jeudi 27 mars 2025

Le GRIF (Groupe pour la réhabilitation de Féerie pour une autre fois) présente : Les célèbres Grands magasins Dufayel

 Le GRIF (Groupe pour la réhabilitation de Féerie pour une autre fois) présente : 


Les célèbres magasins Dufayel

Grands Magasins Dufayel (initialement Palais de la Nouveauté), 26, rue de Clignancourt Paris XVIIIe

Créés en 1856 par Jacques François Crespin (1824-1888) sous l'enseigne Palais de la Nouveauté. Les classes populaires composaient l’essentiel de sa clientèle, il est repris au décès de son fondateur par un de ses employés, Georges Dufayel. En 1895, l'entrée principale du magasin est aménagée de manière monumentale un haut-relief ornant le fronton par Jules Dalou et des sculptures d'Alexandre Falguière.les grands magasins furent bombardés par les Allemands pendant la Grande Guerre. 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands se servent des locaux comme entrepôt. Et c'est sans doute pourquoi ils ont été bombardés par les Alliés comme évoqué dans Féerie pour une autre fois. Céline les avaient déjà évoqués dans Voyage au bout de la nuit : « Nous venions d’arriver au bout du monde, c’était de plus en plus net. On ne pouvait aller plus loin, parce qu’après ça il n’y avait plus que les morts. Ils commençaient sur la Place du Tertre, à côté, les morts. Nous étions bien placés pour les repérer. Ils passaient juste au-dessus des Galeries Dufayel, à l’est par conséquent. »


Les Grands magasins Dufayel en 1904


Dufayel dans Féerie pour une autre fois

« Oh, que j'ai déçu ! Pas seulement autour, là, la Butte, les glacis, Caulaincourt... Custine... Dufayel !... mais la Grande Banlieue et la proche ! J'ai encore des ressentiments, des gens qui m'écrivent de fureur ! T'es foutu le camp ! voyou ! couard ! gono ! 

Je les ai frustrés de mon pal et scalp ! Ils pardonneront pas ! 


« Juste une autre escadre qui surgit ! ça finira pas ! d'au-dessus de Dufayel et direction ouest ! oh, mais maintenant je me repère très bien... je distingue les contre-coups des mines... ils ont touché la gare du Nord !... et puis ils ont décrit un cercle... par la fenêtre ouest je les revois aux nuages... qu'est-ce qu'ils dardent au ciel comme pinceaux ! si la D.C.A. les chasse ! traque ! oh, ils perdent de la hauteur !... je connais le vrai objectif du Raid !... ils ont assez annoncé qu'ils détruiraient les Batignolles !... 


« Broum !... d'une profonde secousse ébranlement du quartier Goutte d'or ! Carrières ! Je cause ! Dufayel !... Je pourrais dire : plus loin ! plus haut ! la tête me hoque ! Ah, Sacré- Cœur ! la Savoyarde le gong d'espace !... vous connaissez ? le tocsin de la Butte !... la maison en branle !... alors pensez, moi, ma tête !... 


« brram ! en même temps que plein de grenaille, plein d'ardoises !... pluie de briques !... que vous, viande au mur raplatie, vous hurlez de douleur !... s'en foutent dans l'air raravions !... ils se pourchassent ! en tonnerres de foudres ils échappent !... sillages ils sont déjà loin ! nord ! nord ! Courneuve !... Dufayel ! la bonne vôtre ! 


« baraboum ! sucrette !... Murbate commandait le versant nord... tout aussi branlé défoncé... Dufayel... Cardinet... Francœur... vingt-cinq rues, plus les égouts... six !... de quoi, qui, quès ils libéreraient quand tout serait vaporisé ?... s'ils étaient pas giclés eux-mêmes !... poudres d'atmosphère !... ou aux entonnoirs ! c'est les drôleries des temps à bombes que le sens dessus dessous même tient plus, qu'il y a plus que des surprises physiques, mathématiques et morales !... le caprice et petit bonheur ! tant pis, Jésus ! 


« brroum ! un choc arrière !... on est remboulés l'autre coin, tous !... arrière !... corps... bouteilles... Toinon... Piram... moi- même !... dans le trou de l'ascenseur ! sous la cage ! toute la Butte a dû enfler... puis raplatir... un remous, une houle, vous pensez !... 

– C'est au moins la millième houle !
– Mais oui ! mais oui ! qu'est-ce que j'y peux ? la millième ! ça vient du gouffre sous Dufayel !...
Tout le monde le sait ! tout l'arrondissement ! que c'est sous Dufayel, le pire... trois carrières les unes sous 

les autres !... trois carrières qui gonflent ! quand une mine y percute, la secouette ! que toute la Butte peut disparaître ! nous là, notre crevasse alors ! on ramponne hue dia autour ! y a plus que la Providence pour nous ! 


« – On est déjà aux nuages nous autres ! la Butte va sauter ! tout est miné !... Des Batignolles à Dufayel ! Je vous rapporte les paroles de Jules... 

Il savait tout... prévoyait tout... il avait des relations terribles... 


« Juste, les avions foncent de l'est de dessus de Dufayel... des nuages de l'est !... le Jules tout de suite toupille dans le sens ! face à la charge !... ah, il perd pas une seconde ! ces gestes vers nous ! sur nous ! voilà ! il les attire qu'ils se trompent pas ! 

– Chef d'orchestre, Lili ! tu vois ? je t'ai dit Lili ? c'est lui ! c'est lui ! regarde ! regarde-le ! 


« je serais surpris de rien d'après les façons de ce Jules ! comme il tient sur son sémaphore... acrobate artiste ! 

– Saute, vampire ! 

Une petite accalmie là... le moulin redresse... mais le souffle reprend de l'autre côté, vers Dufayel... une de ces répercussions !... un choc, que je crois que ça y est ! 

Va petit mousse ! Le vent te pousse ! 

J'y chante... il s'en fout !... il se projette l'autre rampe ! il est illuminé du tronc, du visage, du nez... on voit que lui au-dessus de Paris... »