu’en utilisant Céline, et redevient pour sa femme une inutile et grasse potiche qui enlaidit, encombre et empouacre le salon.

Célinorodispersible - C’est celui qui a vécu, et écrit, un temps en Célinie et qui s’est expatrié. Les raisons de cet exil peuvent être nombreuses, mais d’après des lettres retrouvées et parfaitement conservées, il en est trois principales qui permettent de dresser trois portraits distincts de Célinorodispersibles :
- Le Célinorodispersible dont l’intense activité grapho-célinenne lui causait un grand tort, car étant trop célinophile au goût des célinophobes, il en subissait les récurrentes et violentes attaques;
- Le Célinorodispersible fatigué par les autres céliniens qui le sollicitaient sans arrêt, ou par le babil incessant de ceux qu’il jugeait vraiment trop stupides, ou incultes pour avoir tout commerce célinien avec lui;
- Le Célinorodispersible gavé.Celui-ci, plus rare, est celui qui pense avoir tout lu et tout dit sur Céline. Pour lui, l’affaire est close, car rien de nouveau sous le soleil célinien ne saurait apparaître. Célinite missa est
Ces trois types de Célinodispersibles, évaporés dans l’éther littéraire de la Célinie, sont les principaux représentants de ce qu’on pourrait appeler, en paraphrasant un titre de film connu : Le cercle des céliniens disparus

Célinosceptique - Ce Célinien est particulier. Il connaît bien l’œuvre et l’homme, mais il reste dubitatif sur ses lectures et sur la biographie de Céline qu’il a lue et relue. En fait, le Célinosceptique n’arrive pas à croire ce qu’il sait de l’auteur. Il remet tout en doute.Contrairement à saint Thomas, il n’a pas besoin de mettre le doigt dans la plaie pour de ne pas croire : la blessure, la trépanation, la pauvreté, les nouilles, la thèse de médecine, la fuite sous les bombes, la prison, l’hôpital, l’Afrique, les petits cercueils de 1944, la générosité et l’humanisme, la magie du style, la sortie des poubelles à Meudon, la pellagre, le vol de ses Louis d’or, la combine de Tixier pour l’amnistie, les amitiés éprouvées, la vie dissolue en Angleterre en 1917, le courage en de nombreuses situations, la qualité des œuvres, etc.
Pour le Célinosceptique, tout est complot littéraire pour vendre du Céline.Tout est trop beau pour être vrai.
Comme disait Galilée, d’après lui : se no è vero, è ben trovato !

Célinoscope - Celui qui ne voit le monde qu’à travers Céline. Pour lui, tout est poussière d’étoiles céliniennes. L’Univers est célinien. Le Célinoscope est gentil, mais pas dangereux.
Il existe une catégorie particulière de Célinoscope, comme un négatif photographique : c’est le «Célimisoscope».Ce dernier est abonné à toutes les revues céliniennes dans le but, non pas de se réjouir à leur lecture, mais de chercher tout élément qui alimentera ses diatribes, critiques, voire philippiques, envers les habitants de la Célinie. Il en espionne le bruit de fond et guette toute information susceptible de se retourner contre elle.
C’est un avatar infiltré, télescopique et macroscopique, du Misocéline.

Célinosmique - Celui qui, à vue de nez, ne peut pas sentir Céline.
Célinotrifuge - C’est celui qui, enfin libéré de l’attraction de Céline et projeté elliptiquement dans le cosmos littéraire, se met à lire Proust, Shakespeare, Joyce, Dante, Gondor.

Célinyque - Voir le Célinaute.
Lucette Almansor - Voir Célinogame

Misocéline - (élément, du grec miseinn : haïr -> misandre, misanthrope, misogamie, misogyne).
C’est celui qui déteste Céline, qui le hait, qui voudrait tant qu’il eût été assassiné en juin 1944 avant de partir pour Baden-Baden. Dans la majorité des cas, le Misocéline reproche à Céline son racisme et son antisémitisme, voire une collusion, «évidemment rétribuée», avec les Allemands.
Il peut exister chez le Misocéline scripteur certaines haines dues à une jalousie épidermique et/ou subdermique quant à son génie littéraire. Un auteur qui malgré tous ses efforts ne pourrait produire une seule phrase musicalement passable pourrait, par dépit, devenir misocélien.
Le Misocéline peut aussi reprocher à Céline d’avoir prouvé la dualité insupportable de l’humain, et plus encore dans notre époque où règne l’Empire du Bien (Pascal : L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête). 
Certains Misocélines vouent une haine irrationnelle à Céline juste pour avoir un objet à haïr et échapper ainsi à un ontologique et désespérant ennui.
Ce ressentiment exacerbé du Misocéline est évidemment reporté sur les Céliniens et les Célinophiles qui ne sont, à ses yeux, que de vils suppôts du satanique écrivain. 
Parfois, pour satisfaire cette fanatique acrimonie, le Misocéline écrit des articles ou des livres dans lesquels il déverse son épandage d’insultes, ses cuves de latrines sur des faits plus ou moins avérés concernant l’auteur de Nord. Le plus souvent, il se préoccupe peu de la véracité de ses affirmations, sachant qu’elles seront de toute façon relayées et appuyées par une caste journalistique Célinophobique qui lui donnera son appui. 

Le Misocéline aime qu’on parle de lui, même si ce n’est que le temps d’un soupir.Sa haine au son d’aboiement de roquet le sauve momentanément du néant dans lequel il ne rencontrera, évidemment jamais, l’auteur génial de Voyage ou de Féerie.