Tombé sur une carte postale de P. J. Dunbar* sobrement intitulée Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), pataphysicien – et présentant l'auteur portant la Grande Gidouille blanche du président par intérim perpétuel du conseil suprême du collège de pataphysique…
Je me suis penché sur cette étrange mise en relation de Louis-Ferdinand Céline avec Alfred Jarry et son Père Ubu.
* Carte postale publiée en série limitée (ici numérotée 202/500) sous les auspices du Total’s Club traditionnel (!!??!?) |
Céline, Voyage au bout de la nuit :
«La pataphysique, c'est l'Infini mis à la portée des pastiches.»
À ma grande surprise, plusieurs textes mettent en relation les deux mondes.
Ainsi dans Universalis.fr, on peut lire :
"Ce texte de Valéry constitue en son entier une des plus pertinentes expressions théoriques de la ’pataphysique:
«Que serions-nous donc sans le secours de ce qui n’existe pas? [...] Les mythes sont les âmes de nos actions et de nos amours. Nous ne pouvons agir qu’en nous mouvant vers un fantôme. Nous ne pouvons aimer que ce que nous créons.»
On conçoit mieux maintenant que d’Épicure à Jarry les pataphysiciens (qu’on préfère appeler patacesseurs), sans être légion, ont été de quelque poids puisqu’on peut nommer, en abrégeant, Lucrèce, Lucien de Samosate, Zénon d’Élée, Béroalde de Verville, Rabelais, Cyrano de Bergerac, Cervantès, Swift, Lichtenberg, Marcel Schwob, Lewis Carroll; ou, contemporains de Jarry, Jules Verne et Erik Satie; ou venant après lui, Arthur Cravan, les Pieds Nickelés, Raymond Roussel, Marcel Duchamp, Julien Torma, Louis-Ferdinand Céline, les Marx Brothers, Borges."
Bardamu, héros célinien peint par Gen Paul |
du mois d’Absolu.
Très tôt – dans Comœdia du mercredi 5 août 1936 –, Fernand Lot (1902-1986,
auteur d'une plaquette sur Alfred Jarry) imaginait un échange cinglant entre Ubu et Bardamu sur l'inutilité de la littérature…
Dans les Dossiers Acenonetes du Collège
de 'pataphysique, le No 16 du 22 phalle 88, soit le 1er septembre 1961…
ayant pour thème le Centenaire de la découverte du pôle Nord par le capitaine Hatteras…
offre à son sommaire
Hommage vernien par les TT.SS. Paul-Émile Victor (dessins), Dubuffet (texte et dessins), Jean Ferry, Raymond Queneau (texte et dessins), Eugène Ionesco. Étude très neuve de Henri Robillot sur l’électricité vernienne...
Et de Latis sur L.-F. Céline, de F. Laloux sur Un œuf au plat, de Caradec sur la Norme Vian (document inédit de Boris Vian).
C'est la seul évocation de Céline dans cette collection…
Ailleurs, c'est par le truchement du Nihilisme que le rapprochement entre Céline et Jarry se fait.
«La cinquième forme de nihilisme ou façon de réagir à la perte des illusions est de transformer l’annihilation en investissement culturel. Les penseurs, historiens, artistes vont s’emparer de la question du nihilisme et d’aucuns considèrent cette démarche comme une véritable, sinon la plus pure, forme de nihilisme. Ainsi se répand dans l’Europe de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècles un nihilisme culturel. Les écrivains, souvent qualifiés d’antimodernes, sont légion à peindre l’univers nihiliste de leur temps, de Flaubert à Cioran, de Musil à Broch et Kafka, en passant par Jarry, Céline ou Camus, sans oublier, bien sûr, Tourgueniev et Dostoïevski. (La violence nihiliste par Robert C. Colin Dans Topique 2007/2 n° 99)
C'est ainsi qu'ils apparaissent de concert sur la couverture de ce Magazine littéraire 279 de juillet-août 1990.
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